La doctrine nucléaire russe vient d’être récemment révisée. Héloïse Fayet, spécialiste des questions nucléaires à l’IFRI, nous fait l’honneur d’une brève analyse. Merci à elle. LV
La révision de la doctrine nucléaire russe était annoncée depuis plusieurs mois afin de prendre en compte l’évolution du contexte stratégique. Les premiers éléments ont été dévoilés par le président Poutine : que peut-on en retenir ?
Le résumé (Texte complet) est issu du compte-rendu de la réunion du Conseil de sécurité de la Fédération de Russie sur la dissuasion nucléaire, qui semble avoir lieu deux fois par an (comme les Conseils des armements nucléaires en France).
Cette évolution de la doctrine était attendue, avec des consultations d’experts et des interviews dans la presse. Tous s’accordaient sur le besoin de réactiver la dissuasion face à un Occident qui a maintenu son soutien à l’Ukraine malgré les menaces. Les points présentés aujourd’hui par Poutine reflètent cette inquiétude : il est spécifié qu’une attaque menée par un État non nucléaire (ici, l’Ukraine) avec le soutien d’un État nucléaire sera considérée comme une attaque conjointe (donc avec une riposte possible sur ce pays).
De même, la doctrine de 2020 indiquait qu’une riposte nucléaire pouvait être déclenchée s’il y avait des informations fiables sur une attaque balistique massive imminente : c’est élargi aux attaques « depuis l’air et l’espace » (aviation; missiles de croisière, drones…). Enfin, le resserrement des liens avec la Biélorussie, déjà visible par le déploiement d’armes nucléaires tactiques sur ce territoire, est clairement assumé : toute attaque contre Minsk est considérée comme une attaque contre Moscou.
En bref, à ce stade, pas de quoi s’inquiéter : la doctrine est une matière vivante et il est normal qu’elle évolue. Cela fait partie du dialogue dissuasif que la Russie entretient avec l’Occident et il est certain que la place du nucléaire dans ce rapport de force va augmenter.
Héloïse Fayet
Chercheuse sur le nucléaire & le Moyen-Orient au Centre des études de sécuritéà l’IFRI
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L’effective victoire militaire totale de la Russie se précise. Même si elle ne se manifestera pas avant 2025 (très vraisemblablement) sa certitude devient manifeste à tout le monde. Les opinions ukrainiennes et occidentales à qui on a vendu deux ans la chimère d’une victoire de la « démocratie » commencent à douter sérieusement et la gestion de leur perception de cette humiliante et terrifiante défaite militaire, économique et morale devient un problème à considérer pour les décideurs de la catastrophe.
Une solution potentielle à l’impasse pour les décideurs ukrainiens, et sans doute aussi pour certains de leurs soutiens devenus désespérés (on pense à la Grande Bretagne ou à la Pologne, voire la France) est de se lancer dans des formes de terrorisme anticivils visant la Russie avec l’aide de l’Occident, officiellement pour pousser la population russe à se dresser contre « Poutine », dans les faits pour pousser l’Amérique et ses alliés de l’OTAN à une guerre directe contre la Russie.
La théorie de ces gens est que le nucléaire étant impensable, il ne peut être utilisé, et cela en aucun cas. Cette théorie a été plus ou moins présentée sur les plateaux TV (Tenzer, Tertrais, Yakovleff). Les ridicules simagrées d’Emmanuel Macron au sujet des « troupes au sol » ont montré que la France elle-même, et au plus haut niveau, n’était pas immune de cette folie.
La mise au point russe a juste pour but de rappeler à ces gens que l’usage de l’arme nucléaire a une réalité est que c’est à raison que jusque-là, les adultes informés en charge du monde, dont les décideurs américains, en ont conscience.
Car l’autre solution à l’impasse devenue évidente et de l’admettre, de cesser tout soutien au régime ukrainien actuel, et de démarrer immédiatement une négociation avec la Russie sur la base de la totalité de ses exigences de 2022 en espérant qu’une Ukraine indépendante pourra conserver les rivages de la mer noire, seule condition de sa viabilité économique à terme.