Depuis 2022, l’Italie a décidé d’afficher un nouveau positionnement stratégique dans une zone allant du Golfe de Guinée au nord-ouest de l’océan Indien qu’elle inclut dans le concept de « Méditerranée étendue ». Cette vision transversale, qui inclut aussi bien des aspects diplomatiques et économiques que militaires et sécuritaires, souligne les ambitions de Rome vers un flanc Sud de l’Otan et de l’UE, trop souvent délaissé. En appui de cette stratégie, l’Italie développe également un outil naval fort, centré sur une évolution importante des capacités et une croissance spectaculaire des volumes, en faisant un partenaire essentiel de la France, en particulier vis-à-vis de l’IndoPacifique
Suicide assisté pour mort cérébrale (Le Cadet, n°100)
Alors que les chars allemands s’enlisent dans les champs de mines du Donbass comme leurs anciens à Bir-Hakeim, et que les condottières moscovites rejouent le complot de la Grande Duchesse de Gerolstein, profitons du répit que nous accordent l’impasse ukrainienne et le renoncement français pour revenir trois siècles en arrière.
Source
Lorsque Maurepas, figure emblématique d’un lignage de ministres-courtisans, est nommé secrétaire d’État à la Marine en 1723 à l’âge de 22 ans, lui qui n’a jamais vu la mer dont on lui a rapporté qu’elle était salée, il s’en amuse et il n’est pas le seul. Il n’en va pas moins remettre en selle, dans le conflit planétaire entre la France et l’Angleterre, ce qui survit de la Royale de Colbert. Pour ce faire, vu les perspectives de paix pour au moins une décennie, vu la dynamique des fluides, vu les contraintes des constructions en bois, vu le rejet par nos capitaines des trois-ponts, vu ceci et vu cela, Maurepas décide qu’on va prendre un peu de temps pour concevoir le navire idéal à défaut d’être parfait. Ce sera le 74 canons, quintessence de l’art de la guerre à la française, arbitrage entre poids (on va même supprimer les mantelets de sabords en bordée haute), vitesse et puissance de feu (on renonce aux 24 livres en bordée haute pour du 18, et ça rabaisse le centre de gravité), navire polyvalent qui deviendra le vaisseau de la ligne, mais aussi une super-frégate en maraude ou l’escorte des premiers convois dans l’Atlantique lors de la reprise des hostilités en 1740.
La LPM de 2023 nous fait regretter la Régence. Passons sur le désarmement de nos unités de combat à qui on retire la proie de l’expéditionnaire pour l’ombre d’une guerre continentale dont on ne voit pas, depuis que les armées russes n’existent plus que sur le papier, contre qui nous sommes supposés la faire. Restons au PANG, projet conditionné non par les besoins de la Marine mais par le fantasme de furtivité, l’illusion de la coopération européenne et les impératifs d’une interopérabilité totale avec l’US Navy, et au marronnier des débats depuis maintenant un demi-siècle, la question d’un sister-ship une fois encore refusé. C’est qu’il ne faut pas opposer arguties budgétaires et nécessités opérationnelles mais déplacer ces dernières outre-Atlantique. Les amiraux américains veulent douze task forces aéronavales, pas une de moins, ils les ont de nouveau depuis l’entrée en service du Gérald Ford, mais les vieux Nimitz arrivent en fin de parcours et le Congrès rechigne à budgétiser leur remplacement un pour un.
Alors n’attendez pas un second PANG, il s’agit d’en faire un seul qui soit une doublure des CVN et compense les éventuelles surcharges et les trous de disponibilité de l’US Navy. Il faut faire notre deuil de l’indépendance et de la souveraineté, sacrifiées à la cohérence atlantiste. On passait naguère du statut de courtisan à celui de ministre, avec l’OTAN la France prend, avec la même affectation zélée, le chemin inverse. Rendez-nous Monsieur de Maurepas !
Le Cadet
LV176 : Milieu maritime : quels enjeux ?
Après les « perspectives du milieu terrestre » pour l’armée de Terre (LV 175), voici les « enjeux du milieu maritime » pour la Marine nationale qui retrouve les grands espaces d’un déploiement sur les quatre fronts navals et stratégiques qui lui échoient et qui réclament de bien plus nombreux moyens. Une stratégie maritime intégrale de la France émerge comme une nouvelle ambition de la France pour le XXIe siècle.
A propos du naval européen de Défense (cf. La Vigie n°79)
A la suite de notre numéro 79 (lien) traitant, entre autres, du Naval européen, un de nos abonnés nous envoie ce billet : merci à lui (vous aussi, vous pouvez participer au b=débat en discutant les articles et billets publiés sur le site, en libre lecture ou dans les numéros abonnés). JDOK.
Dans sa dernière livraison, La Vigie souligne l’intérêt pour la défense de l’Europe des industriels européens impliqués dans la construction navale militaire et se félicite des perspectives ouvertes par l’accord STX/ FINCANTIERI/ NAVAL GROUP.
Il convient d’éclairer ces perspectives par un retour sur le développement de la coopération navale militaire en Europe au cours des 30 dernières années en prenant en compte les facteurs suivants : (cliquer pour lire la suite, gratuit) Continue reading « A propos du naval européen de Défense (cf. La Vigie n°79) »
N° 79 du 11 octobre 2017 : Le naval européen de défense | Nombre et masse | Dynamiter l’atome
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Extrait des articles présents dans cette lettre :
Le naval européen de défense
De l’Europe, on entend souvent parler : GAFA et amendes folles, CETA et compromis cachés, Brexit et négociations confuses, États membres distingués selon leur vertu démocratique ou financière, Conseil impuissant, Commission périmée et Parlement inconséquent … bref, on se préoccupe de mécanique institutionnelle. On entend moins parler de ses frontières floues, nationales ou collectives. Alors que les vieilles questions ouest-européennes (Irlande, Écosse, Catalogne) rejoignent les nouveaux clivages balkaniques (Kosovo) et ukrainiens (Crimée et Donbass) et alors que les migrations encagent la Méditerranée, on ignore la géopolitique des États et de l’UE. Au moment où l’Europe industrielle se réarticule (Renault, Fiat, Siemens), le Naval européen sort de l’ombre géoéconomique. L’accord STX/NavalGroup/Fincantieri dessine une nouvelle donne non seulement industrielle mais sécuritaire pour la France et l’Europe ; son potentiel géostratégique pourrait être conséquent. Explorons-le. […]
Nombre et masse
Effectif des armées, objectif des 2 % de PIB : autant de critères quantitatifs qui ont animé le « débat » stratégique de ces derniers mois. Comme si la stratégie se réduisait à des nombres… Ils donnent pourtant l’occasion de réfléchir à l’articulation du nombre, de la masse et de la stratégie. En effet, en première approche, l’histoire de la guerre et donc de la stratégie peut être considérée, dans la longue durée, comme celle de la croissance continue des nombres mobilisés. Mais la modernité en modifie la donne. […]
Lorgnette : Dynamiter l’atome
JDOK
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Source : Sailing Evidence via VisualHunt.com / CC BY
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