Après la disparition du général Souleimani

L’assassinat, dans la nuit de vendredi, du général Souleimani par une frappe de drones américains a suscité beaucoup d’effroi et de commentaires, certains y voyant même le début de la troisième guerre mondiale. Cela est probablement excessif mais l’événement est à replacer dans une perspective plus large.

Source

1/ L’année 2019 fut en effet chaude du point de vue des relations américano-iraniennes. Rappelons qu’à la suite de la sortie des États-Unis de l’accord nucléaire (dit JCPOA), Washington n’avait cessé de choisir une stratégie de la tension, du rapport de forces et de l’escalade. Ce furent des sanctions, des menaces nombreuses, des frappes de drones… qui n’eurent finalement pas beaucoup d’effet, en apparence du moins. Continue reading « Après la disparition du général Souleimani »

Europe-Asie : mêmes équations ? (LV 130)

En vingt ans, la France et le Japon sont devenus des partenaires stratégiques du XXIème siècle rétablissant un niveau de relations que les deux pays n’avaient pas connu depuis l’avènement de l’ère Meiji, contribuant à l’ouverture de l’archipel à la modernité à la fin du XIXème siècle. Au fil du XXème, après avoir été alliés lors du premier conflit mondial, ils sont devenus des alliés des États-Unis après 1945. Dotés de cultures stratégiques différentes qui rendent compte de leurs histoires distinctes, leur autonomie stratégique et leurs postures d’alliance à l’égard de Washington comportent aujourd’hui des points communs qu’il est intéressant de relever à l’approche du prochain sommet de l’Otan.

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LV 128 : Pourquoi L’Indo-Pacifique ? – Vers le calme au Moyen-Orient – Lorgnette : L’inéluctable Brexit

Lettre de La Vigie du  30 octobre 2019

Pourquoi l’Indo-Pacifique ?

En dix ans, le vocable Indo-Pacifique (IP) a quasiment supplanté celui d’Asie-Pacifique. Quelles sont les raisons de ce changement du cadre géographique des politiques étrangères des principaux acteurs ? Centre de gravité démographique et économique de la planète, l’IP deviendra t-il le prochain enjeu de l’affrontement entre Pékin et Washington ou l’espace de coopération, de liberté et de développement dont le plus grand nombre pourra bénéficier ? Pour éviter la marginalisation, la France et l’Europe se doivent de développer une vison globale et cohérente de l’IP assortie de projets  qui répondrons concrètement aux attentes des différentes sous régions.

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Vers le calme au Moyen Orient

Le Moyen-Orient a longtemps été polarisé autour de la question palestinienne, puis de la question djihadiste. Désormais, nous sommes dans une nouvelle phase, initiée dès avant l’arrivée de D. Trump au pouvoir. Que ce soit en Turquie, en Syrie et même en Arabie Séoudite, les politiques évoluent et l’on peut imaginer une région moins conflictuelle que ces dernières années.

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La Lorgnette : L’inéluctable Brexit

Bien peu sont ceux capables de suivre les détours de la politique euro-britannique autour du Brexit. Constatons cependant plusieurs choses. 1/ La stratégie européenne de bloquer à tout prix le Brexit a échoué. Notons que l’UE a en effet été en partie responsable du blocage. Jusqu’à peu, il n’y avait rien à négocier. Mais finalement, l’UE a négocié. 2/ Boris Johnson a remporté son pari, contredisant toutes les spéculations. Beaucoup s’attendaient à ce qu’il ne cherche qu’un no-deal, or il a réussi à négocier, rapidement et habilement, un accord certes imparfait, ce qui est la marque de tous les accords. 3/ Le Parlement britannique a joué un rôle déplaisant, entre blocage persistant et refus de la dissolution : en effet, une autre des réformes de D. Cameron fut d’introduire un seuil à la dissolution, ce qui bloque le système. 4/ L’ultime blocage mis en œuvre contre BoJo est destiné à le contrer lui, non l’accord, ce qui pourrait conduire à un no-deal qu’on cherchait précisément à éviter.

L’absurdité est bien un trait britannique.

Mais cela ne devrait pas entraver un Brexit désormais inéluctable. Il restera alors à apprécier le résultat, dans cinq ans ou plus.

JOCV

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Source photo : Fotoblend – Willfried Wende • Pegnitz/Deutschland •

Pourquoi l’Indo-Pacifique ? (LV 128)

En dix ans, le vocable Indo-Pacifique (IP) a quasiment supplanté celui d’Asie-Pacifique. Quelles sont les raisons de ce changement du cadre géographique des politiques étrangères des principaux acteurs ? Centre de gravité démographique et économique de la planète, l’IP deviendra t-il le prochain enjeu de l’affrontement entre Pékin et Washington ou l’espace de coopération, de liberté et de développement dont le plus grand nombre pourra bénéficier ? Pour éviter la marginalisation, la France et l’Europe se doivent de développer une vison globale et cohérente de l’IP assortie de projets  qui répondrons concrètement aux attentes des différentes sous régions.

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LV 127 : L’incroyable Mr Trump | L’Europe, un continent ? | Lorgnette : Face à face

Lettre de La Vigie du  15 octobre 2019

L’incroyable Mr Trump

la scène politique américaine est secouée, depuis plusieurs semaines par des affaires trouvant leur origine dans la politique étrangère du pays : ici « l’affaire ukrainienne », là l’offensive turque dans le nord de la Syrie. A chaque fois, une initiative du président Trump qui suscite le tumulte à l’intérieur : une procédure de destitution est ainsi lancée tandis que le parti Républicain s’émeut fortement de la trahison envers les Kurdes. Nul ne sait encore s’il s’agit d’un tournant mais ces événements manifestent la profonde méfiance que suscitent désormais des États-Unis, écartelés entre leur intérêts et leurs valeurs.

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L’Europe, un continent ?

A l’heure où l’avenir des institutions européennes est plus incertain que jamais avec la crise lancinante du Brexit, nous nous interrogeons sur ce qui définit la singularité géopolitique de l’Europe. L’Europe n’est pas fruit du hasard, elle est déterminée par des constantes et la France est représentative de ce Continent qui transcende les soubresauts de l’actualité.

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La Lorgnette :

La face devient un objet géopolitique. En effet, nombre de débats contemporains posent la question de la visibilité de la face. En premier lieu, voici la question du voile islamique et notamment du voile cachant le visage, la burka. Dans une société ouverte, peut-on cacher sa face dans la rue ? Non, répondent les dirigeants de Hong-Kong qui font face à des manifestations massives où les opposants au gouvernement pro-Chinois, se voilent la face au nom de leur lutte démocratique : se cacher le visage peut donc être ici marque d’oppression, là de liberté ?

La question est d’autant plus difficile qu’au-delà de cette question de l’ordre public se cache une autre question : celle de la maîtrise par les gouvernements de la vie sociale des citoyens. C’est au fond le débat que pose M. Cédric O, secrétaire d’Etat au numérique, quand il dit que les industriels doivent expérimenter la reconnaissance faciale et qu’en même temps, il faut des garde-fous.

Une fois encore, la technologie paraît en avance sur la loi et l’on observe, là-bas en Chine, les abus des libertés publiques qu’elle pourrait permettre.

La face est un sujet de liberté.

JOCV

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Photo : Pixabay photo de Kalhh / 4012 photos/ Pixabay

 

L’incroyable Mr Trump (LV 127)

la scène politique américaine est secouée, depuis plusieurs semaines par des affaires trouvant leur origine dans la politique étrangère du pays : ici « l’affaire ukrainienne », là l’offensive turque dans le nord de la Syrie. A chaque fois, une initiative du président Trump qui suscite le tumulte à l’intérieur : une procédure de destitution est ainsi lancée tandis que le parti Républicain s’émeut fortement de la trahison envers les Kurdes. Nul ne sait encore s’il s’agit d’un tournant mais ces événements manifestent la profonde méfiance que suscitent désormais des États-Unis, écartelés entre leur intérêts et leurs valeurs.

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American Predator (Le Cadet n° 64)

C’était à l’IRIS il y a quelques années, au cours d’une réunion avec la ministre de la défense équatorienne, jolie dame poétesse qui, après avoir occupé plusieurs postes ministériels et internationaux, est aujourd’hui présidente de l’Assemblée générale des Nations Unies. Son message était en substance : « ne vous faites aucune illusion, ce que les Etats-Unis ont perdu en puissance y compris militaire, ils vont tenter de le regagner sur le mode de la prédation qui n’épargnera personne. Car il n’y a pas de doux commerce pour l’Amérique, il n’y a que la victoire totale, et l’extraterritorialité de son droit n’est qu’un des instruments d’intrusion et de destruction des autres nations ».

Nous étions avertis, à dire vrai depuis fort longtemps. Un des premiers articles parus sur le sujet chez nos amis de la Revue de Défense Nationale était titré « Le droit en état de guerre », et il date de décembre 2001. On pouvait y lire : « Il est désormais clair que, dans l’optique américaine, le droit n’est qu’un des instruments de mainmise économique, industrielle et financière, acquise elle-même par la puissance militaire… Il ne faut pas se tromper, ce n’est pas le droit américain qui s’impose par la grâce d’une supposée supériorité conceptuelle ou d’une capacité d’adaptation que n’auraient pas les autres systèmes juridiques : ce n’est qu’une volonté de puissance, qui ne cherche plus à limiter ses ambitions ni à les cacher… Les mécanismes juridiques qu’imposent les États-Unis ne sont pas porteurs de droit en tant que tels, mais d’intérêts autour desquels ce droit a été structuré pour lui donner corps. Ce n’est donc pas un problème de droit mais de souveraineté. » Dix-huit ans plus tard, d’aucuns semblent tomber de l’armoire, et cette extraterritorialité est devenue le dernier sujet à la mode dans les revues de géopolitiques et les colloques. Mais c’est dix-huit ans trop tard.

Au commencement du scandale Crédit Lyonnais – Executive Life, un avocat aux barreaux de Paris et New York m’avait dit qu’il n’y avait qu’une manière de bloquer ça : que l’Inspection et la Médecine du travail fassent une descente en force à Eurodisney. Les Américains ne comprennent que le coup de pied au cul. Ainsi pour le dossier Airbus, il faudrait que l’UE annonce d’ores et déjà que, quelque-soit la décision de la FAA, aucun Boeing 737 MAX, avion mal conçu, ne revolera jamais au-dessus de l’Europe.

Et nous serions outre-Atlantique, et une usine de produits dangereux sous capitaux français brûlerait, le Procureur local aurait déjà ouvert une enquête de flagrance, les dirigeants seraient sous les verrous, la comptabilité saisie, les fichiers informatiques décortiqués, les comptes bancaires bloqués si ce n’est pas siphonnés.

C’est ce qu’aurait fait une France héritière de Brennus, le guerrier qui occupa Rome il y a deux mille quatre cents ans, si elle existait encore. Vae Victis !

Source image

Le Cadet, n° 64

La Vigie n° 121 : Il n’y a pas de cyberguerre | L’équation de la stratégie | Lorgnette: Désescalade

Lettre de la Vigie du 3 juillet 2019

Il n’y a pas de cyberguerre

L’expression cyberguerre sonne bien et est régulièrement employée par beaucoup : Pourtant, elle est fausse, ce qui ne signifie pas qu’il n’y ait pas une cyberconflictualité latente marquée par l’opposition de tous contre tous. Par ailleurs, la guerre n’ignore le cyberespace car il y a au contraire beaucoup de cyber dans la conduite de la guerre et des opérations militaires.

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L’équation de la stratégie

La grande stratégie est l’art des combinaisons. L’équation de la stratégie de la France est simple à énoncer, mélange de défense d’intérêts, d’exercice de responsabilités, de valeurs assumées, d’atouts valorisés et de faiblesses compensées. Dans la friche stratégique actuelle elle est difficile à établir, notamment en présence d’une profonde crise européenne et d’une panne de multilatéralisme.

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Lorgnette : désescalade

Entre Iran et États-Unis, le torchon brûle depuis des semaines et les observateurs peinent à décoder les discours menaçants, les invectives vengeresses et les déclarations provocatrices. On notera que l’initiative de la dérégulation vient de Washington depuis deux ans, d’un président qui jette aux orties l’Accord de Paris, le JCPoA iranien, le traité FNI et tout dispositif multilatéral qui amoindrirait la position de force à partir de laquelle il veut restaurer la prédominance des intérêts américains dans le monde. On a noté avec intérêt que le clan des Européens était resté uni dans la préservation de cet accord avec l’Iran et qu’il s’est engagé dans une résistance résolue à la position américaine. L’Occident n’est plus ici qu’une fiction, les intérêts et les méthodes divergent.

Restent deux pays bien embarrassés qui tentent de s’entremettre avec des atouts pour le faire, le Japon et la France, dont les analyses stratégiques convergent de mieux en mieux, notamment sur les questions maritimes. Lors du dernier G20, bien décevant par ailleurs, ils ont été des artisans de la désescalade.

La désescalade, voilà bien la grande stratégie dont la France doit être l’artisan inlassable dans le monde (LV 89).

JDOK

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Crédit photo : trendingtopics on VisualHunt / CC BY

Trump et le Moyen-Orient (LV 118)

Certains battent les tambours de guerre à Washington contre l’Iran. Est-ce à dire que le conflit est inéluctable ? Probablement pas pour deux raisons : d’abord, D. Trump n’est pas partisan des engagements militaires : s’il est brutal, ce n’est pas un faucon à la différence de beaucoup dans l’établissement. Au fond, il veut faire monter les enchères pour pousser les Iraniens à négocier en position de faiblesse un nouvel accord. Pas sûr que ceux-ci tombent dans le piège… Car Trump devient prévisible…

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Chypre et la géopolitique de la Méditerranée orientale (A. Marghelis)

Le Proche-Orient peut se définir comme la région bordant la Méditerranée orientale. Il s’y déroule un grand jeu (question israélo-palestinienne, guerre civile syrienne, foucades turques) où  les grandes puissances extérieures s’affrontent (États-Unis, Russie) au travers de relais locaux. Un des pions de cette partie est Chypre, qui connaît de rapides évolutions ces derniers temps. Aris Marghalis, bon connaisseur de la région et qui a déjà publié dans LV, nous fait le point de ces calculs. Merci à lui. JDOK.

Source

Nous avions abordé précédemment le durcissement du jeu géopolitique sur l’axe Balkans-Méditerranée orientale en évoquant l’intégration sans nuance de la Grèce au projet géopolitique américain. D’une part, pour finir de priver la Russie de ses entrées dans les Balkans, dont la Grèce est l’embouchure naturelle, et pour l’expulser de Méditerranée orientale. D’autre part, pour tenter de briser le tandem Russie-Turquie, de plus en plus insupportable pour Washington. En raison de sa localisation, l’île de Chypre semble ne pas pouvoir se soustraire à cette dynamique. Continue reading « Chypre et la géopolitique de la Méditerranée orientale (A. Marghelis) »