LV 212 : Illusions perdues | Luxembourg hors les murs | Lorgnette : un an de guerre

Lettre de la Vigie du 1er mars 2023

Illusions perdues

La politique étrangère de la France fait face à un champ de ruines : toutes les ambitions européennes sont réduites à néant à la suite du réalignement provoqué par la guerre d’Ukraine, notre situation en Afrique est dévastée, nos ambitions de par le vaste monde sont brouillonnes et incomprises. C’est donc le moment parfait d’arrêter de parler à tort et à travers, de réfléchir et de choisir.

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Luxembourg hors les murs

Continuons le tour d’horizon des marches françaises en étudiant ses voisins terrestres, cette fois-ci le grand-duché du Luxembourg. Comment se fait-il qu’un pays sans profondeur stratégique ait réussi à avoir le produit intérieur brut par habitant le plus élevé du monde et à être un acteur incontournable en Europe? Grâce à une stratégie d’influence d’extraterritorialité.

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Lorgnette : Un an de guerre

Cette fin février a marqué un an de guerre en Ukraine, ou plus exactement neuf si l’on considère le début du conflit en 2014. Mais l’intensité, la dureté, la longueur des combats et la largeur du front en font une guerre exceptionnelle et une guerre surtout industrielle, à la fois classique et contemporaine. Nous l’avons longuement décrite sur notre site, que ce soit dans nos articles ou dans les points de situation hebdomadaire, mais aussi dans le livre Guerre d’Ukraine paru en novembre (ici).

Or, cette guerre peut encore durer. Nous ne croyons pas à la victoire d’un des deux, tant ce vocable est un mot trompeur (LV 208). Compte-tenu des progressions ici ou là et de la ténacité des parties, c’est une guerre non gelée, dont l’issue est encore indéterminée. Plus le conflit dure, moins des négociations paritaires paraissent possibles, aucun des deux belligérants n’acceptant de solder les pertes par un mauvais compromis. Il faut pourtant chercher le pat stratégique tant les conséquences de la guerre seront durables : une épine dans le pied de l’Europe pour des décennies. Outre les pertes, les blessés et les gueules cassées, outre les destructions massives, c’est un équilibre européen qu’il faut au plus vite reconstruire.

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2023 : un narratif cruel sur un air de déjà vu

Voici un survol de l’histoire européenne pour les amnésiques et les myopes d’aujourd’hui.

Il leur rappellera les enclenchements bellicistes des passions nationalistes et idéologiques du continent européen, dans la grande Europe de l’Atlantique à l’Oural : la dépêche d’Ems (1870), l’attentat de Sarajevo (1914), le pacte germano-soviétique suivi de l’invasion de la Pologne (1939), la création du rideau de fer à Berlin (1961), sa chute (1989) et aujourd’hui l’opération spéciale russe en Ukraine, guerre fratricide déclenchée il y a un an (2022).

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A chacune de ces étapes tragiques sont associées des régulations réalistes, des rêves de paix et des reprises de feu, car les ambitions et les frustrations des hommes étaient mal éteintes par la crise précédente. A chacune de ces flambées, on a entendu des faiseurs de paix prophétiques ou cyniques et des fauteurs de guerre opportunistes avec leurs arrière-pensées et leurs agendas plus ou moins cachés.

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Pourquoi n’a-t-on pas dissuadé Vladimir Poutine d’envahir l’Ukraine ? – Réflexions autour de la dissuasion comme pratique des relations internationales (S. Audrand)

Nous sommes heureux de publier ce texte de Stéphane Audrand qui est consultant en risques internationaux (à son compte depuis 2013), historien (de formation) et officier de réserve (marin, en poste à la DGRIS). LV

Pourquoi n’a-t-on pas dissuadé Vladimir Poutine d’envahir l’Ukraine ? C’est une question récurrente depuis le 24 février 2022. Indéniablement, les mécanismes internationaux de sécurité collective censés décourager le recours à la guerre ont échoué, de même que les tentatives directes de dissuader Vladimir Poutine.

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Or la réponse à cette question de l’échec de la dissuasion est loin d’être triviale : si la dissuasion est une pratique immémoriale, qui renvoie à une médiation entre individus autour d’un acte que certains souhaitent empêcher d’être commis, elle revêt à l’ère nucléaire une importance cruciale pour la sécurité des nations et l’avenir de la planète. Se pencher sur tout échec de la dissuasion est donc primordial pour espérer corriger les processus qui auraient pu, qui auraient dû permettre d’éviter la guerre. S’agissant de l’invasion de l’Ukraine, il est vraisemblable que la dissuasion a été mise en échec par un mauvais calcul stratégique, de part et d’autre : si le déclenchement de la guerre est sans équivoque de la responsabilité de Vladimir Poutine, cela ne veut pas dire que l’Ukraine et ses soutiens n’ont pas fait quelques erreurs de signalement qui ont échoué à dissuader le maître du Kremlin. Si le président russe a sans doute sous-estimé le coût et les risques de son action et surestimé les bénéfices, les pays occidentaux ont sans doute été inefficaces dans les signaux à envoyer à la Russie, nécessaires pour le calcul stratégique rationnel. Et, sur le plan irrationnel, nous n’avons pas suscité la peur.

Pour mieux appréhender la complexité du dialogue qu’est la dissuasion, il n’est pas inutile de revenir à quelques fondamentaux de ce qui reste, au-delà des théories, une pratique quotidienne entre États, toujours changeante. Le mythe de la « stabilité stratégique » doit plutôt céder la place à la reconnaissance d’une perpétuelle « instabilité corrigée en temps réel ».

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Bilan hebdomadaire n° 50 du 19 février 2023 (guerre d’Ukraine)

Le grignotage a continué sur le terrain. Les regards étaient tournés vers Munich et la conférence de sécurité. Les discours évoluent, comme à Washington. Lien vers le billet entier en fin. Cartes : @pouletvolant3

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La Vigie n° 211 : Corée du Sud : la tentation nucléaire | Engrenage ukrainien | Lorgnette : chasse aux ballons

Lettre de La Vigie du 15 février 2023

Corée du Sud : la tentation nucléaire

La Corée du Sud est la dixième puissance économique de la planète mais, stratégiquement, dépend fortement des États-Unis. Or, si l’Europe s’intéresse à l’Ukraine et que Washington se réintéresse à la Chine, la question coréenne devient plus sensible, avec 90 essais de missiles effectués par Pyongyang. Au point que Séoul se remet à parler très fortement de capacités nucléaires.

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L’engrenage ukrainien de l’Europe

Un an après l’agression russe en Ukraine, cet article répond aux trois questions suivantes : comment en est-on arrivé là? comment cela va-t-il se terminer? Comment ne pas recommencer? Il préconise un immédiat pat stratégique russo-ukrainien.

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Lorgnette : chasse aux ballons

Le tremblement de terre en Turquie et en Syrie a causé 40.000 victimes, mais le bilan devrait doubler voire tripler. La catastrophe a eu lieu dans la zone limitrophe des deux pays, de plus là où sont réfugiés les derniers opposants syriens, pour beaucoup djihadistes, sous contrôle turc. L’aide internationale arrive mais l’observateur sent une sorte de gêne, aussi bien envers le retors Erdogan qu’envers le banni Assad. Du coup, l’émotion humanitaire semble tamisée.

Pendant ce temps-là, l’Amérique s’occupe de ballons aériens et envoie ses meilleurs jets les abattre, décrétant des interdictions de vol, suggérant des OVNI… L’observateur incrédule croit rêver devant à la fois l’amateurisme et la surréaction. Il a l’impression que le gouvernement américain réagit comme dans les films hollywoodiens de super-héros, quand Mars attaque et qu’il faut tout faire pour s’en défendre. Le show est montré au public consentant et le message est simple : l’extra-terrestre, c’est la Chine, cet alien dont il faut se méfier.

Simultanément, les articles se multiplient pour prédire que l’Ukraine va perdre.

Comme si la lessiveuse médiatique disait : Passons à autre chose …

JOCVP

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L’engrenage ukrainien de l’Europe (LV 211)

Un an après l’agression russe en Ukraine, cet article répond aux trois questions suivantes : comment en est-on arrivé là? comment cela va-t-il se terminer? Comment ne pas recommencer? Il préconise un immédiat pat stratégique russo-ukrainien.

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La Vigie n° 210 : IL n’y a pas d’arme magique | L’arrière tiendra-t-il ? | Lorgnette : processus de paix

Lettre de La Vigie du 1er février 2023

Il n’y a pas d’arme magique

La récente décision des Européens et Américains de fournir des chars à l’Ukraine se voulait une manifestation d’unité en faveur de Kiev. Les difficultés à y arriver, le soulagement qui en a résulté, montrent au contraire que le sujet reste friable. Il repose surtout sur une illusion : que des armes seules peuvent changer le cours de la guerre, que ce soit par leur qualité ou leur quantité. Au-delà, une inquiétude point subrepticement : s’agit-il encore de gagner ou désormais de ne pas perdre ?

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L’arrière tiendra-t-il ?

Si la fortune des armes décide principalement du sort d’une guerre, il est indispensable de se soucier également de l’arrière : si les combattants développent une certaine et indispensable auto-suffisance, cette dernière est le résultat des efforts consentis par l’arrière. La guerre en Ukraine nous montre cependant que la notion d’arrière n’est pas aussi simple qu’on pourrait le croire, et que l’arrière peut également avoir une certaine profondeur géographique.

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Lorgnette : Processus de paix israélo-palestinien

Les récents événements en Palestine ont remis, une fois encore, la question palestinienne au cœur de l’actualité. S’il est probable que chacun fera tout pour l’ignorer, observons cependant qu’elle perdure car on n’y a pas trouvé de solution. Les accords d’Abraham promus par D. Trump faisaient explicitement l’impasse sur elle, organisant une paix entre Israël et certains pays arabes tout en s’accordant à passer sous silence la question palestinienne. Sans revenir sur l’élément déclencheur des incidents de cette semaine, observons que la tiédeur des réactions internationales se justifie par l’hypothèse qu’il y a un processus de paix qui suit son cours. C’est à l’évidence faux.

Il faut ainsi rappeler qu’il ne s’agit pas (malgré l’utilisation par certains du mot terrorisme assimilé à djihadisme) d’une question religieuse mais d’une question de libération nationale – et donc de la liberté des peuples à disposer d’eux-mêmes – et de contrôle politique d’une population et de territoires par un occupant. C’est l’objectif initial du processus de paix. Qu’il ne fonctionne évidemment pas signifie qu’il n’y a pas la paix. Mais qui en tire les conclusions ? L’UE détourne les yeux, elle si prompte à agiter les valeurs. Elle signe ici son hypocrisie et perd ainsi son crédit.

JOCVP

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