La Vigie n° 157 : Bilan 2020 | Manœuvres numériques | Lorgnette : Brexit, finalement

Lettre n° 157 de La Vigie datée du 23 décembre 2020

AMR 2020 : bilan d’une année qui a mis le monde en panne

En un an un grave accident sanitaire a submergé la planète et mis le monde entier en panne. Et l’année 2020 va entrer la liste des grands millésimes stratégiques du siècle, aux côtés de 1945, 1989 et 2001. Certes les tensions qui ont présidé au monde d’avant la pandémie ont surnagé mais la donne stratégique a profondément muté, de nouvelles dialectiques émergent mais on ne voit poindre aucun équilibre possible à l’horizon. Voici un point de fin d’année sur cet épisode hors norme.

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Manœuvres numériques

Ce mois de décembre voit crépiter plusieurs affrontements cyber de haute intensité : qu’il s’agisse de sabotage, de subversion ou d’espionnage, les puissances s’affrontent dans l’espace numérique, à un degré rarement connu. Le cyberespace est bien en conflictualité permanente, mais sous le seuil. Pour autant, d’autres affrontements surgissent, cette fois-ci entre États et puissances privées du numérique : que ce soit aux États-Unis ou dans l’Union européenne, des initiatives juridiques visent à mettre au pas ces nouveaux opérateurs aux moyens démesurés et aux ambitions inconnues.

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Lorgnette : Brexit, finalement

La négociation entre le Royaume-Uni et l’Union européenne sur les modalités du Brexit a déjoué toutes les échéances envisagées. On nous avait dit qu’on ne pourrait dépasser octobre, puis novembre avec le couperet du 31 décembre. Les deux parties sont allées bien au-delà puisque le l’accord n’a toujours pas été prononcé le 22 décembre. C’est impressionnant.

D’un côté, on ne peut qu’admirer Boris Johnson qui aura su cacher son intention jusqu’au bout : personne ne savait vraiment s’il voulait un accord ou seulement un prétexte pour justifier un hard Brexit à son opinion publique. Peut-être même n’avait-il pas choisi, attendant le résultat de l’élection américaine pour se décider. Il reste qu’il a su préserver jusqu’au bout sa liberté de manœuvre et donc peser en permanence sur le contenu de la négociation.

De l’autre, la solidité de l’UE est, elle aussi, remarquable. Alors que Londres espérait pouvoir fissurer le bloc européen, celui-ci a tenu contre vents et marées et a résisté à la pression britannique. Cela prouve des nerfs collectifs éprouvés qu’il faut saluer. Quant au Brexit, nous verrons d’ici dix ans quels en seront les effets réels sur les deux parties.

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Crédit photo : Christiaan Colen on VisualHunt / CC BY-SA

La Vigie n° 156 : Mourir pour Varsovie ou pour Bruxelles ? Que nous dit Erdogan ? Lorgnette : présidentielle 2022

Lettre n° 156 de La Vigie datée du 9 décembre 2020

Mourir pour Varsovie ou pour Bruxelles ?

La politique polonaise est souvent pointée du doigt et l’actualité concernant le blocage du budget européen est clairement une crise. Mais avant de juger, ne s’agirait-il pas de notre côté d’une incompréhension d’une Pologne plus rationnelle qu’il n’y paraît ?

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Que nous dit Erdoğan ?

R. Erdoğan est aujourd’hui dépeint par certains comme le principal adversaire de la France. La provocation est un art qu’il faut décoder pour ne pas tomber dans son piège. Le dirigeant turc est un habile politique qui a su se maintenir au pouvoir depuis plus de quinze ans et change désormais son assise intérieure. Cela motive une grande partie de son actuelle politique extérieure, dont le point de friction majeur se trouve en Méditerranée orientale. Bien le diagnostiquer permet d’envisager la conduite stratégique à tenir.

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Lorgnette : Présidentielle 2022

Bien évidemment, comme à chaque échéance de ce type, les élections de 2022 ne se joueront pas sur notre activité diplomatique et sur nos actions militaires extérieures. Bien évidemment, les questions sanitaires, sociales et économiques d’un côté, l’ordre public, la sécurité intérieure et le terrorisme domestique de l’autre, seront le cœur du réacteur électoral de 2022. Pour autant, faut-il considérer que tout est déjà dit par ce qui a été fait et qu’il n’y aura aucun enjeu extérieur à considérer pour l’élection à venir ?

Assurément non. Le monde change si vite aujourd’hui, de Washington à Pékin, de Moscou à Téhéran et Ankara (cf. ci-dessus), de Londres à Berlin, d’Alger à Bamako…

La Vigie se prépare à faire le point en 2021 sur les grands dossiers de la sécurité et de la défense de la France, à l’intérieur comme à l’extérieur.

Elle interrogera sa posture diplomatique, en Europe, en Méditerranée et dans le monde, ses capacités militaires et ses activités opérationnelles, sa stratégie générale de présence au monde. Ces travaux permettront de nourrir les projets politiques à venir et d’éclairer le jugement des électeurs en 2022.

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Crédit photo :  U.S. Department of State

Mourir pour Varsovie ou pour Bruxelles ? (LV 156)

La politique polonaise est souvent pointée du doigt et l’actualité concernant le blocage du budget européen est clairement une crise. Mais avant de juger, ne s’agirait-il pas de notre côté d’une incompréhension d’une Pologne plus rationnelle qu’il n’y paraît ?

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L’efficacité des sanctions européennes : , une « puissance normative » piégée dans la Méditerranée orientale (Th. Karathanasis)

Sur un sujet un peu technique, nous sommes heureux de publier ce texte de Theodoros Karathanasis, Doctorant, Centre d’Etudes sur la Sécurité Internationale et les Coopératives Européennes (CESICE), ORCID de l’unviersité de Grenoble. Partant du cas des incursions turque dans la ZEE exclusive de CHypre, il évoque l’efficacité de la politique européenne de sanctions. Merci à lui. LV.

Source

« Le moment est venu d’agir maintenant et d’envisager aussi des sanctions contre la Turquie », a déclaré Manfred Weber le 23 juillet 2020 en s’exprimant lors d’une session extraordinaire du Parlement européen sur les conclusions du sommet. Continue reading « L’efficacité des sanctions européennes : , une « puissance normative » piégée dans la Méditerranée orientale (Th. Karathanasis) »

La Royal Navy face aux effets budgétaires du BREXIT et du COVID19 (E. Lambert)

Nous sommes heureux d’accueillir un nouvel auteur, très bon connaisseur du système de défense britannique. Son analyse précieuse nous permet d’ouvrir la rentrée. Merci à lui. LV

Source

Outre les pertes humaines, la crise sanitaire et sa gestion par le gouvernement de Sa Majesté a provoqué un tremblement de terre financier et une crise économique qui va durement affecter pour les cinq à six prochaines années le Royaume-Uni. Alors que gouvernement britannique est intervenu à grande échelle – et à l’encontre de la politique traditionnelle conservatrice – pour accompagner ses citoyens et tenter de maintenir les finances publiques, l’économie du Royaume-Uni tangue dangereusement sous les effets combinés du Brexit et de la pandémie.

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La Vigie n° 148 : Emprunts, démocratie, Europe | Algérie et France, asymétries et potentiels | Lorgnette : Covid et politique | Lectures de Vacances

Lettre de La Vigie n° 148

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Emprunts, démocratie, Europe

Le récent accord de l’UE sur l’endettement commun a été magnifié par les enthousiastes comme un historique pas de géant, par les sceptiques comme contraire aux intérêts du pays. Loin d’être un moment hamiltonien (un saut fédéral), il s’agit simplement d’un accord très long à négocier, qui a mis à jour les déchirures européennes mais a eu le mérite d’exister, tout petit pas mais petit pas quand même. Il reste qu’on regrettera, une fois encore, l’absence de démocratie réelle, sans même parler de ce flamboyant panache français qu’on peut à la fois lire comme le reste d’un sens de l’universel et comme la preuve d’une candeur indécrottable, pour le meilleur et pour le pire.

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Algérie-France, asymétries et potentiels

L’Élysée a confié à un universitaire le soin d’une mission sur la Guerre d’Algérie, un universitaire algérien étant chargé d’une mission similaire à Alger. Ces deux exercices paraissent un peu vains tant ils se focalisent sur une seule période. Surtout, d’un côté les Français ne veulent plus en entendre parler et sont tournés vers autre chose tandis que le sujet est pour l’exécutif algérien un droit de tirage moral imprescriptible depuis l’origine, même si la population du pays est connectée au monde et rêve surtout qu’on lui parle d’avenir et non du passé. Il vaudrait mieux préparer l’avenir et imaginer la façon dont on pourra faire mieux converger les destinées des deux rives.

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Lorgnette : Covid et politique

Finalement, la Covid aura des effets politiques plus profonds qu’escomptés. En Israël, des milliers de manifestants défilent contre B. Netanyahou, accusé d’avoir déconfiné trop rapidement et de ne pas installer de mesures sociales face à la crise économique. En Biélorussie, en prévision des élections du 9 août prochain, un trio de femmes réunit des foules et met en cause le règne absolu de l’autocrate, accusé de n’avoir pris aucune mesure contre la pandémie. Aux États-Unis, la bascule que nous décelions (LV 140) semble se confirmer à mesure de l’explosion de l’épidémie et des réactions erratiques de D. Trump, qui semble en bien mauvaise posture pour sa réélection. Toutefois, rien n’est joué mais le sortant a pris du retard. En Écosse enfin, les pro-indépendance estiment que leur pays a fait mieux que le Royaume-Uni et les sondages donnent régulièrement en tête le oui à la séparation.

Autant de signes qui démontrent que le traitement inefficace par les hommes d’État de la crise du COVID peut avoir des effets durables, y compris sur les équilibres politiques. Ce n’est pas surprenant.

Lectures de vacances (Gratuit)

Pour ce sixième numéro d’été, voici quelques lectures hétéroclites pour vous distraire ou vous aider à approfondir des sujets complexes dont la pandémie du Covid 19 nous a appris à retrouver le goût et la nécessité. Bonne lecture de ces 17 recensions. N’oubliez pas de vous réabonner et de nous diffuser largement.

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Crédit photo : German Federal Government/Bergmann

 

Emprunts, démocratie, Europe (LV 148)

Le récent accord de l’UE sur l’endettement commun a été magnifié par les enthousiastes comme un historique pas de géant, par les sceptiques comme contraire aux intérêts du pays. Loin d’être un moment hamiltonien (un saut fédéral), il s’agit simplement d’un accord très long à négocier, qui a mis à jour les déchirures européennes mais a eu le mérite d’exister, tout petit pas mais petit pas quand même. Il reste qu’on regrettera, une fois encore, l’absence de démocratie réelle, sans même parler de ce flamboyant panache français qu’on peut à la fois lire comme le reste d’un sens de l’universel et comme la preuve d’une candeur indécrottable, pour le meilleur et pour le pire.

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La Vigie n° 142 : L’Europe et le Covid | L’altérité à son comble | Lorgnette : Primauté allemande

Lettre de la Vigie n° 142 du 13 mai 2020

L’Europe et le Covid

L’Europe est le continent le plus frappé par la pandémie. Cependant, les disparités sont nombreuses et ne s’expliquent pas principalement par des réactions différentes des autorités. Force est de constater la tendance unanime au repli national, la faiblesse de la réaction de l’UE et l’improbable solidarité budgétaire. En fait, la crise vient achever un long processus de division qui nécessite un aggiornamento stratégique.

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L’altérité à son comble

La crise sanitaire mondiale provoque de multiples tensions, des distanciations stratégiques comme des gestes barrières tactiques. Lé dérèglement s’accentue et s’affiche désormais. Ce qui pourrait être en cause dans ce brutal raidissement, c’est le rejet massif des manières fortes occidentales et la péremption d’un modèle sociétal euro-atlantique dont la coronacrise a montré la fragilité. Une altérité antagoniste défie la prétention universelle qui gouverne le monde. La France doit se préoccuper d’une relance de l’état d’organisation du monde pour y préserver sa place.

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Lorgnette : Primauté allemande

La récente décision de la cour constitutionnelle allemande n’a surpris que les idéalistes. En effet, en rappelant que la BCE devait s’expliquer sur son programme de rachats de dettes (quantitative easing) et en estimant qu’elle agit au-delà de son mandat, la cour de Karlsruhe réaffirme en droit sa doctrine constante : en 2009, elle avait expliqué (à propos du traité de Lisbonne) que « Les peuples de l’Union européenne, qui sont constitués dans leurs États-membres (respectifs), restent les détenteurs de l’autorité publique, y compris de l’autorité de l’Union ». Autrement dit, elle affirmait la primauté de la Constitution allemande, y compris sur les traités européens.

Ceci contrebat une opinion courante en France, celle de la supposée primauté des traités européens sur la Constitution française. Bien sûr, cette dernière a été abondamment modifiée depuis l’origine et plus encore au cours des deux dernières décennies. Point de « main tremblante » pour la modifier, alors. Mais cette négligence française envers le droit n’est pas « de règle » en Allemagne où, justement, on tient la règle en grande estime.

Ce n’est pas de l’égoïsme national : juste du droit. Dont la source vient du peuple souverain.

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Crédit photo : Commission européenne, ici

L’Europe et le Covid (LV 142)

L’Europe est le continent le plus frappé par la pandémie. Cependant, les disparités sont nombreuses et ne s’expliquent pas principalement par des réactions différentes des autorités. Force est de constater la tendance unanime au repli national, la faiblesse de la réaction de l’UE et l’improbable solidarité budgétaire. En fait, la crise vient achever un long processus de division qui nécessite un aggiornamento stratégique.

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L’épidémie de coronavirus en Pologne (J. Joz)

Un de nos correspondants en Pologne, Jug Joz, a bien voulu nous donner ce compte-rendu de la situation dans le pays. En effet, curieusement, nous avons peu de témoignages de ce qui se passe à l’est de l’Europe. Mille mercis à lui de combler cette lacune. Son article nous permet de comprendre (du moins c’est la conclusion que nous en tirons à La Vigie) que la Pologne a pris assez tôt des mesures, à la fois d’un confinement progressif et d’un déconfinement lui aussi progressif. Notons que les résultats très positifs sont au rendez-vous et que des stratégies de lutte contre la pandémie fonctionnent ailleurs qu’en Corée du sud et qu’en Allemagne, sans aller jusqu’au blocage total du pays. LV.

Source

Le premier cas d’infection du coronavirus en Pologne a été enregistré le 4 mars 2020. La personne infectée a été hospitalisée dans la ville de Zielona Gora, dans l’ouest de la Pologne. En date du 9 mars, alors qu’il y avait 11 patients COVID-19 en Pologne, 168 personnes hospitalisés, 932 en quarantaine et 7122 sous surveillance épidémiologique, le chef de l’inspection sanitaire a recommandé l’annulation de tous les événements en salle qui rassembleraient plus de 1000 personnes.
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