La Vigie n° 210 : IL n’y a pas d’arme magique | L’arrière tiendra-t-il ? | Lorgnette : processus de paix

Lettre de La Vigie du 1er février 2023

Il n’y a pas d’arme magique

La récente décision des Européens et Américains de fournir des chars à l’Ukraine se voulait une manifestation d’unité en faveur de Kiev. Les difficultés à y arriver, le soulagement qui en a résulté, montrent au contraire que le sujet reste friable. Il repose surtout sur une illusion : que des armes seules peuvent changer le cours de la guerre, que ce soit par leur qualité ou leur quantité. Au-delà, une inquiétude point subrepticement : s’agit-il encore de gagner ou désormais de ne pas perdre ?

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L’arrière tiendra-t-il ?

Si la fortune des armes décide principalement du sort d’une guerre, il est indispensable de se soucier également de l’arrière : si les combattants développent une certaine et indispensable auto-suffisance, cette dernière est le résultat des efforts consentis par l’arrière. La guerre en Ukraine nous montre cependant que la notion d’arrière n’est pas aussi simple qu’on pourrait le croire, et que l’arrière peut également avoir une certaine profondeur géographique.

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Lorgnette : Processus de paix israélo-palestinien

Les récents événements en Palestine ont remis, une fois encore, la question palestinienne au cœur de l’actualité. S’il est probable que chacun fera tout pour l’ignorer, observons cependant qu’elle perdure car on n’y a pas trouvé de solution. Les accords d’Abraham promus par D. Trump faisaient explicitement l’impasse sur elle, organisant une paix entre Israël et certains pays arabes tout en s’accordant à passer sous silence la question palestinienne. Sans revenir sur l’élément déclencheur des incidents de cette semaine, observons que la tiédeur des réactions internationales se justifie par l’hypothèse qu’il y a un processus de paix qui suit son cours. C’est à l’évidence faux.

Il faut ainsi rappeler qu’il ne s’agit pas (malgré l’utilisation par certains du mot terrorisme assimilé à djihadisme) d’une question religieuse mais d’une question de libération nationale – et donc de la liberté des peuples à disposer d’eux-mêmes – et de contrôle politique d’une population et de territoires par un occupant. C’est l’objectif initial du processus de paix. Qu’il ne fonctionne évidemment pas signifie qu’il n’y a pas la paix. Mais qui en tire les conclusions ? L’UE détourne les yeux, elle si prompte à agiter les valeurs. Elle signe ici son hypocrisie et perd ainsi son crédit.

JOCVP

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Crédit photo : UNDP Ukraine on Visualhunt

En même temps … – Le Cadet (n° 51)

« Vers l’Orient compliqué, je volais avec des idées simples ». Que retenir de cet apophtegme bien connu ? À monde équivoque, pensée complexe, nous dit le Lacombe Lucien de la géopolitique, niveau Brevet avec mention : il y a ceci et en même temps il y a cela. Précisément, c’est là qu’il faut des idées simples.

Source

Prenons la question palestinienne – on dit « question » quand on veut laisser un problème irrésolu. En vertu d’un principe qu’on datera du Traité de Versailles, les Palestiniens ont droit à un État (ça a été voté en 1947, on oublie toujours de célébrer cette autre moitié de la bouteille). Toujours en vertu du même droit international, les frontières de cet État sont celles dites de 1949-1967. Et l’ONU ne cesse de rappeler depuis la Guerre des Six Jours dans chacune de ses résolutions (on ne les compte même plus) que la prédation et la conquête ne sauraient constituer un mode d’acquisition de territoires. Il faut donc que Tsahal se retire de « Judée » et de « Samarie » et que les colons fassent de même.

Voilà le droit, il dit le bon sens. Mais pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? psalmodiaient les Shadoks. Alors nos gouvernements ont décidé de se tirer une balle dans le pied en s’imposant un second objectif : la paix entre les belligérants. On n’avait pas demandé aux Kosovars une protestation d’amour éternel pour leurs voisins serbes, on ne demandera pas aux Québécois d’adopter comme hymne national le Rule Britannia. Pour la Palestine on veut faire deux choses en même temps, qu’on ne fait nulle par ailleurs, au nom d’un Orient supposé compliqué dans un monde qui ne demande pourtant qu’à être simple.

La paix contre les territoires : en français classique, ça s’appelle un piège à cons. C’est une perte de temps et une source de malheurs inutiles, on l’a revu à Gaza. Tout le monde sait que les Palestiniens auront un État dont les frontières sont déjà tracées au décimètre près – lorsque le Cadet visita Jérusalem il y a trente ans, les parpaings et les barbelés couraient encore dans la ville, et un véhicule blanc de l’ONU stationnait Porte de Jaffa. Sinon, le droit est mort. Ensuite, les Palestiniens feront ce qu’ils veulent de leur État, ça les regarde. La guerre est un attribut souverain étatique, ils l’auront, il n’y a aucune raison de les en priver, de faire ce chantage aux territoires qui n’a aucun sens. S’ils veulent en user contre leur puissant voisin, qui sera en état de légitime défense avec ses 350 avions de combat, ses 2 500 chars et ses 100 têtes nucléaires, tant pis pour eux.

Non, ce n’est pas l’Orient qui est compliqué, ni le monde incertain, c’est l’Occident qui ne sait plus faire simple. En même temps, tant pis pour lui.

Le Cadet