Dissuasion nucléaire française : le statu-quo (LV 136)

L’analyse du discours de dissuasion nucléaire de la législature actuelle montre une continuité assumée et une ouverture assez théorique sur une perspective nucléaire stratégique européenne. On souscrira volontiers à cette prudence convenue. Les réactions enregistrées révèlent une rhétorique dont le sens s’estompe et la priorité s’efface malgré le désordre actuel.

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Écologie et stratégie (LV 136)

La préservation de l »environnement constitue une priorité mondiale : elle est pourtant rarement évoquée par les stratégistes. Or, en matière de gestion de ressources rares, il y a opposition entre une vision politique (l’écologie) et une vision économique (l’économie), malgré les excès idéologiques de certains. Une réponse à ce problème mondial devrait être logiquement multilatérale : le retrait américain des accords de Paris entrave cette approche. Il faut imaginer autre chose, d’autant que le facteur stratégique pèsera de plus en plus lourd dans les conflits de demain, prospective qu’il faut examiner dès aujourd’hui.

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Le Grand bond en arrière (Le Cadet n° 68)

C’était à une réunion privée où Nassim Nicholas Taleb présentait son opuscule Le cygne noir ou la puissance de l’imprévisible. Je l’aborde aux petits fours et lui demande ce qu’est un cygne blanc. Il me répond la bouche pleine que tout est dans son bouquin. Non, lui réponds-je, vous y expliquez ce qu’est censé être un cygne noir mais pas un cygne blanc ? Il m’a fusillé du regard et tourné le dos.

Le cygne noir est, on le sait, Continue reading « Le Grand bond en arrière (Le Cadet n° 68) »

La Vigie 135 : L’Europe et son Sud | Le Brexit et la fin de l’UE | Lorgnette : Coronavirus : chinois ?

Lettre de La Vigie du 5 février 2020

L’Europe et son Sud

Longtemps considéré comme pré carré des pays européens méridionaux, le rivage du Sud de la Méditerranée et son hinterland deviennent aujourd’hui un enjeu qui concerne tous les pays européens, quels qu’ils soient. Seule une stratégie multilatérale à long terme permettra de résoudre les crises nombreuses de cette région qui menacent l’Europe.

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Le Brexit et la fin de l’UE

Le Brexit est donc entré dans la loi et un pays a, pour la première fois, quitté l’Union Européenne. Certes, il reste encore quelques mois de négociation pour régler les détails des relations futures mais l’essentiel est dit. L’UE perd bien plus qu’un 28ème de ses membres : outre la taille (population, PIB) ou la contribution au budget commun (qui aura des répercussions sur la solidarité envers les pays plus pauvres, souvent les derniers entrés), elle perd un acteur stratégique. Si le Royaume-Uni y perdra peut-être, l’UE voit avec son départ le commencement de la fin.

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Lorgnette : Coronavirus : chinois ?

L’épidémie de Coronavirus surprend l’observateur. Aussi bien pour son traitement en Chine, qui témoigne de la fébrilité du gouvernement alors que le rythme de croissance s’étiolait et que la reprise en main préalable voulait permettre au président Xi de mieux contrôler. La crise suscite un mécontentement populaire qu’il faut suivre avec attention, surtout si le pou-voir ne réussit pas à endiguer l’épidémie.

Accessoirement, on observe un mouvement massif de quarantaines : il s’agit de villages, de quartiers, de villes entières et même de pays, comme en témoigne la réduction drastique des relations avec la Chine et les fermetures des frontières. On peut y voir la nouvelle phase de la mondialisation, telle que nous la connaissons depuis dix ans : alors que les échanges se sont multipliés incroyablement (y compris de maladies), voici que la réaction aux effets négatifs réside dans la fermeture et le rapatriement local : ici protectionnisme, là isolement sanitaire d’un pays suspect. Le coronavirus est symbolique des temps géoéconomiques et au-delà, géopolitiques. Souhaitons que cette maladie soit contrôlée avant de tout contaminer.

JOCV

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Crédit photo :(Mick Baker)rooster on Visualhunt.com / CC BY-ND

L’Europe et son Sud (LV 135)

Longtemps considéré comme pré carré des pays européens méridionaux, le rivage du Sud de la Méditerranée et son hinterland deviennent aujourd’hui un enjeu qui concerne tous les pays européens, quels qu’ils soient. Seule une stratégie multilatérale à long terme permettra de résoudre les crises nombreuses de cette région qui menacent l’Europe.

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Le Brexit et la fin de l’UE (LV 135)

Le Brexit est donc entré dans la loi et un pays a, pour la première fois, quitté l’Union Européenne. Certes, il reste encore quelques mois de négociation pour régler les détails des relations futures mais l’essentiel est dit. L’UE perd bien plus qu’un 28ème de ses membres : outre la taille (population, PIB) ou la contribution au budget commun (qui aura des répercussions sur la solidarité envers les pays plus pauvres, souvent les derniers entrés), elle perd un acteur stratégique. Si le Royaume-Uni y perdra peut-être, l’UE voit avec son départ le commencement de la fin.

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Lits de cendres (J. Estoup)

Rédigée par M. Cuttier (que nos remercions encore) voici une fiche de lecture du dernier prix de la SAint-Cyrienne. JOCV

Depuis bien des années, les prix littéraires militaires fleurissent, l’un d’eux est décerné depuis 2007 par la Saint-Cyrienne[1]. Un prix spécial peut y être ajouté. Le prix est remis très solennellement sous les ors des salons de l’Hôtel de Ville de Paris lors du grand gala de Saint-Cyr. En 2019, le choix du jury s’est porté sur le livre de Joseph Estoup, officier saint-cyrien, qui servit en Indochine de la fin 1953 à janvier 1955 puis en Algérie de mars 1955 à avril 1961. Sa courte carrière militaire s’est déroulée au loin, là où la France tentait de maintenir l’Empire pour s’achever à la suite du putsch des généraux auquel il a participé.

Continue reading « Lits de cendres (J. Estoup) »

Sahelistan, poil aux dents (Le Cadet n° 67)

Les articles se multiplient, en France mais surtout à l’étranger, unanimes quant à l’échec annoncé de Barkhane – car il est inutile de se bercer de périphrases.

Source

Le sommet de Pau n’aura rien apporté, et la conférence de presse n’aura été qu’un déroulé de formules creuses. Ce ne sont pas 220 soldats français de plus ni même les drones Reaper qui vont nous faire gagner la guerre dans cette zone immense où la France n’a jamais été que tolérée par des peuples plus ou moins nomades qui n’avaient pas désarmé même du temps de la colonisation (relire Terre des hommes de Saint-Exupéry). C’est notamment ce que rappelle un essai paru récemment [1] : nous ne sommes au Sahel que les instruments d’un jeu africain sur lequel nous pensons encore peser, cultivant une nostalgie coloniale assez déplacée, finalement fiers de ce mot de Françafrique qui nous donne le rôle du vilain mais nous fait croire encore à un statut de moyenne puissance, et nous essayant comme les Américains au nation building.

Guerre contre le terrorisme, guerre préemptive, bataille de l’avant : voilà qu’on nous ressort la panoplie de Bush-le-petit, comme si les batailles perdues et les guerres ratées depuis 2001 n’avaient servi à rien. Sommet du vocabulaire d’importation, le concept de « Sahelistan », un mot (pour citer Robespierre, dans un tout autre contexte), inventé par des fripons pour faire peur aux imbéciles. Il est censé désigner un gigantesque no-man’s-land, sans ressource immédiatement négociable comme le pétrole, sans eau, sans infrastructure, sans débouché par la mer si ce n’est la Libye, mais dont la constitution serait un danger mortel pour l’Europe, à l’image de l’État islamique en Syrie et en Irak.

Sauf que ces pays présentent à l’inverse des facilités dans tous les domaines ci-dessus rappelés. Et surtout qu’ils n’ont pas constitué un front avancé dans la lutte contre les djihadistes – que la très fine manœuvre de Trump contre la Perse nous force désormais à récupérer – puisque ceux-ci sont nos propres gamins endoctrinés religieusement dans nos mosquées, partis pour d’emblée revenir, la grâce divine ne leur étant pas tombée dessus sur le chemin de Damas mais dans les rues de Seine Saint-Denis comme le rappellent deux autres ouvrages parus ce mois-ci [2].

Les Américains et les Européens l’ont bien compris qui nous laissent nous débrouiller au Sahel, puisque le risque que les Peuls, Dogons ou Touaregs provoquent des troubles en France est le même que celui de voir les Talibans faire des attentats sur les Grands boulevards : à peu près égal à zéro. Et si question religieuse il y a à régler, ce n’est pas au « Sahelistan », c’est à domicile.

Le Cadet

[1]           Marc-Antoine Pérouse de Montclos, Une guerre perdue. La France au Sahel. J.C. Lattès, 2020.

[2]           Bernard Rougier (dir.), Les territoires conquis de l’Islamisme, PUF, 2020.

            Hugo Micheron, Le jihadisme français : Quartiers, Syrie, prisons, Gallimard, 2020.

La Vigie 134 : Nouvelles stratégies militaires | Habile Azerbaïdjan | Lorgnette : Sahel, pas de Pau

Lettre de La Vigie du 22 janvier 2020

Nouvelles stratégies militaires

La stratégie militaire doit articuler aussi bien la stratégie nucléaire que la réponse aux adversaires asymétriques. Sans s’attarder aux concepts à la mode (Guerre hybride, A2/AD), constatons le retour à des préoccupations de guerre de haute intensité, que l’on avait oubliées. L’opposition entre pairs ou quasi-pairs revient à l’ordre du jour, sans obérer pour autant les autres priorités. 2020 constitue une opportunité pour réfléchir calmement avant l’agitation de la prochaine campagne présidentielle et de la LPM qui suivra.

Habile Azerbaïdjan

L’Azerbaïdjan se trouve ainsi aux confins de l’Europe et de l’Asie, du monde russe et du Moyen-Orient, il intéresse aussi bien la Chine que les États-Unis. Pays musulman, chiite et laïque, il vient de présider le Mouvement des Non-Alignés. Riche d’un pétrole abondant, il ne gâche pas cette rente et réussit, grâce à une diplomatie habile, à faire valoir ses intérêts malgré le contentieux persistant avec l’Arménie voisine à propos du Haut-Karabakh. Autant d’exceptions qui vaudraient presque valeur de modèle et suscitent en tout cas l’intérêt.

Lorgnette : Sahel, pas de Pau

La France a convoqué les dirigeants des cinq pays du G5 Sahel à un sommet à Pau la semaine dernière. Elle leur intimait, en quelque sorte, de confirmer leur souhait de voir la France intervenir dans la région, notamment au travers de l’opération Barkhane. Il s’agissait de trouver un appui politique alors que la présence française est couramment décriée dans l’opinion publique régionale. Bref, obliger lesdits gouvernements à sortir de leur duplicité. En échange, la France annonça l’envoi de 220 hommes supplémentaires et le recentrage de l’opération sur la région des trois frontières.

220 hommes, cela fait un renforcement de 5 % : personne ne croira que cela peut modifier le rapport de force. Quant à la concentration sur les trois frontières, c’est un changement au mieux opératif, il n’a certainement pas de signification stratégique. Pour le reste, rien ne change et l’enlisement se poursuivra. Car on poursuivra les vieilles lunes convenables et inefficaces depuis des décennies sans modifier les comportements politiques des gouvernants de la région : et si on les mettait en face de leurs responsabilités ?

JOCV

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Crédit photo : CERI Sciences Po, http://ceriscope.sciences-po.fr/node/112

Nouvelles stratégies militaires (LV 134)

La stratégie militaire doit articuler aussi bien la stratégie nucléaire que la réponse aux adversaires asymétriques. Sans s’attarder aux concepts à la mode (Guerre hybride, A2/AD), constatons le retour à des préoccupations de guerre de haute intensité, que l’on avait oubliées. L’opposition entre pairs ou quasi-pairs revient à l’ordre du jour, sans obérer pour autant les autres priorités. 2020 constitue une opportunité pour réfléchir calmement avant l’agitation de la prochaine campagne présidentielle et de la LPM qui suivra.

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Habile Azerbaïdjan (LV 134)

L’Azerbaïdjan se trouve ainsi aux confins de l’Europe et de l’Asie, du monde russe et du Moyen-Orient, il intéresse aussi bien la Chine que les États-Unis. Pays musulman, chiite et laïque, il vient de présider le Mouvement des Non-Alignés. Riche d’un pétrole abondant, il ne gâche pas cette rente et réussit, grâce à une diplomatie habile, à faire valoir ses intérêts malgré le contentieux persistant avec l’Arménie voisine à propos du Haut-Karabakh. Autant d’exceptions qui vaudraient presque valeur de modèle et suscitent en tout cas l’intérêt.

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Hommage à Pierre Lacoste

Ce matin aux Invalides on célébrait la mémoire de Pierre Lacoste, cet amiral hors du commun qui s’est éteint le 13 janvier à la veille de ses 96 ans. Cet homme affable et souriant, ce patriote passionné, ce chef écouté et ce chercheur engagé au service de la sécurité de son pays fut pour les stratégistes un ancien accueillant, un conseiller attentif et un guide à l’écoute.

A La Vigie, on l’a bien connu et fréquenté assidument. Comme Pierre Hassner (LV 96), cet autre géant de la géostratégie, disparu en mai 2018, il fut pour ses fondateurs un interlocuteur bienveillant et un doyen encourageant. Tous deux savaient questionner, écouter, orienter pour stimuler les penseurs naissants, tous deux montraient une grande curiosité intellectuelle et faisaient le plus grand cas de l’expérience militaire et de la dynamique opérationnelle. Nous leur devrons beaucoup ; nous avons été heureux d’être stimulés par leurs réflexions et leurs convictions, d’être encouragés à persévérer dans le défrichage de la voie du stratégiste et poussés dans nos retranchements de chercheur militaire. Nous en sommes orphelins.

De Pierre Lacoste à la trajectoire si révélatrice des aléas stratégiques du siècle, on retiendra le patriotisme sans faille, la distance avec la politique, la curiosité en constant éveil, l’aptitude aux sciences et techniques et l’agilité intellectuelle. Mais on n’oubliera pas qu’il fut un combattant dès son entrée dans la marine et un homme d’action qui navigua inlassablement (avec un parcours naval au plus haut niveau : 4 commandements à la mer, l’ESGN, l’Escadre de la Méditerranée). On sera marqué par son parcours d’excellence dans ce qu’on appelle aujourd’hui l’interarmées (le CPE, le CHEM) qui le fit distinguer pour les plus hauts postes politico-militaires (Brienne, Matignon) y compris à la tête des services d’action extérieure (DGSE). Il y assuma bien seul sa part de la raison d’État lors de l’affaire Rainbow Warrior. Sa force d’âme bien connue de ses proches et de ses équipages sera son bouclier et fera de lui un « Seigneur ».

Après cet engagement sans faille et sans repos sous l’uniforme, Pierre Lacoste va commencer une nouvelle vie plus académique où va exceller sa passion d’explorer, d’exposer, de débattre et de convaincre. Va se révéler sa nature profonde de stratégiste, au contact des réalités de la défense dans un monde qui change, moins conceptuel sans doute que les généraux de l’Apocalypse qu’il a côtoyés (Ailleret, Beaufre, Poirier, Gallois…), plus pragmatique et opérationnel comme son goût de l’action l’y porte. Ce sera la FEDN (1986), le séminaire de renseignement de Marne la Vallée, puis le CIDAN (1999). Infatigable, Pierre Lacoste va ouvrir la voie académique au Renseignement, à la guerre économique, à l’étude de la désinformation, des mafias et à l’analyse stratégique. A la RDN, comme à l’Académie de Marine qu’il a fréquentée assidument, on a pu suivre ses divers plaidoyers, notamment pour une ambition maritime de la France et pour sa relance stratégique.

De tout temps, à son contact, on aura perçu l’homme privé, généreux et humaniste, époux attentionné et père attentif, patriarche d’une grande famille, interlocuteur avisé et fidèle d’une multitude d’acteurs des différents cercles de pouvoir du monde qui le consultaient régulièrement. Cet homme très complet, aux talents multiples, à la bonne humeur inaltérable et au charisme rare, ce chef admiré et aimé, à l’autorité incontestée et à l’énergie indomptable a terminé sa belle mission patriotique d’officier soucieux de son pays et de l’avenir. Il laisse un sillage fécond et cette belle image de militaire ardent et d’honnête homme du XXe siècle.

JOCV