La Vigie n° 179 : La France en 2050 | La question américaine | Lorgnette : Bosnie oubliée

Lettre de La Vigie du 10 novembre 2021

La France en 2050

L’actualité s’empresse d’insister toujours sur les crises du moment et les défis aux apparences insurmontables : inversons le point de vue et considérons de quels atouts dispose la France pour être encore ce qu’elle est en 2050. Le tableau est moins noir que ce qu’on assure souvent.

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La question américaine

Le trumpisme n’a pas disparu après la dernière élection présidentielle. Tout comme les Démocrates refusaient il y a cinq ans la victoire de Trump, les Républicains refusent la victoire de Biden. Celui-ci a été mal élu et peine à mettre en œuvre ses réformes et à unifier les Démocrates, divisés entre radicaux et conservateurs. Aussi une défaite aux prochaines élections (mi-mandat, présidentielle 2024) est-elle fortement envisageable. Une deuxième présidence Trump aggraverait la fragmentation du pays.

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Lorgnette : Bosnie oubliée

Qui se souvient encore de la Bosnie-Herzégovine ? ce petit pays, né en 1995 de l’éclatement de l’ex-Yougoslavie, n’a jamais trouvé d’équilibre politique. Cette réunion entre une « fédération croato-musulmane » et une « Republika Srpska » n’a jamais fonctionné. Elle est placée sous la tutelle de l’Union Européenne qui ne s’y intéresse plus. Aussi voit on le leader serbe agir peu à peu en faveur de la séparation (et à terme de la réunion de la partie serbe avec la Serbie de Belgrade). Dans la population, chacun parle d’un éventuel retour à la guerre.

Or, cela n’inquiète guère la communauté internationale et notamment l’Europe qui s’accommode d’un trou noir dans les Balkans et n’a aucune perspective à proposer. L’Union peine ainsi à promouvoir une solution négociée entre le Kosovo et la Serbie. Il n’est même pas sûr qu’une sécession de la partie serbe de Bosnie se fasse dans la violence. Au fond, certains pensent peut-être que cette séparation constitue une option logique et que 25 ans après, la lassitude aidant, on admette ce qui était considéré alors comme inadmissible. Mais on risquerait alors d’ouvrir la boite de Pandore des rectifications de frontière en Europe. Ce dont elle n’a pas besoin.

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Crédit photo: The White House

La question américaine (LV 179)

Le trumpisme n’a pas disparu après la dernière élection présidentielle. Tout comme les Démocrates refusaient il y a cinq ans la victoire de Trump, les Républicains refusent la victoire de Biden. Celui-ci a été mal élu et peine à mettre en œuvre ses réformes et à unifier les Démocrates, divisés entre radicaux et conservateurs. Aussi une défaite aux prochaines élections (mi-mandat, présidentielle 2024) est-elle fortement envisageable. Une deuxième présidence Trump aggraverait la fragmentation du pays.

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Mourir pour Hong-Kong (Le Cadet n° 85)

Dans les premiers jours de juin 1989, vivant à San Francisco, je n’avais comme source d’information que BBC World Service qui relatait en direct les massacres de Tien-An-Men avant d’enchîiner, sans transition, sur les premières notes guillerettes d’Out of the Blue qui servent depuis 1948 à annoncer les résultats sportifs de la veille. Les Godons ne seront jamais des gens sérieux. Et puis ce fut le silence des agneaux. Deux mois plus tard pourtant, durant un séjour à Hong Kong, plusieurs banquiers m’annoncèrent une crise financière pour le 2 juillet 1997 en début de matinée : on ne fait pas entrer une dictature sanguinaire au cœur du système financier sans tout casser. Huit ans passèrent, et au jour et à l’heure dite d’ouverture de la bourse de Hong Kong, surlendemain de la rétrocession (la veille avait été férié), tous les marchés d’Asie dévissèrent.

Or en 2021 les analyses argumentées venant d’organismes prestigieux mettent sous cette crise de multiples prétendues causes, bulle immobilière japonaise ou manipulations du bath thaïlandais, mais omettent, y compris dans la chronologie des événements, de rappeler que le 30 juin 1997 à minuit, un régime militaire communiste mit la main sur Hong Kong. La cécité reste totale, l’aveuglement complet, le déni permanent. Tocqueville relevait déjà la fascination pour la Chine des économistes libéraux, ces inventeurs du despotisme moderne [1]. Et il aura fallu plus de trente ans, la crise du Covid et l’impudence des diplomates de Pékin, pour que les Occidentaux fassent semblant de redécouvrir que la Chine, ce n’est jamais que la Corée du nord avec l’électricité [2]. Et encore.

Car avec un EPR qui fuit, des métros sous l’eau, des barrages sur le point de céder, un rationnement et des coupures d’énergie, un immobilier qui s’effondre, une démographie qui fait de même, une population majoritairement hors du temple de la consommation, comment ne pas sourire au spectacle ridicule d’une armée d’opérette qui se vante de pouvoir prochainement réussir dans le détroit de Formose ce que Napoléon et Hitler ratèrent naguère dans le Channel ? Nombreux sont d’ailleurs les Chinois qui prédisent une chute prochaine [3].

Mais ce sera trop tard pour Hong Kong sacrifié à un remake inversé du péril jaune de nos arrières grands-parents, tout aussi fantasmé, par des Occidentaux qui, pour reprendre le mot d’un personnage emblématique de l’humour britannique, le Colonel Blimp de David Low, ont depuis longtemps fait le choix irrévocable de se laisser guider d’une main ferme par les circonstances.

Le Cadet

[1] L’Ancien régime et la Révolution, Livre III Chapitre III, 1856.

[2] Voir Le Cadet, dans la Revue Défense Nationale n° 768, « Le monde d’avant-demain », mars 2014 ; sur La Vigie, « Le grand bond en arrière », n° 68, février 2020 ; « L’empire de la déraison », n° 72, juin 2020.

[3] Lire du professeur Xu Zhangrun, Alerte virale, quand la colère est plus forte que la peur, R&N Editions, 2021.

La Vigie N° 175 : Vingt ans après (le 11 septembre) | Milieu terrestre : quel avenir ? | Lorgnette : Guerre au Tigré

Lettre de La Vigie du 15 septembre 2021

Vingt ans après (le 11 septembre)

Qui se souvient du 11 septembre ? Beaucoup moins de gens qu’on le croit alors que ce fut le premier événement ayant une résonance immédiatement mondiale, victoire stratégique des agresseurs. Elle marqua un tournant de l’Amérique, qui n’est pas aussi définitif qu’on le dit ; l’islam politique est apparu central, même si personne ne s’ait s’il est vraiment durable. Enfin, le 11 septembre marqua le début des désillusions européennes dont nous ne sommes pas sortis.

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Milieu terrestre : quel avenir ?

L’armée de terre française n’a pas forcément été sous les feux de la rampe dernièrement. Selon ses propres dires, elle se prépare à des guerres de plus en plus dures et sa remontée en puissance, notamment capacitaire, est en cohérence avec sa nouvelle doctrine. Pourtant, face à la dangerosité du monde, il nous faudra trouver des alliés fiables.

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Lorgnette : Guerre au Tigré

Depuis novembre 2020, la guerre sévit au nord de l’Éthiopie. Le premier ministre éthiopien Abiy Ahmed, qui a reçu le prix Nobel de la paix en 2019 pour sa réconciliation avec l’Érythrée, s’est en effet lancé dans une politique de centralisation de ce pays fédéral. Rapidement il a voulu mettre au pas le Tigré, province du nord qui avait joué un rôle politique majeur au cours des décennies passées : ce sont les Tigréens qui avaient mis à bas le régime de Mengistu (le Staline noir), et avait dirigé le pays depuis 1991.

Minoritaires (7% des 110 Mh), ils s’étaient alliés avec l’ethnie Oromo mais avaient dû quitter le pouvoir il y a trois ans car leur gestion était jugée trop partiale. Celle de leur successeur qui était apparu comme un homme de compromis l’a été encore plus puisqu’il a lancé les hostilités l’an dernier. Or, après des revers initiaux, les Tigréens ont repris l’avantage et repoussé aussi bien les Érythréens qui attaquaient au nord que l’armée éthiopienne venant du sud. Depuis, ils se sont alliés à d’autres ethnies et le modèle fédéral menace d’éclatement, alors que les massacres et exactions se multiplient.

Le 2ème pays le plus peuplé d’Afrique risque sa survie.

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Crédit photo :SeeMidTN.com (aka Brent) on VisualHunt.com

LV 175 : Vingt ans après (le 11 septembre)

Qui se souvient du 11 septembre ? Beaucoup moins de gens qu’on le croit alors que ce fut le premier événement ayant une résonance immédiatement mondiale, victoire stratégique des agresseurs. Elle marqua un tournant de l’Amérique, qui n’est pas aussi définitif qu’on le dit ; l’islam politique est apparu central, même si personne ne sait s’il est vraiment durable. Enfin, le 11 septembre marqua le début des désillusions européennes dont nous ne sommes pas sortis.

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American Bashing (Le Cadet n° 84)

C’est un refrain ! C’est un chant ! C’est un hymne ! Que dis-je, c’est un hymne ? C’est un oratorio d’anti-américanisme débridé qui est entonné par nos cousins d’outre-Channel depuis le 15 août, mettant à l’unisson la presse de tous bords et les Communes, là où Tory et Labour communient dans une même dénonciation de leurs anciennes Treize Colonies, ajoutant les récriminations de Theresa May aux éditoriaux ravageurs de The Economist. Outre-Rhin ce n’est pas mieux, les plus hautes autorités ont fait part de leur amertume devant le lâchage américain.

Car par-delà une défaite programmée et datée (voir le Cadet du 24 juillet), débâcle très relative et déjà consommée militairement sur le terrain dès 2010, retraite que les États-Unis encaisseront toute honte bue et amortiront comme toutes celles qu’ils ont subies depuis 1945, par-delà le sort des femmes afghanes instrumentalisées comme vitrine de ce qui n’était qu’une occupation, ou des auxiliaires de l’OTAN dont on ne commence l’évacuation que lorsqu’elle devient impossible, c’est le ridicule d’Européens suivistes et aveuglés par un mythe de puissance sur lequel les Américains eux-mêmes sont beaucoup plus lucides, qui provoque un tsunami dans les relations transatlantiques. Et encore, tsunami est un grand mot pour ce qui n’est déjà qu’une vaguelette. L’OTAN ne serait qu’un piège à cons ? Charles de Gaulle le disait déjà il y a soixante ans [1].

Car quelle différence entre Kaboul et Saïgon, entre la Géorgie en 2008 et Suez en 1956 ? À quoi rime cette découverte toujours renouvelée d’une Amérique qui ne cesse de se dérober alors que nous savons, depuis vingt ans, l’ineptie de cette guerre expéditionnaire, son inconsistance militaire et son inutilité diplomatique ? Il faut revoir – sur Netflix – le film War Machine, bancale adaptation de l’essai de Michel Hastings, The Operators : The Wild and Terrifying Inside Story of America’s War in Afghanistan, le journaliste qui fit tomber Stanley McChrystal avec son article de 2010 paru dans Rolling Stone, « The Runaway General ». Tout était écrit, et ce n’est pas le retrait qu’on dit précipité qui est déroutant, c’est que l’Amérique ne soit pas partie il y a déjà dix ans. Ce qui choque ses alliés est que, durant cette décennie, ils n’ont ni rechigné ni objecté, ils ont fait ce que le Pentagone commandait en croyant que l’Article 5 valait engagement réciproque. Leur dépit théâtral est à la mesure de leur aveuglement proverbial.

On n’entend d’ailleurs pas, pour cette fois, les Trissotins de l’Atlantisme tenter de renverser la cabane et s’extasier sur le fait que les Américains finiront bien par gagner une guerre, vu qu’ils restent les plus forts et seuls à pouvoir mettre en place un pont aérien qui évacue 100 000 réfugiés en trois semaines. Il est vrai que, depuis Valley Forge, les anciens Insurgents ont une longue expérience des retraites. Et ce n’est peut-être que cela, l’American Way of War. Les Polonais et autres Ukrainiens feraient bien d’y penser tant qu’il est encore temps.

[1] « (Les Américains) veulent rester bien au chaud. Ce qui peut se passer, en réalité, ils s’en foutent complètement, même s’ils font semblant de s’y intéresser. Ce n’est pas ça qui les empêchera de dormir. » Verbatim du 22 août 1962, rapporté par Alain Peyreffite.

Le Cadet

Source photo

La Vigie n° 174 (gratuit) : Inquiétudes et remises en cause | Afghanistan : raison garder | Lorgnette : bilan d’année | Table des publications 20-21

Lettre de La Vigie du 1er septembre 2021 en lecture gratuite

Inquiétudes et remises en cause

Au sortir de l’été, une profonde inquiétude intérieure se fait jour. Elle tient à une nouvelle génération, dite des Milléniaux, mais aussi à une fracture géographique profonde du territoire. Le malaise ambiant dépasse la question du passe sanitaire et attend finalement une nouvelle stratégie intérieure, homogène et cohérente, donnant du sens à notre communauté nationale. Loin du déclinisme de certains ou des mots d’ordre simplistes, les atouts de la France doivent être mobilisés pour reconstruire la cohésion.

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Afghanistan : raison garder

Le retrait d’Afghanistan était logique et ne surprend que les candides. Il s’inscrit dans une continuité américaine qui date d’Obama. Il ne constitue pas pour autant un déclin profond des États-Unis qui suivent leurs intérêts stratégiques du moment, comme ils ont toujours fait, ce qui ne devrait pas surprendre les Européens.

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Lorgnette : Bilan d’année et huitième année

Vous trouverez ci-joint la table analytique des numéros et billets de La Vigie parus depuis un an.

Nous avons publié 118 textes cette année, dont 31 écrits par des auteurs extérieurs : Mille mercis à nos contributeurs qui viennent compléter nos analyses. Cette dynamique permet l’élargissement des points de vue ainsi qu’à de jeunes auteurs ou des auteurs confirmés de s’exprimer, répondant à la vocation de La Vigie. Par ailleurs, nous avons publié 46 articles supplémentaires en libre lecture (outre les Lorgnettes, divers articles de blog). Au total, 71 textes peuvent être lus sans abonnement, même s’ils n’ont pas la cohérence recherchée par la lettre bimensuelle.

Sur les 118 textes, 58 ont traité de thèmes transversaux, 60 de zones géographiques données. 28 articles parlent de stratégie (générale, militaire ou de milieu), sans parler de ceux évoquant la géopolitique ou la dissuasion militaire. Pointons une série sur le stratégie spatiale, grâce notamment à notre stagiaire, que nous remercions ici. Notons également quelques considérations plus générales (environnement, religion, culture), des nécrologies et des fiches de lecture.

L’Europe a retenu particulièrement notre attention (avec une série qui sera regroupée en dossier), ainsi que l’Afrique (Sahel et Maghreb). L’Asie et le Moyen-Orient suivent, tandis que les Amériques, l’Arctique, l’Asie centrale et du sud et la Russie ont été peu traitées.

Nous entrons dans notre huitième année. Plus que jamais, la fluidité stratégique est à l’ordre du jour et la crise économique qui s’annonce, les résultats de l’élection américaine ou les prémices de la campagne présidentielle française accentueront la difficile lecture de haut niveau de notre environnement. Nous nous attacherons, plus que jamais, à vous présenter nos analyses. Nous vous annoncerons bientôt quelques évolutions.

Bonne lecture d’ici là… et bonne rentrée !

Table des publications 2020-2021

La table des publications de La Vigie au cours des derniers mois est jointe à ce numéro. Vous pouvez la consulter en téléchargeant le numéro pdf ici.

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Crédit photo : raumark_pfsoe on VisualHunt.com

LV 174 : Afghanistan : raison garder

Le retrait d’Afghanistan était logique et ne surprend que les candides. Il s’inscrit dans une continuité américaine qui date d’Obama. Il ne constitue pas pour autant un déclin profond des États-Unis qui suivent leurs intérêts stratégiques du moment, comme ils ont toujours fait, ce qui ne devrait pas surprendre les Européens.

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La diagonale de la défaite (Le Cadet n° 83)

C’était une défaite annoncée, prévisible et prévue. Le Cadet, qui y a consacré plusieurs billets, n’écrivait-il pas il y a huit ans que « nous allons devoir dégager d’Afghanistan après plus de dix ans d’une guerre introuvable » [1] ? Un journaliste du Daily Telegraph rapportait dès juin 2006 ce constat d’une armée américaine en pleine débandade, uniquement préoccupée de sa survie, bande d’irréguliers incapables d’initiatives (voir l’opinion de Churchill à propos du fiasco d’Anzio) mal entraînés et mal équipés, MASH en moins drôle. La Rand Corporation avait elle-même annoncé la défaite dans plusieurs rapports circonstanciés en 2008 [2].

Qu’est allée faire la France dans cette galère, et que fait-elle dans une alliance militaire avec une nation de Puritains qui ignorent d’autant plus le monde qu’ils s’en croient rejetés et vont finir par l’être ? Pourquoi titrer, comme certain hebdomadaire, sur la déroute de l’« Occident » ? On va encore mettre cette débâcle sur le compte de l’ineptie du projet de nation building, pour ne pas voir celle d’une armée américaine qui ne connaît que la répétition du trauma, qui crut venger à My Lai la déculottée de Québec de 1775, qui envoya son 7th Cavalry tenter de gagner à Bagdad, comme à Wounded Knee, la bataille perdue de Little Big Horn. Une armée qui, profitant du débarquement à Newport d’un contingent de troupes françaises en 1778, ne trouva rien de plus pressé, après trois ans d’inaction contre les Red Coats, que de faire une razzia sur les villages indiens de l’Ohio ; dont l’urgence, en pleine Guerre de Sécession et poussée confédérée, fut de pendre en 1862 une trentaine de Sioux Lakota. Une armée de carabiniers d’opérette et de tortionnaires acnéiques livrés en Afghanistan aux mêmes pulsions que dans leurs collèges du Middle West, de faux caïds suprémacistes à qui les Britanniques ne parvinrent jamais à faire ôter les lunettes teintées, à qui les Français tentèrent en vain d’expliquer qu’il faut boire le café que le chef de village vous offre de mauvaise grâce, le village étant rasé le lendemain par un de ces AC-130 Gunship inventés au Viêt Nam (The aircraft that the Taliban feared most, se vante pornographiquement l’USAF), parce qu’un opérateur de drone, devant son écran dans le Nevada, a cru apercevoir un Taliban au milieu de la noce.

Mais l’Amérique ne se sent ni responsable ni coupable, et surtout pas d’abandonner les Afghans. « Les Soviétiques avaient laissé un gouvernement qui tint encore trois ans : combien de temps faudra-t-il aux barons de la drogue à qui nous confions les clefs du pouvoir, pour les abandonner aux Taliban ? [3] » Le temps qu’il faudra pour publier ces lignes. Mais pas beaucoup plus.

Le Cadet

[1] Pour la Revue Défense Nationale : « En attendant, mon officier… » Tribune n° 116, juillet 2011 ; « Drone mon amour », RDN, n° 761, juin 2013 ; « COIN COIN », RDN n° 767, février 2014. Sur La Vigie : « L’art de perdre la guerre », n° 58, février 2019.

[2] Parmi ces Counterinsurgency Studies publiées en cinq parties et une synthèse : Volume 4, Counterinsurgency in Afghanistan ; Volume 5, Rethinking Counterinsurgency in Afghanistan.

[3] « COIN COIN », op. cit.

La marche du monde: typologie des fractures et fissures en Amérique et en Europe en 2021

Nous sommes heureux de publier cet article fouillé, proposés par Jean Dufourcq qu’on ne présente plus et Pierre Laroque, X, ancien de Stanford et consultant énergie, est un observateur averti de la démocratie aux États-Unis où il réside. Merci à eux. LV

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  • Redémarrer, autrement ?

La pandémie du Sras-Cov2 qui sévit sur toute la planète a provoqué une panne générale dans la dynamique des sociétés et révélé des mouvements de fond occultés par la course effrénée au progrès qui sévissait jusque-là. Car un peu partout, les peuples en mouvement questionnent les projets qui les unissent et les structures qui les administrent. Ils disent leur volonté de reprendre la main sur leurs gouvernants.

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