Théorie de la puissance (F. Argounès)

Cet ouvrage est paru en février 2018 et il s’installera rapidement comme un incontournable de toute bibliothèque stratégique et géopolitique. Il constitue en effet une étude serrée et érudite de la notion de puissance, que nous ne cessons d’utiliser sans jamais vraiment nous interroger à son sujet. Certes, un auteur comme Bertrand Badie a bâti sa réputation sur cette thématique (La fin des territoires, 1995; L’impuissance de la puissance, 2004). Il signe d’ailleurs une préface à l’ouvrage. Pour notre part, nous avions lu récemment l’ouvrage de Pierre Bühler (un des parrains de La Vigie), qui avait publié un ouvrage marquant sur le sujet, La puissance au XXIe siècle – Les nouvelles définitions du monde (CNRS éditions, 2011), où il s’interrogeait sur ce que pouvait signifier la puissance en ce nouveau millénaire (voir billet).

Le livre de Fabrice Argounès a une approche différente et très complémentaire. C’est un petit ouvrage universitaire de 225 p. L’auteur enseigne la géographie à l’université de Rouen, il est également le commissaire de la remarquable exposition « Le Monde vu d’Asie », actuellement au musée Guimet et que nous vous conseillons d’ailleurs vivement. Continue reading « Théorie de la puissance (F. Argounès) »

Les États-Unis et le monde (M. Kandel)

Martine Cuttier nous propose cette fiche de lecture d’un ouvrage récent de Maya Kandel, Les États-Unis et le monde, de George Washington à Donald Trump, récemment paru. Merci à elle. JDOK

Le livre passe en revue le rapport des États-Unis au monde depuis la proclamation de l’indépendance des Treize colonies, en 1776 à nos jours. Sur cette période de deux siècles et demi, l’auteure montre, au gré de quelques dates-ruptures : 1776, 1865, 1898, 1919, 1945,1973 et 1991, comment les Américains se perçoivent eux-mêmes, perçoivent leur puissance dans le monde et perçoivent le monde, en vertu des principes de Pères fondateurs réinterprétés au gré de leur montée en puissance, en fonction de leur identité, de leur culture, de leur religion, de leur histoire, de leur Constitution, de leurs intérêts économiques et de leur relation à l’Europe. Le propos consiste à réexaminer un certain nombre de mythes sur la politique étrangère en particulier leur prétendu isolationnisme alors qu’ils n’ont cessé d’intervenir, mus pas la défense de leurs intérêts, en fonction des enjeux de puissance et des rapports de force.

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Géopolitique de la France (Diplomatie , les grands dossiers n°44, avril-mai 2018).

Les magazines publient régulièrement des hors-séries spécialisés qui sont quasiment des livres. Le dernier Diplomatie se penche ainsi sur la Géopolitique de la France, thème qui nous est cher puisque un de nous a publié un livre éponyme (voir ici et ici). Merci donc à M. Cuttier de nous proposer une fiche de lecture de  ce dossier. JDOK

Comme elle l’avait fait dans le grand dossier de 2015[1], la rédaction de la revue propose un nouveau grand dossier portant sur la Géopolitique de la France, qui s’avère être un bilan de la politique internationale et de la capacité d’influence de la France, en 2018. Au premier abord, les thèmes évoqués sont semblables[2] : Souveraineté, Défense, Terrorisme, Soft power, enjeux maritimes, agriculture, diplomatie … En 2015, il a s’agissait de considérer la politique conduite par le président Français Hollande, cette fois l’objectif est de montrer les évolutions depuis l’élection du président Emmanuel Macron. Et si dans l’éditorial de 2015, Alexis Bautzmann s’interrogeait sur le repérage des facteurs du  déclin français en s’appuyant sur les Considérations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur décadence de Montesquieu, trois ans plus tard, il part des effets des tensions identitaires attisées par la crise migratoire sur l’avenir de l’Europe. Une Union devenue un lieu d’affrontement idéologique quant à la conception que s’en font les peuples sur fond de Brexit, de crispations nationalistes, de menace terroriste persistante, de nouvelle politique américaine et de défi russe. La revue aborde les enjeux géopolitiques que la France est amenée à affronter en Europe et dans le monde.

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L’homme, la politique et la guerre- François Géré et Lars Wedin

De multiples pistes se croisent dans ce livre à la fois original, érudit et fécond qui sait se dégager des conventions et révérences habituelles pour considérer les modes d’exercice de la stratégie au début du XXIe siècle. Et tout d’abord, les pistes des deux auteurs : d’un côté, un agrégé d’histoire, féru de technologie militaire et de dialectique nucléaire, rompu aux rapports de force stratégiques actuels et de l’autre, un officier de marine suédois, ancien commandant d’unités de surface, breveté à Paris et Stockholm, conseiller militaire chez les diplomates de son pays et chef du bureau stratégie de l’état-major militaire européen.

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Le soldat, XXe-XXIe siècle (F. Lecointre)

Merci à Martine Cuttier, fidèle de La Vigie, de nous proposer à nouveau une fiche de lecture sur un livre qui vaut le détour, ne serait-ce que par son auteur : le nouveau CEMA. Cette lecture par une civile, enseignant à l’université, mérite (comme toujours) intérêt. JDOK

Nommé chef d’état-major des armées dans les circonstances particulières de la démission du général Pierre de Villiers, le général François Lecointre a mis en avant la nécessité d’écrire. Plus que jamais écrire et lire sont encouragés par l’institution jusqu’au plus haut niveau hiérarchique.

Lorsqu’il commandait les Ecoles de Saint-Cyr Coëtquidan, le général Eric Bonnemaison créa le festival international du livre militaire : FILM qui se déroule…. (cliquez pour lire la suite) Continue reading « Le soldat, XXe-XXIe siècle (F. Lecointre) »

Jonquille, de Jean Michelin (fiche de lecture)

Dans un article paru dans Le Figaro, le 18 janvier 2018, repris par l’ASAF, le 24 janvier, le CEMA, général François Lecointre qui a dirigé Le soldat, XXe-XXIe siècle[1], recommande à ses subordonnées, quelque soit leur grade : « Il faut écrire ! » jusqu’à considérer que « faire l’impasse sur l’écriture n’est pas admissible chez ceux qui se disposent à être des chefs militaires ».

Or les militaires d’active écrivent. Il suffit de regarder les dernières pages des revues officielles de l’institution telles Armées d’aujourd’hui, Terre information magazine, Cols bleus, Air actualités…y compris les revues des mutuelles militaires comme Unéo, pour le constater. Le nombre non négligeable de prix que distribuent les Armées encourage l’exercice. Et le Festival international du livre militaire : FILM qui se tient, chaque année à Coëtquidan[2], au moment du Triomphe, permet de le mesurer. Ils écrivent sur le passé et le centenaire de la Première Guerre mondiale[3] offre de multiples sujets mais aussi sur les opérations auxquelles ils ont participées. La Côte d’Ivoire[4] et surtout l’Afghanistan[5] ont inspiré bien des chefs militaires et les opérations au Sahel suscitent quelques titres[6]. Ils écrivent aussi sur la mort[7], la cyberdéfense[8] ou les questions éthiques[9]. Ils écrivent seuls, avec d’autres militaires[10] ou avec des civils[11]. Ils le font sans jamais critiquer les choix de l’institution et prennent souvent la précaution de préciser que le contenu de l’ouvrage ne constitue nullement la pensée officielle ou officieuse de cette dernière. Les éditeurs ne s’y trompent pas, ils publient car ils trouvent un public réceptif.

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Forces armées africaines, 2016-2017, Laurent Touchard, fiche de lecture

Présentant son ouvrage au cours du « petit-déjeuner Afrique » de l’IRSEM,  le 15 septembre dernier, l’auteur précisa que son travail s’adressait plus aux militaires qu’aux chercheurs. La lecture approfondie du livre aboutit à nuancer ce propos dont le but, en ce début du XXIe siècle, est de rompre avec le cliché et « l’idée reçue selon laquelle les armées africaines seraient invariablement mauvaises » à quelques exceptions près. Rappelant qu’une armée est « un phénomène humain »,  il veut au contraire présenter « les forces africaines dans leur disparité, leur complexité », « leurs contrastes » et leurs succès[1]. Continue reading « Forces armées africaines, 2016-2017, Laurent Touchard, fiche de lecture »

Aline Leboeuf, « Coopérer avec les armées africaines », IFRI, Focus stratégique n° 76, octobre 2017

Martine Cuttier nous propose une lecture de « Coopérer avec les armées africaines« , rédigé par Aline Leboeuf et édité dans la collection des Focus stratégique de l’IFRI. JDOK

Depuis les indépendances, tout en s’adaptant au contexte historique donc  stratégique[1], l’armée française pratique la coopération auprès des armées africaines et particulièrement celles de la zone subsaharienne confrontée à de nouvelles menaces : terrorisme, criminalité, insurrections, piraterie… avec des résultats très discutables. L’auteur tente de dresser un état des lieux de la coopération militaire et de saisir les raisons des piètres performances d’armées[2] le plus souvent professionnelles pourtant très sollicitées et tenues à bout de bras par nombre d’Etats dont la France au titre de la coopération.

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La première partie décrit la diversité de la coopération militaire : les très nombreux acteurs étatiques (p14-20), les rapports au cadre diplomatique (p 21-22), les différents types de conseillers et de coopérants (p 26-27), les formations proposées et les exercices p 23 – 28), le soutien matériel (p29) et l’aide financière (31)[3]. (cliquez pour lire la suite) Continue reading « Aline Leboeuf, « Coopérer avec les armées africaines », IFRI, Focus stratégique n° 76, octobre 2017 »

Servir (Gal de Villiers) fiche de lecture (M. Cuttier)

Martine Cuttier a lu pour nous le livre du Général de Villiers, qui vient de paraître.  Une lecture indispensable : merci à elle. Le lecteur de La Vigie  pourra relire le billet « de la discipline intellectuelle » ou encore la Lorgnette du n° 73. JDOK

Si sous la Cinquième République, il est arrivé que des chefs d’Etat-major démissionnent[1], ils étaient chefs d’Etat-major d’armée. Or jamais un chef d’Etat-major des armées, de surcroît venant d’être prolongé pour un an par le chef des armées, ne l’avait osé. La démission du général de Villiers en juillet 2017 est donc une première dans l’histoire militaire récente. En désaccord avec un nouveau président de la République, chef des Armées, fort de la légitimité du suffrage universel, le CEMA, son grand subordonné et conseiller militaire du gouvernement, ne pouvait « avoir le dernier mot » (p 226). L’affrontement devenu public a opposé deux hommes de caractère. Alors qu’il essuyait les foudres du Président et de proches, le CEMA a reçu, ému, le soutien unanime de la classe politique, « incarnation de notre République » (p 19). Ne trouvait-elle pas là une occasion de critiquer celui qui a ravi le pouvoir tout en balayant un paysage politique partisan à bout de souffle ? Continue reading « Servir (Gal de Villiers) fiche de lecture (M. Cuttier) »