La Vigie n° 138 : Virus et stratégie | L’Europe et son Ouest | Guerre au virus ?

Lettre de La Vigie du 18 mars 2020

Virus et stratégie

Le Covid-19 nous rappelle des notions oubliées, comme le “Bactériologique” du NRBC. Diverses stratégies de réponse ont été mises en œuvre (fixer, bloquer, freiner) qui mettent en tension la normalité des systèmes face au chaos. La crise accélère le tournant en cours de la mondialisation car, au-delà de la dure crise économique qui vient, de nouveaux cadres d’une régulation différente devront être installés. La crise n’est pas que sanitaire, elle nous ramène à l’essentiel.

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L’Europe et son Ouest

La relation de l’Europe avec l’Ouest ne concerne pas seulement les riverains de la façade atlantique, tous les pays européens se positionnent face à l’Ouest, avec des stratégies différentes. La principale question dans la relation transatlantique est la relation avec Washington, au-delà de l’Alliance atlantique.

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Lorgnette : Guerre au virus ?

Lors de son allocution télévisée du 16 mars, le Président de la République a appelé à la mobilisation nationale face à la pandémie de Covid-19. Il ne s’agit pas ici de critiquer les mesures d’exception qui ont été prises et qui correspondent à une situation hors norme. En revanche, le PR a déclaré à six reprises que « nous sommes en guerre », précisant une seule fois qu’il s’agissait d’une guerre sanitaire. La recherche de l’effet théâtral pour mobiliser la population peut agacer. Elle témoigne de l’absence de réflexion sur la guerre.

À La Vigie, nous nous élevons régulièrement contre l’expression abusive de « guerre contre le terrorisme », importée sans réflexion d’outre-Atlantique et sans cesse employée, faute de désigner un ennemi qui est d’abord politique. Dans le cas présent, l’ennemi est un virus ! Si nous sommes en guerre, le PR va-t-il donc convoquer le Parlement pour mettre en œuvre l’article 35 de la Constitution (La déclaration de guerre est autorisée par le Parlement) ?

Ce n’est que de l’emphase, nous dira-t-on : une figure de style. Mais la guerre n’est pas figure de style ni artifice de communication. La communication ne tient pas lieu de stratégie.

JOCV

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L’Europe et son Ouest (LV 138)

La relation de l’Europe avec l’Ouest ne concerne pas seulement les riverains de la façade atlantique, tous les pays européens se positionnent face à l’Ouest, avec des stratégies différentes. La principale question dans la relation transatlantique est la relation avec Washington, au-delà de l’Alliance atlantique.

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La Vigie 136 : Dissuasion nucléaire : le statu-quo | Écologie et stratégie | Mali : on parle vrai

Lettre de La Vigie du 19 février 2020

Dissuasion nucléaire : le statu-quo

L’analyse du discours de dissuasion nucléaire de la législature actuelle montre une continuité assumée et une ouverture assez théorique sur une perspective nucléaire stratégique européenne. On souscrira volontiers à cette prudence convenue. Les réactions enregistrées révèlent une rhétorique dont le sens s’estompe et la priorité s’efface malgré le désordre actuel.

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Écologie et stratégie

La préservation de l »environnement constitue une priorité mondiale : elle est pourtant rarement évoquée par les stratégistes. Or, en matière de gestion de ressources rares, il y a opposition entre une vision politique (l’écologie) et une vision économique (l’économie), malgré les excès idéologiques de certains. Une réponse à ce problème mondial devrait être logiquement multilatérale : le retrait américain des accords de Paris entrave cette approche. Il faut imaginer autre chose, d’autant que le facteur stratégique pèsera de plus en plus lourd dans les conflits de demain, prospective qu’il faut examiner dès aujourd’hui.

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Lorgnette : Mali : on parle vrai, fin du déni ?

En confirmant l’offre de contacts directs avec Iyad Ag Ghali et Amadou Koufa, deux chefs jihadistes emblématiques, IBK, le chef de l’État malien transcende le dialogue national inclusif. Qu’a-t-il à offrir ?

Sans doute peu, sinon un vrai partage de vues politiques et sociales et même de responsabilités locales. De fait le cadre militaire a été bien renouvelé : renforcement français (600 hommes pour Barkhane et G5 Sahel) après le Sommet de Pau (LV 134), retour symbolique et négocié à Kidal d’un élément de l’armée malienne reconstituée (sur base de 2/3 de paramilitaires locaux), le 16 février, intégration dans les FAMA de 500 hommes du MSA pour Menaka et lancement de Maliko, vaste opération militaire malienne autonome de reconquête du territoire dont le théâtre Est couvre Gao, Menaka et Kidal.

Dans le même temps, le général (ex-capitaine putschiste) Sanogo a été élargi sans procès. Il s’agit de tenter de rassembler tous les acteurs maliens dans une coalition militaire malienne contre AW. Al Saharoui (EIGS) désigné à tous comme l’intrus terroriste à éradiquer. Puis on parlera de tout (politique, social, religion) Mais on parle côté français aussi. À voir, de près

JOCV

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Dissuasion nucléaire française : le statu-quo (LV 136)

L’analyse du discours de dissuasion nucléaire de la législature actuelle montre une continuité assumée et une ouverture assez théorique sur une perspective nucléaire stratégique européenne. On souscrira volontiers à cette prudence convenue. Les réactions enregistrées révèlent une rhétorique dont le sens s’estompe et la priorité s’efface malgré le désordre actuel.

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La Vigie 135 : L’Europe et son Sud | Le Brexit et la fin de l’UE | Lorgnette : Coronavirus : chinois ?

Lettre de La Vigie du 5 février 2020

L’Europe et son Sud

Longtemps considéré comme pré carré des pays européens méridionaux, le rivage du Sud de la Méditerranée et son hinterland deviennent aujourd’hui un enjeu qui concerne tous les pays européens, quels qu’ils soient. Seule une stratégie multilatérale à long terme permettra de résoudre les crises nombreuses de cette région qui menacent l’Europe.

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Le Brexit et la fin de l’UE

Le Brexit est donc entré dans la loi et un pays a, pour la première fois, quitté l’Union Européenne. Certes, il reste encore quelques mois de négociation pour régler les détails des relations futures mais l’essentiel est dit. L’UE perd bien plus qu’un 28ème de ses membres : outre la taille (population, PIB) ou la contribution au budget commun (qui aura des répercussions sur la solidarité envers les pays plus pauvres, souvent les derniers entrés), elle perd un acteur stratégique. Si le Royaume-Uni y perdra peut-être, l’UE voit avec son départ le commencement de la fin.

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Lorgnette : Coronavirus : chinois ?

L’épidémie de Coronavirus surprend l’observateur. Aussi bien pour son traitement en Chine, qui témoigne de la fébrilité du gouvernement alors que le rythme de croissance s’étiolait et que la reprise en main préalable voulait permettre au président Xi de mieux contrôler. La crise suscite un mécontentement populaire qu’il faut suivre avec attention, surtout si le pou-voir ne réussit pas à endiguer l’épidémie.

Accessoirement, on observe un mouvement massif de quarantaines : il s’agit de villages, de quartiers, de villes entières et même de pays, comme en témoigne la réduction drastique des relations avec la Chine et les fermetures des frontières. On peut y voir la nouvelle phase de la mondialisation, telle que nous la connaissons depuis dix ans : alors que les échanges se sont multipliés incroyablement (y compris de maladies), voici que la réaction aux effets négatifs réside dans la fermeture et le rapatriement local : ici protectionnisme, là isolement sanitaire d’un pays suspect. Le coronavirus est symbolique des temps géoéconomiques et au-delà, géopolitiques. Souhaitons que cette maladie soit contrôlée avant de tout contaminer.

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L’Europe et son Sud (LV 135)

Longtemps considéré comme pré carré des pays européens méridionaux, le rivage du Sud de la Méditerranée et son hinterland deviennent aujourd’hui un enjeu qui concerne tous les pays européens, quels qu’ils soient. Seule une stratégie multilatérale à long terme permettra de résoudre les crises nombreuses de cette région qui menacent l’Europe.

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Le Brexit et la fin de l’UE (LV 135)

Le Brexit est donc entré dans la loi et un pays a, pour la première fois, quitté l’Union Européenne. Certes, il reste encore quelques mois de négociation pour régler les détails des relations futures mais l’essentiel est dit. L’UE perd bien plus qu’un 28ème de ses membres : outre la taille (population, PIB) ou la contribution au budget commun (qui aura des répercussions sur la solidarité envers les pays plus pauvres, souvent les derniers entrés), elle perd un acteur stratégique. Si le Royaume-Uni y perdra peut-être, l’UE voit avec son départ le commencement de la fin.

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La Vigie 132 : AMR : Bilan du monde qui vient | L’Europe et l’est | Lorgnette : Rêve de Noël

Lettre de La Vigie du 25 décembre 2019

AMR 2019 : Bilan du monde qui vient

Notre annuel aide-mémoire au roi reprend l’année, un voisinage en crise, surtout au sud, une ceinture de conflits au-delà, la fin de l’Occident et donc de la notion d’ordre du monde, une rivalité prégnante entre les États-Unis et la Chine, le maintien des transversalités (nucléaire, terrorisme, criminalité armée) et la naissance de nouvelles (peuples en éveil), une Europe passive coincée entre UE et OTAN, et une France à l’orée des clarifications qu’il faut désormais poursuivre et ambition, pour réaliser notre ambition.

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L’Europe et l’est

La relation entre l’Europe et l’Est est largement déterminée par la relation entre l’Europe et la Russie. Si les spectres du XXe siècle empoisonnent aujourd’hui encore cette relation, une inversion des perspectives permettra peut-être d’aboutir à une relation constructive gagnant-gagnant.

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Lorgnette : Rêve de Noël

La période de Noël est souvent l’occasion d’une trêve des confiseurs. Cette année, la trêve cédera le pas à la grève. Faisons alors un rêve : celui d’un pays qui mettrait en vigueur sa devise. La liberté dans tous les sens du termes (liberté de circuler comme liberté de faire grève ou de manifester, les deux devant être conciliées) ; l’égalité (mais, si nous avons bien compris, c’est l’objet du débat sous-jacent à la réforme des retraites) ; et surtout la fraternité, dont nous faisions le vœu en janvier dernier (LV 108).

Or, les peuples qui se réveillent réclament tous la fraternité, sous leurs appels à la justice et à l’équité. C’est elle qui soude la communauté, fait de l’autre un semblable malgré ses différences, l’égal d’un frère avec qui se partage l’envie de vivre ensemble, en société organisée, pour vivre une communauté de destin. Cet inconnu que je croise dans la rue, mendiant ou rupin, est également ce frère.

Au fond, la fraternité est un regard, non une revendication ; un préalable, non un objectif. Dans cette période de Noël, que vous soyez en famille ou en mission, chez vous ou à l’étranger, nous vous souhaitons de vivre une belle fraternité apaisante.

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L’Europe et l’Est (LV 132)

La relation entre l’Europe et l’Est est largement déterminée par la relation entre l’Europe et la Russie. Si les spectres du XXe siècle empoisonnent aujourd’hui encore cette relation, une inversion des perspectives permettra peut-être d’aboutir à une relation constructive gagnant-gagnant.

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Bye-bye Brexit ? (Le Cadet 65)

Il n’aura fallu qu’un week-end de la Toussaint pour que les Brexiters les plus intransigeants, ceux prêts à se sacrifier pour la cause jusqu’au dernier Écossais, opèrent un spectaculaire empannage au lendemain d’une interview du président américain, le temps de prendre la mesure de l’amitié toute philanthropique que portent à l’Angleterre ses anciens colonists : si elle ne rompt pas totalement avec le Vieux Continent, avertit Trump, elle trouvera porte close et devra se passer d’un accord de libre-échange. La révélation récente des exigences américaines – que le Royaume Uni mette tout sur la table des négociations y compris le système de santé – a de quoi faire réfléchir les plus américanophiles – et contrairement aux idées reçues, les sujets de Sa Majesté en comptent assez peu. Plus question de jouer l’UE contre les USA et de faire monter les enchères. Mais entre se faire tondre comme un mouton des Shetland et que mort s’ensuive, ouse faire dévorer immédiatement par le loup, Londres a choisi la leçon de Brassens, de mourir pour une idée mais de mort lente. Vive l’Europe quand même, un pied dedans un pied dehors certes, mais plus question de No Deal.

D’autant que tout comme l’Écosse n’a aucune envie de se retrouver de nouveau seule dans son face à face pluriséculaire avec la paix des Gallois et celle des rois d’Angleterre, comme chantait de son côté Sardou, de même aucun insulaire n’a intérêt à discuter avec Trump sans solution de repli, ni envie de voir pillés les derniers atouts qui restent d’un demi-siècle de désindustrialisation. Il y a la City, me direz-vous. Mais combien de temps tiendra-t-elle face au rouleau compresseur américain, et aux appétits d’ogre d’une puissance improductive qui se sait en déclin. Répétition, qui plus est, d’une situation déjà vécue : la dernière fois que l’Angleterre s’est trouvée seule, à l’été 1940, elle dut se dépouiller au titre du Cash & Carry de tout son or, de la plupart de ses actifs coloniaux et d’une partie de ses confettis impériaux, avant que l’Amérique ne consente à l’aider dans son combat contre le nazisme, après huit longs mois de palinodies et de dérobades. Les mémoires de Churchill en témoignent amèrement.

Mais mauvais calcul également pour l’Amérique : à quoi, une fois quelle serait ravalée non pas simplement au rang de 51ème état mais à celui de 14ème colonie, pourrait bien lui servir la vieille Angleterre ? Les États-Unis ont d’autres affidés sur le continent surtout dans sa partie orientale, dans ces marches toujours dans la soumission à l’empire, qu’il souffle du Levant ou du Ponant. Ils n’ont pas davantage besoin de chevaux de Troie pour couler nos entreprises et siphonner nos brevets, Alstom hier, Latécoère demain. De leur côté les Anglais tiennent autant à leur Fish & Chips que les Écossais à leur panse de brebis farcie, et ni les uns ni les autres ne sont disposés à troquer nos bœufs de Salers contre du poulet chloré de Virginie. Le Grand Large n’est pas pour demain.

Le Cadet (n° 65)