Toujours cet entre-deux opérationnel entre les deux belligérants, difficile à interpréter. Cartes : ici
Au sud, en début de semaine, les Ukrainiens ont poussé au sud d’Orikhiv : cela ressemblait plus à un test de dispositif qu’à une vraie intention. Du côté de Vouhledar, les Russes pousseraient eux aussi un peu, sans qu’il s’agisse non plus de quelque chose de sérieux.
Dans le secteur de Marinka, les Russes auraient avancé jusqu’au nord de l’étang. Dans le secteur d’Avdivka : au sud, poussée russe vers l’ouest de Vodyane jusqu’au nord de Pervormaiske. Au nord de la ville : situation apparemment inchangée à Krasnohorivka où la voie ferrée sépare les deux parties. Kamianka est revendiquée par les Russes, sans confirmation. Plus au nord, avancée russe à l’ouest de Novobakhmoutivka jusqu’à hauteur de la H20, de façon à flanc-garder le dispositif d’encerclement d’Avdivka.
Autour de Bakhmout : pas de changement sur les pinces extérieures. Dans la ville, après quatre jours sans mouvement de lignes, les Russes ont repris leur progression. L’usine d’AZOM serait investie ce soir. Au sud, prises un peu plus nettes, jusqu’au stade ou jusqu’au quartier du marché, près du centre. Au nord du secteur, reprise d’activité vers le nord sur la ligne Mykolaivka jusque Berestove. Un peu plus au nord, légère progression russe au-dessus de Verkhomianske, à l’est de Siversk.
Secteur de Kreminna : toujours poussée russe vers l’étang au nord de Torske, au sud-ouest dans les bois, au sud vers Bilohorivka. Au nord, jusque Koupiansk, situation inchangée.
Appréciation militaire : Au début de la semaine, je m’interrogeais sur un essoufflement russe que j’avais cru discerner la semaine dernière. La reprise d’activité depuis jeudi semble me détromper même si je ne suis sûr de rien. Encore une fois, la tactique russe est tout sauf brillante mais depuis trois mois maintenant, elle grignote le dispositif ukrainien. A quel prix ? A quel prix la défense de Bakhmout ? Quid de l’avenir d’Avdivka ? Enfin, quand interviendra la fameuse offensive de Kiev ? Ces questions demeurent sans réponse.
Appréciation politique : Les articles de presse en Europe et aux États-Unis, inquiets pour l’Ukraine, se sont poursuivis, y compris en France ce qui est plutôt nouveau. Passons sur le débat absurde touchant à des obus à uranium appauvri.
Le plus important a été la visite de Xi à Moscou. Le dirigeant chinois n’a fait aucune déclaration fracassante mais sa simple présence confirme qu’il ne peut lâcher la Russie. Accessoirement, cela lui permet d’organiser politiquement un front du refus à Washington, ligne qui sert de base à la quasi-alliance liant Pékin à Moscou, malgré la guerre que la Chine ne regarde pas avec faveur (alliance contre nature ? Voir billet ).
Plus tard dans la semaine, le président russe a annoncé mettre en place des armes nucléaires tactiques en Biélorussie. Il ne faut évidemment pas exagérer le signalement stratégique de cette décision, mais elle confirme que la question nucléaire est à nouveau ouverte en Europe, comme nous le signalions dans la dernière Vigie n° 213.
OK