Bakhmout n’est toujours pas tombée tandis que les Ukrainiens multiplient les coups de sonde. Lien vers le billet entier en fin d’enfilade.
Source : (Poulet Volant)
Sur le front sud, toujours des coups de sonde ukrainiens, au travers du Dniepr ou sur la ligne de Zaporijjia. Ils auraient relancé quelques piques à partir de Vouhledar. A signaler un raid de drones sur des dépôts pétroliers à Sébastopol la semaine dernière.
Front de Donetsk : rien de marquant à Avdivka. Progression russe à Marinka, les Ukrainiens ne tenant plus que 20 % de la localité et manquant d’être séparés de part et d’autre de l’étang au nord de la ville.
Au nord de Bakhmout, quelques tentatives russes vers Bilohorivka qui reste ukrainienne. Plus au nord, dans le secteur de Koupiansk, les Ukrainiens auraient repris quelque terrain au sud de Vilshana.
Bakhmout n’est pas encore tombée, même si les Ukrainiens ne tiennent plus que 5 % de la ville. Leur dispositif est appuyé sur trois point forts : l’école olympique au nord-est, la citadelle au centre, la rue Tchaïkovski au sud jusqu’au carrefour du Mig27. Les Russes auraient pris une partie de l’école olympique, seraient sur une partie de la rue Tchaïkovski. Les Ukrainiens auraient cédé (après l’avoir totalement dynamité) les premiers blocs de la citadelle. Celle-ci est constitué de barres d’immeubles assez hautes et resserrées, ce qui rend leur saisie difficile. En termes de combat urbain, il s’agit de fortifications denses et compliquées. Aussi n’est-il pas étonnant d’observer la lenteur de la progression. Les Russes attaquent directement mais cherchent surtout à contourner la zone : cela explique l’importance des deux côtés (Olympique et Tchaïkovski). Si les Russes réussissaient à percer dans ces zones et à encercler la citadelle, cela forcerait le destin de la ville. Celle-ci n’est pour l’instant pas complètement en leurs mains.
Appréciation militaire : Même si Bakhmout ne peut plus servir aux Ukrainiens, le fait qu’ils y aient encore une présence le 9 mai constitue pour eux une sorte de victoire. Rappelons que les célébrations de la victoire de 1945 sont vécues en Russie comme une quasi-fête nationale. Les cérémonies avaient déjà été revues à la baisse et l’affaire de la frappe de drone sur le Kremlin (voir infra) rafraichissait encore l’atmosphère. Il n’y aura ainsi aucun triomphalisme sur la place Rouge et V. Poutine ne pourra pas se réjouir de la chute de Bakhmout pour l’occasion.
Du côté ukrainien, on assiste aux préparatifs de la contre-offensive. Les frappes sur les arrières russes se multiplient ainsi que les coups de sonde, sur l’ensemble du front. On annonce la constitution des dernières brigades (ce qui paraît un peu juste pour une offensive imminente). Les spécialistes des ordres de batailles multiplient les décomptes (voir par exemple Michel Goya) et ne laissent pas entrevoir un rapport de force incontestablement supérieur. Les deux armées ont beaucoup subi après 15 mois de guerre et elles ont toutes deux perdu une grande partie de leurs meilleures troupes. La reconstitution à l’œuvre depuis six mois, dans les deux camps, peine à convaincre. Ainsi, l’armée russe ne paraît être bonne qu’à la défensive, incapable de grandes opérations combinées. Du côté ukrainien, le choix de défendre Bakhmout a consommé visiblement beaucoup de forces et freine également les possibilités offensives, même si les Ukrainiens y paraissent plus disposés.
Chacun s’est adapté. On a beaucoup loué les Ukrainiens qui ont su très vite fait preuve de leurs capacité d’innovation, dès les débuts du conflit. Observons que les Russes, peu à peu, s’adaptent également. C’est vrai en matière de drones (ici) mais aussi visiblement de guerre électronique avec des capacités de brouillage assez ciblées pour être efficaces. Surtout, les Russes semblent avoir retrouvé une capacité aérienne multiforme. Je note ainsi la combinaison des drones lancet, sorte de drones suicide (ou munitions rodeuses) qui font visiblement beaucoup de dégâts. De même, l’emploi de bombes guidées semble se multiplier, là aussi avec efficacité. Autant dire que la défense sol-air ukrainienne est amoindrie, ce qui explique l’augmentation des sorties aériennes russes.
Au début de la guerre, comme beaucoup j’avais été étonné de ne pas voir les Russes pratiquer la suppression des défenses sol-air ukrainiennes (SEAD en jargon allié). Tout le monde avait alors constaté l’inexistence d’une doctrine russe d’appui air sol. Cela semble peu à peu changer. Ainsi, comme toujours, il faut continuer à se méfier des Russes. Les armes venues de l’Ouest constitueront incontestablement un atout pour les Ukrainiens. Mais leur ennemi n’est pas resté inactif.
Appréciation politique En début de semaine, des drones auraient frappé le Kremlin. Cela n’était pas impossible. Pour autant, l’examen des photos et le peu de dégâts apparents posent beaucoup de questions. Si l’on voit bien l’intérêt des Ukrainiens à frapper symboliquement le Kremlin, on comprend mal le calcul russe à organiser un montage spécieux et peu convaincant, surtout qu’il n’a pas été suivi de grandes actions. La seule théorie serait alors de montrer à quel point les Ukrainiens sont hostiles et que Moscou a raison de leur faire la guerre. A l’orée du 9 mai, cela appuierait un narratif de mobilisation de la population. Cela paraît compliqué…
Un mot sur l’affaire Prigojine qui s’est répandu dans les médias contre le commandement russe qui ne lui fournirait pas assez de munitions. Observons qu’à Bakhmout, les Ukrainiens n’en ont pas vraiment le sentiment. Méfions-nous surtout des sorties de cet entrepreneur de guerre qui a des objectifs propres. Malgré tout, son unité reste subordonnée au commandement russe, ne nous y trompons pas.
Tout le reste est communication : à prendre avec beaucoup de pincettes, comme d’habitude.
Bonne semaine
OK
Dire (ou laisser entendre) que les deux armées seraient à égalité en terme de pertes des « meilleures troupes » est un jugement un peu timide, en retrait toutefois par rapport aux estimations habituelles d’une victoire possible de l’Ukraine face à une Russie ruinée par les sanctions et à l’armée inefficace et mal armée… Pourtant, de plus en plus nombreuses, les estimations des catastrophiques et monstrueuses pertes ukrainiennes se font jour aux USA, mais pas encore en France…
On rappellera, si cela est encore nécessaire, que cette guerre est caractérisée par l’omniprésence des drones d’observation qui rend les concentrations de matériel blindé impossibles (ils sont repérés et écrasés par l’artillerie et les drones d’attaque immédiatement). La supériorité aérienne (russe) ne compte que peu en présence des manpads et n’est perceptible que depuis les récentes bombes planantes lancées de loin.
Il s’agit d’une guerre d’attrition par artillerie avec des assauts urbains protégés par l’artillerie et rien d’autre. L’avantage de la Russie en ces matières et patent et indubitable. La guerre se continuera jusqu’au premier à être en défaut de munitions, et ce ne sera pas la Russie.
Si pour une raison politique quelconque, le soutien matériel à l’Ukraine s’interrompt, la guerre se terminera instantanément. Toute personne sensée, effrayée et dégoutée par cette immonde boucherie ne peut que souhaiter cela. Arrêtons d’armer l’Ukraine !!!
« toute personne sensée, effrayée et dégoutée par cette immonde boucherie ne peut que souhaiter cela ».
« Souhaiter cela » ? : souhaiter la victoire de la Russie de Poutine ?
Votre soutien au dictateur soviétique est une provocation inutile dont la Vigie n’a pas besoin.
Si la victoire de la Russie signifie l’arrêt de la boucherie et bien va pour la victoire de la Russie !
Car c’est bien le soutien absurde au dictateur ukrainien esclave des stratégies américaines dont personne n’a besoin ! Ni vous ni moi.