La Vigie n° 108 : Clarification en Syrie | Perspective 2019 | Lorgnette : Fraternité

Lettre de La Vigie n° 108 (2 janvier 2019)

Clarification en Syrie

La décision du président Trump de retirer les troupes américaines en Syrie témoigne d’un réalisme sans fard. Le président turc Erdogan espérait en prendre avantage pour défaire les Kurdes syriens mais ceux-ci se sont entendus avec le gouvernement légal de Damas qui trouve là le moyen de reprendre encore un peu plus le contrôle de son territoire. Quant à la France, elle donne encore des leçons de morale sans effet. Lien vers l’article

Perspective 2019

Le dérèglement stratégique observé en 2018 devrait se poursuivre même si l’essentiel de la sécurité de la France se jouera d’abord sur la scène intérieure avec la refonte du projet politique actuel et la reconstitution d’une base commune avec des voisins eux-mêmes fragilisés. La marche du monde devrait prendre un tour plus régional et la gouvernance mondiale continuer à se détériorer. Lien vers l’article

Lorgnette : Fraternité

Dans la trilogie de la devise républicaine, la fraternité apparaît comme le parent pauvre. On lui a toujours préféré les deux autres : la dynamique de la liberté, symbole de l’accomplissement individuel et collectif et la vertu de l’égalité, immémoriale exigence de justice. Entre ces deux autres vedettes de la République, la fraternité a bien souvent été à l’étroit. C’est qu’avec la dimension divine qui la sous-tend, elle paraissait suspecte à ceux qui récusaient la paternité d’un Dieu éternel instituant des frères humains. Pour éviter cette récupération elle fut ritualisée par des maçons protecteurs.

Elle s’est pourtant prudemment réfugiée et épanouie dans les circuits associatifs, les clubs sportifs, les cercles de loisirs et d’amitié, que sais-je. Les armées en ont fait une vertu collective et un usage méthodique, celui de la fraternité d’armes.

Mais c’est elle qui a surgi avec force des rassemblements de Gilets jaunes, c’est elle qui a fleuri sur les ronds-points ; c’est elle qui constitue la bonne surprise et la vraie valeur de cette rébellion citoyenne. Comme si la France en avait été trop privée par une technostructure anonyme. Il reste à la diffuser largement pour faire de 2019 une belle année pour la France.

A tous, nous vous souhaitons une excellente année 2019, pleine de joie et de vitalité.

JDOK

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2 thoughts on “La Vigie n° 108 : Clarification en Syrie | Perspective 2019 | Lorgnette : Fraternité

  1. Chère La Vigie,

    J’ai bien sûr comme tous les 15 jours lu attentivement Vigie 108, notamment ta réflexion sur la Syrie et le dégagement des 2000 soldats des forces spéciales américaines. J’avoue avoir été très surpris par ton analyse. Pourquoi ? Elle est totalement cohérente dans son déroulement mais je trouve que tu fais la part trop belle à Trump qui aurait un sens intuitif , fondement de son action sur ce théâtre. Quand je vois les atermoiements actuels, voire les volte face, entre le contact Trump/Erdogan la semaine dernière , le premier annonçant sans ambage le retrait rapide des troupes, puis, plus tard, annonçant que le retrait serait plus lent et méthodique ( demande UK et FR ?) puis lors du passage de Bolton ( que l’on ne peut taxer d’être une colombe) à Ankara, annonçant à Erdogan furieux que « oui pour le retrait mais sous condition de ne pas attaquer l’YPG et les kurdes syriens », je viens très sérieusement à douter de sons sens intuitif !

    Cette cacophonie ( Pompéo en rajoute d’ailleurs sur le sujet) aura au moins pour mérite de rapprocher Kurdes et Damas, ce qui pourrait éviter peut être une future confrontation entre eux deux dans un avenir pas si éloigné.

    Que penses-tu de ma réaction ?

    Amitiés et bonne année .

  2. Merci de lire attentivement nos travaux et merci d’y réagir.
    Je comprends bien ce que tu dis mais nous avons sans doute une prémice différente: la nature du pouvoir américain …
    Pour nous, il n’y a pas d’unité stratégique américaine mais une négo permanente entre plusieurs centres de pouvoir qui se contrôlent et se défient, aucun n’a le :monopole de la stratégie d’ensemble, tous ensemble, ils forment les Etats-Unis.
    D’où aucun souci de cohérence entre les acteurs principaux : La maison blanche, le Congrès, le département d’Etat, le Pentagone, la NSA, la CIA, les lobbies du pétrole, ceux de l’armement …. Seul point commun, la défense des intérêts américains, chacun à sa façon.
    Trump est un OVNI qui a le pouvoir d’initiative et a changé la méthode de gouvernement, il deale en position de force mais il a de bons réflexes et une intuition géopolitique assez sûre, c’est son style et sa façon d’être qui sont insupportables, pas ses objectifs qui sont en ligne avec la demande de l’Amérique profonde.
    (Au passage, en France, c’est la double peine, ni le style, ni la demande);
    Donc, la relation américaine avec la question syrienne qui est flottante et incohérente, plus liée à la question saoudienne, au cours du pétrole, au deal avec l’Iran et la Russie qu’avec la géopolitique intérieure du Levant … Et des acteurs dispersés US dans leurs activités … mais l’entreprise est claire, on dégage et on laisse les autres se débrouiller, tant pis pour les valets brit et frog, ils se sont fait rouler … sauf Israel et Ryad comptent.

    J’ajouterai que les développements récents appuient ce que nous avons dit dans LV.
    1/ Qu’il y ait des lignes stratégiques distinctes aux US, c’est une chose identifiée depuis longtemps, nous l’avons déjà signalé dans LV. Cela s’est accentué depuis Trump. Cela se manifeste aussi sur cette décision. Sans même parler de la volonté de Trump de jouer une petite diversion par rapport à la politique intérieure américaine, ce dont il est coutumier.
    2/ Ensuite, dans le cadre régional, cette seule déclaration a suffi à faire bouger les lignes. Que les troupes US partent vite ou un peu plus lentement, tout le monde a compris qu’elles partaient. C’est comme en bourse, on vend au son du canon, on actualise la nouvelle de revenus (ou pertes) futur(e)s. Donc tout le monde se repositionne par rapport à ce départ inéluctable.
    3/ Les Kurdes, tout d’abord, qui reprennent langue avec Damas et conserveront cette carte durablement (car Damas, lui, ne partira pas même s’il est duplice), mais aussi avec les Russes : recherche accélérée de réassurance.
    4/ Les Turcs, ensuite, qui ont manifesté à Bolton leur ire, d’autant qu’ils l’accusent à demi-mots d’être sur la ligne des faucons proche de l’établissement néo-con qui a poussé au délai. Le dit Bolton a montré son sens politique en demandant aux Turcs de protéger les Kurdes : il a encore plus de connaissance des choses que Trump !
    5/ Les islamistes qui ont repris l’offensive dans la poche d’Idlib, reprenant du terrain sur les positions tenues par des résistants soutenus par les Turcs. Ceux-ci ont laissé faire (message : puisque vous ne nous appuyez pas sur les Kurdes, on va laisser renaître le danger islamiste) tandis que l’aviation russe reprenait ses offensives dans la zone contre les islamistes.
    6/ Les ISraéliens sont fous furieux et ont mobilisé tous leurs relais auprès de Trump (il y en a) en montrant le lien entre Damas et les Iraniens : cette pression explique le délai accordé par Trump
    7/ On apprenait du coup que Saoudiens, Emiriens et Égyptiens poussaient un plan, soutenu par Israël, pour faire revenir Damas à la Ligue arabe en espérant/conditionnant ce retour à un relâchement des liens avec l’Iran.
    Bref, la déclaration de Trump a fait bouger les choses, conformément à son intuition mais aussi à sa formation de bargaineur et joueur de poker.
    Dans la durée, la Syrie n’est pas un problème central américain, y compris dans la région. Trump simplifie les choses.
    J’espère que ces quelques éléments répondront à votre message.
    JDOK

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