Corruption en Ukraine (Jonathan)

Nous sommes heureux de publier cet analyse de Jonathan, journaliste indépendant qui vient de passer un an et demi en Ukraine à Kiev et à Dnipro. Il nous avait déjà transmis un article sur la scène politique kiévienne (ici) et un autre sur le moral (ici). Merci à lui de ce retour du terrain sur un sujet sensible.

Source image :  Washington Post

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Offensive de Koursk : « La meilleure défense est l’attaque. » (Clausewitz) (P Ranvier)

En complément des points de situation de la guerre d’Ukraine, un de nos correspondants nous propose cette interprétation. Merci à lui. LV

On lit régulièrement des commentaires « pro-russes » indiquant que l’opération de Koursk est suicidaire, dans la mesure où elle ne permet que de prendre des terrains sans valeur stratégique, alors que les moyens nécessaires pour cette offensive manquent cruellement ailleurs sur le front. On lit également, de la part de pro-ukrainiens, qu’il s’agit d’une victoire considérable pour l’Ukraine, puisque des superficies très importantes ont été conquises en quelques jours, des centaines de prisonniers capturés et que la Russie a donc été complètement humiliée par cette défaite. On lit également qu’un chaudron serait en préparation, qui permettrait de capturer un grand nombre de soldats russes tout en doublant le terrain conquis (je reviendrai sur ce point à la fin).

Ces deux observations ne sont pas contradictoires et relèvent de registres différents :

  • Dans une vision « opérative » (strictement militaire), celle des pro-russes, l’Ukraine troque un terrain difficile à conquérir et fortement valorisé (fortifications), contre un terrain inutile et difficile à tenir, si bien qu’on peut difficilement parler de gain ukrainien.
  • Dans une vision « politique » (géopolitique, aspects civilo-militaires…), L’Ukraine met à nu une fragilité russe, avec l’incapacité de l’armée russe à défendre son territoire, en même temps qu’elle montre qu’une victoire est possible, ce qui est de nature à remobiliser les soutiens de l’Ukraine, tant en interne qu’à l’étranger.

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Bilan n° 94 du 18 Août 2024 (guerre d’Ukraine)

L’incursion ukrainienne dans la poche de Soudja s’est poursuivie cette semaine avec une certaine stabilisation. Sur le reste du front, la Russie poursuit son effort et obtient aussi des succès.

Source : Poulet volant

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Bilan n° 93 du 11 Août 2024 (guerre d’Ukraine)

L’Ukraine a pris une large portion de territoire russe, ouvrant un nouveau front vers Soumy. L’objectif ne semble pas militaire mais politique. Pendant ce temps, les Russes poursuivent leur effort.

Source : Poulet volant

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Bilan n° 92 du 28 juillet 2024 (guerre d’Ukraine)

Les revers ukrainiens s’accumulent tandis que les Russes gardent l’initiative. Les évolutions de Zelensky s’agissant de négociations montrent que la situation a changé.

Source : Julian Röpke ici

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Quelle place pour la France dans le projet de bouclier antimissile européen ? (E. Marcuz)

Nous sommes heureux de vous proposer ce texte d’E. Marcuz, spécialiste des systèmes stratégiques, ancien membre du Ministère des Armées. Il nous l’a envoyé il y a quelques semaines mais l’actualité politique nous a fait décaler sa parution. La période de l’été est heureuse car elle permet de revenir sur des sujets de fonds. Merci à lui. LV

Quelle place pour la France dans le projet de bouclier antimissile européen ?

Le 13 avril 2024 a signé l’avènement de la défense antimissile. Suite à l’attaque de son consulat en Syrie par Israël quelques jours plus tôt, l’Iran avait publiquement annoncé sa volonté de répondre à cet acte au titre de la légitime défense. Selon diverses sources, notamment institutionnelles états-uniennes, près de trois cent drones, missiles de croisière et missiles balistiques ont été tirés par vagues dans le but d’arriver au même moment sur leurs cibles israéliennes afin de saturer le système défensif de Tel Aviv. Malgré cela, seule une petite dizaine des vecteurs assaillants a réussi à percer le bouclier, n’occasionnant que de maigres dommages (voir LV 241).

Source : RTS

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LV 247 : Les risques du contre-épaulement nucléaire | Désarroi européen | Notules d’été

Lettre de La Vigie du 24 juilelt 2024

Les risques du contre-épaulement nucléaire

Le concept d’épaulement entre forces conventionnelles et dissuasion nucléaire fait partie du débat stratégique français depuis 2020. Or celui-ci, pour être pertinent nécessite de conserver de part et d’autre une séparation stricte entre forces nucléaires et forces conventionnelles. Le développement par les principaux compétiteurs d’armes nucléaires de faible puissance pouvant être emportés par des missiles de croisière ou antinavires, induit un brouillage progressif entre ces catégories, rendant a priori inopérant l’épaulement tel que conçu jusqu’ici.

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Désarroi européen

Les récentes élections au parlement européen et au Royaume-Uni n’ont pas suscité une profonde remise en cause des dynamiques, malgré la fragmentation politique croissante. Au fond, cet exercice démocratique ne cache ni l’impuissance européenne, ni le désarroi qui se fait jour. On « reconduit » faute de mieux, incapable de s’adapter au tourbillon géopolitique.

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Notules d’été

Plusieurs notes de lecture pour cet été.

La bombe

Alcante, LF. Bollée, D. Rodier, Glénat, 2020

Un « roman graphique » plutôt qu’une bande dessinée, même s’il ne s’agit pas d’un roman, mais d’un long documentaire sur la genèse de « la bombe » jusqu’au drame du 6 août 1945. Plusieurs fils conducteurs, suivant les destins au départ très différents de personnes de par le monde, convergent tous progressivement vers l’explosion atomique à la fin de l’ouvrage. Même l’uranium y « prend parole » de manière judicieuse. On comprend que plus rien ne sera comme avant.

Loin de juger, ce livre en noir et blanc explore, présente et suscite la réflexion. Les portraits des scientifiques sont particulièrement réussis, car souvent ignorés. On en ressort bouleversé devant l’énergie créatrice humaine déployée pour libérer une énergie destructrice nucléaire, qui risque de dévorer ses enfants. À méditer.

Ceux qui restent

J. Michelin, Éd. Héloïse d’Ormesson, 2022

Sur fond de stress post-traumatique, ce roman dresse le portrait de plusieurs militaires et de leurs conjoints, pour illustrer les défis que tous doivent relever individuellement et/ou collectivement afin de concilier un engagement professionnel exigeant – parfois traumatisant – et une vie personnelle. Certains souvenirs ne nous quittent jamais et marquent les esprits et les chairs pour toujours. L’ouvrage se lit facilement et le ton est juste.

On est rapidement captivé par un groupe de soldats en activité ou à la retraite qui part à la recherche d’un camarade subitement disparu sans laisser de traces. Curieusement, pas de portrait de Saint-Cyrien, alors que l’auteur en est un. Il n’y a que le dénouement qui est hélas moins convaincant et détourne quelque peu l’attention du lecteur des sujets abordés précédemment.

De la police scientifique à la traçologie

Olivier Ribaux, EPFL, 2023

Le lien entre la trace (qui est l’objet d’étude de la science appelée traçologie ou forensique) et la stratégie peut sembler ténu. Pourtant, à partir des traces collectées, la forensique est capable d’élaborer du renseignement qu’il appartient aux décideurs d’utiliser. Elle permet aussi, via les probabilités bayésiennes, d’évaluer la probabilité d’occurrence d’un fait, sachant l’a-priori de celui qui la calcule.

Partant des faits, elle permet d’éviter les effets de panique comme celle qui a eu lieu lors de l’affaire des équidés mutilés, réplique d’une affaire similaire qui avait eu lieu en Suisse quelques années auparavant. La récente déclaration de Sydney offre une grille d’analyse intéressante pour prendre une décision. Une lecture chaudement recommandée, d’autant que le livre est aussi librement téléchargeable.

L’esprit malin du capitalisme

Pierre-Yves Gomez, DDB, 2019

Après avoir financiarisé les entreprises et l’économie, le capitalisme est devenu spéculatif et non plus accumulatif : l’avenir sera forcément meilleur. Alors, qu’importent les dettes que l’avenir annihilera du fait de l’augmentation de la valeur du produit ! Utilisant une rationalité mimétique, chacun est un Narcisse valorisant ses capitaux (santé, social, humain, etc.) ce qui amène à une société de plus en plus individualiste de micro-capitalistes.

La faille de la spéculation réside dans la croyance collective que tout va croître. Mais croyance n’est pas fait, d’où l’explosion de bulles spéculatives, l’obligation de numériser, d’innover, d’où aussi la nécessité d’avoir aussi des relais de croyance pour entretenir cette illusion. Et si nous arrêtions de nous bercer d’illusions ?

La fabrique des agents secrets

JC Notin, Tallandier, 2024

Nous avions déjà signalé un précédent ouvrage de J-C Notin sur la DGSE (LV 123). L’auteur poursuit son enquête en publiant les entretiens qu’il a eu avec divers membres de la « boîte », passant en revue les différentes fonctions qui peuvent être tenues par les uns ou les autres (toujours sous pseudo, bien sûr). Du personnel de direction aux administratifs, des différents types d’analystes aux spécialistes de l’action sur le terrain, les témoignages donnés sont exceptionnels. Ils ne trahissent aucun secret mais son passionnants pour mieux comprendre l’héritière du BCRCA. Le lecteur saisit la complexité des travaux menés mais aussi le dévouement discret de tous ces agents qui œuvrent, cachés, au succès des armes de la France.

La lecture est facile et rend optimiste. Un livre sérieux à lire en vacances.

Histoire mondiale des RI

A. Grosser (dir), Bouquins, 2023

Cette somme constitue une référence pour qui s’intéresse aux relations internationales. Sous la direction de P. Grosser, ancien directeur de l’institut diplomatique et spécialisé sur l’Asie, l’ouvrage a pour ambition de couvrir une longue période (de 1900 à nos jours, est-il indiqué en sous-titre) et le monde entier. Douze chapitres décrivent, l’une après l’autre, les douze décennies de la période, chacun écrit par un spécialiste. En conclusion, P. Grosser rédige un chapitre conclusif sur « les premières années de 2020 ».

La méthode est séduisante car elle s’affranchit des coupures habituelles (guerres mondiales, décolonisation, guerre froide) tandis que le spectre mondial permet des ouvertures et des précisions surprenants mais toujours utiles.

Guerre

L-F Céline, Folio, 2023

Guerre est un livre posthume, retrouvé près de 60 ans après la mort de Céline et présenté au public en 2022. Le manuscrit est un premier jet non-corrigé, très différent donc des autres ouvrages de Céline puisque celui-ci reprenait sans cesse ses textes. Malgré ces réserves, voici un texte passionnant qui prend, d’une certaine façon, la suite du Voyage au bout de la nuit (que Céline considérait comme achevé. Il tient à la fois du récit et du roman. Récit au début qui raconte la blessure de Céline au front, son évacuation et ses premiers soins à un hôpital de campagne, avant d’évoluer peu à peu vers un roman échevelé et bizarre.

Outre le style célinien et son langage parlé et argotique qui témoigne d’une certaine jactance courante dans les tranchées, le témoignage de première main sur les hasards de la guerre et les conditions de soin à proximité du front valent la lecture.

Espionner mentir détruire

Untersinger, Grasset, 2024

Si la stratégie du cyberespace a peu évolué depuis près de dix ans, si les principales conclusions ont été tirées, il reste important de revenir régulièrement sur le sujet et notamment le « théâtre des opérations ». Martin Untersinger, enquêteur au Monde et spécialiste chevronné du sujet, propose ainsi un beau livre d’enquête décrivant, grâce à des entretiens de première main auprès des acteurs des différents cas racontés, les multiplies agressions qui se sont déroulées dans le cyberespace au cours de la décennie.

Il ne s’agit pas de guerre ni de champ de bataille, n’en déplaise au sous-titre un peu racoleur, mais à tout le moins d’un lieu d’affrontement incessant et, la plupart du temps, sous le seuil de visibilité. Ses évolutions et actualités sont racontées avec l’aisance du journaliste qui sait emmener son lecteur sur un domaine souvent abscons. De la bonne vulgarisation.

Le chevalier de Jérusalem

Victor K., Robert Laffont, 2024

Qu’est-ce qui fait un bon roman d’espionnage ? La vraisemblance tout d’abord et les détails, aussi bien sur les procédures que sur les toiles de fond géopolitiques, qui montre que l’histoire contée « aurait pu » se passer. On est donc loin de James Bond ou de SAS, même si ces deux exemples sont fort divertissants. De ce point de vue, la série « Service action » créée par Victor K., est d’excellente tenue.

Mais ce quatrième opus est particulièrement réussi car le personnage central du livre, qui n’est pas le héros, est simultanément attachant et inquiétant. Voici une belle personnalité que nous a imaginée l’auteur, qui du coup met le service action en arrière-plan, ce qui n’est pas gênant (et d’ailleurs, conforme à la vocation du service). Un excellent moment de détente.

JOVPN

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Crédit photo : https://lefrenchdebat.fr/lunion-europeenne-et-ses-institutions/

Les risques du contre-épaulement nucléaire (LV 247)

Le concept d’épaulement entre forces conventionnelles et dissuasion nucléaire fait partie du débat stratégique français depuis 2020. Or celui-ci, pour être pertinent, nécessite de conserver de part et d’autre une séparation stricte entre forces nucléaires et forces conventionnelles. Le développement par les principaux compétiteurs d’armes nucléaires de faible puissance pouvant être emportés par des missiles de croisière ou antinavires, induit un brouillage progressif entre ces catégories, rendant a priori inopérant l’épaulement tel que conçu jusqu’ici.

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Désarroi européen (LV 247)

Les récentes élections au parlement européen et au Royaume-Uni n’ont pas suscité une profonde remise en cause des dynamiques, malgré la fragmentation politique croissante.  Au fond, cet exercice démocratique ne cache ni l’impuissance européenne, ni le désarroi qui se fait jour. On « reconduit » faute de mieux, incapable de s’adapter au tourbillon géopolitique.

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Bilan n° 91 du 15 juillet 2024 (guerre d’Ukraine)

Les Russes poursuivent leur grignotage qui commence à faire du bilan territorial, malgré les pertes. Le sommet de l’Otan a dit des choses polies pour l’Ukraine : rien cependant qui change la donne, ni militaire, ni politique. L’Ukraine est oubliée.

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LV 246 : La dilaborescence des organisations | Ecosse, réunie ou désunie ? | Lorgnette : 75 ans

Lettre de La Vigie n° 246 du 10 juillet 2024

La dilaborescence des organisations

Parler d’organisation peut s’avérer ambigu, car cela suggère que l’organisation est elle-même organisée. Des exemples français récents (Atos, la dissolution) montrent que ce n’est pas toujours le cas. Les organisations, comme les civilisations, sont mortelles (une civilisation n’est-elle d’ailleurs pas aussi une forme d’organisation ?). Certaines adoptent cependant un étonnant comportement, celui de la dilaborescence qui est une décomposition à petits pas.

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Ecosse, réunie ou désunie ?

Les élections britanniques du 4 juillet ont vu la représentation écossaise changer radicalement de couleur : les indépendantistes ont cédé la place aux travaillistes. Voici l’occasion de s’attarder sur cette région et sur les leçons à tirer de ce vote.

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Lorgnette : 75 ans

Le sommet de l’Alliance atlantique qui s’ouvre ce mercredi à Washington sera comme à l’habitude présenté comme un succès. Telle est la loi du genre car un sommet de l’Otan est un rite dont la liturgie sert d’abord à célébrer un acte de foi : celui de l’article 5 et donc de la défense collective, du « un pour tous et tous pour un », de la solidarité transatlantique.

Comme d’habitude, la déclaration sera lue avec attention par les experts qui examineront deux choses : d’une part la question ukrainienne : Kiev doit rejoindre l’Alliance, c’est entendu, mais par un pont (perspective longue, celle des Américains ou des Allemands) ou un chemin (perspective rapide, celle de beaucoup d’Européens dont la France) ? Vu le poids politique des uns et des autres, ce sera un « pont ».

D’autre part, la question américaine. L’Alliance n’a de sens que si Washington joue le jeu. Célébrer à Washington le 75ème anniversaire du traité fait aussi partie d’une mise en scène, de politique intérieure cette fois : J. Biden est en difficulté dans sa campagne électorale et tous les alliés craignent le retour de D. Trump qui bloquerait plus encore l’Alliance qu’il ne le fit. Sur les photos d’anniversaire, les sourires seront crispés.

JOVPN

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Crédit photo : Jeff-Photo on VisualHunt.com

La dilaborescence des organisations (LV 246)

Parler d’organisation peut s’avérer ambigu, car cela peut induire que l’organisation est elle-même organisée. Des exemples français récents (Atos, la dissolution) montrent que ce n’est pas toujours le cas. Les organisations, comme les civilisations, sont mortelles (une civilisation n’est-elle d’ailleurs pas aussi une forme d’organisation ?). Certaines adoptent cependant un étonnant comportement, celui de la dilaborescence qui est une décomposition à petits pas.

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