Le monde remis à l’endroit (J-Ph. Immarigeon)

Grand spécialiste des Etats-Unis qui constituent son principal sujet de recherche, J-Ph Immarigeon nous confie son analyse des derniers événements washingtoniens. Car selon lui, l’Amérique est très prévisible. Même Trump. Surtout Trump Merci à lui. LV

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« Il n’est pas nécessaire que des hypothèses soient vraies ni même vraisemblables ; une seule chose suffit, qu’elles offrent des calculs conformes à l’observation. » C’est, on le sait, de cette petite phrase dans la préface de l’édition de 1543 de De Revolutionibus de Nicolas Copernic, due à la plume d’Andreas Osiander, qu’est née la pensée européenne. Nous dirions aujourd’hui que l’essentiel est d’avoir le bon logiciel au bon moment, qu’importe qu’il soit, dans un absolu qu’on ne connaîtra jamais, conforme ou non à un réel qui nous échappera toujours. Ce qui vaut pour la philosophie mais surtout la science vaut également pour la politique et la géostratégie. Il n’est de chaos du monde qui ne soit qu’un défaut dans les hypothèses faites, ontologiquement limitées même dans le monde fini de Paul Valéry. C’est ce que me confiait, de retour de l’ambassade de Washington, le général Vincent Desportes en m’avouant que, dans le flou total où la politique de Bush junior avait alors mis notre diplomatie, les articles parus dans la Revue Défense Nationale avaient été utiles [1], qu’on soit ou non d’accord avec ma vision de l’Amérique, que j’ai moi-même compris ou non l’essence de cette nation ; l’essentiel avait été que la grille de lecture ait permis de comprendre l’Amérique à ce moment précis.

J’ai pu dans le même temps réunir et développer ces hypothèses dans quatre essais [2] dont la lecture serait utile à toutes celles et ceux qui, depuis un mois, ne cachent même plus qu’ils ne comprennent rien à une Amérique pourtant d’une prévisibilité déconcertante, pour peu qu’on fasse l’effort depuis un quart de siècle de la comprendre telle qu’elle nous dit être.

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Le Dieu Cargo ne reviendra pas

On connaît le mythe du Dieu Cargo des mers du sud et j’ai plusieurs fois associé les pleureuses de l’Atlantisme à ces peuplades qui ne se remirent jamais du départ des Américains installés pour la reconquête du Pacifique mais repartis au bout de trois ans, laissant carcasses d’avions, barges échouées et canettes vides de Coca Cola et surtout l’espérance d’un retour. Ce moment est arrivé et il va falloir oublier dans les salons parisiens le GI Made in Normandie distribuant chocolat et bas nylon et emmenant les filles aux joues rouges danser au son de Glenn Miller.

Si le mythe du Dieu Cargo a donné lieu à de nombreuses déclinaisons, il y a peu de chance que le spectacle affligeant de collégienne inconsolable plaquée par son premier flirt, que nous offrent ceux qui vouent aux gémonies une Alliance atlantique qu’hier encore ils portaient au pinacle, soit très inspirant. Que dire ainsi de la tribune d’un eurodéputé publiée dans Le Monde le 22 février 2025 : « Quelques jours auront suffi à tourner la page de quatre-vingts longues années d’histoire, sous nos yeux éberlués. L’alliance géopolitique la plus puissante du monde s’est retournée comme un gant et le parapluie américain – qui nous protégeait depuis 1945 et nous vassalisait en nous protégeant – s’est refermé. […] Disons-le clairement : l’appartenance à l’OTAN n’assure plus la sécurité des nations européennes. Qui peut sérieusement croire qu’un homme comme Donald Trump activera l’article 5 de l’Alliance – cet article d’assistance mutuelle sur lequel repose la paix en Europe occidentale depuis 1949 – si un pays membre est attaqué ? Qui peut réellement penser que cette administration américaine portera secours à la Lettonie, à l’Estonie ou à la Pologne lorsque les troupes russes franchiront leurs frontières ? Personne. »

Salauds d’Américains ! Sauf que l’article 5 OTAN laisse le choix de la réponse à apporter et n’oblige pas les partenaires de l’Etat agressé à intervenir militairement contre l’agresseur et que les Etats-Unis ne se sont jamais engagés à sauver par les armes les pays baltes ou la Finlande [3]. L’Amérique n’a pas l’intention de défendre l’Europe et ça n’est en rien une révélation puisqu’un certain Charles de Gaulle l’avait déjà solidement argumenté il y a soixante ans. L’OTAN fonctionne comme la Ligue de Délos, les articles 10, 11, 13 et 14 du Traité de 1949 la réduisant à un faisceau d’accords bilatéraux entre chaque Etat membre et les Etats-Unis [4]. Jean-Jacques Rousseau aurait pu résumer ainsi l’approche américaine : « Je fais avec toi une convention toute à ta charge et toute à mon profit, que j’observerai tant qu’il me plaira, et que tu observeras tant qu’il me plaira. »

Les chagrins d’amour rendent bête et méchant, surtout quand on ne peut retourner à l’infidèle les promesses qu’on a voulu entendre mais qu’il n’a jamais faites et que la mémoire d’Internet conserve le pathétique des imprécations d’aujourd’hui comme le ridicule de l’adoration d’hier. On ne s’attardera pas sur les accusations portées contre le président américain de n’être qu’un agent dormant du FSB mais sur l’emploi du mot « prédateur » qu’on accole aux Etats-Unis, ce qui est poursuivre le mimétisme puisque cette qualité a été revendiquée dès l’investiture par un élu républicain sur la chaîne Fox Business : « We are frankly the dominant predator ». C’est l’évidence mais c’est il y a vingt ans qu’il fallait se réveiller, lorsque Desportes photocopiait les articles pour ses collègues de l’ambassade [5].

A la re-découverte de l’Amérique

Cet antiaméricanisme de récents convertis trahit une méconnaissance de l’Amérique aussi crasse dans la grotesque vindicte qu’elle l’était dans l’encomiastique adulation. Car il y a quatre fondamentaux que personne n’a jamais pris en considération, alors même que l’Amérique en fait étalage :

  • Le premier est celui d’une constitution rédigée au temps des lampes à huile et de la marine à voile, qui a fait élire en 2016 Donald Trump avec trois millions de voix de retard, conserve l’impeachment, l’état d’exception de sa Suspension clause, des prérogatives monarchiques avec les executive orders [6] et les security letters autre nom des lettres de cachet, une constitution ante-parlementaire où seuls les élèves de Sciences Po voient encore des checks and balances. Le Figaro s’est lamenté de ce « mélange de despotisme, de populisme, de libertarianisme et d’impérialisme » et d’une « radicalité (qui) entend couper l’Amérique de la démocratie libérale avec laquelle se confondait son histoire depuis 1787 ». Mais l’Amérique reste ce qu’elle a toujours été, « un rêve de mâles blancs hétérosexuels et calvinistes, dont les institutions ne peuvent convenir qu’à des mâles blancs hétérosexuels et calvinistes [7] ».
  • L’Amérique c’est également un ordo-capitalisme où l’Etat pratique sans vergogne ni retenue ce despotisme économique hérité de Turgot [8]. Et le supposé self made man Elon Musk avec son héritage, ses subventions et ses dégrèvements d’impôts, est bien éloigné des héros emblématiques de l’objectivisme d’Ayn Rand ; tout le capitalisme américain ne vit depuis le Gilded Age que sur des fonds publics qui coulent à flots sur le Big Business [9]. L’Europe semble découvrir qu’il n’y a qu’un seul entrepreneur en Amérique et que c’est l’Etat.
  • L’Amérique est aussi une bureaucratie à la soviétique qui déroute nos expatriés. Il est des pans entiers de la société qui ne vivent que d’aides publiques, sans même parler de ses forces armées qui ont façonné l’OTAN à leur image, « plus grosse concentration de bullshit jobs de la planète, où on déblatère, on papote et on vapote à la cafétéria, où la réunionnite et la visioconférence font davantage de ravages qu’un virus chinois, avec son gaspillage à tous les étages, sa gabegie comptable, sa sous productivité chronique, ses services hypertrophiés et redondants et sa logistique cyclopéenne qui réduisent à la portion congrue les unités combattantes [10]».
  • Enfin et surtout, l’Amérique ne nous aime pas. Ce serait la révélation du discours du vice-président J.D. Vance à Munich le 14 février 2025. Drôle de déclaration pour une Saint-Valentin, sauf que l’Amérique s’est toujours positionnée contre nos principes et l’a toujours revendiqué, ça date de la Révolution de 1789 et la dispute avait dégénéré en Quasi-guerre [11]. J.D. Vance n’a pas accusé les Européens de violer les très fantasmées valeurs « communes » mais celles de l’Amérique, centrant son propos sur le freedom of speech du Premier amendement de 1791 qui est le contrepoint délibéré de l’article 11 de notre Déclaration votée deux ans plus tôt.

On peut alors se complaire dans le verbiage sur les signaux faibles ou les cygnes noirs mais le chavirement dont tout le monde s’étonne ne date ni d’aujourd’hui ni même d’il y a vingt ans : c’est l’Amérique, simplement.

Conversations sous le parapluie

Il y aura une guerre en Europe contre la Russie, nous dit-on, ces imbéciles d’Américains ne l’ont pas compris et elle se fera sans eux qui se carapatent comme ils l’ont fait au Viêt Nam, en Irak, en Afghanistan. Mais nous vaincrons parce que nous sommes les plus forts ! L’Institute for the Study of War n’a-t-il pas publié un rapport qui annonce la défaite prochaine de la Russie [12] ? Qu’importe la schizophrénie à se féliciter de sa débâcle militaire mais à y voir un danger civilisationnel, voilà que la Russie est redevenue ce qui manquait à nos dirigeants en manque de projet mais pas d’imagination, cette « maîtresse d’erreur et de fausseté », écrivait Pascal, contre laquelle « la raison a beau crier, elle ne peut mettre le prix aux choses ». Cette russophobie, à côté de laquelle Hergé était d’une confondante subtilité dans son Tintin au pays des Soviets, précipite l’Union Européenne à des extrémités qui seraient cocasses si elles ne se voulaient performatives. On pourra ainsi lire une résolution votée en 2023 par le Parlement Européen [13] sur « l’ingérence étrangère » à l’initiative de l’élu cité en début d’article. Cette excitation à la guerre autorise ceux qui s’en réclament à s’élever au rang de l’Histoire, candidatant à une exclusive de lucidité et de clairvoyance dont ils prétendent tirer quelques privilèges à gouverner leurs contemporains. Relevons à sa décharge que c’est une génération qui n’a jamais vu naguère les colonnes de chars soviétiques stationnés sur le bas-côté à trois heures d’autoroute de Strasbourg [14].

Mais la guerre, depuis Rousseau et Clausewitz, est un acte politique, une volition qui n’a plus rien à voir avec la violence originelle de l’état de nature. C’est en la dénaturalisant que l’Europe est parvenue à mettre fin à la sienne et à gagner toutes celles qu’elle a faites au reste du monde. Refaire de la guerre une essence immémoriale et de la dispute ukrainienne un conflit anthropologique est non seulement régresser mais courir à la défaite. Or voilà un mot répété jusqu’à la nausée dans la presse et sur les plateaux par les éditorialistes : la guerre est devenue l’identité d’une Europe qui suscitait l’admiration des nations parce qu’elle avait su la politiser. Ce n’est même plus une triste nécessité, c’est un désir, c’est un appel, c’est « la conviction générale que la guerre-en-soi est une solution [15] ». Aimer la guerre devient un signe de profondeur philosophique, de clairvoyance achetée à peu de frais et un viatique à l’absence de vouloir.

Mais pendant que les Européens discourent sur la guerre, Trump fait de la politique. Sous ses caprices de diva, The Apprentice (film de 2024, à voir) est un homme d’affaires au sens où il arbitre entre ce qui est plus ou moins utile et ce qui ne sert à rien. Il liquide ses positions, éventuellement à perte, pour se renforcer ailleurs, évalue les gains à l’aune des risques comme l’a fait la Rand Corporation il y a deux ans sur l’Ukraine [16].

Remettre l’église au milieu du village

Le Russe a laissé beaucoup de plumes mais a conservé son avantage premier simplement parce qu’il reste clausewitzien : il sait pourquoi il ne veut pas de l’OTAN sur ses marches et le prix à payer dont il est seul juge, alors que nous ne savons toujours pas pourquoi nous voulons voir l’OTAN arriver jusqu’à Koursk et aux portes de Leningrad, quel est l’intérêt pour la France et à quels sacrifices nous sommes disposés. Posez la question à un responsable politique ou militaire, il sera incapable d’argumenter ; nul besoin « d’ingérence étrangère » pour que nos opinions comprennent que leurs dirigeants ne savent pas où ils vont ni comment finir cette guerre [17].

Dire que cette avancée de l’OTAN était une violation de la parole donnée et surtout des discussions bien avancées jusqu’à l’été 2021, entre Européens et Russes, de reconfiguration de la sécurité du continent n’est pas pour autant s’aligner sur le narratif russe et l’économiste Jeffrey Sachs a eu raison de le rappeler devant le Parlement européen le 19 février dernier [18]. Les diplomates russes ne sont de toute manière pas des perdreaux de l’année et savent mieux que quiconque que les promesses n’engagent que ceux qui y prêtent attention. Tout a été dit depuis 1994 et commenté partout dans la presse occidentale y compris deux mois avant l’invasion de 2022, au lendemain d’une réunion tenue au Kremlin autour de Vladimir Poutine le 21 décembre précédent, qui prenait acte du refus des Occidentaux de s’assoir autour d’une table pour discuter [19]. Mais qu’on ait délibérément mis la Russie dans un coin n’est plus le sujet puisque le problème est ailleurs : mettre au contact physique des puissances nucléaires est d’une dangerosité extrême, c’est ce que les Américains ont fini par comprendre et ce bien avant l’entrée de Donald Trump dans le Bureau Ovale [20].

Cette dangerosité a été souvent portée à l’écran et parmi les films avertissant des risques de guerre nucléaire on peut citer le très flippant Bedford Incident (1965). Un film comme Fail Safe (1964), qui reprend la trame de Doctor Strangelove (1964), narre l’enchaînement qui devient vite irrépressible, dans un contexte où les donneurs d’ordre disposaient d’une demi-heure pour éviter l’apocalypse. Les SS-20 avaient réduit ce temps à quelques minutes mais comment faire à l’heure des missiles hypersoniques et de l’intrication des bases de départ – l’oblast russe de Kaliningrad par exemple, dont il faudra un jour que les Européens se préoccupent plutôt que de se prendre la tête sur quelques villages au fond du Donbass pendant que Poutine nucléarise l’enclave ? Devant la nécessité de répondre en quelques secondes, les Russes envisageraient de réactiver le système de détection et de lancement automatique Perimeter, alter ego d’un réseau américain similaire qui, lui, a été démantelé. Ce fut le sujet d’un autre film, The Forbin Project (1970), ou plus récemment War Games (1983), mettant en exergue l’informatique et le danger de s’en remettre à une intelligence artificielle qui jouera à la guerre toute seule mais avec de vrais missiles. Ce sera la destruction mutuelle assurée et il n’y aura pas toujours un Stanislas Petrov pour sauver le genre humain une nuit de septembre 1983.

Donald Trump, poor lonesome cowboy

Le président américain va négocier par-dessus la tête des Européens, parce c’est de l’intérêt de tout le monde et que cela seul compte. Pour le reste – et c’est une des phrases fétiches de Donald Trump – un grand océan sépare les Etats-Unis de l’Europe et de ses problèmes. Nos Atlantistes le voyaient comme une passerelle, ils comprennent qu’il a toujours été un gouffre, une tranchée, un fossé de 3 000 milles devant le donjon américain.

L’Amérique se vit seule et l’a toujours été. Elle n’est impérialiste que par nécessité mais elle en refuse les impératifs : l’Amérique ne se projette pas dans le monde, elle s’en retranche [21]. Et le discours d’investiture du nouveau président, par-delà les oripeaux glorifiant une puissance à restaurer, avait les accents de la Farewell Address, le testament politique de George Washington. Les Américains se vivent comme les Pilgrims du Mayflower, en éternels persécutés : le monde et ses gens sont méchants, gémit Trump en insistant sur la menace existentielle qui n’a cessé de peser sur l’Amérique [22]. « L’UE n’a été conçue que pour baiser (screw) les Etats-Unis », mais « nous pouvons partir », a-t-il dit le 26 février dernier. « L’Amérique veut rentrer chez elle. US go home ? Elle ne demande que ça. Sans aller jusqu’à l’y pousser, pourquoi s’obstiner à la retenir [23] ? »

Aussi quand le vice-président J.D. Vance annonce qu’un nouveau sheriff est en ville et que nous entendons nouveau gendarme, nous n’avons toujours pas compris les westerns. Qu’y fait le justicier après qu’il ait règlé l’affaire au Colt ou à la Winchester, que ce soit Gary Cooper dans High Noon (1952), Allan Ladd dans Shane, (1953), John Wayne dans The Searchers (1956) ou Clint Eastwood dans Pale Rider (1985) ? Il se casse. C’est ce qu’a dit J.D. Vance : on va une nouvelle fois régler vos querelles d’Européens et ensuite vous vous démerderez sans nous.

Les troupes britanniques et hessoises qui défilèrent en 1781 devant nos régiments au soir de la capitulation de Yorktown auraient joué une ballade anglaise du XVIIe, The world turned upside down. L’anecdote est inventée mais l’image est jolie. S’il est vrai que l’intrusion dans les affaires internationales de l’Amérique, dont nous fûmes les enfanteurs, a été un grand moment de dérèglement pour l’Humanité, il ne tient qu’à nous de remettre, après deux siècles et demi, le monde d’aplomb.

Jean-Philippe Immarigeon, avocat.

 

[1] . Souvenirs d’un monde qui chavirait, 2001-2011, Cahier de la RDN, préface de Jean Dufourcq, Revue Défense Nationale, 2012.

[2] American Parano. Pourquoi la vieille Amérique va perdre sa guerre contre le reste du monde, Bourin-Les Pérégrines, 2006 (élu meilleur essai politique par Lire) ; Sarko l’Américain, Bourin-Les Pérégrines, 2007 ; L’imposture américaine, Splendeur et misère de l’Oncle Sam, Bourin-Les Pérégrines, 2009 ; Pour en finir avec la Françamérique ! préface de John R. MacArthur, directeur de Harper’s Magazine, Editions Ellipses, 2012.

[3] « L’Amérique, homme malade de l’OTAN », Tribune n° 1319, RDN octobre 2021 ; « La chute de la Maison OTAN », La Vigie, 13 avril 2024.

[4] Et on signalera une nouvelle fois que, à la date de la présente et sur la page du site de l’OTAN consacrée à la Résolution 239 Vandenberg votée par le Sénat américain en 1948 aux fins de permettre la signature du Traité, un lapsus scriptae indique dans la version française qu’il s’agit de mettre les forces armées à la disposition « des États-Unis », là où le texte anglais dit « United Nations ».

[5] « Système prédateur et créateur de désordre, la puissance américaine n’est que le résidu négatif d’une internationalisation des échanges qui lui échappe, le parasite qui tire sa vitalité de la capacité des autres à créer, désormais sans lui, de nouvelles sources de valeurs et de richesses. » « L’intuition du déclin », RDN n° 652, avril 2003. « Si le mythe américain vole en éclats, c’est la puissance elle-même qui sombre, pour autant que cette puissance se comporte en prédateur universel pour masquer ses carences industrielles, sociales et éducatives. « Un monde qui chavire », RDN n° 666, juillet 2004. In Souvenirs d’un monde qui chavirait, op.cit.

[6] « I am the President ! » est une formule que Trump a piquée aux films et séries mettant en scène le locataire de la Maison Blanche, comme The American President (1995).

[7] Pour en finir avec la Françamérique ! op.cit.

[8] « Le despotisme économique, une vieille histoire », Libération, 25 juillet 2001. « Il ne s’agit pas de détruire le pouvoir absolu mais de le convertir. L’État, suivant les économistes, n’a pas uniquement à commander à la nation mais à la façonner ; c’est à lui de former l’esprit des citoyens suivant un certain modèle qu’il s’est proposé à l’avance ; son devoir est de le remplir de certaines idées et de fournir à leur cœur certains sentiments qu’il juge nécessaires. […] Lisez le Code de la Nature par Morelle, vous y trouverez toutes les doctrines des économistes sur la toute-puissance de l’État et sur ses droits illimités : la communauté de biens, l’égalité absolue, l’uniformité en toutes choses, la régularité mécanique dans tous les mouvements des individus, la tyrannie réglementaire et l’absorption complète de la personnalité des citoyens dans le corps social. » Tocqueville, L’Ancien régime et la Révolution, Livre III Chapitre 3, 1856

[9] Voir notamment John R. MacArthur, You can’t be president. The Outrageous Barriers to Democracy in America, 2008) ; traduction française Une Caste américaine, 2008.

[10] « OTAN » in Abécédaire du Souverainisme, Front Populaire HS n°1, novembre 2020.

[11] « Mésalliance atlantique, de la quasi-paix à la quasi-guerre », Revue Défense Nationale, n° 878, mars 2025.

[12] Christina Harward & al., Russian Offensive Campaign Assessment, Institute for the Study of War, 25 février 2025.

[13] Résolution du 1er juin 2023 sur l’ingérence étrangère et la désinformation, 2023/0219.

[14] « Rendez-nous le Lieutenant X ! », La Vigie, 5 mars 2024.

[15] Paul Valéry, Cahiers 1931-32, XV, 489.

[16] Samuel Charap, Miranda Priebe, Avoiding a Long War. US Policy and the Trajectory of the Russia-Ukraine Conflict, Rand Corporation, 25 janvier 2023.

[17] Voir La lettre de Léosthène, « Question ouverte aux dirigeants européens », 1er mars 2025, n° 1890.

[18] Voir l’intervention sur https://braveneweurope.com/jeffrey-sachs-the-geopolitics-of-peace-speech-to-the-european-parliament.

[19] Le verbatim de la réunion du 21 décembre 2021 avait été mis en ligne à 14h30 sur le site du Kremlin qui indique pour ce même jour, à 18h00 et 19h05, deux conversations téléphoniques avec le président français et le chancelier allemand sur la crise en Ukraine et les propositions russes d’un nouveau traité de sécurité européen.

[20] « L’impasse ukrainienne », Conflits, 28 mai 2023 ; « Nicolas Sarkozy et le piège russe », Conflits, 26 août 2023 ; « La chute de la Maison OTAN », La Vigie, op.cit.

[21] « Le rêve des Américains est de se faire oublier, pas de s’exposer. Mais leur posture a été remplacée par celle que le monde a choisie pour eux, et à laquelle ils se soumettent tantôt avec forfanterie, tantôt à reculons ou à regret. Ils y trouvent une identité élaborée malgré eux, et ce n’est pas celle qu’ils imaginaient à l’origine. Il n’y a d’identité américaine qu’à travers la manière dont nous abordons l’Amérique. Les Américains se chercheront toujours et ne cesseront de s’interroger, et ils le font dans le regard des autres… » « La chute de la maison Amérique », Krisis, n° 43, mars 2016.

[22] « Lorsque le monde est définitivement méchant, lorsque la puissance échoue à le contenir loin des paisibles Main Street, l’ultime refuge est le rêve d’un monde sublimé sans discours du vilain Villepin au Conseil de sécurité, sans friction, sans contrariété, sans tipis indiens. C’est la promesse américaine, c’est le rêve d’un peuple qui n’a eu de cesse de chercher un trou pour y faire l’autruche. » L’imposture américaine, op.cit.

[23] Pour en finir avec la Françamérique ! op.cit.

One thought on “Le monde remis à l’endroit (J-Ph. Immarigeon)

  1. On ne peut qu’approuver la très lucide et convaincante vision faite ici de l’Amérique, qui, c’est le point, demeure identique à elle-même avant et après Trump, le ridicule des pauvres atlantistes européens étant effectivement à la hauteur de leur wokisme énamouré.
    Il y a néanmoins dans l’histoire des USA une balance rythmique entre interventionnisme et isolationnisme et nous devrions vivre une alternance nécessaire après une période prolongée (depuis Clinton en gros). Car l’égoïste américain est pacifiste à 50% et a fini par réaliser qu’il est d’abord et avant tout dans un état social et économique absolument catastrophique. Il veut maintenant s’occuper de lui-même avant que son déclin manifeste dans tous les domaines ne se transforme en effondrement. C’est d’abord ça, le MAGA !
    La question est de savoir s’il n’est pas trop tard. La brutalité de Trump sera extrême, et
    en rapport.
    Ce qui est amusant, c’est que l’Europe en échec et en ruine se tourne, elle, vers l’interventionnisme guerrier assis sur le droit international voire mieux, Baerbock dixit:
    « Hier soir, nous l’avons bien compris, une nouvelle ère d’infamie a commencé. Une ère d’infamie dans laquelle nous devons plus que jamais défendre l’ordre international fondé sur des règles et la force du droit contre la loi du plus fort « .
    Elle a raison, le droit international comme on le sait tous, est ringard, il nous faut un ordre et des règles !
    Ce monument de pensée diplomatique universelle proclame donc à la face du monde la « totale krieg » contre le « partenaire » avec qui il est en conflit, et qui lui, refuse sur tous les tons depuis vingt cinq ans, Poutine dixit, le principe même (l’ordo régulation) sur lequel est assise (…) la terrifiante woke verdâtre, qui d’ailleurs doit quitter le gouvernement bientôt.

    Comment décrire l’Europe avec les mêmes mots qu’on a décrit ici l’Amérique ?

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