Relecture géopolitique du conflit en Ukraine (M. Cuttier)

La guerre en Ukraine dure depuis un mois et demi. Martine Cuttier, fidèle contributrice, nous propose une lecture du conflit à la lumière de la géopolitique classique. Merci à elle. LV

Le 24 février dernier, l’armée russe entre en Ukraine. Si c’est l’émoi en Europe ce n’est pas le cas dans l’ensemble du monde[1].

source

Dans le cas de l’Ukraine, depuis le printemps 2021, l’on suit dans les médias, sur la base de sources ouvertes, les images du regroupement des forces russes en vue de grandes manœuvres aux frontières de l’Ukraine, au sud en Crimée, au nord en Biélorussie et à l’est au Donbass qui ont servi ensuite de point de départ à l’offensive. Continue reading « Relecture géopolitique du conflit en Ukraine (M. Cuttier) »

La Vigie n° 189 : Stratégie européenne déboussolée | Démondialisation ? | Lorgnette : Espagne et Sahara

Lettre de La Vigie du 30 mars 2022

Stratégie européenne déboussolée

La nouvelle boussole stratégique de l’Union européenne se veut ambitieuse. L’ambition n’est en réalité pas très grande et surtout, l’aiguille de la boussole est hélas coincée: elle ne pointe que vers l’Ouest.

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Démondialisation ?

La guerre en Ukraine produit des effets délétères au niveau mondial : l’Europe semble tombée dans des travers du passé, les États-Unis restent ambigus, les pays émergents regardent la crise avec défiance tandis que la Chine y trouve avantage. Une démondialisation est en cours qui marque d’abord la marginalisation de l’Europe.

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Lorgnette : Espagne et Sahara

L’Espagne était resté neutre depuis qu’elle avait abandonné son implantation dans le Sahara ex-espagnol. Le Maroc avait alors lancé la marche verte et conquis le territoire, provoquant l’ire d’Alger. La semaine dernière, le gouvernement espagnol est sorti de sa réserve et a reconnu « ‘l’initiative marocaine d’autonomie » comme la base la plus solide pour sortir du différend, à rebours de la revendication sahraouie vers un référendum d’autodétermination.

Plusieurs raisons expliquent ce revirement : d’une part, la pression migratoire à Ceuta et Melilla, les deux enclaves espagnoles. Du moment que Madrid veut en garder le contrôle, elle doit s’accorder avec Rabat pour lui sous-traiter le contrôle migratoire. D’autre part, les alliés de l’Espagne (France, Allemagne mais aussi États-Unis) sont sur cette ligne. Enfin, l’Espagne est plus proche géographiquement du Maroc que de l’Algérie, même si celle-ci lui fournit (fournissait ?) du gaz).

C’est donc un choix hardi fait par Madrid, qui surprend pourtant par le moment de son annonce. Un dernier point : la colère d’Alger marque la perte d’influence internationale de l’Algérie, processus entamé depuis longtemps et qui s’accroît encore.

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Crédit photo : Clingendael

Stratégie européenne déboussolée (LV 189)

La nouvelle boussole stratégique de l’Union européenne se veut ambitieuse. L’ambition n’est en réalité pas très grande et surtout, l’aiguille de la boussole est hélas coincée: elle ne pointe que vers l’Ouest.

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Démondialisation ? (LV 189)

La guerre en Ukraine produit des effets délétères au niveau mondial : l’Europe semble tombée dans des travers du passé, les États-Unis restent ambigus, les pays émergents regardent la crise avec défiance tandis que la Chine y trouve avantage. Une démondialisation est en cours qui marque d’abord la marginalisation de l’Europe.

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Désarmement, Démobilisation et Réintégration au cœur des conflits armées sahéliens par G. Lemarchand

Martine Cuttier, fidèle lectrice, nos livre une nouvelle fiche de lecture sur l’ouvrage d’un jeune chercheur spécialisé dans le DDR, notamment au Sahel . Merci. LV

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La défense de l’Europe à l’heure de l’Ukraine (J. Dufourcq)

Vous trouverez ci-après la communication de notre directeur associé, Jean Dufourcq, au colloque conduit à Strasbourg par un collectif mené par Eurodéfense le 9 mars sur le thème de la Défense de l’Europe, au 13ème jour de l’agression armée inacceptable de la Russie sur l’Ukraine. Elle a fait l’objet de débats animés. En stratégiste distant, il y expose la nécessité de procéder non à un réarmement massif de l’Europe dans le cadre de l’Otan mais, une fois les équilibres de sécurité redéfinis contractuellement entre Russie et Ukraine, à la réunification stratégique complète du continent de l’Atlantique à l’Oural qui n’a que trop tardé, 30 ans après la fin de la Guerre froide. LV

source : Nemrod

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La Vigie n° 188 : Réveil stratégique | Usure en Ukraine | Lorgnette : Contrecoups économiques

Lettre de La Vigie du 16 mars 2022

Difficile réveil d’un long sommeil stratégique

L’Ukraine est le révélateur du sommeil stratégique du monde euratlantique voyant apparaître subitement une menace à ses portes. Externalisation de la défense, primauté des facteurs économiques, prévalence de l’intérêt national : autant de raisons de cette abstention. L’UE a-t-elle encore du cœur à la stratégie alors qu’elle l’a plongée dans une profonde léthargie pendant des années ?

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Usure en Ukraine

Le conflit armé en Ukraine connaît sa troisième semaine de combats. Le stratégiste l’observe sous de multiples angles : celui de la stratégie militaire, tout d’abord, avec ici aussi plusieurs centres d’intérêt : déroulé des opérations sur le terrain, aspects de guerre informationnelle, sort des populations ou des infrastructures vitales. Il élargit également son regard à d’autres aspects, diplomatiques ou géopolitiques, qu’ils touchent la Russie, l’Europe, l’Amérique ou le reste du monde

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Lorgnette : contrecoups économiques

Les sanctions économiques suscitent déjà des réactions en chaîne que nous ne mesurons pas bien encore. Elles interviennent dans un contexte économique qui était déjà convalescent à la suite de la pandémie dont nous ne nous étions pas encore parfaitement relevés. Or, les sanctions contre la Russie nous frappent par contrecoup ainsi que de nombreux pays à travers le monde.

Au premier chef, le marché des hydrocarbures (pétrole et gaz) est durablement touché. Aucun fournisseur ne peut remplacer la Russie à court ou moyen terme, contrairement à ce que certains espèrent. Les décisions prises en faveur de l’électricité et en défaveur du nucléaire constituent ici un obstacle évident. À cette hausse des coûts s’ajoute une baisse de l’euro qui aggrave l’inflation.

En matière de céréales (blé, maïs, tournesol, engrais azotés) la situation est encore plus inquiétante puisque les sanctions touchent la Russie tandis que l’Ukraine ne peut plus exporter (et ne pourra bientôt plus semer). De nombreux pays d’Afrique ou d’Asie devraient connaître une violente tourmente alimentaire, sans parler de nos éleveurs. Il n’y a pas que la Russie qui va subir le contrecoup des sanctions.

JOCVP

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Crédit photo :snamess on VisualHunt.com

Réveil difficile d’un long sommeil stratégique (LV 188)

L’Ukraine est le révélateur du sommeil stratégique du monde euratlantique voyant apparaître subitement une menace à ses portes. Externalisation de la défense, primauté des facteurs économiques, prévalence de l’intérêt national : autant de raisons de cette abstention. L’UE a-t-elle encore du cœur à la stratégie alors qu’elle l’a plongée dans une profonde léthargie pendant des années ?

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Usure en Ukraine (LV 188)

Le conflit armé en Ukraine connaît sa troisième semaine de combats. Le stratégiste l’observe sous de multiples angles : celui de la stratégie militaire, tout d’abord, avec ici aussi plusieurs centrés d’intérêt : déroulé des opérations sur le terrain, aspects de guerre informationnelle, sort des populations ou des infrastructures vitales. Il élargit également son regard à d’autres aspects, diplomatiques ou géopolitiques, qu’ils touchent la Russie, l’Europe, l’Amérique ou le reste du monde

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La Souveraineté Technologique : au-delà du dogme (J. Maire)

Cet article nous permet de discuter d’autre chose que de l’Ukraine. Merci à Julien Maire, blogueur spécialisé des questions de défense, de nous donner à la lire. LV.

Source

Récemment, un responsable de Airbus Defence & Space aurait affirmé que « il est illusoire pour les Européens de chercher une souveraineté technologique, qu’il est trop tard, et que nous serons dans tous les cas dépendants des États-Unis ».

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Leur joueur de poker et nos joueurs de billes (Le Cadet n° 89)

Entre l’hystérie médiatique des va-t-en-guerre du Flore et les déclarations intempestives et irresponsables de certain membre d’un gouvernement qui croit pouvoir gérer une crise nucléaire comme un virus chinois, on peine à articuler une réflexion au milieu de cet emballement qui se félicite du retour de la guerre en Europe.

Certains tentent de rappeler les promesses américaines non tenues et les mises en garde russes de 1994 et 2007, tandis que d’autres relisent les avertissements de Kennan ou Kissinger sur l’imbécilité à pousser l’OTAN toujours vers l’est. Tous sont piégés entre un droit à l’autodétermination sur lequel le vieux continent ne cesse de trébucher, de Munich à la Crimée en passant par le Kosovo, et des résolutions de l’ONU qui rappellent régulièrement que la prédation n’est plus un mode d’acquisition de territoire, qu’il s’agisse de Chypre, du Donbass ou de Jérusalem. Trop de cadavres dans trop de placards.

Aussi, comme la stratégie c’est penser local pour agir global, évitons l’erreur de Gamelin conjurant l’hypothèse des Ardennes par un brouillon de guerre totale. Poutine avait dit : « Ce n’est pas nous qui avançons vers l’OTAN, c’est l’OTAN qui avance vers nous ». Sauf qu’en ce mois de mars 2022 ce sont les Russes qui ont fait un bond en avant au contact de l’Alliance, huit cent kilomètres à l’ouest de ce que les brillants esprits du Pentagone avaient envisagé. C’est Bagration bis.

L’Ukraine, quoiqu’il advienne, n’a plus aucune chance d’intégrer l’OTAN sauf guerre continentale, la nucléarisation de la Biélorussie est entamée (et nous voilà revenu à l’époque des SS-20, traité INF dénoncé entretemps), l’oblast de Kaliningrad tient sous son feu la Pologne tandis que la Suède et la Finlande ont annoncé qu’elles ne postulaient pas pour l’OTAN, et la Crimée est devenue un gigantesque porte-avions. Si on s’en tient là, la Russie a son glacis et les États-Unis marchandent en ce moment un nouveau Yalta sur le dos des Européens.

Or lorsque Moscou proposa un accord de sécurité, la France aurait dû porter les bases d’une négociation pour un no-man’s-land militaire courant du nord au sud du continent : discutons de la Finlande, des États baltes et de l’Ukraine mais aussi de Kaliningrad, de la Biélorussie et de la Crimée. Brelan contre brelan, même un gamin de cours de récré sait négocier son chef indien en plastique contre trois billes de verre. La France a préféré s’embarquer dans la galère d’une Alliance castratrice de sa puissance nucléaire souveraine. L’Histoire jugera très sévèrement ceux qui n’ont pas saisi cette opportunité pour lui préférer la guerre, laissant le joueur de poker du Kremlin agir en primitif et prévoir en stratège (pour citer une nouvelle fois René Char). Qu’il reste ou non au pouvoir, la Russie a désormais un carré d’as qu’elle ne lâchera pas sans l’accord de sécurité qu’elle réclamait en décembre. Et il va falloir la faire reculer militairement, sans autre carte en mains que la levée de nos propres sanctions. Tout ça pour ça.

Le Cadet