Le Président et la lettre du Kremlin (Le Cadet 106)

« Je vois plein de gens (sic) dans notre Europe dire : on va devoir être gentils avec les Américains, ça va passer, il faut courber l’échine [1]. »

Munich n’est donc plus sur l’Isar mais au bord du Potomac, maintenant qu’apeasement est redevenu le mot d’ordre d’une Europe F-35 prête à tout pour ramener à la raison et à la maison un sheriff qui rend son étoile. Mais l’Amérique ne cèdera pas et va tordre le bras de l’Ukraine.

Il faut que la France aux 290 ogives se décide : relayer ce leadership américain veut dire discuter directement et d’égale à égale avec la Russie, de puissance nucléaire à puissance nucléaire, faute de quoi elle abdique ce privilège pour se perdre dans le Delenda est Russia bruxellois et dans une guerre qui finira comme doivent finir toutes les guerres, par un accord qu’entretemps les Etats-Unis auront signé pour eux-mêmes et dans notre dos.

Quant aux gesticulations autour d’une mutualisation de la Force de frappe, si on peut mettre en partage le doux commerce, l’aéronautique ou le spatial, on ne peut pas abdiquer aux autres sa propre existence lorsque l’apocalypse est tout autant un parapluie qu’un paratonnerre attirant la foudre atomique. La guerre nucléaire ne se partage pas.

« (Notre) doctrine nucléaire repose sur les intérêts fondamentaux de la Nation, et ils sont définis de manière très claireCe n’est pas du tout cela qui serait en cause s’il y avait par exemple une attaque balistique nucléaire en Ukraine ou dans la région [2]. » Et puis qu’attendre de ces voisins qui daubaient sur la bombinette du Général, eux qui n’ont que des pistolets à bouchon et se déchargeraient sur la France de l’arbitrage ultime ?

A l’est rien de nouveau, la Russie sait ce qu’elle veut et « l’a d’ailleurs toujours dit, c’est la peur que l’OTAN vienne jusqu’à ses portes, c’est le déploiement d’armes qui peuvent menacer la Russie [3] ». Or l’intégration de l’Ukraine dans l’OTAN « serait perçue comme quelque chose de confrontationnel [4] ». Ceci posé la prise d’otage territoriale et préemptive russe est inacceptable mais ce n’est pas un nouveau Munich, même si la version d’un deal « la paix contre les territoires » proposée désormais par Vladimir Poutine choque sur les bords du Dniepr mais pas du Jourdain. Plaisante justice qu’une rivière borne.

Reste l’OTAN « en état de mort cérébrale [5] », jugement que l’Allemagne avait trouvé intempestif, la Pologne ajoutant que les problèmes ne provenaient pas de l’ambivalence de Trump. Sortons-en maintenant qu’il n’y a plus d’ambivalence et avant que les Etats-Unis ne nous grillent la politesse. Mais avant qu’elle ne sombre, l’Alliance américaine aura réussi cet exploit qu’après avoir perdu ses guerres hors d’Europe, elle y aura surtout perdu la paix.

Mission accomplie.

Le Cadet

[1] Emmanuel Macron, 27 février 2025.

[2] Emmanuel Macron, 12 octobre 2022.

[3] Emmanuel Macron, 3 décembre 2022.

[4] Emmanuel Macron, 21 décembre 2022.

[5] Emmanuel Macron, 7 novembre 2019.

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