Si les choses ont peu bougé sur le terrain, on retient surtout l’affaire du coup de force de Prigojine qui a tourné court mais a suscité un flot rocambolesque de commentaires.
Source : https://twitter.com/Pouletvolant3/status/1673007369314344962/photo/2
Déroulé des opérations
Revenons aux opérations, qui ont été un peu oubliées ces dernières 36 heures alors pourtant que Kiev a annoncé avoir obtenu des avancées.
Au sud, dans la zone de Lobkove, les Ukrainiens auraient finalement pris le village de Pyatykatky en début de semaine : plus d’activité depuis. Dans le secteur centre d’Orikhiv, les Ukrainiens ont fait effort et gagné 27 km² de la zone grise, sans prendre aucun village. Robotyne au sud et Novoprokovka à l’est resteraient russes. Dans le secteur ouest de Velika Novosilka, petite progression à l’est dans la zone grise. A l’ouest, avancée de part et d’autre de Rivnopil qui demeure russe mais constitue désormais un saillant menacé de trois côtés. Au sud, Urozhaine reste russe tout comme Staromaiorske.
Sur le front du Donbass, du sud au nord : Poussée russe au sud de Marinka mais aussi sur la ligne de front de ce combat urbain. Dans le secteur d’Avdivka, les Ukrainiens ont commencé la semaine en poussant au nord du secteur, réussissant un peu à se dégager même si Vesele demeure encore russe. Au sud, les Ruses ont poussé hier et repris un peu de terrain dans la zone Opytne et Vodiane.
Dans le secteur de Bakhmout, les Ukrainiens font effort. Au sud, ils ont repoussé les Russes au-delà du canal. Dans les faubourgs de la ville, ils butent toujours au sud à Klichivka, au nord-ouest sur le saillant de Dobro Vasylivka malgré quelques gains minimes. Au nord, ils ont avancé à Vesele, même si Yakovlivka reste encore russe. Un saillant semble malgré tout se constituer autour de l’avancée russe.
En remontant vers le nord, les Russes poussent contre le saillant de Bilohorivka. Pas d’avancée par le sud (sauf peut-être à Berostove), en revanche quelques progrès minimes dans la forêt au nord de la rivière. Enfin, en remontant, les Russes progressent légèrement le long de la rivière Oskil et auraient pris Synkivka, juste au nord est de Koupiansk.
Par ailelurs, on a eu quelques rumeurs de traversée du Dniepr, non confirmées. Et surtout, les Ukrainiens ont effectué quelques frappes dans la profondeur, que ce soit sur un dépôt de munition central dans la zone de Zaporijia ou sur quelques ponts reliant le continent à la presqu’île de Crimée. C’est probablement leur action structurelle la plus efficace de la semaine.
Analyse militaire
Ainsi, en termes militaires, les Ukrainiens ont plutôt progressé sans qu’aucune percée n’ait encore eu lieu. On n’a pas encore non plus l’impression d’une fragilité structurelle russe. Bakhmout reste l’endroit le plus sensible pour les Russes. Mais la semaine a été à l’avantage des Ukrainiens. Ceux-ci semblent poursuivre leur tactique actuelle de tests du dispositif russe, d’attrition localisée et de frappes contre les arrières. La contre-offensive a donc changé de nature sans être pour autant très convaincante.
Par ailleurs, malgré les événements politiques liés à la tentative de Prigojine, on n’a observé aucun vacillement chez les troupes russes. Ce qui est logique au niveau le plus bas (quand on est sur le front, on a autre chose à penser) mais la question de posait dans les échelons de commandement. Je n’en ai pas eu l’impression. Ceci est à relever pour répondre à certains commentateurs qui faisaient des parallèles avec la situation de février 1917.
Enfin, l’affaire Prigojine a été trop rapide pour que les Ukrainiens saisissent l’occasion de pousser ailleurs que dans le champ informationnel, où la machine à rumeurs s’est logiquement démultipliée.
L’affaire Prigojine
Depuis quelques semaines, curieusement, Prigojine était devenu, pour certains commentateurs occidentaux, l’espoir du renversement de Poutine et non plus le boucher de Bakhmout. Un tel renversement de perception explique beaucoup de bêtises qui ont été proférées.
La tentative de coup de force : Le samedi 24 juin, des troupes de Wagner ont investi Rostov sur le Don. Simultanément, une colonne estimée à 150 véhicules (peu de blindés) est montée plein nord. Quelques combats ont eu lieu à mi-chemin entre Rostov et Moscou, dans la ville de Voronej avec un Mi 8, 1 Ka 52 et un avion (AN 22 ?) abattus.
Notons au passage plusieurs choses. Les images n’ont pas été très probantes : deux ou trois chars et autant de blindés se postant face au QG russe de Rostov, sans échange de coup de feu ; aucune tension apparente, la vie continuant normalement alentours, les balayeurs des rues poursuivant tranquillement leur travail ; une vidéo de Prigojine, sur une terrasse extérieure (laquelle ?) discutant paisiblement avec le général Alekseiiev, sous-chef d’état-major (le même qui quelques minutes plus tard publiera une vidéo appelant les troupes Wagner à rentrer dans le rang) ; il n’est pas sûr que les troupes de Wagner aient investi effectivement le QG russe. Une colonne de véhicules avec peu de blindés, apparue à Voronej et poursuivant peut-être vers le nord. : valeur un régiment, soit 1000 hommes, pas de quoi prendre une ville comme Moscou compte tenu du rapport de forces à l’avantage immense des forces de sécurité loyales au régime : personne de sérieux ne pouvait penser que cette colonne était suffisante pour un coup d’état. La seule tension a été l’attaque aérienne (mal conduite) de ladite colonne, avec le bilan mentionné (bien plus restreint que les chiffres de 6 à 7 hélicos qui ont circulé par ailleurs, chiffres repris par un site à la bonne réputation mais qui n’a peut-être pas été assez attentif cette fois-là). Pour tout dire, on a eu l’impression d’une gesticulation (show of force disent les Anglais) plus que d’un vrai affrontement. Connaissant les habitudes de Prigojine pour la mise en scène, on peut se demander si tout ceci était bien une tentative de coup de force…
Après des déclarations de Prigojine parlant d’une marche pour la liberté au petit matin, V. Poutine a répondu à 9h00 du matin par une déclaration ferme déclarant que les opposants étaient des traitres. Puis plus rien ne s’est passé, sinon les déluges de commentaires des médias occidentaux. Finalement, dans la soirée, Moscou déclarait que grâce à l’entremise de Loukachenko (le dirigeant biélorusse), Prigojine abandonnait le contrôle de Wagner, allait s’établir en Biélorussie et ne serait pas poursuivi. Les commentateurs étaient fort marris, qui avaient cru qu’on allait assister à une guerre civile ou à un nouveau pouvoir à Moscou.
L’enjeu principal du contrôle de Wagner : Wagner est présentée comme une société militaire privée. Elle a été fondée en 2014, officiellement par Prigojine qui n’était à l’époque qu’un homme de paille du ministère de la défense, véritable organisateur de ladite compagnie. En effet, l’organisation a été conçue pour servir les intérêts extérieurs du Kremlin dans les théâtres extérieurs, Afrique et Proche-Orient notamment.
Elle a été un peu utilisée au début de la guerre du Donbass, en 2014 et 2015 mais ensuite, on l’a surtout vue ailleurs (Syrie, Centrafrique). Avec la reprise du conflit en février 2022, la milice a été engagée de plus en plus. Surtout, on lui a assigné cet hiver le secteur de Soledar puis de Bakhmout, le temps pour le reste de l’armée de conduire la mobilisation et de préparer la défense ferme sur la longueur du front. Au prix d’un combat d’usure éreintant et sanglant, qui a causé beaucoup de pertes au sein de la SMP, la ville a été prise à la mi-mai 2023 : c’était le premier succès russe depuis longtemps.
Mais la montée en puissance de Wagner et surtout les discours de plus en plus vocaux de Prigojine ont commencé à agacer au sein de la direction des opérations. Il a commencé à se plaindre et à attaquer ses ennemis préférés, le ministre de la Défense Shoïgou et le CEMA Gerassimov, entretemps devenu le commandant de l’opération. A noter que Prigojine faisait attention à ne jamais attaquer V. Poutine personnellement. Le différend s’est accentué à partir de fin mars début avril, au prix de manipulations. Plus les choses avançaient, plus Prigojine se mettait en scène, à la fois comme chef de guerre mais aussi comme « voix du peuple ».
Aussi, après la prise de Bakhmout, le commandement décida tout d’abord de retirer Wagner du front, mais aussi de reprendre le contrôle de cette armée privée, devenue puissante mais dont le chef devenait hors de contrôle. Voilà tout l’enjeu de l’affaire, qui ne concerne ni réellement la conduite de la guerre, ni surtout le combat pour le pouvoir politique. Or, l’immense majorité des commentateurs occidentaux ont regardé et interprété Prigojine sous ces deux angles exclusivement. D’où les nombreuses erreurs qui ont été émises. C’est ce que j’ai voulu dire en écrivant : « Sidéré de voir tous les commentateurs français prendre au pied de la lettre les déclarations de Prigojine, avec l’hypothèse centrale que ce dernier a une autonomie de discours ». Or, Prigojine ne jouait que son sort personnel.
Rappelons le peu que j’ai dit sur l’homme. Dans le bilan 42 du 18 décembre 2022, j’écrivais : « Un autre débat a eu lieu sur l’objectif de Bakhmout. Beaucoup de commentateurs ont ainsi expliqué que cet objectif n’avait aucune utilité tactique et qu’il ne s’agissait que d’une affaire de prestige, soit pour les Russes, soit pour Prigojine, le dirigeant de Wagner. Passons les spéculations portant sur les calculs politiques de ce dernier. Certains affirment que le groupe Wagner agirait tout seul à Bakhmout, sans coordination avec le reste de l’armée russe. J’en doute. Les unités Wagner disposent peut-être d’une certaine autonomie tactique, mais ils sont forcément intégrés à une manœuvre opérative de secteur. La pression russe est trop uniforme sur l’ensemble de la ligne de front pour qu’il en aille différemment ».
Dans le bilan 59 du 7 mai, j’ajoutais « Un mot sur l’affaire Prigojine qui s’est répandu dans les médias contre le commandement russe qui ne lui fournirait pas assez de munitions. Observons qu’à Bakhmout, les Ukrainiens n’en ont pas vraiment le sentiment. Méfions-nous surtout des sorties de cet entrepreneur de guerre qui a des objectifs propres. Malgré tout, son unité reste subordonnée au commandement russe, ne nous y trompons pas ».
Je note surtout que le déroulement des opérations a contredit le discours de Prigojine : il s’est présenté tout au long de 2023 comme le seul à pouvoir mener des opérations de combat, le reste de l’armée étant composé d’incapables. Or, les trois dernières semaines ont démontré le contraire, la résistance russe à la contre-offensive ukrainienne ayant surpris tout le monde, Sourovikine paraissant le vainqueur de cette opération défensive. Ainsi, Wagner a joué son office, étant au front à Bakhmout pour fixer les Ukrainiens (nous l’avons suffisamment signalé ici) pendant que le reste de l’armée se préparait à l’affrontement prévu pour le printemps. Plus ça allait, moins Wagner pouvait prétendre à l’exception.
Un accord de mafieux : Prigojine était au départ le gestionnaire du projet, non son propriétaire. Son ego a pris le dessus, au moment du siège de Bakhmout et du succès qu’a été la prise de la ville. Souvenons-nous de ses vidéos, quand il jouait l’homme de terrain, sanglé dans un treillis un peu petit : il mettait en scène l’opposition du chef de guerre au rond de cuir d’état-major. Il a poussé ce discours en prononçant un discours populiste à la recherche de l’opinion publique, pour contourner par l’extérieur son opposition à l’état-major, sans vraiment convaincre (aucun discours politique, juste une remise en cause de la manière dont la guerre est conduite). Les choses ont commencé à déraper à ce moment-là.
Peu à peu, les mesures techniques du ministère se sont accumulées : retrait de Bakhmout, nomination d’un général adjoint venant du ministère de la défense, obligation pour les membres des milices privées de signer un contrat d’engagement au sein de l’armée russe. Autrement dit, une reprise de contrôle technique et fonctionnelle. Ce qui signifie que le chef qui en profitait se voyait déposséder de son outil et des ressources financières qui lui sont associées. Ce chef perdait le moyen de son enrichissement personnel.
Prigojine est un repris de justice, un gangster, un mafieux qui a cherché un accord de mafieux. C’est ce à quoi nous avons assisté hier. Nous ne connaissons presque rien de l’accord proprement dit (officiellement : il est pardonné, il ira en Biélorussie, ses hommes sont intégrés, passez muscade – qui y croit ?). Il y a d’autres clauses que nous ne connaissons pas. Mais Wagner rentre dans le rang tandis que Prigojine sort du système : tel est le résultat de l’affaire d’hier.
Prigojine a été efficace dans la montée en puissance de Wagner. Cela lui est monté à la tête. Plus il prononçait de foucades, plus l’état-major cherchait à reprendre le contrôle. A la fin, la question n’était même plus dans Wagner mais dans le sort de l’individu. Il semble qu’il ait cherché hier à trouver une porte de sortie, à la fois personnelle mais aussi financière. Il a donc cherché une dagavarniak, mot qui en argot russe désigne un accord entre mafieux.
Analyse politique
Est-ce tout ? non. Le plus surprenant a quand même été le retrait de V. Poutine. Les Américains ont fait savoir que depuis la mi-juin, ils savaient que Prigojine préparait un coup. Le Kremlin le savait donc aussi. Le plus surprenant reste alors la liberté de ton qu’on lui a si longtemps laissée. Plusieurs hypothèses, pas forcément contradictoires, peuvent être proposées (ce sont des hypothèses).
- On a laissé Prigojine faire de façon à révéler ceux qui allaient le soutenir, au sein de Wagner ou dans l’appareil politique (préparation de purge).
- Poutine est vieillissant, n’a pas renouvelé son entourage depuis longtemps et reste fidèle à sa vieille garde. Même si Poutine n’a jamais directement traité avec Prigojine, selon des témoignages concordants, il a pu laisser faire sans prendre la mesure de ce qui se passait. Il serait ainsi entouré de yes-men et plus aucune information sérieuse ne remonterait jusqu’à lui. Il aurait été surpris de l’affaire.
- Poutine a laissé faire en préparant un renouvellement de la direction des affaires. Beaucoup s’interrogent sur le sort de Shoïgou. Le nom de Sourovikine revient fréquemment.
- Poutine pensait pouvoir contrôler jusqu’au bout Prigojine et repoussait le règlement de son cas. La mascarade du weekend l’a forcé à composer.
- La multiplication des forces de sécurité plus ou moins maîtrisées rend le contrôle central impossible. Cette affaire marque l’altération du pouvoir central qui ne contrôle plus vraiment.
- Le système mafieux à la tête du pays a continué de jouer à plein.
En revanche, je ne crois pas à l’hypothèse d’un complot soutenu par la CIA, hypothèse que beaucoup soutiennent. Certes, les Américains devaient être au courant et il est probable qu’ils ont essayé de contacter Prigojine. Je doute que celui-ci soit entré dans une intelligence avec l’ennemi, même s’il a pu le leur laisser croire. Ceci expliquerait en tout cas le silence initial des chancelleries occidentales qui ont probablement adopté l’attitude : « faut voir ». Bref, ils ont été aux aguets, opportunistes, mais pas deus ex machina.
Beaucoup s’interrogent sur les conséquences politiques de cette affaire. Certes, les élites russes ont déclaré leur soutien à V. Poutine. Malgré tout, cela fait désordre et ne montre pas un Etat contrôlant toute la situation. Si la population est restée en dehors de tout ça, il est probable que les manœuvres vont se poursuivre en coulisses. Nous n’en connaissons rien et je suis surpris quand certains tirent déjà des conclusions définitives (qui vont d’ailleurs toutes dans le même sens, celui de leur souhait, à savoir la mise à l’écart de Poutine). Or, souvent, quand un régime autocratique connaît une crise de pouvoir, il réagi par un resserrement du dispositif : purges, réorganisations, changements de tête. C’est probablement ce qui va arriver, selon des lignes que nous ne connaissons pas aujourd’hui. Autrement dit, le pouvoir de V. Poutine est altéré (dans une mesure que nous ne connaissons pas), pas forcément affaibli.
Sommet de l’Otan et position française : Passons à autre chose. En début de semaine, Le Monde a titré en première page sur un changement de la position française sur l’adhésion de l’Ukraine à l’Otan. Tout à son désir de faire un scoop, il a été victime (consentante ?) d’un coup de comm. Contrairement à ses affirmations, il n’y a en effet aucun changement de la position française, qui depuis le sommet de Bucarest dit toujours que l’Ukraine adhérera un jour à l’Alliance. La source qui a communiqué cette « information » au Monde savait ce qu’elle cherchait : faire du bruit pour rien.
Avec malgré tout deux objectifs sous-jacents de la part de l’Élysée, qui expliquent ce coup de comm : faire porter le chapeau du bad guy à l’Allemagne lors de ce sommet (pour une fois, ce ne serait pas la France qui s’opposerait à tout, même si le consensus sur la non-adhésion immédiate a déjà été tranché, comme nous vous l’avons expliqué la semaine dernière) ; mais aussi, insister sur les garanties de sécurité à donner à l’Ukraine dans le cas d’une résolution négociée du conflit, ce qui est aujourd’hui à l’ordre du jour, même si les discussions se font de façon très discrètes. Much ado about nothing.
Notons enfin le voyage de Blinken à Pékin, qui a toutes les apparences de l’échec. Or, il faut observer attention ce front géopolitique-là, central dans la politique extérieure américaine et qui aura des répercussions sur le théâtre européen.
Bonne semaine.
OK
On peut être en désaccord avec les jugements.
D’abord au sujet des avancées ukrainiennes: elles sont nulles et conquérir dans la zone grise, c’est ne rien conquérir du tout: la première ligne de défense n’est pas entamée, le front est stable et reste stable, point final. Les 27 km2 de gagné évoqués ici sont d’un point de vue militaire, historique, et politique sans objet ni intérêt.
Ensuite le qualificatif de « mafieux » utilisé ici à plusieurs reprises pour qualifier le pouvoir russe est tout à fait inapproprié. La Fédération de Russie dispose d’un parlement, d’un gouvernement et d’une administration, des élections régulières y sont organisées. Rien à voir avec un pouvoir mafieux. L’expression est une marque de mépris agressif d’un partisan dans une guerre.
L’affaire Wagner qui n’a duré que quelques heures a montré un pouvoir et une opinion solide, d’un calme et d’une unité notable, qui ont réussi à transformer une vilaine affaire en un simple fait divers sans aucun déchirement au sein d’un appareil militaire en état de guerre. Strictement rien de mafieux là-dedans, le respect des hommes et des principes et l’appel constant au patriotisme ayant été constamment invoqués par toutes les parties. Shoigu reste en place et devient l’employeur des Wagners, comme prévu et souhaité. Comme indiqué du bout des lèvres ici, mais avec raison, le pouvoir de Poutine en sort renforcé.
Prigogine était un électron libre qui n’était pas un chef militaire mais un chef d’entreprise. Il exploitait des formes d’organisation et de pratique militaire qui se voulaient « non bureaucratiques », laissées à l’appréciation de centurions charismatiques. En constante adaptation au plus près des évènements, ces forces spéciales d’un genre particulier ont mis en oeuvre des techniques d’assaut variées sur la base de deux principes fondamentaux: le déchainement illimité de toutes les artilleries disponibles et la minimisation des pertes humaines, les troupes, formées de combattants expérimentés étant tout sauf de la chair à canon envoyée « par vagues » comme toute une propagande nous l’a servi.
Utilisateurs à succès de l’ultra violence ce genre d’unités militaires a toujours dans l’histoire causé des ennuis à leurs utilisateurs, et il fallut dissoudre le 1er REP.