Comment gagner une guerre perdue ? P. Bellanger

Pierre Bellanger est le PDG de Skyrock. Quelqu’un a priori de très loin des préoccupations de La Vigie. Détrompez vous : il a publié il y a trois ans un livre saisissant, « La souveraineté numérique« . Il y  montrait à quel point l’avènement des résogiciels aliénait totalement notre richesse actuelle et future, celle de la maîtrise de la donnée. A l’époque décrié, il a depuis conquis les esprits car peu à peu, après les différentes affaires de perte de contrôle national de nos champions économiques, on s’est peu à peu aperçu qu’il était prophète. Pour vous en rendre compte, voici le texte de sa dernière conférence, prononcée au Ministère des Armées 21 décembre 2017  (nous remercions l’OGTDA ainsi que M. Bellanger de nous autoriser à le publier). Où l’on s’aperçoit que les choses ne se sont pas vraiment améliorées. Et que c’est absolument stratégique de se réveiller. Bonne lecture. JDOK

Nous ne reconnaissons pas les choses d’après ce qu’elles peuvent être en soi, mais seulement telles qu’elles apparaissent. Voilà ce qu’enseignait le philosophe grec Démocrite, il y a 2 500 ans. Nous connaissons le monde objectif par la médiation de nos sens dont la compréhension par notre mental établit une représentation. Schopenhauer, poursuivant cette thèse, réduisit notre connaissance du monde à la seule façon qu’à notre esprit d’en élaborer une reproduction : le monde est ma représentation, écrivait‐il. Et la conjugaison collective de ces représentations individuelles, nous l’appelons la réalité. Mais, entre le réel et notre médiation biologique, formatrice de notre représentation, vient désormais s’intercaler une médiation technologique nouvelle : le réseau numérique. Notre présent passe par l’écran. Notre quotidien n’est plus envisageable sans un terminal mobile à portée de main. La part d’information provenant de cette intermédiation électronique est croissante. Les machines nous donnent les réponses. Cette interface informatique est une nouvelle peau entre le monde et nous, un technoderme, par lequel l’essentiel transite. Parallèlement, le réseau est le nouveau système nerveux : il innerve la ville, le pays, la planète. De notre battement cardiaque au trafic aérien, il capte, collecte, traite et intègre les données. Continue reading « Comment gagner une guerre perdue ? P. Bellanger »

Où va l’Arabie saoudite ? De Al-Saoud à Al-Salman… (Pr. A. Mekkaoui)

De nombreux observateurs occidentaux suivent avec intérêt, et parfois une certaine angoisse, les changements radicaux entrepris par le Prince héritier et nouvel homme fort de l’Arabie saoudite, car le récent tournant majeur opéré dans l’ordre de succession du royaume s’y traduit d’une manière révolutionnaire et rapide.

La famille Al-Saoud va être phagocytée par le clan d’Al-Soudar ; cette dernière se divisera en deux en fondant une nouvelle dynastie héréditaire appelée les Al-Salman. Le mode adelphique a disparu au profit d’un système politique plus ouvert aux composantes de la société saoudienne qui étaient marginalisées depuis la création de ce jeune État de 1932. C’est aussi un glissement risqué à cause de la purge en profondeur d’un système archaïque. De plus l’émergence du Prince Mohamed Ben Salman comme moteur de ce changement radical a été validée par les plus grandes puissances, les États-Unis, la Russie et la Chine.

Arabie saoudite: Mohammed ben SalmaneSource

Depuis janvier 2017, le Prince héritier a lancé trois réformes globales, une restructuration du champ religieux, une réforme en profondeur du système politique et développé une vision économique ambitieuse.

Dans cette perspective, énumérons les principaux chantiers en cours.

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Aline Leboeuf, « Coopérer avec les armées africaines », IFRI, Focus stratégique n° 76, octobre 2017

Martine Cuttier nous propose une lecture de « Coopérer avec les armées africaines« , rédigé par Aline Leboeuf et édité dans la collection des Focus stratégique de l’IFRI. JDOK

Depuis les indépendances, tout en s’adaptant au contexte historique donc  stratégique[1], l’armée française pratique la coopération auprès des armées africaines et particulièrement celles de la zone subsaharienne confrontée à de nouvelles menaces : terrorisme, criminalité, insurrections, piraterie… avec des résultats très discutables. L’auteur tente de dresser un état des lieux de la coopération militaire et de saisir les raisons des piètres performances d’armées[2] le plus souvent professionnelles pourtant très sollicitées et tenues à bout de bras par nombre d’Etats dont la France au titre de la coopération.

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La première partie décrit la diversité de la coopération militaire : les très nombreux acteurs étatiques (p14-20), les rapports au cadre diplomatique (p 21-22), les différents types de conseillers et de coopérants (p 26-27), les formations proposées et les exercices p 23 – 28), le soutien matériel (p29) et l’aide financière (31)[3]. (cliquez pour lire la suite) Continue reading « Aline Leboeuf, « Coopérer avec les armées africaines », IFRI, Focus stratégique n° 76, octobre 2017 »

« Paix ou Sécurité en Afrique ? L’Intelligence sécuritaire comme nouveau paradigme » (JM Lavoizard)

Jean-Michel Lavoizard est un expert en intelligence stratégique installé en Afrique depuis plus de dix ans : il connaît parfaitement le terrain, ses qualités, ses défauts aussi. A la suite du Forum de Dakar, il nous propose des pistes de réflexion et d’action. Merci à lui. JDOK

La CGEM prend part à Abidjan au Forum d’Affaires UA-UE

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La quatrième édition annuelle du ‘Forum international de Dakar sur la Paix et la Sécurité en Afrique’ a porté sur la recherche de solutions intégrées aux défis sécuritaires. Entrepreneur en Afrique, l’auteur évoque les apports possibles du secteur privé à cette perspective. Continue reading « « Paix ou Sécurité en Afrique ? L’Intelligence sécuritaire comme nouveau paradigme » (JM Lavoizard) »

Le terrorisme dans le monde en 2016 (PTH)

Pascal Tran Huu, fidèle correspondant de LV, nous envoie cet article qui, sur la base d’une étude australienne, fait le point de l’évolution du terrorisme dans le monde, en 2016. Par moments contre-intuitif. Merci à lui. JDOK

L’« Institute for Economics and Peace (IEP) », organisme de réflexion australien, a publié, récemment, son étude annuelle sur le terrorisme dans le monde.

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Le nombre total de décès dus au terrorisme a chuté de 13% en 2016 par rapport à l’année précédente, indique le Global Terrorism Index. 2016 marque cependant un record en termes de nombre de victimes d’actes terroristes dans les pays de l’OCDE depuis 2001, année des attentats du 11 septembre. Continue reading « Le terrorisme dans le monde en 2016 (PTH) »

Pourquoi a-t-on besoin de redynamiser le dialogue Euro-Africain ? (Moussa Mara)

Moussa Mara, ancien premier ministre du Mali, nous fait le grand honneur de nous envoyer ce texte écrit à l’occasion du sommet Europe Afrique d’Abidjan (29 et 30 novembre). Nous le remercions chaleureusement. JDOK.

L’Afrique de la Guerre froide a suivi celle de la colonisation avec le maintien des positions stratégiques des anciennes puissances tutélaires. Elle devint ainsi une zone d’influence, un pré-carré, une chasse gardée, un terrain de jeu des puissances où des conflits se déroulaient par procuration. La bipolarisation du monde a figé les grands enjeux géostratégiques. Ensuite, le vent des ouvertures démocratiques suite à la chute de l’Union Soviétique, la construction européenne et l’ouverture à l’Est sous l’égide de la réunification allemande, portèrent le désintérêt stratégique de l’Europe vis-à-vis de l’Afrique jusqu’au milieu des années 2000.

Et puis, peu à peu, avec d’une part les investissements faramineux de la Chine – cette dernière venue en Afrique en vue de chercher des débouchés pour ses produits et faire du commerce- et, d’autre part, la croissance économique africaine entrée dans un cycle continu sous l’effet de politiques publiques favorables et de dynamiques internes porteuses (démographie, urbanisation, cours des matières premières, diversification économique soutenue par un essor des TIC), l’Afrique « terre d’opportunités économiques » remplace l’Afrique « terre des désastres et de la commisération ». Le continent africain s’impose maintenant comme celui des opportunités. De quoi motiver l’Europe à engager avec lui un dialogue fécond et un partenariat mutuellement avantageux. Continue reading « Pourquoi a-t-on besoin de redynamiser le dialogue Euro-Africain ? (Moussa Mara) »

Servir (Gal de Villiers) fiche de lecture (M. Cuttier)

Martine Cuttier a lu pour nous le livre du Général de Villiers, qui vient de paraître.  Une lecture indispensable : merci à elle. Le lecteur de La Vigie  pourra relire le billet « de la discipline intellectuelle » ou encore la Lorgnette du n° 73. JDOK

Si sous la Cinquième République, il est arrivé que des chefs d’Etat-major démissionnent[1], ils étaient chefs d’Etat-major d’armée. Or jamais un chef d’Etat-major des armées, de surcroît venant d’être prolongé pour un an par le chef des armées, ne l’avait osé. La démission du général de Villiers en juillet 2017 est donc une première dans l’histoire militaire récente. En désaccord avec un nouveau président de la République, chef des Armées, fort de la légitimité du suffrage universel, le CEMA, son grand subordonné et conseiller militaire du gouvernement, ne pouvait « avoir le dernier mot » (p 226). L’affrontement devenu public a opposé deux hommes de caractère. Alors qu’il essuyait les foudres du Président et de proches, le CEMA a reçu, ému, le soutien unanime de la classe politique, « incarnation de notre République » (p 19). Ne trouvait-elle pas là une occasion de critiquer celui qui a ravi le pouvoir tout en balayant un paysage politique partisan à bout de souffle ? Continue reading « Servir (Gal de Villiers) fiche de lecture (M. Cuttier) »

Les nouvelles Routes de la Soie et l’Asie Centrale : l’Organisation de Coopération de Shanghai (OCS) en première ligne… (E. Dupuy)

La tenue, les 7 et 8 juin 2017, à Astana, au Kazakhstan, du 17ème Sommet de l’Organisation de Coopération de Shanghai (OCS, crée le 15 janvier 2001) aura été l’occasion de mettre en exergue la spécificité de la seule Organisation intergouvernementale réunissant 5 des 6 États d’Asie centrale – ex-républiques soviétiques (à l’exception du Turkménistan) et la seule créée et de facto « influencée » par Pékin.

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Au-delà, c’est désormais les interactions géo-économiques et les convergences géopolitiques entre l’OCS et le projet chinois des « nouvelles Routes de la Soie » (One Belt, One Road, OBOR) qu’il convient de prendre en compte afin de se rendre compte combien ce nouveau « Grand jeu » va profondément bouleverser les relations internationales.

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Pourquoi le processus de paix est-il bloqué au Mali ?

A la suite de notre numéro 80 qui évoquait le Mali, nous avons reçu d’un acteur du terrain ce billet dont les précisions nous ont paru utiles pour éclairer la complexité du septentrion malien. JDOK.

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Au Mali, des acteurs issus de groupes terroristes armés (GAT) sont devenus les principaux leaders du processus de paix.  Continue reading « Pourquoi le processus de paix est-il bloqué au Mali ? »

Une brève histoire des Rohingya (PTH)

Pascal Tran Huu nous envoie ce texte qui permet de mieux comprendre l’histoire des Rohingyas, cette communauté opprimée en Birmanie qui fait (un peu) l’actualité. Merci encore à lui. JDOK

Du royaume de Mrauk’U à l’occupation anglaise

Depuis le XVIe siècle et le premier royaume de Mrauk’U jusqu’à l’annexion de l’Arakan par les Anglais en 1826, les alliances entre féodalités se composaient et se recomposaient au gré des enjeux politiques et des affinités interindividuelles, entretenant des liens autant à l’ouest avec les émanations politiques du Bengale qu’à l’est avec les puissances inféodées aux royaumes birmans ou encore môns. Les royaumes arakanais et birmans étaient par ailleurs régulièrement en conflit, ce dernier ayant souvent tenté et réussi à différentes périodes à étendre son influence sur l’Arakan, notamment en 1785 sous le commandement du souverain d’Ava, Bodawpaya.

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