La Vigie n° 177 : Uchronies 2100 | Enfin seuls ! | Lorgnette : défi polonais

Lettre de La Vigie du 13 octobre 2021

Uchronies 2100

Quelles sont les grandes voies stratégiques sur lesquelles la France peut s’engager? Où serons-nous en 2100? Nous vous proposons trois uchronies, volontairement divergentes, pour explorer les conséquences de notre action, si rien ne change aujourd’hui. Gageons qu’elles nourrissent notre réflexion pour imaginer une option originale enviable.

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Enfin seuls !

La solitude est un choix stratégique envisageable, contrairement à ce qu’on pense trop souvent. Elle abandonne bien des défauts d’analyse de la mondialisation en cours, bien des fantasmes de solution aussi. Bien pensée, en choisissant ici ou là des partenaires sur tel ou tel sujet, en n’hésitant pas ailleurs à rechercher des rapports de force, elle devrait permettre de trouver de nouvelles marges de manœuvre conformes à nos intérêts de long terme.

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Lorgnette : Défi polonais

Le tribunal constitutionnel polonais a donc pris cette semaine une décision qui affirme que la Constitution polonaise est supérieure dans certains cas aux traités européens. Voici une nouvelle pierre jetée dans le jardin de l’Union, après les tourments du Brexit. Certains parlent d’un Polexit juridique. La Pologne resterait dans l’Union mais s’abstiendrait de certaines règles juridiques communes. Le Danemark, l’Allemagne ont dit des choses semblables (LV 142). Le défi est de taille puisque justement, l’Union est bâtie sur le droit. La décision polonaise remet en cause ce fondement essentiel de l’efficacité de l’Union (nous n’osons pas le mot de puissance s’agissant de l’UE).

L’affaire est éminemment politique. La menace de la fin de subventions n’effraiera pas Varsovie qui se sert peut-être de cette décision pour établir un rapport de forces avec Bruxelles. D’autres pays (Hongrie voire Tchéquie) s’opposeront à toute rétorsion trop grave. Voici donc encore une fois remise en cause une certitude bruxelloise : l’inéluctabilité de la construction européenne et de sa superstructure. Jusqu’à présent, les crises sont surmontées, mais de plus en plus difficilement. Un accident de la route peut être fatal.

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Crédit photo: sylverovic on VisualHunt

Uchronies 2100 (LV 177)

Quelles sont les grandes voies stratégiques sur lesquelles la France peut s’engager? Où serons-nous en 2100? Nous vous proposons trois uchronies, volontairement divergentes, pour explorer les conséquences de notre action, si rien ne change aujourd’hui. Gageons qu’elles nourrissent notre réflexion pour imaginer une option originale enviable.

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Enfin seuls ! (LV 177)

La solitude est un choix stratégique envisageable, contrairement à ce qu’on pense trop souvent. Elle abandonne bien des défauts d’analyse de la mondialisation en cours, bien des fantasmes de solution aussi. Bien pensée, en choisissant ici ou là des partenaires sur tel ou tel sujet, en n’hésitant pas ailleurs à rechercher des rapports de force, elle devrait permettre de trouver de nouvelles marges de manœuvre conformes à nos intérêts de long terme.

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La Méditerranée, carrefour de puissances

Jean Dufourcq a participé aux rencontres de Trouville les 25 et 26 septembre dernier, participant notamment à une table ronde sur la Méditerranée et la puissance. Voici la trame de son intervention. LV

Sujet magnifique pour des travaux de géopolitique mais sujet complexe qui ne se laisse pas facilement apprivoiser car la Méditerranée c’est d’abord une dialectique, un mouvement. Culture, histoire et géographie s’y mêlent depuis toujours.

  • Ce qui fait son unité, c’est la mer, le continent maritime, l’espace fluide qui porte et permet les échanges entre riverains et fonde le mythe de la Méditerranée, cœur de civilisation.
  • Ce qui fait sa diversité, c’est la terre qui compartimente la Méditerranée en cinq ou six bassins distincts et trois dynamiques continentales bien différentes, sur les côtes de l’Europe du Sud, de l’Asie de l’Ouest et de l’Afrique du Nord. La Méditerranée, ce sont en fait des Méditerranées.

Ajoutons deux facteurs à ces considérations géopolitiques, la géostratégie qui est la marque de l’histoire dans la géographie et la géoéconomie qui détermine l’impact de la mondialisation en cours sur la région.

  • La géostratégie, ce sont des traces encore vivantes d’empires anciens, d’autres plus récents ; la mémoire active de l’idéologie des blocs de la guerre froide et les pressions qu’exercent sur la région des puissances extérieures au théâtre méditerranéen et qui l’utilisent soit comme couloir de progression ou aire de stationnement stratégique soit comme espace de diffusion de la géoéconomie.
  • La géoéconomie très attentive au segment de la grande artère commerciale qui relie la mer de Chine, et demain peut-être l’Arctique, au cœur continental de l’Europe ; c’est la cause principale des interactions actuelles.

Voilà ce qu’est aujourd’hui la Méditerranée : une grande plaque tournante du jeu des puissances, le nœud de leurs frictions et l’affirmation de Méditerranées diverses.

Détaillons un peu.

  • La Méditerranée ne fait pas ou plus système. Typologie complexe, regards multiples, « à chacun sa Méditerranée ».
  • Les six  sept Méditerranées: les trois du cœur méditerranéen (Medor, Medcent, Medoc), les quatre périphériques (mer Noire, mer Rouge, Golfe arabo-persique, médAtlantique).
  • Les riverains : ceux de l’Europe pensent surtout Nord-Sud vers l’Afrique ; ceux de l’Asie, pensent gaz et pétrole, questions syrienne et israélo-palestinienne, péninsule arabique et corne de l’Afrique ; ceux de l’Afrique du Nord pensent à la fois à la chevauchée arabe vers le couchant (Maghreb), à la route du grand pèlerinage vers les lieux saints (Machrek), à la difficile transition politique en cours, au grand Maghreb et à l’UMA perdus.
  • Les outsiders, anglais gardiens de tout temps la route de l’Inde (Gibraltar, Malte, Chypre, Suez) ; américains, aujourd’hui la priorité d’Israël, celle du pétrole d’Arabie et de l’Asie Centrale jusqu’aux confins de la Chine à confiner ; russes, songeant de tout temps au désenclavement au Sud et à nouveau aux marchés africains (le mythe des mers chaudes), turcs, pensant aujourd’hui à l’Afrique et à ses marchés en se souvenant du passé ottoman et en portant la dynamique actuelle de l’Islam politique ; chinois, installés au débouché
  • Les systèmes stratégiques connectés. Via la Mednoire, la question ukrainienne, celle de Crimée, de Géorgie, la libre circulation ; l’avenir des détroits, le rôle de la Turquie dans l’Otan  ; via la Médor, les questions syrienne et kurde; la double tension sunnite/chiite et arabo-perse, la rivalité sino-américaine ; via la MedRouge, la question yéménite et celle du Tigré ; via la Medcent, la question de l’exploitation du gaz maritime, celle de la tension stratégique entre Grèce, Turquie et Chypre, l’actuelle question Sud-Nord du Nil et du barrage de la Renaissance ; la viabilité de la Lybie entre Méditerranée et Sahel ; via la Medoc, la transition politique en Tunisie et Algérie, l’expansion marocaine en Afrique, le terrorisme endémique de la bande saharo-sahélienne ; via la Médatlantique, à la circulation des routes commerciales et des migrants par Gibraltar, couloir lié au système transatlantique … Et pour tous la politique de voisinage de l’UE, la stratégie de l’Otan, ses partenariats et ses crispations.
  • Tour d’horizon actuel, mi 2021. Résumé.
  • A l’Est, enjeux énergétiques (gaz), normalisation israélienne ; affirmation iranienne ; corrélation turco-russe et retrait américain. Interactions extérieures.
  • Au Sud, questions migratoires aigues, changements politiques et tensions sécuritaires induites par les déséquilibres et les mutations dans la bande saharo-sahélienne. Pas de vision commune.
  • Au Nord, des Européens divisés en quatre blocs N/S (frugaux vs Club Méd), E/O, (libéraux vs nationalistes), une UE erratique, une Otan avec reprise en main américaine. Méditerranée vue comme une ligne de front. Pas de projet.
  • Résumé
  • Politiques régionales via des contrôles des bassins par leurs riverains.

Pour la France, enjeu majeur en Médoc, potentiel labo de la mondialisation et entretien de verticale géopolitique vertueuse Med/Golfe de Guinée. 5+5+5.

La Vigie n° 176 : AUKUS : l’irrémédiable défiance | Milieu maritime : quels enjeux ? | Lorgnette : reflux islamiste au Maghreb

Lettre de La Vigie du 29 septembre 2021

AUKUS : l »irrémédiable défiance

L’affaire AUKUS n’est pas d’abord commerciale mais fondamentalement politique. La France a été non seulement bernée mais méprisée. Cela remet en question non seulement la fiabilité de nos alliances mais surtout celle des États-Unis dont l’amateurisme est patent. Les conséquences sont irrémédiables et la France doit remettre en cause bien des certitudes, que ce soit envers l’Alliance et surtout envers l’UE. Quant au concept d’Indo-pacifique, marqué par un concept obsolète d’endiguement de la Chine, il faut rapidement s’en démarquer et revenir à une politique asiatique équilibrée. Enfin, être plus rusé.

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Milieu maritime : quels enjeux ?

Après les “perspectives du milieu terrestre” pour l’armée de Terre (LV 175), voici les “enjeux du milieu maritime” pour la Marine nationale qui retrouve les grands espaces d’un déploiement sur les quatre fronts navals et stratégiques qui lui échoient et qui réclament de bien plus nombreux moyens. Une stratégie maritime intégrale de la France émerge comme une nouvelle ambition de la France pour le XXIe siècle.

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Lorgnette : Reflux islamiste au Maghreb

Le grand public suit peu ce qui se passe au Maghreb où pourtant, des évolutions marquantes se font jour. Ainsi, aux dernières élections législatives marocaines, le parti islamiste local (le PJD) a-t-il perdu largement de son influence. Alors qu’hier beaucoup voyaient une progression irrémédiable, voici que sonne son repli qu’on ne peut attribuer aux seules pressions du Palais.

De même, le coup de force cet été de Kaïs Saïed (LV 173) marque-t-il surtout l’échec d’Ennhadha, le parti islamiste qui a fait partie de tous les gouvernements depuis la révolution de jasmin de 2011. En Algérie enfin, les islamistes perdent peu à peu leurs postes et leur influence, tant auprès du pouvoir que de la population.

Le Maghreb connaît donc un mouvement général de désaffection envers l’islam politique. Cela ne signifie pas qu’il a disparu : simplement que sa dynamique de progrès s’est brisée et qu’il est considéré comme une option marginale, mais certainement plus inéluctable.

Pour autant, cela ne signifie pas que des alternatives crédibles sont en train d’émerger. Au contraire, voici le signe de populations profondément désabusées.  C’est tout aussi inquiétant.

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Crédit photo : Ambassade américaine en Australie

LV 176 : AUKUS : l’irrémédiable défiance

L’affaire AUKUS n’est pas d’abord commerciale mais fondamentalement politique. La France a été non seulement bernée mais méprisée. Cela remet en question non seulement la fiabilité de nos alliances mais surtout celle des États-Unis dont l’amateurisme est patent. Les conséquences sont irrémédiables et la France doit remettre en cause bien des certitudes, que ce soit envers l’Alliance et surtout envers l’UE. Quant au concept d’Indo-pacifique, marqué par un concept obsolète d’endiguement de la Chine, il faut rapidement s’en démarquer et revenir à une politique asiatique équilibrée. Enfin, être plus rusé.

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LV176 : Milieu maritime : quels enjeux ?

Après les « perspectives du milieu terrestre » pour l’armée de Terre (LV 175), voici les « enjeux du milieu maritime » pour la Marine nationale qui retrouve les grands espaces d’un déploiement sur les quatre fronts navals et stratégiques qui lui échoient et qui réclament de bien plus nombreux moyens. Une stratégie maritime intégrale de la France émerge comme une nouvelle ambition de la France pour le XXIe siècle.

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Géopolitique du Reis (Josseran T.)

Nous sommes heureux d’accueillir ce texte de Tancrède Josseran, spécialiste émérite de la Turquie. Attaché de recherche à l’Institut de Stratégie de Comparée (ISC) il a notamment dirigé le numéro 124 de la revue Stratégique sur la Turquie. Merci à lui. LV

La politique étrangère d’Ankara déroute. Depuis l’arrivée au pouvoir de Recep Tayyip Erdogan (2002), elle a connu d’incessants va-et-vient. Tour à tour candidate à l’Union Européenne, élève modèle du FMI, héraut d’un « islam modéré », Ankara marche désormais sur les brisées des démocraties illibérales et regarde vers l’Eurasie. Ce jeu de bascule déconcerte.

Source

Est-il le produit des caprices d’un vulgaire démagogue assoiffé de pouvoir ? Erdogan serait-il juste un homme de coup dépourvu de toute vision d’ensemble ? Rien n’est plus discutable. En dépit de toutes les oscillations d’une politique drossée par les embruns d’un monde en ébullition et des emportements du Reis [le chef], il existe un objectif jamais démenti : faire ou refaire de la Turquie une puissance globale. En réalité tout est lié : le projet islamo-conservateur coiffe l’activisme extérieur qu’en politique réaliste Erdogan sait ajuster aux circonstances.

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La Vigie N° 175 : Vingt ans après (le 11 septembre) | Milieu terrestre : quel avenir ? | Lorgnette : Guerre au Tigré

Lettre de La Vigie du 15 septembre 2021

Vingt ans après (le 11 septembre)

Qui se souvient du 11 septembre ? Beaucoup moins de gens qu’on le croit alors que ce fut le premier événement ayant une résonance immédiatement mondiale, victoire stratégique des agresseurs. Elle marqua un tournant de l’Amérique, qui n’est pas aussi définitif qu’on le dit ; l’islam politique est apparu central, même si personne ne s’ait s’il est vraiment durable. Enfin, le 11 septembre marqua le début des désillusions européennes dont nous ne sommes pas sortis.

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Milieu terrestre : quel avenir ?

L’armée de terre française n’a pas forcément été sous les feux de la rampe dernièrement. Selon ses propres dires, elle se prépare à des guerres de plus en plus dures et sa remontée en puissance, notamment capacitaire, est en cohérence avec sa nouvelle doctrine. Pourtant, face à la dangerosité du monde, il nous faudra trouver des alliés fiables.

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Lorgnette : Guerre au Tigré

Depuis novembre 2020, la guerre sévit au nord de l’Éthiopie. Le premier ministre éthiopien Abiy Ahmed, qui a reçu le prix Nobel de la paix en 2019 pour sa réconciliation avec l’Érythrée, s’est en effet lancé dans une politique de centralisation de ce pays fédéral. Rapidement il a voulu mettre au pas le Tigré, province du nord qui avait joué un rôle politique majeur au cours des décennies passées : ce sont les Tigréens qui avaient mis à bas le régime de Mengistu (le Staline noir), et avait dirigé le pays depuis 1991.

Minoritaires (7% des 110 Mh), ils s’étaient alliés avec l’ethnie Oromo mais avaient dû quitter le pouvoir il y a trois ans car leur gestion était jugée trop partiale. Celle de leur successeur qui était apparu comme un homme de compromis l’a été encore plus puisqu’il a lancé les hostilités l’an dernier. Or, après des revers initiaux, les Tigréens ont repris l’avantage et repoussé aussi bien les Érythréens qui attaquaient au nord que l’armée éthiopienne venant du sud. Depuis, ils se sont alliés à d’autres ethnies et le modèle fédéral menace d’éclatement, alors que les massacres et exactions se multiplient.

Le 2ème pays le plus peuplé d’Afrique risque sa survie.

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Crédit photo :SeeMidTN.com (aka Brent) on VisualHunt.com

LV 175 : Vingt ans après (le 11 septembre)

Qui se souvient du 11 septembre ? Beaucoup moins de gens qu’on le croit alors que ce fut le premier événement ayant une résonance immédiatement mondiale, victoire stratégique des agresseurs. Elle marqua un tournant de l’Amérique, qui n’est pas aussi définitif qu’on le dit ; l’islam politique est apparu central, même si personne ne sait s’il est vraiment durable. Enfin, le 11 septembre marqua le début des désillusions européennes dont nous ne sommes pas sortis.

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LV 175 : Milieu terrestre : quel avenir ?

L’armée de terre française n’a pas forcément été sous les feux de la rampe dernièrement. Selon ses propres dires, elle se prépare à des guerres de plus en plus dures et sa remontée en puissance, notamment capacitaire, est en cohérence avec sa nouvelle doctrine. Pourtant, face à la dangerosité du monde, il nous faudra trouver des alliés fiables.

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American Bashing (Le Cadet n° 84)

C’est un refrain ! C’est un chant ! C’est un hymne ! Que dis-je, c’est un hymne ? C’est un oratorio d’anti-américanisme débridé qui est entonné par nos cousins d’outre-Channel depuis le 15 août, mettant à l’unisson la presse de tous bords et les Communes, là où Tory et Labour communient dans une même dénonciation de leurs anciennes Treize Colonies, ajoutant les récriminations de Theresa May aux éditoriaux ravageurs de The Economist. Outre-Rhin ce n’est pas mieux, les plus hautes autorités ont fait part de leur amertume devant le lâchage américain.

Car par-delà une défaite programmée et datée (voir le Cadet du 24 juillet), débâcle très relative et déjà consommée militairement sur le terrain dès 2010, retraite que les États-Unis encaisseront toute honte bue et amortiront comme toutes celles qu’ils ont subies depuis 1945, par-delà le sort des femmes afghanes instrumentalisées comme vitrine de ce qui n’était qu’une occupation, ou des auxiliaires de l’OTAN dont on ne commence l’évacuation que lorsqu’elle devient impossible, c’est le ridicule d’Européens suivistes et aveuglés par un mythe de puissance sur lequel les Américains eux-mêmes sont beaucoup plus lucides, qui provoque un tsunami dans les relations transatlantiques. Et encore, tsunami est un grand mot pour ce qui n’est déjà qu’une vaguelette. L’OTAN ne serait qu’un piège à cons ? Charles de Gaulle le disait déjà il y a soixante ans [1].

Car quelle différence entre Kaboul et Saïgon, entre la Géorgie en 2008 et Suez en 1956 ? À quoi rime cette découverte toujours renouvelée d’une Amérique qui ne cesse de se dérober alors que nous savons, depuis vingt ans, l’ineptie de cette guerre expéditionnaire, son inconsistance militaire et son inutilité diplomatique ? Il faut revoir – sur Netflix – le film War Machine, bancale adaptation de l’essai de Michel Hastings, The Operators : The Wild and Terrifying Inside Story of America’s War in Afghanistan, le journaliste qui fit tomber Stanley McChrystal avec son article de 2010 paru dans Rolling Stone, « The Runaway General ». Tout était écrit, et ce n’est pas le retrait qu’on dit précipité qui est déroutant, c’est que l’Amérique ne soit pas partie il y a déjà dix ans. Ce qui choque ses alliés est que, durant cette décennie, ils n’ont ni rechigné ni objecté, ils ont fait ce que le Pentagone commandait en croyant que l’Article 5 valait engagement réciproque. Leur dépit théâtral est à la mesure de leur aveuglement proverbial.

On n’entend d’ailleurs pas, pour cette fois, les Trissotins de l’Atlantisme tenter de renverser la cabane et s’extasier sur le fait que les Américains finiront bien par gagner une guerre, vu qu’ils restent les plus forts et seuls à pouvoir mettre en place un pont aérien qui évacue 100 000 réfugiés en trois semaines. Il est vrai que, depuis Valley Forge, les anciens Insurgents ont une longue expérience des retraites. Et ce n’est peut-être que cela, l’American Way of War. Les Polonais et autres Ukrainiens feraient bien d’y penser tant qu’il est encore temps.

[1] « (Les Américains) veulent rester bien au chaud. Ce qui peut se passer, en réalité, ils s’en foutent complètement, même s’ils font semblant de s’y intéresser. Ce n’est pas ça qui les empêchera de dormir. » Verbatim du 22 août 1962, rapporté par Alain Peyreffite.

Le Cadet

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