L’engrenage ukrainien de l’Europe (LV 211)

Un an après l’agression russe en Ukraine, cet article répond aux trois questions suivantes : comment en est-on arrivé là? comment cela va-t-il se terminer? Comment ne pas recommencer? Il préconise un immédiat pat stratégique russo-ukrainien.

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Ordre et liberté, une enquête sur les éléments de l’âme russe

Alors qu’on se demande encore comment on a pu en arriver à cette opération spéciale de la Fédération de Russie en Ukraine fin février 2022[1], une agression militaire inacceptable d’un vieux pays du continent européen sur son voisin, il est utile d’enquêter sur l’âme russe.

Pour ce faire, on a choisi de mettre en lumière une réflexion de Zygmunt Lubicz Zaleski dans le Mercure de France du 15 juin 1920, il y a un siècle. Voilà ce que l’on publiait à Paris sur la Russie pour inventorier la psychologie de ce grand pays qui avait vu les soviets triompher à Moscou en octobre 1917. Au passage, on relèvera le net soutien apporté alors par les vainqueurs franco-britanniques du 2ème Reich de Guillaume II à la 2ème République polonaise qui tente de récupérer par les armes les espaces perdus lors des partages de la Pologne à la fin du XVIIIe siècle sur la future URSS qui veut réinvestir celui de la Russie impériale de 1914.

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Mauvais genre (Le Cadet n° 98)

« Qui aurait pu prévoir » que la France se réchauffe plus vite que calculé par les modèles déterministes, pour citer les vœux du président Macron, mais aussi que Poutine agresse l’Ukraine ? La secte managériale, qui conteste avoir tout raté même quand elle ne réussit plus rien, a trouvé l’explication : nous n’avons rien vu venir parce que nous n’avons pas accordé d’attention aux signaux faibles.

Signal faible, le discours de Lavrov de novembre 2021 sur une redéfinition de la sécurité en Europe ? Signal faible, la mise en ligne le 21 décembre suivant de la réunion tenue le jour même autour de Poutine au Kremlin (« On est sur le pas de notre porte, nous ne pouvons pas reculer […] nous allons prendre des mesures militaires et techniques adéquates de représailles ») ? Signal faible, le rappel de Poutine à Macron le 7 février 2022 que la Russie, puissance nucléaire, ne peut perdre ses guerres ?

Qui donc y a répondu et y répond toujours par une théâtralisation débile, à l’image d’un des plus fervents soutiens – à l’époque – de l’invasion de l’Irak qui répétait encore en début d’année, dans les colonnes du Figaro, que l’Ukraine « lutte pour la liberté de l’Europe et des États-Unis et pour le salut de la démocratie en général » (même narratif au même moment du chef de cabinet de Zelensky), sans comprendre qu’il s’agit du terrain militaire et de langage dans lequel nous ont piégés les Russes : ne sont-ils pas nos ennemis puisqu’eux-mêmes disent que nous sommes les leurs ? Mais l’ennemi est bête, ironisait Pierre Desproges, il croit que l’ennemi c’est nous alors que c’est lui.

On ne peut qu’être fort inquiet d’avoir régressé à ce degré zéro de la pensée stratégique, d’autant que les Français attendent, dans ce remake de la Guerre de Succession d’Autriche, qu’on leur explique en quoi la victoire des uns ou des autres changerait notre position. Ça veut dire quoi, parlant de l’engagement des Leclerc et des Mirage 2000, « par définition, rien n’est exclu », devenu une semaine plus tard « rien n’est interdit, par principe » ? Gouverner, par définition, n’est pas faire son marché dans la liste de mariage de Kiev ni travailler pour le roi de Prusse, mais s’interdire d’arbitrer contre nos intérêts et trancher, donc, par principe, et donc exclure toutes les hypothèses fors la nôtre. A l’heure où on apprend que, au prix d’une redéfinition des frontières, les États-Unis cherchent une issue au conflit –ont-ils jamais cessé ? –, ça ferait mauvais genre de dire « la France », nom absent des interminables débats TV qui dissèquent ces combats de rue et de cave que les Allemands, depuis Stalingrad, nomment Rattenkrieg ? La souveraineté française dépendrait-elle de la perte ou de la reconquête d’une salle de bains à mille lieues de Paris ? C’est à se demander s’il n’y a pas davantage de sang-froid manœuvrier dans les caprices du caniche roux des Windsor qu’au Quai d’Orsay, et s’il ne faudrait pas mieux confier tout de suite les codes nucléaires à Meghan.

Le Cadet

La Vigie n° 210 : IL n’y a pas d’arme magique | L’arrière tiendra-t-il ? | Lorgnette : processus de paix

Lettre de La Vigie du 1er février 2023

Il n’y a pas d’arme magique

La récente décision des Européens et Américains de fournir des chars à l’Ukraine se voulait une manifestation d’unité en faveur de Kiev. Les difficultés à y arriver, le soulagement qui en a résulté, montrent au contraire que le sujet reste friable. Il repose surtout sur une illusion : que des armes seules peuvent changer le cours de la guerre, que ce soit par leur qualité ou leur quantité. Au-delà, une inquiétude point subrepticement : s’agit-il encore de gagner ou désormais de ne pas perdre ?

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L’arrière tiendra-t-il ?

Si la fortune des armes décide principalement du sort d’une guerre, il est indispensable de se soucier également de l’arrière : si les combattants développent une certaine et indispensable auto-suffisance, cette dernière est le résultat des efforts consentis par l’arrière. La guerre en Ukraine nous montre cependant que la notion d’arrière n’est pas aussi simple qu’on pourrait le croire, et que l’arrière peut également avoir une certaine profondeur géographique.

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Lorgnette : Processus de paix israélo-palestinien

Les récents événements en Palestine ont remis, une fois encore, la question palestinienne au cœur de l’actualité. S’il est probable que chacun fera tout pour l’ignorer, observons cependant qu’elle perdure car on n’y a pas trouvé de solution. Les accords d’Abraham promus par D. Trump faisaient explicitement l’impasse sur elle, organisant une paix entre Israël et certains pays arabes tout en s’accordant à passer sous silence la question palestinienne. Sans revenir sur l’élément déclencheur des incidents de cette semaine, observons que la tiédeur des réactions internationales se justifie par l’hypothèse qu’il y a un processus de paix qui suit son cours. C’est à l’évidence faux.

Il faut ainsi rappeler qu’il ne s’agit pas (malgré l’utilisation par certains du mot terrorisme assimilé à djihadisme) d’une question religieuse mais d’une question de libération nationale – et donc de la liberté des peuples à disposer d’eux-mêmes – et de contrôle politique d’une population et de territoires par un occupant. C’est l’objectif initial du processus de paix. Qu’il ne fonctionne évidemment pas signifie qu’il n’y a pas la paix. Mais qui en tire les conclusions ? L’UE détourne les yeux, elle si prompte à agiter les valeurs. Elle signe ici son hypocrisie et perd ainsi son crédit.

JOCVP

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Crédit photo : UNDP Ukraine on Visualhunt

Il n’y a pas d’arme magique (LV 210)

La récente décision des Européens et Américains de fournir des chars à l’Ukraine se voulait une manifestation d’unité en faveur de Kiev. Les difficultés à y arriver, le soulagement qui en a résulté, montrent au contraire que le sujet reste friable. Il repose surtout sur une illusion : que des armes seules peuvent changer le cours de la guerre, que ce soit par leur qualité ou leur quantité. Au-delà, une inquiétude point subrepticement : s’agit-il encore de gagner ou désormais de ne pas perdre ?

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L’arrière tiendra-t-il ? (LV 210)

Si la fortune des armes décide principalement du sort d’une guerre, il est indispensable de se soucier également de l’arrière : si les combattants développent une certaine et indispensable auto-suffisance, cette dernière est le résultat des efforts consentis par l’arrière. La guerre en Ukraine nous montre cependant que la notion d’arrière n’est pas aussi simple qu’on pourrait le croire, et que l’arrière peut également avoir une certaine profondeur géographique.

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Bilan hebdomadaire n° 47 du 29 janvier 2023 (guerre d’Ukraine)

Les grignotages russes se succèdent tandis que les Allemands ont accepté de donner des chars à l’Ukraine, ce qui a soulagé tout le monde, même si une certaine inquiétude prévaut.

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Bilan hebdomadaire n° 46 du 22 janvier 2023 (guerre d’Ukraine)

Cette semaine a été à nouveau décevante pour les Ukrainiens sur le front des opérations et de plus maussade sur le front politique après la réunion de Ramstein. (lien vers billet entier en fin).

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L’attaque de la boite à chaussures géante (Le Cadet 97)

Une démographie qui plonge, 60.000 décès du Covid en un mois, une croissance qui patine, une richesse par habitant encore quatre fois inférieure à ses voisins, un pouvoir qui a cédé devant ses Gilets Jaunes et opéré un bord sur bord sanitaire aussi incontrôlé qu’un étage de lanceur Longue Marche rentrant dans l’atmosphère, qui ne peut rien pour aider la Russie et tente de cacher la misère en faisant courir des rumeurs de brouille : nos stratégistes, qui connaissent bien la Chine parce qu’ils y ont passé une semaine en all-inclusive, découvrent un Village Potemkine sur lequel le Cadet, qui la fréquenta il y a plus de trente ans, a déjà écrit [1]. Les mêmes ne s’en excitent pas moins sur l’invasion de Taïwan.

Mais il ne suffit pas, quand on n’a pas de tradition maritime, de copier la classe Forrestal et d’encombrer ses arsenaux comme Napoléon le fit de vaisseaux de 80 canons, sans leurs marins qui pourrissaient sur les pontons de Cornouailles. Et ce n’est pas le folklore chinois sur la croisière de l’Amiral Zheng He et ses navires en bois de 138 mètres – les lois de la physique étant ce qu’elles sont, les puissances européennes n’ont jamais dépassé les 70 mètres – qui peut former des équipages. Quand bien même ces boites à chaussures flottantes seront un jour suffisantes pour projeter une force de débarquement, encore faudra-t-il tenir le corridor et assurer le ravitaillement. Quant à l’aviation chinoise, elle aura le même problème que la Luftwaffe lors de la Battle of Britain, où la supériorité ne se comptait pas en carlingues mais en temps de vol utile au-dessus des objectifs. Les gilets jaunes seront ceux des pilotes pataugeant dans le détroit de Formose, comme barbotaient des Allemands à court de carburant sur le chemin du retour.

On peut toujours fantasmer que la Chine suive les traces de Singapour, qu’un très libéral et mondain chroniqueur du Point décrivait, en 2015, comme un « État fort dont l’indépendance et la probité sont garantis par la revendication de valeurs asiatiques qui font de Singapour, non pas une dictature, mais une démocratie éclairée où les marges de liberté de la société et de l’opposition politique sont strictement contrôlées ». Sauf que Singapour (LV 206) – où le Cadet ne mettait pas plus de cinq minutes pour trouver le micro dans ses chambres d’hôtel – n’est jamais que Pyongyang mais avec le Wifi. « C’est moa que j’suis pour Mao contre Liu Chao Chi, j’ai mon bréviaire de révolutionnaire. Dans tous les bouges moa je bois des quarts de rouge, le quart de rouge c’est la boisson du Garde rouge. » C’est regrettable que Colomb ait buté en 1492 sur ce continent qu’on appelle l’Amérique, ça éviterait d’avoir à redécouvrir Cathay en 2023.

Le Cadet

[1] In La Vigie, Le Cadet n° 68 « Le Grand bond en arrière », février 2020 ; n° 72 « Empire de la déraison », juin 2020 ; n° 85 « Mourir pour Hong Kong », octobre 2021 ; n° 86 « Et maintenant… », décembre 2021.

La Vigie n° 209 : Voisins et partenaires belges | Économie de guerre, économie de la guerre | Lorgnette : Montagnes russes de l’armée allemande

Lettre de La vigie du 18 janvier 2023

Voisins et partenaires belges

Nouvelle année, nouveau cycle géographique, cette fois les frontières terrestres de la France en faisant le tour de ses voisins. Aujourd’hui, nous nous intéresserons à la Belgique, un pays que nous ne connaissons pas aussi bien que nous le croyons et qui a fait le choix radical d’adopter, via le partenariat CaMo, un modèle d’armée terrestre complet, et pas seulement d’acheter quelques véhicules de la gamme Scorpion.

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Économie de guerre, économie de la guerre

L’économie joue un rôle important dans la guerre : depuis la constitution d’une base industrielle de défense jusqu’à l’imposition de sanctions, depuis la mobilisation du pays dans un contexte de guerre totale jusqu’à l’identification de cibles économiques, la guerre entraîne à la fois une économie de guerre et une économie dans la guerre.

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Lorgnette : Montagnes russes de l’armée allemande

Avant février 2022, les chefs d’état-major de la marine et de l’armée de terre allemandes déclaraient l’un qu’il fallait comprendre Poutine, l’autre que la Bundeswehr était à l’os.

Depuis l’offensive russe, le chancelier a annoncé (juin) la volonté de l’Allemagne de disposer de la première armée européenne et de la doter de 100 milliards d’euro.

Las ! Toutes ces belles paroles ont volé en éclats avec la récente démission de la ministre de la Défense allemande dont le mandat avait bien mal débuté. Ayant reconnu que cette nomination était une surprise qui devait plus à la parité et l’équilibre des partis qu’à ses connaissances en la matière, elle a successivement promis des casques aux Ukrainiens, est partie en vacances avec un hélicoptère de la Bundeswehr, n’a pas réussi à calmer le débat sur la livraison de chars à l’Ukraine et a présenté des vœux jugés pour le moins étranges. Auf wiedersehen, meine Dame.

Deux choses la rapprochent de son compatriote Benoît XVI (cf. LV 208) : ils ne voulaient pas de ce poste et y ont renoncé. Un point les distingue : nul ne se souvient déjà plus de son nom. Le poste est vacant, bonne chance aux armées allemandes.

JOCVP

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Crédit photo : Min Def Belge