Pays membres du G7 de rangs comparables, liés par un partenariat d’exception, la France et le Japon sont confrontés de la même façon aux conséquences économiques de la crise du coronavirus. A la recherche de nouveaux leviers de relance de leurs économies, ils figurent parmi les toutes premières puissances océaniques du monde et peuvent compter sur leurs stratégies maritimes nationales pour tirer le meilleur parti de leurs atouts. Le dialogue maritime global, bilatéral et interministériel, ouvert à Nouméa en septembre 2019, constitue un outil précurseur leur permettant de lancer des projets ouverts à l’échelle des espaces maritimes d’Europe et d’Indo-Pacifique, au service du développement raisonné et de la préservation de l’océan mondial.
La Vigie n°144 : Tirer son épingle du jeu | Disparue : autorité scientifique | Trocs au Sahara
Lettre de La Vigie n° 144 du 10 juin 2020
Tirer son épingle du jeu
Pour que la France tire son épingle du jeu de la crise actuelle alors que le choc sanitaire s’atténue, le stratégiste lui recommande d’impulser un nouvel élan stratégique réaliste et d’envisager un renouveau ambitieux de son paradigme national. Ces deux axes sont les clés d’un projet à long terme.
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Disparue : autorité scientifique
La pandémie n’est pas un tournant géopolitique mais elle accélère des tendances de fond. Parmi celles-ci, l’affaissement des autorités se poursuit. L’autorité scientifique était une des dernières qui subsistait. Or, l’influence des savants a beaucoup perdu dans la crise, que ce soit dans l’analyse du virus ou à l’occasion des grands débats sur les différentes natures de traitement de la maladie. Cela ne signifie pas la fin des progrès scientifiques, loin de là. Mais l’autorité publique de la parole des savants, grâce à leur légitimité et leur neutralité, a pâti des intérêts qu’ils pouvaient défendre. Cela affaiblit un peu plus la cohésion des sociétés.
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Lorgnette : Trocs au Sahara
La mort d’Abdelmalek Droukdal, un chef islamiste d’AQMI au Mali, n’est peut-être qu’un succès tactique. Peut-être est-il aussi le signe d’un mouvement plus large. En effet, les choses bougent au Mali comme en Algérie. Au Mali, les dernières élections législatives n’ont apparemment pas changé les équilibres politiques. Cependant, IBK, le président malien, a compris qu’il fallait bouger et pour cela négocier aussi bien avec les Touaregs que les Peuls.
En Algérie, le nouveau président Tebboune a contrôlé le hirak. Il a lancé une modification de la Constitution qui permet à l’Algérie d’engager l’armée au-delà des frontières. Cela ne concerne pas le Maroc mais plutôt les frontières à l’Est, car la situation en Libye évolue en faveur des protégés de la Turquie, ce qui inquiète Alger.
Il fallait donc garantir le sud. A Droukdal était non seulement islamiste mais algérien et il voulait empêcher les subtils trocs au sud. Aussi peut-on imaginer qu’Alger l’a lâché, de façon à stabiliser le Sahara et avoir les mains libres. Il reste qu’IBK, le président malien, a trop tardé et que de grandes manifestations réclament sa démission. Pas idéal pour négocier, suffisant peut-être pour enfin se décider à bouger.
JOCV
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Tirer son épingle du jeu (LV 144)
Pour que la France tire son épingle du jeu de la crise actuelle alors que le choc sanitaire s’atténue, le stratégiste lui recommande d’impulser un nouvel élan stratégique réaliste et d’envisager un renouveau ambitieux de son paradigme national. Ces deux axes sont les clés d’un projet à long terme.
Chef des armées ou chef de guerre ? (J-Ph. Immarigeon)
Notre fidèle ami, Jean-Philippe Immarigeon, avocat, nous propose cette lecture juridique des pouvoirs du PR en matière militaire. Merci de cette lecture précise et oubliée, qui met en exergue bien des errements constitutionnels. LV
Quelques années avant la Révolution française, le Figaro de Beaumarchais s’étonnait de ces guerres dans lesquelles le jetaient les princes, desquelles on ne lui avait jamais donné les raisons et pour lesquelles on l’avait encore moins consulté : « Sommes-nous des soldats qui tuent et se font tuer pour des intérêts qu’ils ignorent ? Je veux savoir, moi, pourquoi je me fâche » ? Sommes-nous aujourd’hui mieux informés que Figaro ? Sûrement pas. Consultés ? Toujours pas. Les guerres sont redevenues les caprices de princes, qui invoquent des impératifs auxquels les nations peinent à s’identifier. Comment les Figaro de 2020 pourraient-ils d’ailleurs s’y intéresser alors qu’on ne cherche à les responsabiliser que le jour de la défaite ?
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LV 131 : Sahel : juste avant les décombres | Médor et gaz | Lorgnette : défis de la DG Défense
Lettre de La Vigie du 11 décembre 2019
Sahel : juste avant les décombres
Les motifs avancés par les uns (intérêts économiques) ou les autres (lutte contre le terrorisme) peinent à convaincre de la stratégie française au Sahel. Du coup, parce que nous définissons mal l’ennemi, nous piétinons, sachant que les autorités de la région n’ont pas les mêmes priorités que la France. Cette addition de mauvaises perceptions, de faux semblants, de mauvais calculs et de quiproquos entrave beaucoup d’initiatives. Il est temps de reposer un vrai diagnostic et de repartir du bas.
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Médor et gaz
La géopolitique de la Méditerranée orientale est aujourd’hui stimulée par l’abondance du gaz naturel qu’on a récemment trouvé dans ses fonds marins. Les équilibres de la région en sont d’autant plus modifiés que la liquéfaction en GNL de ce gaz permet désormais sa production, sa diffusion et son stockage in situ, moyennant certes de lourds investissements. Cette évolution rapide crée une dynamique stratégique de compétitions, d’alliances et de coopération qui a un fort impact non seulement sur les riverains mais aussi sur la région proche du Levant voire sur l’économie verte dont elle modifie la donne régionale.
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Lorgnette : défis de la DG défense
La nouvelle Commission européenne enfin installée présente ses innovations. Parmi celles-ci, une « DG industrie de la défense et de l’espace », baptisée Défis (Defense Industry & Space) et déjà nommée « DG Défense » comme la PECSD qui fut vite érigée en défense européenne. Mais la défense collective relève toujours de l’Otan pour la plupart des États membres de l’UE (LV 129), ce qu’a rappelé la présidente de la Commission.
Issue de la partition de la DG Industrie, cette DG sera pour les industriels de défense de l’UE un stimulant et un arbitre. On la voit comme le fer de lance d’une reconquête par les Européens de leur autonomie stratégique, une étape décisive sur la route d’une Union de sécurité et de défense, bien évidemment complémentaire de l’Otan. Avec la Coopération structurée permanente des 25/27, le FEDEF de 13 G€ sur 7 ans et Galileo, on aura ainsi un catalogue de structures qui viendront compléter le COPS, l’EMUE, l’AED et préparer l’armée européenne que certains voient se profiler.
Pour contrer la menace russe et relever le défi chinois ? On jugera sur pièce. Mais ce qui a manqué jusqu’ici, ce sont la volonté et la stratégie ; les structures ne les remplaceront pas.
JOCV
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Sahel : juste avant les décombres (LV 131)
Les motifs avancés par les uns (intérêts économiques) ou les autres (lutte contre le terrorisme) peinent à convaincre de la stratégie française au Sahel. Du coup, parce que nous définissons mal l’ennemi, nous piétinons, sachant que les autorités de la région n’ont pas les mêmes priorités que la France. Cette addition de mauvaises perceptions, de faux semblants, de mauvais calculs et de quiproquos entrave beaucoup d’initiatives. Il est temps de reposer un vrai diagnostic et de repartir du bas.
LV 130 : Peuples en mouvement | Europe-Asie : mêmes équations ? | Lorgnette : Pape et nucléaire
Lettre de La Vigie du 27 novembre 2019
Peuples en mouvement
Cet automne a vu des manifestations massives d’un bout à l’autre de la planète : en Amérique Latine, en Afrique du nord, au Proche Orient, en Europe mais aussi en Asie. Que signifie ce phénomène mondial et simultané, quand l’analyse de chaque mouvement suggère des facteurs contingents et locaux ? Malgré les différences (objet, durée, motivation sociale ou politique), ils partagent la déception envers les pouvoirs en place. Surtout, ils apparaissent comme une conséquence nouvelle de la mondialisation, aussi paradoxale que semble cette conclusion.
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Europe-Asie : mêmes équations ?
En vingt ans, la France et le Japon sont devenus des partenaires stratégiques du XXIème siècle rétablissant un niveau de relations que les deux pays n’avaient pas connu depuis l’avènement de l’ère Meiji, contribuant à l’ouverture de l’archipel à la modernité à la fin du XIXème siècle. Au fil du XXème, après avoir été alliés lors du premier conflit mondial, ils sont devenus des alliés des États-Unis après 1945. Dotés de cultures stratégiques différentes qui rendent compte de leurs histoires distinctes, leur autonomie stratégique et leurs postures d’alliance à l’égard de Washington comportent aujourd’hui des points communs qu’il est intéressant de relever à l’approche du prochain sommet de l’Otan.
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Lorgnette : Pape et nucléaire
Le discours du pape François à Nagasaki (ici) constitue un revirement de jurisprudence notable. En effet, l’Église catholique n’a jamais caché son opposition à l’arme nucléaire. Mais après de nombreux débats, elle s’était résolue, en France, à admettre le principe de la dissuasion (texte de la conférence épiscopale de 1983). La dissuasion avait été reconnue comme un mal nécessaire. Mais pour le Pape François, elle est « perverse » : « La paix et la stabilité internationales sont incompatibles avec toute tentative de compter sur la peur de la destruction réciproque ou sur une menace d’anéantissement total ». Quant à l’arme nucléaire, si son usage avait toujours été condamné, l’Église ne disait rien de sa possession. L’avoir ou la fabriquer est désormais condamné : « l’utilisation de l’énergie atomique à des fins militaires est aujourd’hui, plus que jamais, un crime. C’est immoral ».
Le Pape lance un appel à une négociation internationale, notamment autour du TIAN (LV 87). C’est le seul moment où la morale rejoint la réalité. Car force est de constater qu’aujourd’hui, malgré les objectifs affirmés par le TNP, on ne se dirige pas vers un monde sans armes nucléaires. Au contraire.
JOCV
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Europe-Asie : mêmes équations ? (LV 130)
En vingt ans, la France et le Japon sont devenus des partenaires stratégiques du XXIème siècle rétablissant un niveau de relations que les deux pays n’avaient pas connu depuis l’avènement de l’ère Meiji, contribuant à l’ouverture de l’archipel à la modernité à la fin du XIXème siècle. Au fil du XXème, après avoir été alliés lors du premier conflit mondial, ils sont devenus des alliés des États-Unis après 1945. Dotés de cultures stratégiques différentes qui rendent compte de leurs histoires distinctes, leur autonomie stratégique et leurs postures d’alliance à l’égard de Washington comportent aujourd’hui des points communs qu’il est intéressant de relever à l’approche du prochain sommet de l’Otan.
La France face aux transitions stratégiques actuelles
Jean Dufourcq a récemment prononcé une conférence et LV est heureuse de mettre en ligne le texte correspondant. JOCV
Pour mettre en perspective la trajectoire stratégique française dans l’effervescence du monde actuel, il faut prendre du recul, loin du tumulte du monde et monter sur la colline stratégique.
Que voyons-nous ?
- Que nous sommes sans doute à la fin d’un cycle historique dont l’équation stratégique a gouverné la planète depuis plus de cinquante ans. Que nous sommes entrés dans une période de transition qui s’est enclenchée à la fin de la guerre froide, une transition longue, sans doute quelques décennies, avant qu’un nouveau point d’équilibre soit possible.
- Que le monde a tendance à devenir un véritable terrain vague stratégique.
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Lieutenant Chirac
Le décès de l’ancien président Chirac a suscité énormément d’hommages. Rappelons ici son temps sous les drapeaux lorsque, lieutenant pendant la guerre d’Algérie, il dirigeait une Section Administrative Spéciale dans le bled : il a toujours déclaré que cela l’avait profondément marqué – en bien. Aussi l’homme avait-il une sympathie non feinte envers la chose militaire : rappelons que c’est le dernier président à avoir été engagé opérationnellement sous les drapeaux et à avoir eu une expérience intime de l’armée.
Ses décisions ultérieures dans l’exercice de ses fonctions (reprise des essais nucléaires, suspension du service national, refus de la guerre en Irak) marqueront plus ou moins l’histoire. Elles ne sont pas le fait d’un homme qui a découvert les questions stratégiques et militaires au dernier moment, lorsqu’il parvenait au pouvoir. En cela, il reste un homme d’exception si on le compare à son prédécesseur ou ses successeurs. Les Romains avaient déjà compris que cette expérience est nécessaire aux fonctions supérieures de l’État.
Pour l’heure : Adieu, mon lieutenant.
JDOK