Grand spécialiste des Etats-Unis qui constituent son principal sujet de recherche, J-Ph Immarigeon nous confie son analyse des derniers événements washingtoniens. Car selon lui, l’Amérique est très prévisible. Même Trump. Surtout Trump Merci à lui. LV
« Il n’est pas nécessaire que des hypothèses soient vraies ni même vraisemblables ; une seule chose suffit, qu’elles offrent des calculs conformes à l’observation. » C’est, on le sait, de cette petite phrase dans la préface de l’édition de 1543 de De Revolutionibus de Nicolas Copernic, due à la plume d’Andreas Osiander, qu’est née la pensée européenne. Nous dirions aujourd’hui que l’essentiel est d’avoir le bon logiciel au bon moment, qu’importe qu’il soit, dans un absolu qu’on ne connaîtra jamais, conforme ou non à un réel qui nous échappera toujours. Ce qui vaut pour la philosophie mais surtout la science vaut également pour la politique et la géostratégie. Il n’est de chaos du monde qui ne soit qu’un défaut dans les hypothèses faites, ontologiquement limitées même dans le monde fini de Paul Valéry. C’est ce que me confiait, de retour de l’ambassade de Washington, le général Vincent Desportes en m’avouant que, dans le flou total où la politique de Bush junior avait alors mis notre diplomatie, les articles parus dans la Revue Défense Nationale avaient été utiles [1], qu’on soit ou non d’accord avec ma vision de l’Amérique, que j’ai moi-même compris ou non l’essence de cette nation ; l’essentiel avait été que la grille de lecture ait permis de comprendre l’Amérique à ce moment précis.
J’ai pu dans le même temps réunir et développer ces hypothèses dans quatre essais [2] dont la lecture serait utile à toutes celles et ceux qui, depuis un mois, ne cachent même plus qu’ils ne comprennent rien à une Amérique pourtant d’une prévisibilité déconcertante, pour peu qu’on fasse l’effort depuis un quart de siècle de la comprendre telle qu’elle nous dit être.
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