Le Grand bond en arrière (Le Cadet n° 68)

C’était à une réunion privée où Nassim Nicholas Taleb présentait son opuscule Le cygne noir ou la puissance de l’imprévisible. Je l’aborde aux petits fours et lui demande ce qu’est un cygne blanc. Il me répond la bouche pleine que tout est dans son bouquin. Non, lui réponds-je, vous y expliquez ce qu’est censé être un cygne noir mais pas un cygne blanc ? Il m’a fusillé du regard et tourné le dos.

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La Vigie 135 : L’Europe et son Sud | Le Brexit et la fin de l’UE | Lorgnette : Coronavirus : chinois ?

Lettre de La Vigie du 5 février 2020

L’Europe et son Sud

Longtemps considéré comme pré carré des pays européens méridionaux, le rivage du Sud de la Méditerranée et son hinterland deviennent aujourd’hui un enjeu qui concerne tous les pays européens, quels qu’ils soient. Seule une stratégie multilatérale à long terme permettra de résoudre les crises nombreuses de cette région qui menacent l’Europe.

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Le Brexit et la fin de l’UE

Le Brexit est donc entré dans la loi et un pays a, pour la première fois, quitté l’Union Européenne. Certes, il reste encore quelques mois de négociation pour régler les détails des relations futures mais l’essentiel est dit. L’UE perd bien plus qu’un 28ème de ses membres : outre la taille (population, PIB) ou la contribution au budget commun (qui aura des répercussions sur la solidarité envers les pays plus pauvres, souvent les derniers entrés), elle perd un acteur stratégique. Si le Royaume-Uni y perdra peut-être, l’UE voit avec son départ le commencement de la fin.

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Lorgnette : Coronavirus : chinois ?

L’épidémie de Coronavirus surprend l’observateur. Aussi bien pour son traitement en Chine, qui témoigne de la fébrilité du gouvernement alors que le rythme de croissance s’étiolait et que la reprise en main préalable voulait permettre au président Xi de mieux contrôler. La crise suscite un mécontentement populaire qu’il faut suivre avec attention, surtout si le pou-voir ne réussit pas à endiguer l’épidémie.

Accessoirement, on observe un mouvement massif de quarantaines : il s’agit de villages, de quartiers, de villes entières et même de pays, comme en témoigne la réduction drastique des relations avec la Chine et les fermetures des frontières. On peut y voir la nouvelle phase de la mondialisation, telle que nous la connaissons depuis dix ans : alors que les échanges se sont multipliés incroyablement (y compris de maladies), voici que la réaction aux effets négatifs réside dans la fermeture et le rapatriement local : ici protectionnisme, là isolement sanitaire d’un pays suspect. Le coronavirus est symbolique des temps géoéconomiques et au-delà, géopolitiques. Souhaitons que cette maladie soit contrôlée avant de tout contaminer.

JOCV

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Crédit photo :(Mick Baker)rooster on Visualhunt.com / CC BY-ND

Regard français sur 2020 : la régulation stratégique en question (LV 133)

Le dérèglement stratégique de la planète se poursuit. En 2020, c’est au plan géoéconomique qu’il pourrait encore s’accentuer. Pour la France qui doit recentrer sa stratégie et repenser ses alliances, c’est sans doute le moment de la réévaluation de ses engagements extérieurs, de la retenue stratégique et d’un effort prioritaire sur la sécurité et la cohésion publiques pour retrouver des marges de manœuvre.

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LV 128 : Pourquoi L’Indo-Pacifique ? – Vers le calme au Moyen-Orient – Lorgnette : L’inéluctable Brexit

Lettre de La Vigie du  30 octobre 2019

Pourquoi l’Indo-Pacifique ?

En dix ans, le vocable Indo-Pacifique (IP) a quasiment supplanté celui d’Asie-Pacifique. Quelles sont les raisons de ce changement du cadre géographique des politiques étrangères des principaux acteurs ? Centre de gravité démographique et économique de la planète, l’IP deviendra t-il le prochain enjeu de l’affrontement entre Pékin et Washington ou l’espace de coopération, de liberté et de développement dont le plus grand nombre pourra bénéficier ? Pour éviter la marginalisation, la France et l’Europe se doivent de développer une vison globale et cohérente de l’IP assortie de projets  qui répondrons concrètement aux attentes des différentes sous régions.

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Vers le calme au Moyen Orient

Le Moyen-Orient a longtemps été polarisé autour de la question palestinienne, puis de la question djihadiste. Désormais, nous sommes dans une nouvelle phase, initiée dès avant l’arrivée de D. Trump au pouvoir. Que ce soit en Turquie, en Syrie et même en Arabie Séoudite, les politiques évoluent et l’on peut imaginer une région moins conflictuelle que ces dernières années.

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La Lorgnette : L’inéluctable Brexit

Bien peu sont ceux capables de suivre les détours de la politique euro-britannique autour du Brexit. Constatons cependant plusieurs choses. 1/ La stratégie européenne de bloquer à tout prix le Brexit a échoué. Notons que l’UE a en effet été en partie responsable du blocage. Jusqu’à peu, il n’y avait rien à négocier. Mais finalement, l’UE a négocié. 2/ Boris Johnson a remporté son pari, contredisant toutes les spéculations. Beaucoup s’attendaient à ce qu’il ne cherche qu’un no-deal, or il a réussi à négocier, rapidement et habilement, un accord certes imparfait, ce qui est la marque de tous les accords. 3/ Le Parlement britannique a joué un rôle déplaisant, entre blocage persistant et refus de la dissolution : en effet, une autre des réformes de D. Cameron fut d’introduire un seuil à la dissolution, ce qui bloque le système. 4/ L’ultime blocage mis en œuvre contre BoJo est destiné à le contrer lui, non l’accord, ce qui pourrait conduire à un no-deal qu’on cherchait précisément à éviter.

L’absurdité est bien un trait britannique.

Mais cela ne devrait pas entraver un Brexit désormais inéluctable. Il restera alors à apprécier le résultat, dans cinq ans ou plus.

JOCV

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Source photo : Fotoblend – Willfried Wende • Pegnitz/Deutschland •

Pourquoi l’Indo-Pacifique ? (LV 128)

En dix ans, le vocable Indo-Pacifique (IP) a quasiment supplanté celui d’Asie-Pacifique. Quelles sont les raisons de ce changement du cadre géographique des politiques étrangères des principaux acteurs ? Centre de gravité démographique et économique de la planète, l’IP deviendra t-il le prochain enjeu de l’affrontement entre Pékin et Washington ou l’espace de coopération, de liberté et de développement dont le plus grand nombre pourra bénéficier ? Pour éviter la marginalisation, la France et l’Europe se doivent de développer une vison globale et cohérente de l’IP assortie de projets  qui répondrons concrètement aux attentes des différentes sous régions.

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LV 123 bis (Gratuit) : Mouvements à l’Orient | Table analytique LV 18-19

Lettre de La Vigie du 28 août 2019

Mouvements à l’Orient

L’été 2019 a vu de brusques accélérations en Asie, à l’est comme à l’ouest ou au sud. Elles sonnent un peu différemment de ce qui se passe en Afrique, (voir notre dernier numéro, LV 123). Chacun de ces mouvements aurait mérité un numéro d’analyse de La Vigie. Il nous a semblé profitable de faire un point rapide de ces évolutions et surtout des conclusions qu’on peut déjà en tirer. Le point commun est celui d’un monde extrêmement fluide où chaque partie n’hésite pas à des mouvements rapides afin de faire valoir ses intérêts : l’intérêt, tel semble désormais le maître mot de la géopolitique mondiale, du Yémen à l’Iran, de l’Inde à la Chine, de Hong-Kong à la Corée du nord. (lire la suite ci-dessous)

Table analytique de La Vigie 2018-2019

Vous trouverez ci-joint la table analytique des numéros et billets de La Vigie parus depuis un an. Mille mercis à nos contributeurs qui animent régulièrement des billets en libre lecture et viennent compléter les analyses que nous proposons par ailleurs. Cette dynamique permet l’élargissement des points de vue et permet en plus à de jeunes auteurs ou à d’autres confirmés de s’exprimer, conformément à la vocation de La Vigie.

Nous entrons dans notre sixième année et vous annoncer son bientôt quelques évolutions. Bonne lecture d’ici là, et bonne rentrée.

Tous les textes sont accessibles par un lien hypertexte (colonne de gauche)

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JDOK

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La Vigie n° 117 : La Chine et le cœur de la terre | Regard sur l’Afrique du nord | Lorgnette : élections espagnoles

Lettre de La Vigie (8 mai 2019)

La Chine et le cœur de la terre

La Chine en réémergence est, aux yeux des États-Unis, le challenger. Pourtant, malgré son besoin de revanche sur des traités inégaux imposés par des “barbares” et ressentis comme une humiliation, elle n’a pas de volonté de puissance. Certes, son initiative “Ceinture et routes” visant à se recentrer à travers l’Asie constitue une ambition  géoéconomique majeure :  on peut la voir comme une relecture des fondateurs de la géopolitique anglo-saxonne et le dessein de contrôler le heartland. Cela impose de renouveler nos calculs stratégiques.

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Regard sur l’Afrique du nord

L’Afrique du Nord est un espace stratégique mal identifié et agité par de multiples rivalités. Au centre la Libye écartelée connaît une forte poussée d’Est en Ouest qui a un effet négatif sur le Maghreb adjacent. La France doit se garder d’encourager cette dynamique perverse et promouvoir un espace maghrébin autonome du concept MENA.

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Lorgnette : élections espagnoles

Les élections générales espagnoles du 28 juin n’ont pas tout à fait permis de dénouer la profonde crise politique du pays. Certes, le PS arrive en tête et s’il s’allie avec Podemos (gauche radicale), il arrive à 11 sièges de la majorité nécessaire pour gouverner. Face à lui, le Parti populaire a perdu beaucoup de sièges, perte mal compensée par Vox, une formation de droite radicale née d’une scission. Ce bloc de droite serait appuyé par le parti centriste, libéral et anti-indépendantiste, Ciudadanos.

Autant dire qu’aucune majorité « classique » de gauche n’est possible sans l’appui de petits partis. Les partis sécessionnistes catalans n’obtiennent que 39 % des voix, ce qui relativise la question indépendantiste dans un contexte de mobilisation électorale. P. Sanchez, le leader socialiste, pourrait s’appuyer sur ERC (gauche catalane) ou sur un parti basque et quelques indépendants.

Il reste que P. Sanchez ne voudra pas lancer un référendum sur l’indépendance de la Catalogne (même si on attend les élections régionales du 26 mai pour vérifier l’intensité du mouvement indépendantiste, en recul le 28 juin, cf. LV 94). Il faut espérer que la coalition fragile qui se mettra en place permettra de refroidir la crise sécessionniste.

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La Chine et le cœur de la terre (LV 117)

La Chine en réémergence est, aux yeux des États-Unis, le challenger. Pourtant, malgré son besoin de revanche sur des traités inégaux imposés par des « barbares » et ressentis comme une humiliation, elle n’a pas de volonté de puissance. Certes, son initiative « Ceinture et routes » visant à se recentrer à travers l’Asie constitue une ambition  géoéconomique majeure :  on peut la voir comme une relecture des fondateurs de la géopolitique anglo-saxonne et le dessein de contrôler le heartland. Cela impose de renouveler nos calculs stratégiques.

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Réémergence de l’empire

La Chine obsède désormais les grands pays du monde et sa dynamique actuelle perturbe un ordre international établi pendant la Guerre froide et entretenu depuis la fin de celle-ci. Car le partage de la gouvernance mondiale qui est resté entre les mains des puissances occidentales établies semble inaccessible aux nouveaux venus des Brics. Et ils se sont organisés pour y faire face. Chacun avec ses atouts et son histoire.

La réémergence de l’Empire du milieu est donc l’occasion d’une nouvelle donne stratégique, avec l’alliance de circonstance asiatique entre Chine et Russie et la relance des routes marchandes. Plus encore, une nouvelle pratique stratégique s’installe qui doit peu aux habitudes confrontationnelles établies depuis quelques siècles. Le consensus de Washington et celui de Bruxelles ne font plus recette en 2019.

La Chine ne jouera pas le jeu de la puissance stratégique selon le mode occidental. Elle se présente à nous comme le véritable « Autre stratégique », forte d’une longue histoire et d’une philosophie que nous avons bien du mal à comprendre et à assimiler. Elle impose au monde de nouvelles règles par sa masse et sa philosophie de l’action.

C’est ce qui est exposé dans le texte qu’a donné le rédacteur en chef de La Vigie à la Revue prytanéenne dans son numéro 298 de janvier 2019 : la Chine, l’Autre stratégique. On trouvera aussi ici la recension faite dans notre n° 100 d’un ouvrage très éclairant sur une philosophie de l’action érigée en mythe, celui du Tanxia.

Tianxia- Tout sous un même ciel

Zhao Tingyang, Ed. du Cerf, 2018

Ce grand livre actualise l’antique récit chinois dont il cherche à s’inspirer. Il propose d’inclure dans une approche philosophique et sociopolitique commune tout ce qui existe sous le ciel. En allant rechercher dans le mythe chinois des clés de sagesse inclusive pour la mondialité de demain, il propose une voie politique et méthodique conduisant à une synthèse et une coexistence coopérative qui permet de réguler voire d’effacer l’altérité. À la conquête il oppose l’intégration et cherche à « fondre le dehors en dedans ». Cette conception humaniste offre une sagesse respectueuse des réalités. On y verra au choix, une subtile propagande pour une autre forme d’hégémonie, un traité d’écologie stratégique ou un exposé didactique de la supériorité de l’harmonie asiatique sur la cohérence occidentale.

JDOK

Le triangle stratégique États-Unis, Russie et Chine (D. Suslov)

A nos lecteurs attentifs, voici un très bel et trop rare exemple d’analyse de « grande stratégie ». Il nous est fourni par Dmitry Suslov, un chercheur de l’académie diplomatique de Moscou invité au récent Forum de Limes à Gènes, et témoigne de la vigueur et de la pertinence de l’école stratégique russe. Dmitry que nous avons rencontré nous a aimablement fourni le texte de son intervention que nous avons traduit et édité. Il témoigne ici de la très grande aptitude dialectique de la pensée russe à jouer de ses facteurs de force et de faiblesse et à les intégrer dans une large vision géopolitique balancée qui éclaire le positionnement médian de la Russie, celui-la même qu’évoquait déjà Castex dans des termes voisins dans ses travaux stratégiques des années 1930 (De Gengis-Khan à Staline ou Les vicissitudes d’une manœuvre stratégique, Amiral CASTEX, Édité par Société d’Editions Géographiques, Maritimes et Coloniales, 1935). Cette réflexion réaliste et brillante fait écho à celle du stratégiste américain Jeremy Shapiro que nous avons également postée récemment sur ce site (lien). Le contraste est éloquent entre deux visions stratégiques alimentées à ces deux écoles qui furent et restent antagonistes. On attend pour compléter ce paysage de trouver un chercheur chinois qui leur fera écho. On tentera de susciter à notre tour une vision française de même niveau. JDOK

Source

Dès à présent, les relations entre les États-Unis, la Chine et la Russie relèvent de la grande concurrence de puissance qui existe entre eux sur la scène mondiale. Toutefois, cette structure triangulaire n’est que temporaire et provisoire, tant s’agissant des relations entre les États-Unis, la Russie et la Chine, de leur personnalité stratégique que de la figure géométrique qu’ils composent. Dans 10 à 15 ans, le triangle actuel des grandes puissances se transformera probablement en quadrilatère, l’Inde devenant la quatrième grande puissance mondiale – ou plutôt en trapèze – avec les États-Unis et la Chine, qui seront devenus des acteurs plus puissants que la Russie et l’Inde. Continue reading « Le triangle stratégique États-Unis, Russie et Chine (D. Suslov) »