A nos lecteurs attentifs, voici un très bel et trop rare exemple d’analyse de « grande stratégie ». Il nous est fourni par Dmitry Suslov, un chercheur de l’académie diplomatique de Moscou invité au récent Forum de Limes à Gènes, et témoigne de la vigueur et de la pertinence de l’école stratégique russe. Dmitry que nous avons rencontré nous a aimablement fourni le texte de son intervention que nous avons traduit et édité. Il témoigne ici de la très grande aptitude dialectique de la pensée russe à jouer de ses facteurs de force et de faiblesse et à les intégrer dans une large vision géopolitique balancée qui éclaire le positionnement médian de la Russie, celui-la même qu’évoquait déjà Castex dans des termes voisins dans ses travaux stratégiques des années 1930 (De Gengis-Khan à Staline ou Les vicissitudes d’une manœuvre stratégique, Amiral CASTEX, Édité par Société d’Editions Géographiques, Maritimes et Coloniales, 1935). Cette réflexion réaliste et brillante fait écho à celle du stratégiste américain Jeremy Shapiro que nous avons également postée récemment sur ce site (lien). Le contraste est éloquent entre deux visions stratégiques alimentées à ces deux écoles qui furent et restent antagonistes. On attend pour compléter ce paysage de trouver un chercheur chinois qui leur fera écho. On tentera de susciter à notre tour une vision française de même niveau. JDOK
Dès à présent, les relations entre les États-Unis, la Chine et la Russie relèvent de la grande concurrence de puissance qui existe entre eux sur la scène mondiale. Toutefois, cette structure triangulaire n’est que temporaire et provisoire, tant s’agissant des relations entre les États-Unis, la Russie et la Chine, de leur personnalité stratégique que de la figure géométrique qu’ils composent. Dans 10 à 15 ans, le triangle actuel des grandes puissances se transformera probablement en quadrilatère, l’Inde devenant la quatrième grande puissance mondiale – ou plutôt en trapèze – avec les États-Unis et la Chine, qui seront devenus des acteurs plus puissants que la Russie et l’Inde.
Avec son rythme de développement économique et son potentiel démographique, la Russie ne peut tout simplement pas suivre le rythme, même dans le domaine militaire. Aujourd’hui, sa supériorité nucléaire sur tous sauf les États-Unis, son efficacité militaire conventionnelle et sa diplomatie intelligente (au Moyen-Orient) sont les facteurs clés qui maintiennent la Russie au rang des grandes puissances malgré sa faiblesse économique et démographique.
Cependant, la Russie ne sera pas en mesure de conserver sa supériorité militaire stratégique actuelle sur la Chine dans 15-20 ans et perdra le statut de contrepartie exclusive des États-Unis pour assurer la stabilité stratégique, ce qui constituera une remise en cause révolutionnaire des ambitions russes de puissance.
- Le facteur américain et les relations américano-russes.
Aujourd’hui, il y a une confrontation très vive, mais de moyen terme entre les États-Unis et la Russie, et une confrontation moins vive jusqu’à présent mais de beaucoup plus long terme et stratégique entre les États-Unis et la Chine, et enfin un partenariat sans précédent entre grandes puissances (pas une alliance, mais un partenariat), entre la Russie et la Chine.
Cet état des relations stratégiques est également temporaire, parce qu’au cœur de l’affrontement américano-russe il y a l’adaptation américaine extrêmement douloureuse et difficile à un monde qui se développe en contradiction avec les hypothèses idéologiques américaines, aux récits historiques et aux intérêts nationaux que les États-Unis ne peuvent plus déterminer ou contrôler. Une grande partie de cette situation nouvelle (mais pas la totalité) est liée à la Russie et à la Chine, qui ont refusé de se développer sur le plan intérieur selon les normes américaines et ont commencé à contester le leadership américain sur la scène internationale.
Ainsi, à court et moyen terme, la politique d’affrontement avec la Russie et la Chine restera un élément central de la politique étrangère américaine, bien au-delà du « moment Trump ». Pour des raisons idéologiques, géopolitiques et historiques, les Etats-Unis ne peuvent pas jusqu’à présent accepter la Russie et la Chine comme grandes puissances indépendantes légitimes et co-auteurs et co-gérants avec eux de l’ordre international.
Aux États-Unis, il existe un consensus bipartisan sur la nécessité d’affronter et de contenir la Russie et la Chine, et c’est l’une des rares choses sur lesquelles les deux parties s’accordent. Les Démocrates veulent punir Moscou pour l’élection de D.Trump et considèrent la politique étrangère russe comme une tentative de saper les démocraties (la présentant ainsi comme une menace existentielle). Il est peu probable qu’ils rejettent la politique de confrontation à moins que le régime russe ne se soit transformé et que sa politique étrangère soit fondamentalement modifiée. Les Républicains considèrent la Russie principalement comme un défi géopolitique, moins important que celui de la Chine, mais tout de même important.
L’administration Trump et de nombreux Républicains réalistes considèrent la Chine, et non la Russie, comme le principal défi stratégique pour les États-Unis et ont initialement spéculé sur un rapprochement partiel avec la Russie dans une posture anti-chinoise.
Cependant, cette option était vouée à l’échec. Tout d’abord, la décision des Démocrates d’utiliser la « carte russe » comme principal outil pour saper l’autorité de D.Trump a conduit à renforcer la confrontation avec Moscou. Cette tendance lourde est aujourd’hui très difficile à arrêter. Ensuite, la Russie n’était pas prête à accepter une telle offre et à mettre en péril son partenariat stratégique avec la Chine. Enfin, l’Administration Trump s’est rendu compte très rapidement que les intérêts des parties divergeaient considérablement dans la majorité des cas, et que la Russie ne ferait pas la promotion des intérêts et des politiques des États-Unis au détriment des siens. Ainsi, la Russie a commencé à être considérée comme un adversaire, en dépit de la préférence initiale.
La majorité des caciques de la politique étrangère américaine est convaincue que même une confrontation simultanée avec la Russie et la Chine sera un succès. Elle considère que la puissance américaine est encore largement prépondérante par rapport à celles de la Chine et surtout de la Russie, et que l’ordre international dirigé par les États-Unis restera fort et attractif pour la majorité des États. « La Chine est faible et manque d’alliés ». En outre, les États-Unis considèrent aussi la Russie comme un pays faible, en déclin et assez fragile, et les relations de la Russie avec les pays non occidentaux, en particulier avec la Chine, comme un mariage de complaisance, qui est condamné à se détériorer tôt ou tard. Ainsi, on s’attend à ce que la Russie se retire relativement rapidement de cette confrontation au sommet et ce aux conditions américaines, notamment en raison de la crainte présumée de la Russie à l’égard de la Chine, ce qui laissera la Chine isolée et encerclée par des puissances hostiles.
En conséquence, les États-Unis semblent considérer la victoire sur la Russie comme une condition préalable nécessaire à une éventuelle victoire sur la Chine.
Je définis l’état actuel des relations américano-russes comme une nouvelle guerre froide : des relations fortement conflictuelles où les deux parties poursuivent l’objectif de la victoire sur l’adversaire plutôt que le compromis et la réconciliation, une confrontation qui ne prendra probablement fin que si l’une des parties ou les deux subissent une transformation fondamentale de leur politique étrangère, de leur place et de leur rôle dans le système international et même – comme dans le cas de la politique américaine envers la Russie – un changement de régime. Mais en même temps, les deux parties évitent les confrontations militaires directes, refusent de considérer la guerre entre elles comme une voie souhaitable pour réaliser leurs objectifs.
La nature du conflit est donc systémique – il s’agit de l’ordre international, de ses règles et normes fondamentales : ce qu’est la souveraineté, les intérêts nationaux légitimes, les politiques étrangères indépendantes des pays post-soviétiques, les règles des grandes relations de puissance, les règles du recours à la force, etc. Les deux parties se considèrent mutuellement comme des adversaires et des acteurs malveillants et mènent des politiques visant à se miner et à s’affaiblir mutuellement. Les instruments de la politique de confrontation des États-Unis à l’égard de la Russie sont les sanctions, l’affaiblissement des relations russes avec les puissances tierces (Nord Stream, Turquie, Inde …), la prévention des résolutions de conflit parrainées par la Russie ou favorisées par elle (Ukraine, Syrie), le nouveau chantage à la course aux armements, etc.
Les deux parties se considèrent du bon côté de l’histoire et croient que la corrélation des forces est à leur avantage.
- Limites des attentes américaines
Toutefois, à long terme, les États-Unis devront rejeter les politiques d’affrontement à l’égard de la Russie et de la Chine, les accepter en tant que grandes puissances indépendantes légitimes agissant en dehors de l’ordre international dirigé par les États-Unis et établir avec elles des relations sur la base de la création et de la gestion conjointes d’un nouvel ordre international.
La Chine et la Russie sont plus résistantes que ne le supposent les États-Unis. Le pari sur la rivalité russo-chinoise et la peur russe de la Chine est erroné. La majorité des alliés et partenaires américains ne sont pas favorables à une nouvelle escalade des tensions et évitent de choisir leur camp. Plus les pressions exercées par les États-Unis sur leurs alliés et partenaires sont fortes, moins ils réussissent et moins ils ont d’influence. L’Allemagne, la Turquie et la Corée du Sud en sont de bons exemples. Enfin, avec moins de soutien pour le néolibéralisme dans les partis républicain et démocrate, un nouveau consensus sur la politique étrangère américaine qui émergera inévitablement au cours de la prochaine décennie, n’exigera pas nécessairement que l’ordre international dirigé par les États-Unis soit mondial et universel et que les États-Unis demeurent le principal pilier de la sécurité internationale et de la production des biens publics mondiaux.
Ainsi, les États-Unis finiront par accepter le rôle d’un des pôles d’un système multipolaire et d’un des co-auteurs et cogestionnaires d’un ordre international commun – pas dirigé par les États-Unis, mais commun. Ce sera extrêmement difficile, parce que les États-Unis manquent d’une telle expérience historique – ils sont passés de l’isolationnisme à l’hégémonie, du refus de l’ordre international au positionnement au centre de l’ordre international et aussi parce que cela contredit l’idéologie universaliste américaine et la notion de « fin de l’histoire ». Mais finalement, c’est inévitable. Dès que cette adaptation sera achevée, nous verrons de nouvelles relations des États-Unis avec la Chine et la Russie : compétitives, mais mixtes, impliquant à la fois concurrence et coopération.
Qu’est-ce que cela signifie pour les relations américano-russes et la politique russe vis-à-vis des États-Unis ? Jusqu’en 2024, nous serons probablement au point culminant de la confrontation entre les États-Unis et la Russie : augmentation des sanctions, démantèlement des vestiges de la maîtrise des armements, nouvelle vague de course aux armements, absence de dialogue stratégique, etc. La politique intérieure américaine, le consensus sur la Russie vue comme adversaire et la conviction qu’elle est fragile et facile à vaincre ne permettent aucune alternative à la confrontation. Rien de positif ne peut arriver tant que D.Trump reste au bureau ovale en raison des contraintes intérieures des États-Unis. Si un démocrate du courant dominant gagne en 2020, la politique de confrontation des États-Unis présentera d’autres nuances mais restera la même : l’accent sera moins mis sur la course aux armements et davantage sur les sanctions et le dénigrement du régime de Poutine.
Cependant, si la Russie résiste d’ici là, la politique américaine à partir de 2025 pourrait commencer à changer : les États-Unis vont probablement chercher à se rapprocher de la Russie afin de renforcer l’endiguement de la Chine. Et même si ce n’est pas le cas, l’adaptation inévitable au monde multipolaire l’obligerait de toute façon à sortir des politiques de confrontation. Surtout envers la Russie, qui n’est pas une rivale.
Ainsi, afin de résister à cette nouvelle grande confrontation de puissance avec les États-Unis, la Russie a besoin de ce que MM. Poutine et Lavrov ont décrit comme une forme de « patience stratégique » : tenir les six prochaines années, qui seront les plus difficiles, et peut-être au-delà, éviter une escalade incontrôlable et un affrontement militaire direct dans cette période, et accélérer l’adaptation américaine à la multipolarité. Cette dernière implique le maintien et le renforcement du partenariat stratégique avec la Chine, et permet une plus grande flexibilité et des initiatives plus positives envers les alliés américains en Europe et en Asie. La Russie a donc intérêt à améliorer ses relations avec l’Europe et le Japon, à la fois pour son bien propre et pour obliger les États-Unis à surmonter la confrontation actuelle aux conditions russes.
- Gestion russe des relations avec la Chine.
Aujourd’hui, le partenariat russo-chinois est pour les deux parties la meilleure relation de puissance et constitue un modèle unique dans l’histoire moderne. Malgré le fait qu’il s’agit de grandes puissances limitrophes partageant un voisinage commun, qu’elles ne sont pas des alliées militaires et qu’elles ne le deviendront pas à l’avenir, il n’y a pas de logique à somme nulle dans leurs relations. La Russie est le seul pays à ne pas avoir peur de la Chine et de son essor. Les parties promeuvent leurs intérêts en Eurasie d’une manière gagnant-gagnant, sans porter atteinte aux intérêts fondamentaux et aux initiatives politiques des uns et des autres. La convergence de l’EAEU (Union économique eurasiatique) et de l’OBOR en est un exemple frappant. Les principales raisons de cette situation sont au nombre de deux.
Premièrement, la Chine se comporte vis-à-vis de la Russie d’une manière extrêmement intelligente : elle gère l’asymétrie entre elles et l’assouplit au lieu de l’exploiter et de la souligner. La Chine fournit essentiellement à la Russie ce que l’Occident a échoué politiquement et psychologiquement à lui procurer dans l’après-guerre froide : un statut de grande puissance, l’égalité diplomatique et la gestion conjointe du voisinage commun et de l’ordre régional en général. En effet, la Chine ne veut pas que l’ordre international en Asie centrale et en Eurasie soit centré sur la Chine. Elle ne fait pas pression sur le Kazakhstan pour qu’il se retire de l’EAEU ou qu’il choisisse entre la Russie et la Chine. Elle n’insiste pas pour que la Russie et les pays d’Asie centrale se transforment selon le modèle chinois.
Deuxièmement, la Russie a objectivement besoin de la Chine et de relations positives avec elle. Elle est de plus en plus dépendante de la Chine sur le plan économique. C’est le principal partenaire commercial avec environ 16 % du chiffre d’affaires russe, et le commerce russo-chinois est environ 2 fois plus important que celui avec l’Allemagne – 108 milliards de $. Du point de vue de la sécurité, des relations positives avec un géant comme la Chine (avec qui elle partage la deuxième frontière la plus longue après le Kazakhstan) sont une question de survie. Les relations de la Russie avec la Chine ont une valeur propre. Elle n’est pas déterminée par la conjoncture des relations russo-occidentales. On se trompe en supposant que si les relations de la Russie avec l’Occident s’amélioraient, elle tournerait immédiatement le dos à la Chine et abaisserait la forme et la substance des relations avec Pékin. Cela ne tient tout simplement pas compte de l’intérêt local de la Russie à avoir un partenariat avec la Chine et de l’ampleur de sa dépendance à son égard.
La détérioration des relations russo-chinoises pourrait se produire si la Chine commençait à mener une politique hégémonique envers la Russie et à traiter Moscou comme un partenaire junior. Dans ce cas, la Russie serait contrainte de résister.
Un tel revirement de la politique étrangère chinoise est actuellement peu probable.
- D’abord parce qu’il est peu probable que la Chine exploite son asymétrie avec la Russie. Au contraire, elle devrait continuer à les gérer, en créant une impression d’égalité diplomatique, en faisant preuve de respect … Car si la Chine commence à exploiter les faiblesses russes, elle sera piégée dans le classique piège de Thucydide. Tout le monde, y compris la Russie, s’y opposera.
- Ensuite, parce que tant que l’affrontement entre les États-Unis et la Chine persistera, la Russie sera en sécurité. Le fait que les États-Unis considèrent la Chine, et non la Russie, comme un rival stratégique, place la Russie dans une position relativement favorable vis-à-vis des deux. Une sorte de « compétition pour la Russie » pourrait commencer plus tard dans six ans – comme la compétition pour l’Inde qui est déjà en cours.
Même le déclin progressif du statut international de la Russie par rapport à celui de la Chine au cours des prochaines décennies ne devrait pas entraîner une détérioration de ses relations. Ce sera difficile d’un point de vue psychologique, mais l’échelle de deux pays est tout simplement incomparable. Mais elle ne produira pas de détérioration. Pourquoi ? Parce que la Russie gère déjà bien la situation de cette manière, ce qui lui permet d’être l’un des principaux acteurs mondiaux et de préserver son indépendance stratégique et son statut de pôle du système multipolaire.
Car la Russie poursuit déjà une stratégie d’équilibre en Eurasie et dans le Pacifique, et s’efforce de renforcer ses relations avec d’autres centres de pouvoir – Inde, Japon, pays de l’ASEAN, tout en préservant son partenariat stratégique avec la Chine. Et avec la transformation inévitable de la politique étrangère américaine et la transformation en cours de l’Europe, les relations de la Russie avec l’Occident s’amélioreront également, et l’équilibre stratégique de la politique étrangère russe sera restauré.
Ensuite, la « Grande Eurasie » est l’outil qui va permettre de gérer le facteur chinois à plus long terme, même après l’affrontement États-Unis/Chine. L’idée est de multilatéraliser la Chine dans un système de régimes et de relations en Eurasie d’une manière qui rendra impossible une hégémonie unilatérale chinoise. Tout comme l’UE multilatéralise et transcende le pouvoir allemand au sein de l’UE. Ce ne sera pas facile. Mais l’alternative est, encore une fois, que la Chine tombe dans le piège de Thucydide.
- Enfin, les implications pour les relations de la Russie avec l’Europe.
Le retour de la Russie à une politique ou à un arrangement centré sur l’Europe est un échec. L’idée d’une » Grande Europe « , qui implique que la Russie et l’UE devraient appartenir à une seule communauté politique, est révolue et il est peu probable qu’elle renaisse dans un avenir prévisible. La Russie considère la « Grande Eurasie » comme une communauté politique internationale, à laquelle appartient la Russie, dont elle est l’un des leaders incontestés et qui contribue à prolonger le rôle et le statut de grande puissance de la Russie à l’avenir malgré un déclin relatif de son pouvoir.
Dans le même temps, la Russie ne tournera pas le dos à l’UE. Elle ne pourra conserver son rôle de grande puissance indépendante mondiale que si elle entretient des relations équilibrées avec tous les autres centres de pouvoir, si l’ordre régional centré sur la Russie est intégré simultanément avec l’Atlantique et le Pacifique, et si la « Grande Eurasie » est ouverte aux communautés atlantique et pacifique et s’articule avec elles. La Russie ne veut donc pas être une extension ou une périphérie de « l’Europe élargie » ou de « l’Asie élargie ». Elle veut être entre les deux en tant que l’un des centres de la « Grande Eurasie », mais intégrée à la fois à l’Atlantique et au Pacifique.
Cela suppose évidemment que la Russie soit intéressée à sortir de l’impasse actuelle avec l’UE et à construire un nouveau modèle de relations : coopération, voire une certaine intégration économique, mais pas centrée sur l’UE et avec le rôle important de l’EAEU.
D. Suslov
L’échec de l’Union Eurasiatique où seul, semble-t-il, le Kazakhstan semble manifester un intérêt réel, les autres voisins étant effrayés par les visées hégémoniques de Moscou, risque de contrarier les plans ‘grandioses’ de la Russie.Il affecte les pays de la région, rendus en plus méfiants du fait des retombées sur leur économie de la crise du rouble.