Toute puissance héritée se crée une bulle d’illusion dans laquelle n’entrent que ses amis et alliés, ou ceux qu’elle considère comme tels. Il n’y a ainsi pas de place pour le conflit, ce qui conduit à nier l’autre en tant que potentiel opposant et à édulcorer le vocabulaire. Le bien commun n’existe plus puisqu’une seule voix est admise, pas plus que la stratégie, qui vise notamment à le défendre. Le stratège serait-il une personne en voie de disparition ?
LPM, officiers et esprit chasseur
Nous sommes heureux d’accueillir ce texte du LCL (R) Aubagnac qui analyse le rôle des mentalités d’officiers dans la constitution de la LPM. Merci à lui. LV
L’esprit chasseur, qui pige et qui galope, et la LPM …
Source : https://www.ledauphine.com/drome/2016/05/11/une-renaissance-historique-au-7e-bataillon-de-chasseurs-alpins
Dans un article du journal L’opinion du 22 mai, Jean-Dominique Merchet donne à lire une belle synthèse consacrée à la nouvelle loi de programmation militaire (LPM) « Budget des armées : de l’argent, pas d’audace ». Il écrit « Les députés entament ce lundi l’examen de la loi de programmation militaire 2024-2030. Elle prévoit une forte augmentation des crédits, sans bouleversements malgré la guerre d’Ukraine ». https://www.lopinion.fr/politique/budget-des-armees-de-largent-pas-daudace . Cet article montre pourquoi cette LPM serait partiellement inadaptée aux enjeux militaires et de sécurité internationale de demain. Il insiste sur le fait que le poids de la vision du président de la République, chef des armées, sur ces questions est déterminant. Toutefois, d’autres questions peuvent se poser. Le président de la République ne devrait pas être seul pour effectuer des choix : il y a un gouvernement et des élus mais aussi la haute hiérarchie militaire qui est en mesure d’éclairer, dans son domaine de compétence, l’action et les choix du gouvernement et de la Nation. Et il y a aussi l’opinion publique. Quelques questions peuvent être posées pour examiner comment ces diverses strates agissent, ou pas, dans le processus de décision.
LV n° 213 : Afrique adieu ! | Nouvelles questions nucléaires | Lorgnette : Accord arabo-persique
Lettre de La Vigie du 15 mars 2023
Afrique adieu !
Du discours de Ouagadougou en 2017 à celui de Paris en 2023, une constante apparaît : l’inexistence de la politique africaine de la France. À cela s’ajoutent des relations délicates que l’on voit dans des gestes peu diplomatiques. Face à ce constat, sommes-nous condamnés à dire : Afrique adieu ?
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Nouvelles questions nucléaires
Obnubilés par la guerre en Ukraine, nous ne voyons pas les profondes modifications stratégiques qui s’exercent ailleurs, par exemple dans le domaine nucléaire : fin du monopole balistique, ambiguïté des porteurs, sanctuarisation agressive, décès du contrôle des armements, mise en question de la non-prolifération sont autant de questions qui rétroagissent sur le théâtre européen.
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Lorgnette: Accord arabo-persique
La récente annonce d’un accord irano-séoudien, conclu qui plus est sous les auspices de la Chine, a sonné comme un coup de tonnerre. L’Arabie annonçait depuis quelque temps sont désir de s’affranchir du pacte du Quincy (LV 205). Elle n’a pas signé les accords d’Abraham entre Israël, les EAU et Bahreïn et le récent raidissement israélien ne doit pas la rassurer. Quant à l’Iran, la poursuite de l’enrichissement d’uranium malgré les sanctions et les négociations du JCPOA, l’entente avec la Russie et la récente grogne populaire favorisent un changement de posture stratégique.
L’accord donne l’impression d’un simple rétablissement des relations diplomatiques entre Riyad et Téhéran. Il semble comporter une dimension sécuritaire dont on verra la mise en œuvre au Yémen, où les Séoudiens semblent négocier tandis que les EAU et les Américains s’y refusent. Au fond, l’Arabie semble vouloir diversifier ses sources de sécurité et ne s’en remet plus uniquement aux États-Unis. Washington qui s’est désintéressé du Moyen-Orient paye ainsi son abstention et sa perte de crédit. Quant à la Chine, elle réunit deux des principaux fournisseurs d’hydrocarbures : cela lui suffit.
Le puzzle bouge dans la région…
JOCVP
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Nouvelles questions nucléaires (LV 213)
Obnubilés par la guerre en Ukraine, nous ne voyons pas les profondes modifications stratégiques qui s’exercent ailleurs, par exemple dans le domaine nucléaire : fin du monopole balistique, ambiguïté des porteurs, sanctuarisation agressive, décès du contrôle des armements, mise en question de la non-prolifération sont autant de questions qui rétroagissent sur le théâtre européen.
Pourquoi n’a-t-on pas dissuadé Vladimir Poutine d’envahir l’Ukraine ? – Réflexions autour de la dissuasion comme pratique des relations internationales (S. Audrand)
Nous sommes heureux de publier ce texte de Stéphane Audrand qui est consultant en risques internationaux (à son compte depuis 2013), historien (de formation) et officier de réserve (marin, en poste à la DGRIS). LV
Pourquoi n’a-t-on pas dissuadé Vladimir Poutine d’envahir l’Ukraine ? C’est une question récurrente depuis le 24 février 2022. Indéniablement, les mécanismes internationaux de sécurité collective censés décourager le recours à la guerre ont échoué, de même que les tentatives directes de dissuader Vladimir Poutine.
Or la réponse à cette question de l’échec de la dissuasion est loin d’être triviale : si la dissuasion est une pratique immémoriale, qui renvoie à une médiation entre individus autour d’un acte que certains souhaitent empêcher d’être commis, elle revêt à l’ère nucléaire une importance cruciale pour la sécurité des nations et l’avenir de la planète. Se pencher sur tout échec de la dissuasion est donc primordial pour espérer corriger les processus qui auraient pu, qui auraient dû permettre d’éviter la guerre. S’agissant de l’invasion de l’Ukraine, il est vraisemblable que la dissuasion a été mise en échec par un mauvais calcul stratégique, de part et d’autre : si le déclenchement de la guerre est sans équivoque de la responsabilité de Vladimir Poutine, cela ne veut pas dire que l’Ukraine et ses soutiens n’ont pas fait quelques erreurs de signalement qui ont échoué à dissuader le maître du Kremlin. Si le président russe a sans doute sous-estimé le coût et les risques de son action et surestimé les bénéfices, les pays occidentaux ont sans doute été inefficaces dans les signaux à envoyer à la Russie, nécessaires pour le calcul stratégique rationnel. Et, sur le plan irrationnel, nous n’avons pas suscité la peur.
Pour mieux appréhender la complexité du dialogue qu’est la dissuasion, il n’est pas inutile de revenir à quelques fondamentaux de ce qui reste, au-delà des théories, une pratique quotidienne entre États, toujours changeante. Le mythe de la « stabilité stratégique » doit plutôt céder la place à la reconnaissance d’une perpétuelle « instabilité corrigée en temps réel ».
La Vigie n° 208 : Le deuxième 21ème siècle | Les mots qui piègent | Lorgnette : Benoît XVI, dernier moderne
Lettre de La Vigie, du 4 janvier 2023
Bonne année 2023 !
Le deuxième 21ème siècle
La conjonction de la pandémie mondiale et de la guerre en Ukraine a fait basculer le monde dans un deuxième XXIe siècle aux contours confus. La conflictualité libérée est désormais auto-entretenue et la planète de 8 milliards d’habitants ne bénéficie plus du recours aux régulateurs hérités du XXe siècle qui avaient permis d’aborder en sûreté relative la fin de la Guerre froide. Ce dangereux basculement dans la jungle stratégique semble irréversible. La France doit prendre en compte cette nouvelle réalité stratégique.
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Les mots qui piègent
En stratégie et en relations internationales, les mots comptent. Or, le discours contemporain ne cesse d’utiliser des mots qui reposent sur des conceptions passés et qui n’aident pas à comprendre, partant à résoudre, les conflits du moment : Guerre, Paix, Droit de la guerre, victoire, territoire, négociation en sont les exemples les plus frappants.
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Lorgnette : Benoît XVI, dernier moderne
Le décès de Joseph Ratzinger marque la fin d’une époque. Voici en effet un pape qui aura été le dernier moderne.
L’intellectuel progressiste de l’après-guerre, acteur influent du concile Vatican II, s’était peu à peu transformé en gardien rigoureux d’une ferme tradition catholique. Élu pape sans l’avoir désiré, mal à l’aise avec les médias, il choisit le nom de Benoît en référence à Benoît XV et ses tentatives de paix lors de la 1ère guerre mondiale et à Saint-Benoît, patron de l’Europe : un pape très européen, finalement, peu en phase avec la planétisation du monde qui l’entourait.
C’est au fond le dernier moderne : il a prêté sa plume à Jean Paul II pour l’encyclique Fides et ratio de 1988, qui reflétait parfaitement son esprit rationnel. Il était déstabilisé par le monde contemporain, post-moderne, où l’émotion et la mousse médiatique prédominent sur la recherche du vrai. Aussi retiendra-t-on surtout son « renoncement » à l’état papal en 2013, laissant le siège de Pierre à un successeur plus à l’aise avec les nouvelles conditions du moment. Cet intellectuel n’était ni pleinement pasteur, ni véritable homme de pouvoir. Exemple rare d’un homme parvenu au sommet sans l’avoir recherché.
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Thomas Hawk on Visualhunt
Les mots qui piègent (LV 208)
En stratégie et en relations internationales, les mots comptent. Or, le discours contemporain ne cesse d’utiliser des mots qui reposent sur des conceptions passés et qui n’aident pas à comprendre, partant à résoudre, les conflits du moment : Guerre, Paix, Droit de la guerre, victoire, territoire, négociation en sont les exemples les plus frappants.
La Vigie n° 207 : 2022, révision stratégique | Guerre d’Ukraine : perspectives | Lorgnette : coupe du monde
Lettre de La Vigie du 21 décembre 2022
2022 : révision stratégique
L’année écoulée a vu sombrer bien des stratégies qui péchaient par leur manque de profondeur et leur élaboration à une époque où le retour de la guerre n’était pas sérieusement envisagé. Le conflit d’Europe de l’est rappelle que la stratégie est une dialectique des volontés utilisant la force pour résoudre leur conflit. Une révision des réflexions stratégiques s’impose à ceux qui veulent demeurer libres.
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Guerre d’Ukraine : perspectives
La guerre d’Ukraine montre une stabilisation des fronts qui n’est peut-être pas due seulement au mauvais temps d’hiver mais aussi à l’épuisement des belligérants. Les deux parties tentent de remonter en puissance, en hommes comme en matériel. Mais malgré leurs déclarations, aucune ne peut sérieusement envisager la victoire. Le temps des négociations est venu, sans qu’il promette autre chose qu’un cessez-le-feu.
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Lorgnette : coupe du monde
La récente coupe du monde est riche d’enseignements. Saluons d’emblée la victoire de l’Argentine et le parcours improbable mais finalement si proche du succès de la France. La compétition s’est passée dans une bonne ambiance et les grincheux des deux camps se sont tus : aussi bien les professeurs de morale qui appelaient au boycott que ceux qui annonçaient des dissensions internes à l’issue des matchs à enjeu, notamment contre le Maroc. Le bon sens a triomphé et un patriotisme tranquille a prévalu.
Ces compétitions de sport ont en effet une immense vertu : celle de transformer l’affrontement et la rivalité entre nations en un jeu qui suffit à apaiser la plupart des tensions, d’autant que les adversaires sont aléatoires. Un match entre les États-Unis et l’Iran revêt l’attention mais malgré l’arrière-plan géopolitique, l’affrontement reste bénin. Le sport permet à peu de frais (quoi qu’on dise des dépenses de la coupe du monde ou des salaires des joueurs) à la fois d’unir les nations sans les pousser dans des excès chauvins, et d’organiser des adversités dont le résultat se résout à un simple score.
Vertu pacifiante du sport qui distribue bonheur et émotions simples.
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2022 : révision stratégique (LV 207)
L’année écoulée a vu sombrer bien des stratégies qui péchaient par leur manque de profondeur et leur élaboration à une époque où le retour de la guerre n’était pas sérieusement envisagé. Le conflit d’Europe de l’est rappelle que la stratégie est une dialectique des volontés utilisant la force pour résoudre leur conflit. Une révision des réflexions stratégiques s’impose à ceux qui veulent demeurer libres.
Dossier marine nationale
A l’instar d’un précédent dossier sur les parachutistes (ici), nous sommes très heureux de publier ce numéro exceptionnel préparé par notre associé Christophe Pipolo et nos amis B. Boëne, M. Motte et M. Cuttier. Merci à eux de nous faire confiance et bonne lecture. Vous trouverez ci-dessous la présentation du dossier et les liens vers les huit articles publiés. LV