Le terrorisme dans le monde en 2016 (PTH)

Pascal Tran Huu, fidèle correspondant de LV, nous envoie cet article qui, sur la base d’une étude australienne, fait le point de l’évolution du terrorisme dans le monde, en 2016. Par moments contre-intuitif. Merci à lui. JDOK

L’« Institute for Economics and Peace (IEP) », organisme de réflexion australien, a publié, récemment, son étude annuelle sur le terrorisme dans le monde.

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Le nombre total de décès dus au terrorisme a chuté de 13% en 2016 par rapport à l’année précédente, indique le Global Terrorism Index. 2016 marque cependant un record en termes de nombre de victimes d’actes terroristes dans les pays de l’OCDE depuis 2001, année des attentats du 11 septembre.

En 2016, 25.673 personnes sont décédées en raison d’actes terroristes dans le monde. Il s’agit d’une baisse de 22% par rapport à 2014, année lors de laquelle le terrorisme avait fait plus de 32.500 victimes. La Syrie, le Pakistan, l’Afghanistan et le Nigéria, quatre des pays les plus frappés par le terrorisme, enregistrent une baisse de 33% des décès. (« The 2017 GTI report highlights a turning point in the fight against radical Islamist extremism. The main positive finding shows a global decline in the number of deaths from terrorist attacks to 25,673 people, which is a 22 per cent improvement from the peak in 2014. Terrorism has fallen significantly in the epicentres of Syria, Pakistan, Afghanistan and Nigeria, which are four of the five countries most affected by terrorism. »)

Le terrorisme a par contre particulièrement touché les pays occidentaux. Si l’on exclut les attentats du 11 septembre, l’année 2016 a été la plus meurtrière de l’histoire du terrorisme dans les pays de l’OCDE depuis 1988, indique l’IEP. Pas moins de 265 morts ont ainsi été recensés dans les 35 Etats membres de l’organisation, dont 87 en France. Toutefois, les coups portés à l’EI portent leurs fruits puisque la tendance constatée est à la baisse. En effet, le premier semestre 2017 n’a connu que 82 morts, chiffre qui ne tient pas compte des actes de terrorisme commis en Turquie et en Israël.  La plupart des décès, dus au terrorisme dans les pays de l’OCDE, sont du fait de l’Etat islamique. (« The year 2016 was the deadliest for terrorism for OECD member countries since 1988; although this analysis excludes the September 11 attacks. However, ISIL’s diminishing capacity has coincided with positive trends in the first half of 2017 with the number of deaths dropping to 82 compared to 265 deaths in 2016; although this analysis excludes Turkey and Israel. Since 2014, 75 per cent of terrorist deaths in OECD countries have been ISIL directed or inspired. »)

L’IEP pointe le défi que représente la stabilité de Syrie et de l’Irak parmi les défis pour l’avenir. Sachant que l’EI a subi d’importants revers en termes de territoire, de force militaire et de financement, il est fort probable que ses combattants endurcis le quittent et rejoignent les rangs de nouvelles entités dans d’autres zones de conflit dans le monde.

Les 3 autres groupes terroristes les plus mortifères sont Boko Haram, Al Quaïda et les Talibans.

Le GTI a classé les pays en fonction de l’impact qu’a eu le terrorisme. Pour calculer la note, de 0 à 10, de chaque pays, l’Institut a agrégé 4 indicateurs (nombre d’actes de terrorisme dans l’année de référence, nombre de tués, nombre de blessés et coût des dommages occasionnés). Parmi les dix pays les plus touchés par le terrorisme, on trouve un seul pays membre de l’OCDE : la Turquie qui est classée au 9e rang avec un score de 7, 519. Avec 10 points, l’Irak a été le pays le plus touché. Elle est suivie par l’Afghanistan, le Nigeria et la Syrie. La France se classe 23e ( 5, 964). 30 pays, dont la Roumanie et le Portugal, ont obtenu un score de 0.

Il est à noter que la France a connu le 17e attentat le plus meurtrier de 2016 quand un camion a foncé dans la foule, à Nice, faisant 82 morts.

Sur les 163 pays étudiés, 79 ont amélioré leur indicateur quand 58 ont vu le leur se détériorer. Bien que la courbe du nombre de morts tende vers la baisse, l’IEP estime que si l’intensité des actes de terrorisme a diminué, ceux-ci ont touché beaucoup plus de pays qu’en 2015 (« While the intensity of terrorism in many countries has decreased, terrorism continues to spread to more countries. The average country score for the GTI, which measures the impact of terrorism, deteriorated by four per cent and reflects this spread of terrorism. There were 77 countries that experienced deaths from terrorism, which is an increase from 65 the previous year. Two thirds of all countries experienced a terrorist attack in 2016 »)

84% des attaques terroristes et 94% des tués l’ont été en Afrique du Nord, au Proche et Moyen-Orient, en Asie du Sud et dans la bande sahélienne.

Selon les régions, on distingue une différence dans les cibles visées. Au Proche et Moyen-Orient et au Sahel, les civils sont majoritairement visés (60 et 56% des attaques) alors qu’en Europe 59% des attaques ont visé des militaires ou des policiers. Dans la zone Asie-Pacifique, les attaques ont vis, pour 40%, les civils, 18% les militaires ou la police. Le reste des attaques se répartit entre les infrastructures d’état, les fonctionnaires. En Amérique Centrale et dans la zone Caraïbe, 1/3 des attaques a visé spécifiquement des journalistes ou des ONG en raison due la puissance du crime organisé dans ces régions. (« In stark contrast to all other regions, Central America and the Caribbean had a third of its attacks directed at journalists and non-governmental organisations. This regional variation reects high local levels of organised crime.»)

Le mode d’attaques est aussi différent selon les régions. Au Proche et Moyen-Orient, l’attentat à la bombe reste le plus utilisé (71%) alors que les prises d’otages (12%) ou les attaques armées (11%) restent anecdotiques. (« Bombings and explosions account for the majority of attacks and are very common in MENA in accounting for 71 per cent of the region’s attacks. This reects the region’s long history of conflict and more sophisticated bomb-making expertise. In contrast, hostage taking or assassinations accounted for only 12 per cent despite their frequent high profle media coverage. Armed assaults accounted for only ten per cent of the attacks and the remaining seven per cent was directed against infrastructure or other targets») Au Sahel, les attentats à la bombe et les attaques armées constituent le gros des actes terroristes (31 et 32%) le reste état répartit entre les assassinats et les prises d’otages. En Europe, les attentats à la bombe sont également privilégiés mais, à la différence des autres parties du Monde, ils ne font pas de victimes.

Selon l’IEP, la courbe des actes de terrorisme est corrélée à celle de l’intensité des combats à l’intérieur duquel ceux-ci ont lieu. (« Countries with the highest number of battle-related deaths since 2012 such as Syria, Iraq, Afghanistan and Yemen also have very high levels of terrorism.») La France est le pays, sans conflit ouvert à l’intérieur, qui a connu le plus grand nombre de morts.

Le GIT 2017 est un document à parcourir, ne serait-ce que pour voir les graphiques qui permettent de visualiser et de comprendre ce que sont les actes de terrorisme dans le monde et, surtout, de constater que la guerre contre le terrorisme  rencontre des succès réels.

Pascal Tran-Huu

 

 

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