Le futur de la Bundeswehr (J. Crisetig)

C’est la saison des stages. Voici le premier opus de notre stagiaire de cette année, Joël Crisetig, qui nous parle du futur de la Bundeswehr. Cela renvoie au document britannique récent qui est plus une revue de défense et de politique étrangère, dont nous vous avions récemment parlé (LV 165). Bienvenue à lui et merci… LV.

 

Source

Les « Eckpunkte für die Bundeswehr der Zukunft » : vraie restructuration de l’armée ou effet d’annonce ?

Présentés au grand public le 18 mai 2021 par la ministre de la défense Annegret Kramp-Karrenbauer (CDU) et par le chef d’état-major de la Bundeswehr Eberhard Zorn, les « Eckpunkte für die Bundeswehr der Zukunft » (« Pierres angulaires pour la Bundeswehr de demain ») visent à réorganiser la Bundeswehr afin de la rendre plus « opérationnelle » et plus « réactive », sans toutefois la réformer en profondeur.

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La Vigie 168 : Du nouveau au Moyen-Orient I Dissuasion inversée I Lorgnette : Rafale en rafales

Lettre de La Vigie datée du 26 mai 2021

Du nouveau au Moyen-Orient

Le théâtre moyen-oriental évolue très rapidement. En effet, l’Arabie Séoudite semble mener une remise à zéro de sa politique extérieure, reprenant langue avec le Qatar et la Syrie, approfondissant son dialogue avec l’Irak et ouvrant même les ponts avec l’Iran. Pendant ce temps-là, Joe Biden avance prudemment dans sa reprise des négociations avec Téhéran, tandis qu’Israël se retrouve dans une impasse.

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La dissuasion inversée

La pensée stratégique française de la dissuasion nucléaire est traditionnellement dominée par une vision, extrêmement réaliste. La dissuasion du faible au fort est efficace et évidente. En réalité, des calculs purement matériels ne suffisent pas à expliquer l’usage, mais surtout le non-usage de la bombe nucléaire en premier depuis 1945. Il faut prendre notamment en compte des facteurs normatifs comme celui du “tabou nucléaire”: qui est véritablement dissuadé de faire quoi ? La question est plus ouverte qu’il n’y paraît.

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Lorgnette : Rafales en Rafales

Dassault vient de vendre une trentaine de chasseurs Rafale supplémentaires à l’Égypte, ainsi qu’une douzaine à la Croatie, tandis qu’on annonce une vente prochaine à l’Indonésie. Cette rafale de succès surprend, quand on se souvient des difficiles débuts commerciaux de l’appareil. Pourquoi l’avion se vend-il si bien aujourd’hui ?

Observons une reprise générale de l’équipement militaire à travers le monde d’autant que beaucoup de pays doivent renouveler leurs flottes, ce qui n’était pas le cas il y a 20 ans. L’offre russe est moins intéressante et beaucoup de pays ont souhaité prendre leurs distances avec les États-Unis, à la suite des excès de D. Trump. Dès lors, l’alternative européenne plaît. Le Rafale cumule plusieurs avantages : plus cher que le Gripen mais doté de capacités bien supérieures, il a été conçu pour être mis à niveau régulièrement et offre aujourd’hui une polyvalence que l’Eurofighter n’a pas.

Un avion national peut donc trouver son chemin commercial et la coopération internationale ne constitue pas forcément une nécessité économique indispensable : à rappeler au moment de dures négociations sur le SCAF !

JOCV

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Du nouveau au Moyen-Orient (LV 168)

Le théâtre moyen-oriental évolue très rapidement. En effet, l’Arabie Séoudite semble mener une remise à zéro de sa politique extérieure, reprenant langue avec le Qatar et la Syrie, approfondissant son dialogue avec l’Irak et ouvrant même les ponts avec l’Iran. Pendant ce temps-là, Joe Biden avance prudemment dans sa reprise des négociations avec Téhéran, tandis qu’Israël se retrouve dans une impasse.

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Dissuasion inversée ( LV 168)

La pensée stratégique française de la dissuasion nucléaire est traditionnellement dominée par une vision, extrêmement réaliste. La dissuasion du faible au fort est efficace et évidente. En réalité, des calculs purement matériels ne suffisent pas à expliquer l’usage, mais surtout le non-usage de la bombe nucléaire en premier depuis 1945. Il faut prendre notamment en compte des facteurs normatifs comme celui du « tabou nucléaire »: qui est véritablement dissuadé de faire quoi ? La question est plus ouverte qu’il n’y paraît.

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Penser en Chine (Anne Cheng dir.)

Notre fidèle correspondant, X. d’Abzac, qui nous avait déjà éclairé sur les débats en Chine (voir billet), nous propose ici une fiche de lecture du dernier ouvrage d’Anne Cheng. Mille mercis à lui. LV

En 2007, Anne Cheng présentait La pensée en Chine aujourd’hui (ici), un ouvrage collectif d’auteurs choisis pour leur compétence et leur indépendance. Plus de dix ans après, la réunion d’un nouveau collectif, nourri par la somme des mutations de la Chine, nous offre Penser en Chine, un ouvrage de synthèse sur l’état de ce pays qui a envahi notre paysage médiatique au quotidien dans tous les domaines.

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Au terminus des prétentieux (Le Cadet n° 80)

S’il existe des signaux forts, en voici en cascade ! Après la réapparition des sextants et la disparition des écrans tactiles dans l’US Navy, voilà que l’Air Force se fâche pour de bon, contre le F-35 on s’en doute, mais pas seulement : c’est la course mortifère à la sur-technologie et aux concepts vides imposés par les industriels qui est – encore – dénoncée. A quoi sert de fantasmer une guerre pour après-demain si on la perd aujourd’hui, si Barkhane n’a pas d’hélicoptères lourds et que le COS se fournit à l’étranger, si la Royale n’a que huit FREMM pour couvrir toutes les mers du globe, si le Jaguar remplaçant nos AMX-10RC n’a qu’un 40 mm et qu’on lorgne déjà vers les tourelles Cockerill pour retrouver du 105, si on abandonne le Transall C-160 plutôt que de le passer en quadri et le moderniser comme les Américains font de leur Hercules C-130 de 60 ans, pour un A-400M juste bon à faire des cabrioles au Bourget et des évacuations Covid ?

Le F-35 vole comme un pingouin, son surnom dans l’USAF, c’est une évidence, et comme ces consommables de photocopieuses qui font flamber les budgets – pour reprendre une image du site opex360.com, – ses versions, ses prothèses, ses déclinaisons multiples constituent d’ores et déjà un gouffre financier. Mais l’obsession faustienne de la furtivité a saisi l’OTAN. « Nous nous prosternons devant l’autel de la haute technologie et sommes sur le point de vendre notre âme, relève Dan Pedersen, l’inventeur du Top Gun. La furtivité est comme un zombie, un zombie très onéreux ». Fort heureusement l’USAF, dans ses dernières prospectives et son projet de chasseur génération 4.5, n’en parle plus. Ce qu’elle veut désormais est un vrai avion avec de vraies armes et de vrais pilotes. Comme le F-16, le F/A-18, ou notre Rafale tricolore.

Celui-là même que, au nom d’une collaboration rhénane bien aléatoire, nous sommes prêts à jeter aux orties pour un gros insecte SCAF prétendument furtif. Quant au projet mégalomane de PANG de 300 mètres et 75.000 tonnes, nécessité par le poids du gros insecte (furtivité, furtivité), il a toutes les chances de connaître le même sort qu’en son temps un certain Royal Louis, ce trois-ponts du temps de Louis XV qui, même allégé et rasé en flute, resta à quai. La Royale ne sait-elle plus faire les arbitrages qui donnèrent le 74 canons, pour préférer une copie de CVN américain à deux nouveaux Charles-de-Gaulle ? D’autant que l’achat de deux catapultes électromagnétiques made in USA au titre des Foreign Military Sales, de brins d’arrêt, d’appareil d’appontage et de trois avions-radar E-2D, nous coutera au bas mot 3 à 5 milliards d’euros, autant que le navire lui-même. C’est le principe des consommables et c’est le prix de notre dépendance nationale pour trois-quarts de siècle. Après ça on s’étonne que nos voisins allemands haussent les épaules quand on leur propose une armée européenne désaméricanisée. Ach ! ces Français prétentieux, toujours le mot pour rire !

Le Cadet

La Vigie 167 : Les fronts sécuritaires français | La Haute intensité | Lorgnette : Abandon afghan

Lettre de La Vigie datée du 12 mai 2021

Les fronts sécuritaires français

De tous les fronts dans lesquels la France est engagée en cette période de pandémie persistance, l’un fait exception, celui de la sécurité intérieure. Fatalité, défi, transition ou menace ? Des militaires s’en inquiètent et le disent. La Vigie qui s’est régulièrement saisie de cette question se souvient. Si le pays se rassemble pour faire face collectivement, alors le ciblage avéré de la France par l’islamisme sera mis en échec sans que les forces armées aient à intervenir pour garantir l’ordre public.

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La haute intensité

Les chefs d’état-major parlent désormais de guerre de haute intensité à laquelle il faudrait se préparer à nouveau. Pourtant, celle-ci paraît peu probable, aussi bien pour des raisons stratégiques que géopolitiques. Les chefs militaires le savent parfaitement mais insistent malgré tout, pour des raisons certes valables mais indirectes. Il reste que d’autres champs, sous le seuil, méritent une très grande attention. Il ne faudrait pas que la haute intensité les fasse oublier.

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Lorgnette : Abandon afghan

La décision du président Biden de retirer les troupes américaines d’Afghanistan est logique. Elle avait tenté B. Obama comme D. Trump : prendre ses pertes, constater qu’on n’a pas rempli la mission et que les objectifs poursuivis depuis vingt ans ne sont pas atteints. Souvenez-vous, lors de la conférence de Bonn en 2001, la communauté internationale s’engageait à accompagner l’Afghanistan dans une transition démocratique vers la prospérité. Si des progrès en éducation et même en économie ont été réalisés, constatons que les taliban ont gagné, grâce au soutien du Pakistan voisin, devenu le véritable parrain islamiste de la région, avec le soutien de la Chine.

Quel avenir dès lors ? L’actuel gouvernement afghan a du souci à se faire car il sera probablement chassé assez vite. Les autres voisins tenteront de préserver le désordre : au nord (pays d’Asie centrale et au-delà Russie), à l’ouest (Iran) et au sud (Inde). Mais il est probable que le pays redeviendra un épicentre du djihadisme international, abandonné aux « barbares ». Le parrain pakistanais et le grand frère chinois seront-ils assez forts pour contrôler Kaboul ? Rien n’est moins sûr.

JOCV

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Les fronts sécuritaires français (LV 167)

De tous les fronts dans lesquels la France est engagée en cette période de pandémie persistance, l’un fait exception, celui de la sécurité intérieure. Fatalité, défi, transition ou menace ? Des militaires s’en inquiètent et le disent. La Vigie qui s’est régulièrement saisie de cette question se souvient. Si le pays se rassemble pour faire face collectivement, alors le ciblage avéré de la France par l’islamisme sera mis en échec sans que les forces armées aient à intervenir pour garantir l’ordre public.

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La haute intensité (LV 167)

Les chefs d’état-major parlent désormais de guerre de haute intensité à laquelle il faudrait se préparer à nouveau. Pourtant, celle-ci paraît peu probable, aussi bien pour des raisons stratégiques que géopolitiques. Les chefs militaires le savent parfaitement mais insistent malgré tout, pour des raisons certes valables mais indirectes. Il reste que d’autres champs, sous le seuil, méritent une très grande attention. Il ne faudrait pas que la haute intensité les fasse oublier.

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L’OTAN : mort cérébrale ou rémission ?

Deux de nos associés, O. Kempf et Ch. Pipolo, interviendront au cercle géopolitique de Dauphine le mardi 11 mai de 18h00 à 19h30. Inscriptions ici. Écoute gratuite via lien zoom envoyé après inscription.

Sous l’effet des évolutions géopolitiques des dix dernières années et de la présidence de Donald Trump, l’Alliance atlantique a été sévèrement mise sous pression. La jugeant incapable d’une réponse adaptée aux nouveaux défis de sécurité, le président Macron a parlé, fin 2019, d’une « mort cérébrale ». L’affaire a suscité beaucoup d’émoi dans les cercles atlantistes et un comité d’experts a été formé pour soumettre des pistes de réformes. Alors que depuis son entrée en fonction, Joe Biden manifeste des dispositions plus favorables à la coopération entre alliés et qu’un prochain sommet de l’Alliance se tiendra en juin à Bruxelles, il est temps de faire un tour d’horizon d’un sujet qui dépasse le strict cadre de l’OTAN.

Guerre au Rwanda, L’espoir brisé, 1991-1994 (GCA Delort)

Comment interpréter la guerre civile du Ruanda qui a conduit au génocide que l’on sait ? Un récent rapport a tenté de faire le point. Nous l’avions évoqué en parlant de la confrontation de la mémoire et de l’histoire (voir billet), registre souvent confondu dans les commentaires entendus ces dernières semaines.  Il nous a semblé important de rendre compte du livre d’un acteur de l’époque, le GCA (2S) Delort. Martine Cuttier et Jean Dufourcq signent ce billet, merci à eux. LV

Début mars 2021, les Mémoires du général (2S) Dominique Delort paraissent peu avant la remise, fin mars, du rapport Duclert sur le Rwanda au président de la République. Tous deux éclairent un épisode aussi sensible pour les militaires que précieux pour les sociologues, politologues et historiens des questions militaires. Il s’agit en effet du rapport, en temps de crise, entre pouvoir et armées, celles-ci formant avec la diplomatie l’instrument de conduite par l’exécutif de la politique étrangère.

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La Russie et l’UE : entre tensions politiques et complémentarité économique (A. Kaufmann)

Un de nos fidèles correspondants, spécialistes de la Russie, nous permet de présenter ce texte. Une version anglaise a été publiée sur le site  de l’ISPI (ici) que nous remercions chaleureusement de nous autoriser à donner la version française. LV

Identifier des perspectives n’est pas une tâche facile en cette ère de pandémie caractérisée par un haut degré d’imprévisibilité. Qui aurait pu imaginer qu’un virus inconnu rendrait les simples déplacements entre la Russie et l’UE presque impossibles pendant plusieurs mois, reconstituant dans une certaine mesure une forme de rideau de fer (sanitaire) trente ans seulement après la chute de l’Union soviétique ? Alors que la pandémie a ajouté de la volatilité à nos quotidiens, cette période a également confirmé certaines tendances clés susceptibles de façonner l’avenir de la relation économique entre l’UE et la Russie.

C’est la politique, idiot !

« It is the politics, stupid ! » pour paraphraser la célèbre réplique des élections américaines de 1992 (« it is the economy, stupid !« ) emblématique du paradigme de la « fin de l’Histoire » des années 1990. En ce qui concerne les relations entre la Russie et l’UE, la politique influence désormais les affaires plus que le contraire. Du moins depuis la crise ukrainienne de 2014, qui a prouvé que les deux parties étaient prêtes à sacrifier des intérêts économiques évidents à leurs objectifs politiques. Les sanctions ont remplacé la diplomatie et cette tendance se renforce, l’UE ayant adopté sa propre loi de type Magnitsky pour imposer des sanctions en lien avec les violations des droits de l’homme. Cela rend les liens économiques à long terme très vulnérables aux événements politiques, aux développements internes et aux tensions internationales. Continue reading « La Russie et l’UE : entre tensions politiques et complémentarité économique (A. Kaufmann) »