Le Cyber des Tartares (Le Cadet n° 77)

Ça y est, elle a eu lieu, la grande attaque, celle que les Drogo du marché du cyber modélisaient depuis si longtemps, ce jour où l’ennemi viendrait qui les ferait héros. Mais comme pour la nouvelle souche du Covid, rien n’est prêt.

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La faute en est aux agresseurs, ces vilains dont on ne saura jamais, en vertu du principe d’inattribution, s’il s’agit d’un homme seul ou d’une tribu de Tartares – pour citer un fameux monologue melvillien –, et qui se sont engouffrés dans les failles. L’ennemi, écrivait déjà Marc Bloch, est un « malappris qui ne fait jamais ce qu’on attendait de lui ». Le hacker devrait traverser dans les passages cloutés et attendre qu’on l’y pince : sinon il triche et c’est pas du jeu, comme on se lamente dans ces cours de récréation que sont les cyber-commandements. Répétons-nous : on n’a toujours pas compris le Théorème Maginot qui dit que des brèches de vulnérabilité sont non seulement créées à proportion des tentatives de verrouiller un front, mais que même lorsqu’on a prévu l’hypothèse des Ardennes, on échoue à la prévenir. La prochaine étape de cette bétonisation du numérique est la 5G et ses portes d’entrées démultipliées. Si les civilisations sont mortelles, il en est des carrément suicidaires.

Pourquoi s’épuiser à tenter d’investir ces espaces fluides qui ne pourront jamais l’être totalement, où nous serons toujours contournés ? L’adversaire y est ? Il est surtout présent au Sahel, en sandales et 125 cm3. Et les Russes n’en sont pas loin, qui nous ont déjà chassé d’Afrique centrale. Sans doute, mais il faut être sur le réseau pour défendre les serveurs – où 95 % des données n’ont rien à y faire – et agir comme influenceurs. Alors, tandis que le taux de disponibilité de certaines de nos armes sombre dans l’infinitésimal, on budgétise dans des régiments de Zouaves chers à Raymond Devos pour faire joujou devant des écrans. Jusqu’au jour où l’Amérique, via Facebook, nous retire le tapis de sous les pieds et supprime nos comptes. Une récente couverture de Time l’a montré : avec un tel allié, la France n’a pas besoin d’ennemi. Quel couillon, ce Louis XVI !

Ce qu’il nous faut également, dit un récent rapport, c’est un guerrier augmenté, comme dans les comics de Marvel. Puis on l’entourera d’une armure pour prévenir une prise de contrôle à distance de ses prothèses. Toujours le syndrome Maginot : créer des failles puis tenter de les colmater. C’est certainement plus urgent que de fournir des hélicoptères lourds à Barkhane (le Danemark retire les siens, les Britanniques récupèrent les leurs), de remplacer nos Transall en Afrique ou d’éviter d’avoir recours à un chausse-pied chaque fois qu’il faut charger un Griffon dans un A-400M. Même si c’est plus délicat que de greffer la Légion d’Honneur sur la veste d’un dictateur du Nil, espérons au moins que ça permettra à nos soldats de voler, faute de quoi les prochaines OPEX se feront sur la plage de Cavalaire. Des fois que les Tartares parviennent jusque-là.

Le Cadet

La Vigie n° 157 : Bilan 2020 | Manœuvres numériques | Lorgnette : Brexit, finalement

Lettre n° 157 de La Vigie datée du 23 décembre 2020

AMR 2020 : bilan d’une année qui a mis le monde en panne

En un an un grave accident sanitaire a submergé la planète et mis le monde entier en panne. Et l’année 2020 va entrer la liste des grands millésimes stratégiques du siècle, aux côtés de 1945, 1989 et 2001. Certes les tensions qui ont présidé au monde d’avant la pandémie ont surnagé mais la donne stratégique a profondément muté, de nouvelles dialectiques émergent mais on ne voit poindre aucun équilibre possible à l’horizon. Voici un point de fin d’année sur cet épisode hors norme.

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Manœuvres numériques

Ce mois de décembre voit crépiter plusieurs affrontements cyber de haute intensité : qu’il s’agisse de sabotage, de subversion ou d’espionnage, les puissances s’affrontent dans l’espace numérique, à un degré rarement connu. Le cyberespace est bien en conflictualité permanente, mais sous le seuil. Pour autant, d’autres affrontements surgissent, cette fois-ci entre États et puissances privées du numérique : que ce soit aux États-Unis ou dans l’Union européenne, des initiatives juridiques visent à mettre au pas ces nouveaux opérateurs aux moyens démesurés et aux ambitions inconnues.

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Lorgnette : Brexit, finalement

La négociation entre le Royaume-Uni et l’Union européenne sur les modalités du Brexit a déjoué toutes les échéances envisagées. On nous avait dit qu’on ne pourrait dépasser octobre, puis novembre avec le couperet du 31 décembre. Les deux parties sont allées bien au-delà puisque le l’accord n’a toujours pas été prononcé le 22 décembre. C’est impressionnant.

D’un côté, on ne peut qu’admirer Boris Johnson qui aura su cacher son intention jusqu’au bout : personne ne savait vraiment s’il voulait un accord ou seulement un prétexte pour justifier un hard Brexit à son opinion publique. Peut-être même n’avait-il pas choisi, attendant le résultat de l’élection américaine pour se décider. Il reste qu’il a su préserver jusqu’au bout sa liberté de manœuvre et donc peser en permanence sur le contenu de la négociation.

De l’autre, la solidité de l’UE est, elle aussi, remarquable. Alors que Londres espérait pouvoir fissurer le bloc européen, celui-ci a tenu contre vents et marées et a résisté à la pression britannique. Cela prouve des nerfs collectifs éprouvés qu’il faut saluer. Quant au Brexit, nous verrons d’ici dix ans quels en seront les effets réels sur les deux parties.

JOCV

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Crédit photo : Christiaan Colen on VisualHunt / CC BY-SA

Manœuvres numériques (LV 157)

Ce mois de décembre voit crépiter plusieurs affrontements cyber de haute intensité : qu’il s’agisse de sabotage, de subversion ou d’espionnage, les puissances s’affrontent dans l’espace numérique, à un degré rarement connu. Le cyberespace est bien en conflictualité permanente, mais sous le seuil. Pour autant, d’autres affrontements surgissent, cette fois-ci entre États et puissances privées du numérique : que ce soit aux États-Unis ou dans l’Union européenne, des initiatives juridiques visent à mettre au pas ces nouveaux opérateurs aux moyens démesurés et aux ambitions inconnues.

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Contact-tracing face au covid-19 : pas d’autres choix que l’audace (G-P Goldstein)

Guy-Philippe Goldstein nous a déjà gratifié de deux articles sur le COVID 19 (ici et ici). Il revient pour nous sur le sujet, en évoquant la question du traçage électronique, qui fait débat actuellement. Merci à lui. LV.

Il y a cinq semaines déjà, le 11 mars dernier, nous publions déjà dans ces lignes les points clés d’une réponse inspirés des bons résultats alors déjà observables en Corée du Sud et à Taïwan, en compléments des gestes barrières et des premiers éléments de distanciation sociale déjà appliqués en France. Cette réponse mettait en avant (1) les tests ; mais au-delà, (2) le volet numérique, offrant une gamme large de solutions tant dans le repérage que dans le télétravail, qui n’existaient pas encore dans les plans épidémiques datant de plus d’une dizaine d’années ; et enfin (3) un tempo rapide, et donc audacieux, afin de prendre de vitesse une épidémie foudroyante.  Prise à la gorge parce que trop lente à réagir, la France a finalement appliquée des mesures sévères de confinement six jours plus tard, bien plus strictes et limitant les libertés individuelles que ce qui existe en Corée du Sud. L’objectif était de se donner du temps, justement. Et pour finalement mettre en place « une approche proche de la Corée du Sud », comme l’a dit Jean-François Delfraissy, le président du conseil scientifique[i].

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Or, d’après le gouvernement de Corée du Sud lui-même, une part importante de la réponse tient dans le volet numérique[ii], appliquée justement de manière rapide et audacieuse. Et pourtant, le volet numérique a été traité quasiment « à la sauvette », tant dans la déclaration du Président du lundi 13/4 que surtout dans l’intervention du Premier Ministre du 19/4, pourtant relativement détaillée et exhaustive. On sent bien qu’un cadre politique rigide est en train d’être défini tant par le sommet de l’exécutif que par les partis d’opposition, l’ensemble concourant au même groupthink idéologique incapable de se questionner alors qu’une crise sans précédent frappe l’Europe, et qui était déjà à l’origine du fiasco du premier tour des municipales. A cause de ce cadre, le volet numérique risque d’échouer en France  malgré tous les talents et bonnes volontés réelles qui s’y sont investis. Il faut donc comprendre (1) Pourquoi le numérique est l’un des piliers de la gestion de l’épidémie ; (2) pourquoi nombre de peurs et de réticences sont inappropriées ; (3) Comment avancer à la fois dans le respect de nos valeurs et dans le pragmatisme qu’impose l’extraordinaire situation sanitaire et économique actuelle.

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Cyber et drones (P. Etcheverry)

Ce livre paru il y a un an n’a pas reçu l’écho qu’il mérite. Il s’inscrit dans ce champ classique de l’art de la guerre qui consiste à analyser le recours à la technique, source de révolution, de rupture et de bouleversement stratégiques.

Après l’arme atomique dont on avait pensé que l’usage interdirait la guerre, ce qui ne fut pas, car la guerre entre sociétés semblables et « du fort au fort » fut remplacée durant les décennies de la guerre froide par des guerres périphériques, révolutionnaires, de décolonisation, où chacun des leaders de chaque camp, détenteur de l’arme ultime, s’ingérait. L’URSS abattue, on pensa alors « tirer les dividendes de la paix » puisque les États-Unis, vainqueurs du duel, se retrouvaient sans ennemi de leur niveau. C’était même la fin de l’histoire[1] par la victoire de la liberté.

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La Vigie n° 121 : Il n’y a pas de cyberguerre | L’équation de la stratégie | Lorgnette: Désescalade

Lettre de la Vigie du 3 juillet 2019

Il n’y a pas de cyberguerre

L’expression cyberguerre sonne bien et est régulièrement employée par beaucoup : Pourtant, elle est fausse, ce qui ne signifie pas qu’il n’y ait pas une cyberconflictualité latente marquée par l’opposition de tous contre tous. Par ailleurs, la guerre n’ignore le cyberespace car il y a au contraire beaucoup de cyber dans la conduite de la guerre et des opérations militaires.

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L’équation de la stratégie

La grande stratégie est l’art des combinaisons. L’équation de la stratégie de la France est simple à énoncer, mélange de défense d’intérêts, d’exercice de responsabilités, de valeurs assumées, d’atouts valorisés et de faiblesses compensées. Dans la friche stratégique actuelle elle est difficile à établir, notamment en présence d’une profonde crise européenne et d’une panne de multilatéralisme.

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Lorgnette : désescalade

Entre Iran et États-Unis, le torchon brûle depuis des semaines et les observateurs peinent à décoder les discours menaçants, les invectives vengeresses et les déclarations provocatrices. On notera que l’initiative de la dérégulation vient de Washington depuis deux ans, d’un président qui jette aux orties l’Accord de Paris, le JCPoA iranien, le traité FNI et tout dispositif multilatéral qui amoindrirait la position de force à partir de laquelle il veut restaurer la prédominance des intérêts américains dans le monde. On a noté avec intérêt que le clan des Européens était resté uni dans la préservation de cet accord avec l’Iran et qu’il s’est engagé dans une résistance résolue à la position américaine. L’Occident n’est plus ici qu’une fiction, les intérêts et les méthodes divergent.

Restent deux pays bien embarrassés qui tentent de s’entremettre avec des atouts pour le faire, le Japon et la France, dont les analyses stratégiques convergent de mieux en mieux, notamment sur les questions maritimes. Lors du dernier G20, bien décevant par ailleurs, ils ont été des artisans de la désescalade.

La désescalade, voilà bien la grande stratégie dont la France doit être l’artisan inlassable dans le monde (LV 89).

JDOK

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Crédit photo : trendingtopics on VisualHunt / CC BY

Il n’y a pas de cyberguerre (LV 121)

L’expression cyberguerre sonne bien et est régulièrement employée par beaucoup : Pourtant, elle est fausse, ce qui ne signifie pas qu’il n’y ait pas une cyberconflictualité latente marquée par l’opposition de tous contre tous. Par ailleurs, la guerre n’ignore le cyberespace car il y a au contraire beaucoup de cyber dans la conduite de la guerre et des opérations militaires.

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N° 83 – 6 décembre 2017 : Enjeu calédonien – Stratégie digitale – Vu de la Lorgnette : Diplomatie et stratégie.

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Extrait des articles présents dans cette lettre :

Enjeu calédonien

Dans un an, la Nouvelle Calédonie aura redéfini les termes de référence de sa souveraineté comme le prévoient les accords de Nouméa de 1998. Il est possible que ce rendez-vous politique conduise à une forme originale d’indépendance déléguant en retour à la France une partie de ses responsabilités stratégiques. Cette formule pourrait servir de base à d’autres évolutions statutaires des outremers français et dessiner une nouvelle personnalité d’une France plurielle à l’échelle du monde.

 

Stratégie digitale

Loin des fantasmes publics autour de l’Intelligence Artificielle, les armées font face à la quatrième révolution informatique, après celle de l’ordinateur individuel, de sa mise en réseau et des réseaux sociaux. La transformation digitale constitue ainsi un nouveau défi qui s’ajoutera à ceux du C4 et du cyber. De l’internet des objets à l’infrastructure en nuage, de la réalité augmentée aux intelligences artificielles, voici autant de défis stratégiques qu’il faut relever, du point de vue technique, tactique, stratégique ou des compétences à développer : un nouveau champ de réflexion s’ouvre à nous.

Lorgnette :   Diplomatie et stratégie digitale

JDOK

Photo crédit :  Roger Le Guen on Visual hunt / CC BY-NC-SA

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