N° 50 : Craquements d’été | Options pour l’Europe

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Craquements d’été

Vous, lecteur de La Vigie, n’avez peut-être pas passé votre été à suivre l’ensemble des rebondissements géopolitiques du monde : la période estivale se prête précisément à l’évasion qui est d’abord une fuite hors des affaires du temps. Mais à l’heure de la rentrée, faire le point est un exercice utile, l’été étant souvent fertile en faits stratégiques. Or cet été 2016 a connu logiquement de nouveaux craquements, poursuivant les ruptures déjà signalées (cf. LV 48-49, postures & ruptures). […]

Des options pour l’Europe

Pour parler d’Europe stratégique, il nous faut aujourd’hui garder la tête froide et sortir des sentiers battus. La question posée est simple, l’Europe est-elle encore capable de prendre en main son destin dans la planète mondialisée ? Le Royaume-Uni a répondu non et choisi le large (cf. LV 47).
Si Europe signifie Union européenne, alors pour beaucoup la réponse est aussi non et on rappellera pourquoi ils pensent qu’elle est engagée dans une impasse. Si Europe signifie autre chose qui reste à définir, dès lors quelles sont les options possibles ? JDOK. […]

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Mayotte, île française en crise

L’île de Mayotte a connu une succession de manifestations ces dernières semaines qui attirent l’attention vers cette île au destin spécial. Elles posent la question des DOM-COM, vues par certains comme un fardeau financier (coût des subventions), par d’autres comme un atout (présence mondiale de la France, extension de la zone économique exclusive). Le cas particulier de Mayotte pose cependant des questions distinctes du reste des DOM.

Les manifestations prennent de l'ampleur à Mayotte. Source
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N° 40 : Paravents et remparts : l’Etat en danger | La solitude est tendance |Stratégie 2017 : vu de Varsovie

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Paravents et remparts : l’Etat en danger

Un  an avant l’élection du chef de l’État, faisons un peu de philosophie politique pour en délimiter la donne.  C’est à l’État d’assurer la stabilité et la sécurité nécessaires à la nation pour lui permettre de constituer une société offrant le cadre collectif de progrès et de justice auquel aspirent légitimement les citoyens.
Ce principe républicain rappelé, fondement vertueux de la démocratie, voyons où nous en sommes dans les « sociétés avancées », en particulier en France. La société internationale se compose de plus de 190 États parmi lesquels la France pointe au 6ème rang économique. Mais le président élu en 2017 sera loin d’avoir en main toutes les clés de la France car les États ne sont plus les principaux acteurs du monde. […]

La solitude est tendance

Souvenez-vous : l’an dernier, les éditorialistes se déchaînaient sur « l’isolement de la Russie » ! À La Vigie, nous ne savons pas si la Russie est vraiment isolée, nous constatons surtout qu’à défaut d’isolement, la solitude stratégique est un trait qui se répand. Les solidarités robustes d’hier s’affadissent et chacun, désormais, joue « seul dans son coin », sans réellement prendre garde à ce que pensent ses amis, ses alliés,  ses voisins. C’est vrai de la Russie mais aussi des États-Unis, de l’Allemagne, de la Turquie ou de la France, pour prendre quelques exemples. Au fond, alors que le XXIème siècle commençant nous avait promis solidarité et collaboration, voici qu’il se révèle solitaire et conflictuel. […]

Stratégie 2017 : vu de Varsovie (Andrzej Szeptycki )

Le principal atout de la France est son rôle international de grande puissance. La France reste l’un des membres permanents du Conseil de sécurité et le pays fondateur de l’UE. Il faut qu’elle en profite pour défendre ses intérêts et promouvoir sa vision du monde.  Au niveau global, la France devrait activement valoriser les principes du droit international. Au niveau régional, il lui faut défendre le projet européen contre aussi bien la menace de l’éclatement que les tendances hégémoniques de certains pays membres (Allemagne) ou voisins (Russie).  […]

Source image : Lightmash via Visual Hunt / CC BY-NC-SA 

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L’armée yéménite divisée entre tribalisme et confessionnalisme (Pr Abderrahmane Mekkaoui)

Nous sommes heureux de publier ce texte du Pr Abderrahmane Mekkaoui (université Hassan II, Casablanca)

L’évolution du Yémen, après sa réunification, ne semble pas se faire loin des pressions tribales et confessionnelles. Cette lame de fond spécifique se retrouve jusqu’aux divers bataillons de l’armée, sans doctrine moderne. La guerre civile et l’offensive militaire de Ryad n’ont fait que renforcer davantage une telle singularité. Rendant cauchemardesque la vie au sein de la Felix Arabia.

S’il y a une armée arabe qui a une longue histoire derrière elle, c’est bien celle du Yémen. Voilà une armée qui a été créée en 1919, au lendemain du Premier conflit mondial. A l’époque, le Yémen était sous la coupe du Royaume Moutawakkilite. La partie septentrionale de ce pays arabe était soumise nominalement à l’Empire Ottoman jusqu’en 1918. L’Imam des Zaydites, Yahia Mohamed Hamid, était le commandant en chef de cette armée embryonnaire composée des grandes tribus. En signant des traités de défense avec l’Italie, le Yémen a pu maintenir ses frontières sauves malgré une défaite militaire contre l’Arabie Saoudite. En 1948, Ahmed, fils de l’Imam assassiné, devenu roi, a pactisé avec le bloc soviétique. Les Juifs yéménites ont joué un grand rôle dans la formation et l’armement des troupes équipées en matériel acquis aussi bien auprès de Moscou que de ses satellites. Ce royaume yezidite recrutait parmi les chiites Houthis et chaque tribu avait son propre bataillon dont le chef était nommé par l’Imam himself. Une telle situation rappelle, à bien des égards, celle qui avait prévalu dans le Royaume chérifien lors des 18ème  et 19ème siècles avec ses terres Makhzen et ses terres Siba.

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Cuba : un sacré pas en avant !

Normalement, un président dans les deux dernières années de son mandat est surnommé « canard boiteux » : ce surnom caractérise une situation politique où le sortant n’a plus d’influence puisqu’il ne se représente pas et que la vie politique va s’organiser sans lui. Barack Obama a décidé de contredire cette vision. Ainsi, alors que les élections de mi-mandat ont été considérées comme un désaveu de sa politique, que chacun s’attendait à ce qu’il soit bloqué par le Congrès, voici qu’il ne cesse se  prendre des initiatives. Ce fut tout d’abord pour prendre une décision assez audacieuse en matière d’immigration. C’est aujourd’hui ce très grand pas en avant que consiste la reprise du dialogue avec Cuba. (cliquez pour lire la suite) Continue reading « Cuba : un sacré pas en avant ! »

Burkina Faso : qu’en penser ?

Les événements au BF n’ont pas manqué de surprendre. Voici donc un autocrate habile, qui avait su gagner une influence diplomatique certaine dans la région, qui n’était pas des plus sanguinaires, pas intéressé par la richesse même si son entourage n’avait pas forcément les mêmes distances envers l’argent qui salit. Certes, il ne remplissait pas les critères Occidentaux de notabilité mais dans la région, on connaissait pire – on connaît toujours pire. Voici qu’un mouvement populaire le met à bas. Voici une prise de pouvoir qui se déroule sans trop de heurts. Voici une transition qui respecte les formes. Or, ce côté apparemment bénin et pour tout dire conforme à nos standards suscite une certaine interrogation. S’agit-il vraiment d’un printemps africain, comme s’ébaudissent certains commentateurs enthousiastes ? n’y a-t-il pas autre chose là-derrière ce que certains esprits soupçonneux imaginent ?

Il est certain en tout cas que Blaise Comparoé avait négligé beaucoup de signes avant-coureurs qui lui disaient qu’il serait difficile d’obtenir un cinquième mandat. Inattention ou, comme souvent, syndrome du « vieux chef » qui souffre de plusieurs défauts : l’auto-persuasion conduisant à croire que « cette fois encore, on réussira à dominer les événements », moins de contacts avec la société (isolement du pouvoir) et donc moindre compréhension (raisonnée ou intuitive) des attentes réelles, âge tout simplement qui obscurcit le jugement, concentration sur les affaires de l’Etat, à l’intérieur comme à l’extérieur (les affaires étrangères ont toujours été au cœur de l’attention de Blaise, il y montra d’ailleurs un vrai talent), la liste pourrait être allongée encore mais elle est finalement « classique ». Etrange destin que ces vieux dictateurs qui ne savent pas comment passer la main…

Voici donc les causes propres à la personnalité du président. Pour le reste, comment interpréter cette révolte ? Elle est incontestablement populaire et elle est fondée, comme quasiment toute les révoltes récentes, sur le rejet des inégalités et surtout de la corruption. Foin des lectures trop pratiques (ici attente de démocratie, là islamisme triomphant), le peuple burkinabé a d’abord exprimé sa lassitude. Constatons qu’elle intervient dans un pays pauvre et ethniquement homogène. QU’on sache qu’un tiers des Burkinabés travaille à l’étranger (notamment en Côte d’Ivoire) permet d’apprécier les difficultés du pays.

Pour autant, s’agit-il d’un « printemps africain » ? Voir un printemps en plein mois de novembre a d’abord quelque chose de curieux. Ensuite, l’allusion au « printemps arabe » est douteuse, tout d’abord parce que cette dernière expression est faussée : elle signifie souvent, dans la bouche de ceux qui l’emploient, un appel à la démocratie à l’occidentale, ce qu’elle a rarement été. Pour dire les choses plus précisément, il n’est pas sûr que ces sociétés soient très enthousiastes à l’idée de suivre le « modèle occidental » fondé notamment sur un individualisme exacerbé.

A observer ce qui  se déroule au Burkina, on est ainsi frappé par la méthode de résolution de la crise : très vite, un lieutenant-colonel d’apparence anodine prend la tête du « processus de transition » : on apprend qu’il est le numéro deux du régiment de la garde présidentielle, visiblement le seul centre de pouvoir, le seul détenteur du monopole de la violence, tirant de cela une légitimité qui lui est reconnu. La politique est d’abord rapport de forces. On aperçoit une de ses premières photos où il pose à côté du roi traditionnel et de l’évêque du lieu : ainsi, les structures locales d’intermédiation sont immédiatement associées, pour bien montrer que l’ensemble de la société sera incluse dans le processus. Dès lors, quelques jours plus tard, une conférence nationale peut réunir les représentants  de toutes les forces de la société pour désigner un président de transition. Chapeau l’artiste, voici une méthode « africaine » qui convainc.

Du moins si l’on se contentait d’une lecture purement burkinabé. IL est possible que d’autres acteurs aient agi en sous-main : les voisins (Côte d’Ivoire), la France, la « communauté internationale. Constatons toutefois que la mission de médiation envoyée par l’Union Africaine s’est fait poliment éconduire ; que la France ne paraît pas avoir été à la manœuvre même si elle a pu appuyer, ici ou là, tel moment du processus (et notamment l’évacuation, in extremis, du président déchu) : toutefois, on entend peu de rumeurs suggérant que les vieux réseaux ont été à l’œuvre. Quant à la communauté internationale, au-delà des discours habituels et finalement inaudibles, elle a certainement pressé en coulisse en faveur d’un déroulement pacifique mais le réalisme oblige à convenir que cela a souvent peu d’effets, n’en déplaisent aux complotistes.

Voici en fait la vraie surprise de cette affaire : qu’elle ait pu rester cantonnée à un seul pays et qu’on n’observe pas de débordement transfrontaliers ou d’imitation dans les pays voisins. AU fond, le respect d’un cadre national est la vraie bonne nouvelle de l’affaire : alors qu’on ne cesse de nous dire que les frontières issues de la décolonisation sont malvenues (sous-entendant ainsi qu’il faut les redécouper, sur une base ethnique et donc quasiment raciale…), le Burkina Faso nous rappelle d’une nation est d’abord un projet politique, résultat d’une volonté de vivre ensemble et qui peut adapter des déterminations traditionnelles à des constructions politiques.