Aux résultats à la mi-2022, la guerre en Ukraine apparaît comme un accroc majeur dans la trajectoire de la sécurité européenne 30 ans après la Guerre froide: une Ukraine qui souffre, une ligne de front à vif au cœur d’un continent qui se congèle, une réunification européenne ajournée, une Russie qui tourne le dos à l’Europe et s’engage dans de nouveaux horizons asiatiques coopératifs. La France qui ne peut s’en satisfaire doit garder sa liberté de réflexion et de proposition face à cette discontinuité stratégique. Cette guerre est d’abord une question de sécurité européenne, à traiter d’abord entre Européens. Peut-on encore, par un vrai confinement stratégique mieux coordonné, forcer la Russie à accepter un cadre de cohabitation plus coopératif en Europe? C’est en répondant à cette question que la France pourra réviser sa posture militaire et éviter le piège anachronique d’un toilettage capacitaire massif.