LV 253 : Le tournant du monde | Le stratégiste et sa maison | Lorgnette : Dominos allemands

Lettre de La Vigie du 13 novembre 2024

Le tournant du monde

L’élection de Donald Trump marque la fin de la période charnière débutée le 24 février 2022 par le lancement de la guerre d’Ukraine. Elle met fin à l’après-Guerre froide et ouvre une période où l’Occident n’est plus. Si les premiers effets se verront à l’Est de l’Europe et peut-être au Proche-orient, si l’enjeu asiatique sera central, il faudra que l’Europe dépasse sa crainte existentielle pour se confronter au nouveau désordre mondial.

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Le stratégiste et sa maison

Alors que tous les regards sont tournées vers l’extérieur, le stratégiste ne doit pas oublier ce qui se passe chez lui. L’importance d’une stratégie intérieure est ici soulignée, passant par des lois justes, des forces de l’ordre formées et contrôlées, une bonne économie mais surtout un effort de formation des élites nationales et locales à la stratégie intérieure.

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Lorgnette : dominos allemands

Même si le président des États-Unis reste le président de son pays et non du nôtre, ce qui devrait permettre de dépassionner normalement la manière dont nous sommes informés de la campagne électorale outre-Atlantique, il n’empêche que la dernière élection aura probablement un assez grand effet domino.

Le premier domino est en effet l’Allemagne.

La société allemande était assez sidérée de la victoire de D. Trump, certains journalistes ayant encore pris leurs désirs pour des réalités. L’inimaginable a pourtant pris forme, avec un double constat : l’Allemagne allait devoir se prendre en main et assurer une plus grande part de sa défense elle-même, sans garantie automatique américaine, n’en déplaise à l’arrimage F-35 ; deuxièmement, le premier constat avait déjà été fait lors de la première victoire électorale de D. Trump, c’est-à-dire il y a huit ans déjà. Que s’est-il passé depuis ces huit ans ? Pas grand-chose, en réalité, hormis des conditions bien plus difficiles (insécurité en Europe de l’Est, fin de l’énergie bon marché). Et comme personne ne considère que le chancelier actuel O. Scholz a les épaules pour diriger fermement le pays, le gouvernement est en train de tomber.

Quels seront les prochains dominos ?

JOVPN

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Le tournant du monde (LV 253)

L’élection de Donald Trump marque la fin de la période charnière débutée le 24 février 2022 par le lancement de la guerre d’Ukraine. Elle met fin à l’après-Guerre froide et ouvre une période où l’Occident n’est plus. Si les premiers effets se verront à l’Est de l’Europe et peut-être au Proche-orient, si l’enjeu asiatique sera central, il faudra que l’Europe dépasse sa crainte existentielle pour se confronter au nouveau désordre mondial.

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LV 251 : Et si Trump gagnait ? | Où est donc passée la Turquie ? | Lorgnette : S’identifier

Lettre de La vigie du 16 octobre 2024

Et si Trump gagnait ?

La campagne présidentielle est parfaitement indécise car l’arrivée de K. Harris a rééquilibré le scrutin. Aucun pronostic ne peut sérieusement désigner le vainqueur, à trois semaines de l’élection. Il faut aussi observer les élections législatives qui auront lieu le même jour et donneront – ou pas- des marges de manœuvres au vainqueur. De même, quelle réaction le camp du perdant aura-t-il ? Autant d’incertitudes pour une élection cruciale.

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Où est donc passée la Turquie ?

La Turquie qui avait pu apparaître comme l’un des acteurs majeurs de la guerre en Ukraine en 2022, a progressivement vu sa position internationale s’affaiblir. Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette relative faiblesse diplomatique en 2024: un multi-alignement trop opportuniste sur les affaires d’Ukraine, une position maximaliste sur le Proche-Orient provoquant la défiance de Washington et, surtout, une crise économique lancinante ayant imposé à Ankara un tournant de la rigueur budgétaire

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Lorgnette : S’identifier

Depuis trois ans, les guerres dures reviennent. En 2023, la planète en connaissait neuf : Birmanie, Gaza, Nigeria, RDC, Sahel, Soudan, Syrie, Ukraine et Yémen. 2024 verra probablement l’Éthiopie rejoindre à nouveau ce funeste cortège. Si l’opinion française et européenne s’intéresse à l’Ukraine ou au Proche-Orient, elle ignore absolument le Soudan ou la Birmanie. Pourquoi cette différence ?

Parce que dans les premiers cas il y a un phénomène d’identification, pas dans les autres. Par certains côtés, Ukrainiens ou Israéliens (ou Palestiniens) sont vus comme des autres nous-mêmes, en plus d’être géographiquement à proximité. La guerre, souvent considérée comme la matrice violente des identités nationales, remet sous tension notre propre identité. C’est parce que nous sommes inquiets à l’intérieur que nous nous projetons dans ce qui arrive à l’extérieur. Le mécanisme victimaire s’ajoute à ce phénomène. Nous sommes toujours du côté de la victime. Mais autant elle est simple à désigner dans le cas de l’Ukraine, autant il y a concurrence victimaire au Proche-Orient, entre les victimes du 7 octobre et les victimes de Tsahal. Le sujet est d’autant plus épineux que la France accueille la plus forte population juive et la plus forte population arabo-musulmane d’Europe.

JOVPN

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Et si Trump gagnait ? (LV 251)

La campagne présidentielle est parfaitement indécise car l’arrivée de K. Harris a rééquilibré le scrutin. Aucun pronostic ne peut sérieusement désigner le vainqueur, à trois semaines de l’élection. Il faut aussi observer les élections législatives qui auront lieu le même jour et donneront – ou pas- des marges de manœuvres au vainqueur. De même, quelle réaction le camp du perdant aura-t-il ? Autant d’incertitudes pour une élection cruciale.

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La Vigie n° 179 : La France en 2050 | La question américaine | Lorgnette : Bosnie oubliée

Lettre de La Vigie du 10 novembre 2021

La France en 2050

L’actualité s’empresse d’insister toujours sur les crises du moment et les défis aux apparences insurmontables : inversons le point de vue et considérons de quels atouts dispose la France pour être encore ce qu’elle est en 2050. Le tableau est moins noir que ce qu’on assure souvent.

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La question américaine

Le trumpisme n’a pas disparu après la dernière élection présidentielle. Tout comme les Démocrates refusaient il y a cinq ans la victoire de Trump, les Républicains refusent la victoire de Biden. Celui-ci a été mal élu et peine à mettre en œuvre ses réformes et à unifier les Démocrates, divisés entre radicaux et conservateurs. Aussi une défaite aux prochaines élections (mi-mandat, présidentielle 2024) est-elle fortement envisageable. Une deuxième présidence Trump aggraverait la fragmentation du pays.

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Lorgnette : Bosnie oubliée

Qui se souvient encore de la Bosnie-Herzégovine ? ce petit pays, né en 1995 de l’éclatement de l’ex-Yougoslavie, n’a jamais trouvé d’équilibre politique. Cette réunion entre une « fédération croato-musulmane » et une « Republika Srpska » n’a jamais fonctionné. Elle est placée sous la tutelle de l’Union Européenne qui ne s’y intéresse plus. Aussi voit on le leader serbe agir peu à peu en faveur de la séparation (et à terme de la réunion de la partie serbe avec la Serbie de Belgrade). Dans la population, chacun parle d’un éventuel retour à la guerre.

Or, cela n’inquiète guère la communauté internationale et notamment l’Europe qui s’accommode d’un trou noir dans les Balkans et n’a aucune perspective à proposer. L’Union peine ainsi à promouvoir une solution négociée entre le Kosovo et la Serbie. Il n’est même pas sûr qu’une sécession de la partie serbe de Bosnie se fasse dans la violence. Au fond, certains pensent peut-être que cette séparation constitue une option logique et que 25 ans après, la lassitude aidant, on admette ce qui était considéré alors comme inadmissible. Mais on risquerait alors d’ouvrir la boite de Pandore des rectifications de frontière en Europe. Ce dont elle n’a pas besoin.

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La question américaine (LV 179)

Le trumpisme n’a pas disparu après la dernière élection présidentielle. Tout comme les Démocrates refusaient il y a cinq ans la victoire de Trump, les Républicains refusent la victoire de Biden. Celui-ci a été mal élu et peine à mettre en œuvre ses réformes et à unifier les Démocrates, divisés entre radicaux et conservateurs. Aussi une défaite aux prochaines élections (mi-mandat, présidentielle 2024) est-elle fortement envisageable. Une deuxième présidence Trump aggraverait la fragmentation du pays.

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La Vigie n° 159 : De la démocratie en Amérique | Grozny la nouvelle | Lorgnette : Ciel fermé

Lettre de La Vigie datée du 20 janvier 2021

De la démocratie en Amérique

Les événements du 6 janvier à Washington marquent une émotion populaire, incontestablement séditieuse même si elle ne peut être décrite de coup d’État. Elle confirme la profonde division américaine entre radicaux des deux camps. Elle est aussi l’occasion d’une censure par les grands réseaux sociaux qui interroge leur place dans le dispositif démocratique. Une lourde tâche attend Joe Biden.

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Grozny la nouvelle

La Tchétchénie ne fait plus la une des journaux depuis une quinzaine d’années: pourtant, que s’est-il passé pour que des Tchétchènes combattent des Tchétchènes en Syrie, les uns aux côtés des Russes, les autres de l’EI ? Aujourd’hui, constatons cependant la maîtrise russe qui a repris le contrôle de son espace ciscaucasien.

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Lorgnette : Ciel fermé

La Russie a déclaré le 15 janvier se retirer du traité Ciel Ouvert, signé en 2002, qui permettait le droit de conduire et l’obligation d’accepter des vols d’observation au-dessus [du] territoire de l’autre partie pour vérifier les activités et installations militaires. Les États-Unis de D. Trump s’en étaient retirés unilatéralement en novembre dernier (LV 143) au grand dam des alliés européens ; Ceux-ci n’ont pourtant pas voulu accéder aux demandes de Moscou, à savoir de ne pas transférer à Washington leurs observations. Les États-Unis s’étaient déjà retirés unilatéralement du traité FNI (LV 112).

Avec Ciel ouvert se termine l’ère des Mesures de confiance et de stabilité qui avaient irrigué le dialogue international depuis les années 1970. C’est tout le système du contrôle et de la maîtrise des armements qui disparaît : il ne reste plus que le traité New Start (maîtrise des arsenaux nucléaires) qui échoie le 5 février prochain.

Le calendrier est important : alors que Joe Biden prendra les commandes de la Maison Blanche le 20 janvier, l’annonce russe constitue une pression diplomatique pour prolonger New Start tout en affirmant sa résolution dans la négociation à venir.

JOCV

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De la démocratie en Amérique (LV 159)

Les événements du 6 janvier à Washington marquent une émotion populaire, incontestablement séditieuse même si elle ne peut être décrite de coup d’État. Elle confirme la profonde division américaine entre radicaux des deux camps. Elle est aussi l’occasion d’une censure par les grands réseaux sociaux qui interroge leur place dans le dispositif démocratique. Une lourde tâche attend Joe Biden.

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Elections tumultueuses (LV 154)

L’élection présidentielle américaine a tenu en haleine les médias du monde entier. Beaucoup à cette occasion ont décrié la démocratie américaine. Pourtant, d’autres élections récentes (Biélorussie, Côte d’Ivoire) ont montré des processus guère convaincants. A y regarder de près, l’élection américaine témoigne d’une belle vitalité démocratique, même si politiquement (mais c’est une autre affaire) la crise de transition risque de perdurer.

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La Vigie n° 151 : Repli derrière le mur | Que nous dit l’Amérique ? | Lorgnette : Haut-Kharabakh

Lettre de La Vigie n° 151 du 30 septembre 2020

Repli derrière le mur

La construction des murs s’accélère dans ce monde. Pourtant, ce mode d’action tactique n’a jamais su, de manière structurelle, contribuer à une action stratégique durable. De même il reflète un repli sur soi et une peur de l’autre alors que nous avons justement besoin de dialectique.

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Que nous dit l’Amérique ?

La campagne électorale américaine est particulièrement anormale : non seulement à cause du Covid mais aussi parce qu’elle démontre l’affrontement, bloc à bloc de deux Amériques irréconciliables et prêtes à en découdre, refusant par avance la victoire de l’autre camp. Au-delà de la disparition du ciment WASP, c’est une conception de la modernité qui s’éloigne. Ce numéro de La Vigie s’interroge enfin sur les conséquences de la victoire de D. Trump ou de celle de J. Biden : dans les deux cas, les perspectives ne sont pas fameuses.

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Lorgnette : Haut-Karabakh

Faut-il être surpris de la reprise des combats au Haut-Karabakh, cette enclave arménienne en Azerbaïdjan ? Non. Tout d’abord parce que la dispute est ancestrale et qu’on ne voit pas de solution négociée à ce conflit. D’ailleurs, les éclats de ces derniers jours semblent orchestrés plus pour des raisons intérieures du côté de Bakou que par la volonté de reprendre le contrôle militaire de ce territoire. Il reste que les canons ont parlé et que certains s’en alarment.

Rappelons ici qu’un conflit gelé ne signifie pas un conflit éteint : le gel signifie seulement qu’il ne dégénère pas, mais qu’il est en revanche entretenu, à coup d’escarmouches plus ou moins bruyantes ou meurtrières. À cette aune, la bataille de ces derniers jours serait normale.

Pour autant, elle détonne par rapport à la politique habile de l’Azerbaïdjan (LV 134). Les deux grands parrains de la région, Russie et Iran, devraient rapidement signifier à Bakou la fin de l’épisode. Mais c’est compter sans l’activisme turc dont on se demande ici ce qu’il poursuit : dans le jeu à plusieurs bandes de l’Orient compliqué, il ne s’agit probablement pas de la Transcaucasie mais plus probablement d’un message à l’endroit de Moscou et Téhéran.

JOCV

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