Corée du Sud : la tentation nucléaire (LV 211)

La Corée du Sud est la dixième puissance économique de la planète mais stratégiquement, dépend fortement des États-Unis. Or, si l’Europe s’intéresse à l’Ukraine et que Washington se réintéresse à la Chine, la question coréenne devient plus sensible, avec 90 essais de missiles effectués par Pyongyang. Au point que Séoul se remet à parler très fortement de capacités nucléaires.

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La Vigie n° 203 : Crise : une question de moral | Vous avez dit dissuasion ? | Lorgnette : Chine raide

Lettre de La Vigie du 26 octobre 2022

Crise : une question de moral

Nous vivons dans état de crises protéiformes, qui s’enchaînent à devenir interminables et simultanées, créant un climat anxiogène. Or, la guerre est une forme de crise et les militaires sont des spécialistes de la gestion de crise et insistent sur l’importance du moral pour pouvoir les vaincre. Ne faut-il pas s’inspirer du modèle militaire pour affronter les crises actuelles ?

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Vous avez dit dissuasion ?

Les déclarations l’autre soir du président Macron sur la dissuasion ont pu être maladroites. Elles amènent pourtant le débat sur une question essentielle, renouvelée par un ordre nucléaire mondial qui se défait, du TIAN à la fin du traité INF, de l’Ukraine à la Corée du Nord. Il est grand temps de reprendre les termes de la discussion.

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Lorgnette : Chine raide

Nous le pressentions cet été (LV 197), le raidissement chinois s’est accentué à l’occasion de ce XXe congrès du PCC. Rappelons qu’en Chine, le pouvoir appartient au parti. On a vu ainsi la façon humiliante dont Hu Jintao, précédent dirigeant, a été écarté sans ménagement devant les télévisions du monde entier, mais aussi la composition du comité permanent du bureau politique où seuls les affidés de Xi Jinping ont été promus.

Malgré les difficultés ou plus sûrement à cause d’elles, la direction chinoise a choisi de persévérer : aussi bien dans sa délétère stratégie anti-Covid que dans la poursuite d’une politique économique donnant des résultats décevants cette année ou dans l’opposition à Taïwan, inscrite désormais dans la charte du PCC. Ce net durcissement accompagne le pouvoir sans limite de Xi, désigné pour un troisième mandat.

Il faut s’attendre à l’accentuation de la ligne dure, aussi bien dans l’opposition aux États-Unis que dans le soutien à V. Poutine. Or, la possibilité des échecs augmente le risque d’en sortir par une action d’éclat dans la zone, notamment face à Taïwan, en pariant sur un affaiblissement américain à la suite des mid-terms. Inquiétant.

JOCVP

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Crédit photo : Eric Vondy on VisualHunt.com

La Vigie n° 197 : Sécurité européenne 202 : aux résultats | La question chinoise | Lorgnette : canicule

Lettre de La Vigie du 20 juillet 2022

Sécurité européenne 2022 : aux résultats

Aux résultats à la mi-2022, la guerre en Ukraine apparaît comme un accroc majeur dans la trajectoire de la sécurité européenne 30 ans après la Guerre froide: une Ukraine qui souffre, une ligne de front à vif au cœur d’un continent qui se congèle, une réunification européenne ajournée, une Russie qui tourne le dos à l’Europe et s’engage dans de nouveaux horizons asiatiques coopératifs. La France qui ne peut s’en satisfaire doit garder sa liberté de réflexion et de proposition face à cette discontinuité stratégique. Cette guerre est d’abord une question de sécurité européenne, à traiter d’abord entre Européens. Peut-on encore, par un vrai confinement stratégique mieux coordonné, forcer la Russie à accepter un cadre de cohabitation plus coopératif en Europe? C’est en répondant à cette question que la France pourra réviser sa posture militaire et éviter le piège anachronique d’un toilettage capacitaire massif.

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La question chinoise

La Chine connaît un ralentissement économique soudain, dû en grande partie à une politique brutale de zéro Covid. Cela vient fragiliser un système fondé sur une croissance performante. Cela affecte la posture internationale de Pékin : moins envers l’étranger proche que la mise en œuvre de sa politique mondiale. Ces défis économiques posent des problèmes politiques qui seront au cœur du prochain Congrès du PCC, cet automne.

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Lorgnette : Canicule

Que nous dit l’épisode de canicule que viennent de connaître la France et l’Europe ? D’abord, la réalité du changement climatique, désormais mesurable par chacun, à hauteur d’expérience humaine. La nouveauté de l’épisode en cours tient à sa brutalité, ce qui le change radicalement des variations climatiques que la terre a connues dans le passé et qui s’étendaient sur des centaines et des milliers d’années. La cause en est très certainement aussi humaine.

Observons d’ailleurs qu’elle coïncide avec le développement de la mondialisation, dans les années 1980 : la sortie du tiers-monde par l’émergence et la transformation de pays nombreux en ateliers de fabrication a suscité production, échanges et consommation. La canicule est le pendant de notre prospérité. Et si la Chine est à l’origine de 30 % des gaz à effet de serre de la planète, c’est qu’elle produit pour le consommateur occidental.

Symboliquement, cette canicule est aussi le reflet du dérèglement politique et économique du monde. Guerres et conflits font toujours rage (Ukraine, Yémen, Sahel) et les émeutes populaires se multiplient (Sri Lanka, Panama). Partout, la planète connaît un coup de chaud.

C’est inquiétant.

JOCVP

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Crédit photo : ctuaLitté on VisualHunt.com

La question chinoise (LV 197)

La Chine connaît un ralentissement économique soudain, dû en grande partie à une politique brutale de zéro Covid. Cela vient fragiliser un système fondé sur une croissance performante. Cela affecte la posture internationale de Pékin : moins envers l’étranger proche que la mise en œuvre de sa politique mondiale. Ces défis économiques posent des problèmes politiques qui seront au cœur du prochain Congrès du PCC, cet automne.

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LV 193 : Technologiser les armées | Quelle issue à la guerre ? | Lorgnette : la défense de Taïwan

Lettre de La Vigie du 25 mai 2022

Technologiser les armées

La technologisation des armées modernes, censée leur donner un avantage important sur leurs ennemis, montre des signes d’essoufflement avec la campagne d’Ukraine. Déjà menacées par la réponse asymétrique des engins improvisés, ces armées doivent aussi faire face à une tension sur leurs composants élémentaires. Les approvisionnements et leur acheminement ne semblent plus pouvoir être protégés dans un conflit aux répercussions mondiales.

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Quelle issue à la guerre ?

Traditionnellement, les guerres se concluaient par des traités de paix car l’ennemi n’était pas diabolisé. Depuis le XXe siècle, l’ennemi est souvent dépeint comme le mal qu’il faut annihiler : il paraît donc difficile de traiter avec lui. Pourtant, la guerre impose le plus souvent de se terminer et cela passe par des négociations : il faut savoir terminer une guerre.

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Lorgnette : La défense de Taïwan

Le président américain J. Biden a répondu nettement à une question sur l’engagement militaire américain en cas d’une attaque de Taïwan par la Chine : « oui, c’est ce à quoi nous nous sommes engagés » a-t-il dit lundi. Cette déclaration sort de l’ambiguïté usuelle : depuis le Taiwan relation act de 1979, Washington avait toujours laissé une incertitude quant à la nature de son soutien à Taïpei mais aussi de son respect de la doctrine chinoise d’« une seule Chine ».

S’agit-il d’une nouvelle sortie auxquelles J. Biden nous a habitués, usant de mots et d’expressions souvent peu diplomatiques ? En tout cas, son administration a tenu à corriger les propos du président. Plusieurs interprétations sont possibles : il y a divergence de vue entre le président et son administration, ou bien à la suite de l’Ukraine le président veut assurer ses alliés de la solidité de son soutien ou, encore plus subtil, être ambigu dans la sortie de l’ambiguïté envers la Chine.

Une dernière hypothèse n’est pas mentionnée mais est inquiétante : J. Biden se laisse aller à parler sans consulter son entourage, un reproche que l’on avait longtemps fait à son prédécesseur. Ce serait inquiétant.

JOCVP

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Crédit photo :Visual hunt

Mourir pour Hong-Kong (Le Cadet n° 85)

Dans les premiers jours de juin 1989, vivant à San Francisco, je n’avais comme source d’information que BBC World Service qui relatait en direct les massacres de Tien-An-Men avant d’enchîiner, sans transition, sur les premières notes guillerettes d’Out of the Blue qui servent depuis 1948 à annoncer les résultats sportifs de la veille. Les Godons ne seront jamais des gens sérieux. Et puis ce fut le silence des agneaux. Deux mois plus tard pourtant, durant un séjour à Hong Kong, plusieurs banquiers m’annoncèrent une crise financière pour le 2 juillet 1997 en début de matinée : on ne fait pas entrer une dictature sanguinaire au cœur du système financier sans tout casser. Huit ans passèrent, et au jour et à l’heure dite d’ouverture de la bourse de Hong Kong, surlendemain de la rétrocession (la veille avait été férié), tous les marchés d’Asie dévissèrent.

Or en 2021 les analyses argumentées venant d’organismes prestigieux mettent sous cette crise de multiples prétendues causes, bulle immobilière japonaise ou manipulations du bath thaïlandais, mais omettent, y compris dans la chronologie des événements, de rappeler que le 30 juin 1997 à minuit, un régime militaire communiste mit la main sur Hong Kong. La cécité reste totale, l’aveuglement complet, le déni permanent. Tocqueville relevait déjà la fascination pour la Chine des économistes libéraux, ces inventeurs du despotisme moderne [1]. Et il aura fallu plus de trente ans, la crise du Covid et l’impudence des diplomates de Pékin, pour que les Occidentaux fassent semblant de redécouvrir que la Chine, ce n’est jamais que la Corée du nord avec l’électricité [2]. Et encore.

Car avec un EPR qui fuit, des métros sous l’eau, des barrages sur le point de céder, un rationnement et des coupures d’énergie, un immobilier qui s’effondre, une démographie qui fait de même, une population majoritairement hors du temple de la consommation, comment ne pas sourire au spectacle ridicule d’une armée d’opérette qui se vante de pouvoir prochainement réussir dans le détroit de Formose ce que Napoléon et Hitler ratèrent naguère dans le Channel ? Nombreux sont d’ailleurs les Chinois qui prédisent une chute prochaine [3].

Mais ce sera trop tard pour Hong Kong sacrifié à un remake inversé du péril jaune de nos arrières grands-parents, tout aussi fantasmé, par des Occidentaux qui, pour reprendre le mot d’un personnage emblématique de l’humour britannique, le Colonel Blimp de David Low, ont depuis longtemps fait le choix irrévocable de se laisser guider d’une main ferme par les circonstances.

Le Cadet

[1] L’Ancien régime et la Révolution, Livre III Chapitre III, 1856.

[2] Voir Le Cadet, dans la Revue Défense Nationale n° 768, « Le monde d’avant-demain », mars 2014 ; sur La Vigie, « Le grand bond en arrière », n° 68, février 2020 ; « L’empire de la déraison », n° 72, juin 2020.

[3] Lire du professeur Xu Zhangrun, Alerte virale, quand la colère est plus forte que la peur, R&N Editions, 2021.

La Vigie N° 172 : Nécessaire prospective | Retenue espagnole | Lorgnette : Trêve olympique

Lettre de La Vigie du 21 juillet 2021

Nécessaire prospective

L’ADN des militaires les pousse naturellement à la prospective et à la décliner, grâce à des procédures de planification opérationnelle, en actions. Planifier est une vertu et la prospective reste plus que jamais nécessaire à l’heure où l’orientation long terme, trait culturel traditionnellement très occidental, est remise en cause.

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Retenue espagnole

L’Espagne est l’héritière d’une longue histoire commencé sous les Romains, poursuivie par l’empire wisigoth avant de connaître le long cycle de l’invasion musulmane et de la Reconquista. A la sortie du Moyen-Âge, c’est donc une puissance mondiale qui se construit, associant une puissance européenne avec les Habsbourg et une puissance coloniale avec notamment l’Amérique latine. S’ensuivent des siècles d’un long déclin et un douloureux XXe siècle, qui laisse une Espagne démocratique en reconstruction, ayant fait un choix occidental et plus préoccupée d’elle-même que de ses atouts internationaux évidents mais peu utilisés.

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Lorgnette : Trêve olympique

Le 23 juillet s’ouvriront à Tokyo les Jeux de la 32ème olympiade. Restaurés par Pierre de Coubertin, réunissant tous les quatre ans les meilleurs athlètes du monde pour s’affronter dans une joute loyale, célébrer la jeunesse, l’amitié entre les peuples et les valeurs universelles du sport, ils offrent généralement l’occasion d’une trêve dans le développement des tensions et des conflits du monde. Celle-ci devrait être très brève.

La politisation planétaire de la pandémie du Covid-19, la montée virulente de discours nationalistes que l’on croyait appartenir au passé, la remise en cause du droit et de l’ordre international, des éditoriaux pessimistes, annonciateurs des Jeux du chaos, et la fracture de la plupart des sociétés nationales selon ces lignes figurent parmi les causes avancées. En dépit de mesures de protection sanitaire renforcées excluant tout spectateur des sites dédiés aux épreuves, ces Jeux devraient intéresser près de 4 Mds de téléspectateurs et devenir les plus suivis de l’histoire. Dès après le 9 août et la commémoration des holocaustes nucléaires d’Hiroshima et de Nagasaki, la géopolitique régionale, ordinairement animée l’été alors que l’Europe est en vacances, reprendra ses droits. Vive les athlètes et vive l’olympisme !

JOCV

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Crédit photo : Dan Nevill on Visualhunt

Penser en Chine (Anne Cheng dir.)

Notre fidèle correspondant, X. d’Abzac, qui nous avait déjà éclairé sur les débats en Chine (voir billet), nous propose ici une fiche de lecture du dernier ouvrage d’Anne Cheng. Mille mercis à lui. LV

En 2007, Anne Cheng présentait La pensée en Chine aujourd’hui (ici), un ouvrage collectif d’auteurs choisis pour leur compétence et leur indépendance. Plus de dix ans après, la réunion d’un nouveau collectif, nourri par la somme des mutations de la Chine, nous offre Penser en Chine, un ouvrage de synthèse sur l’état de ce pays qui a envahi notre paysage médiatique au quotidien dans tous les domaines.

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La Vigie n° 164 : Point culminant chinois | Qu’est-ce qu’une grande bataille ? | Lorgnette : Suez et industrie

Lettre de La Vigie datée du 31 mars 2021

Point culminant chinois

Alors que les États-Unis ressoudent leurs alliés à travers le monde, notamment ceux de l’OTAN, afin de présenter un front uni face à la Chine, celle-ci montre un visage vindicatif et triomphant qui manifeste une fierté retrouvée : mais cet apogée ne marque-t-il pas un “point culminant”, celui que Clausewitz décrit comme le point maximum de l’offensive ?

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Qu’est-ce qu’une grande bataille ?

Les historiens militaires étudient les batailles. Mais qu’est-ce qui définit réellement une “grande” bataille ? Est-ce que le génie tactique déployé suffit ? Et est-ce que le commandant militaire peut en tirer une conclusion à son niveau ?

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Lorgnette : Suez et industrie

Il y a un an, lors du grippage du marché mondial à cause de la crise sanitaire, nous avions feint de découvrir à quel point nous étions dépendants d’une mondialisation qui avait fini par nous priver de moyens manufacturiers, rendant notamment impossible la fabrication de simples masques chirurgicaux de protection. L’heure était venue à la réindustrialisation de la France.

Aujourd’hui, une nouvelle crise de Suez (accidentelle cette fois) empêche à nouveau la circulation des marchandises dans ce canal entre Asie et Europe, par lequel transitent 12 % du commerce mondial.

Outre la volatilité traditionnelle des prix du baril de pétrole, des difficultés d’approvisionnement sur des produits électroniques s’annoncent déjà, en sus des coûts directs et indirects liés aux retards de livraison, surtout à une heure où les conteneurs sont déjà en flux tendus.

Retenons qu’après un an, on peut toujours tirer les mêmes conclusions relatives à l’insuffisante résilience de notre économie, dépendante du trafic maritime ; l’importance de réindustrialiser et de retrouver une forme d’autosuffisance. Et si là résidait la vraie « autonomie stratégique » ?

JOCV

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Crédit photo : peltthepundits.com

Point culminant chinois (LV 164)

Alors que les États-Unis ressoudent leurs alliés à travers le monde, notamment ceux de l’OTAN, afin de présenter un front uni face à la Chine, celle-ci montre un visage vindicatif et triomphant qui manifeste une fierté retrouvée : mais cet apogée ne marque-t-il pas un « point culminant », celui que Clausewitz décrit comme le point maximum de l’offensive ?

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