Le mot de victoire paraît évident mais il recèle bien des pièges, tant il est marqué par l’histoire et un modèle occidental de la guerre. Or, les conflits de l’après-Guerre froide et les guerres les plus récentes montrent l’inadaptation de ce concept. Il nous faut repenser la victoire et la considérer comme une illusion : d’autres objectifs doivent être recherchés.
Dissuader la Russie d’attaquer un pays européen (JD)
Dans le prolongement du billet sur la dissuasion européenne publié dans LV 237, voici une réflexion diffusée par la Revue politique et parlementaire le 8 mars. Elle propose une forte mise en évidence de la solidarité militaire des Etats membres de l’Union européenne liés par l’engagement du traité de Lisbonne (§ 42-7) à laquelle la France apporte la caution de sa dissuasion nucléaire stratégique. Mieux que tout engagement militaire au sol en Ukraine, elle protège les pays européens de la ligne de front d’une agression russe qu’ils redoutent et impose une désescalade en Ukraine.
Crédit photo : www.revistaejercitos.com
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Bilan hebdomadaire n° 84 du 10 mars 2024 (guerre d’Ukraine)
L’Ukraine a réussi à stabiliser l’avancée russe. Beaucoup d’activité diplomatique avec des déclarations très fermes mais controversées du Pdt Macron.
Source : Clement Molin (ici)
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LV 237 : Dissuasion européenne | Souveraineté économique | Lorgnette : Elections en Iran
Lettre de La Vigie en date du 6 mars 2024
Dissuasion européenne
Les récents propos du candidat Trump conditionnant la protection américaine dans l’Otan à l’effort de défense européen ont relancé le débat sur la dissuasion européenne. En cas de défaut stratégique américain à l’égard des alliés européens, la force de frappe française pourrait-elle prendre le relais pour sanctuariser les pays de l’UE ? LV fait un point de situation détaillé de cette question sensible à un moment où la pression russe se fait particulièrement agressive.
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Souveraineté économique
Le retour en grâce du terme souveraineté ne doit pas cacher les difficultés qu’il sous-entend : est-on souverain dans un domaine lorsqu’on ne maîtrise pas tous ses éléments constitutifs ? L’État a-t-il les moyens de défendre les entreprises qu’il compte conserver souveraines ? La souveraineté peut-elle faire fi du management des entreprises et de leur forme juridique ? Alors que le monde a profondément évolué, une nouvelle acception du terme souveraineté s’avère nécessaire.
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Lorgnette : Elections en Iran
Les élections iraniennes se sont déroulées vendredi dernier : elles sont marquées par une abstention record (41 %) même si officiellement les conservateurs ont gagné. À vaincre sans péril on triomphe sans gloire. Cette hostilité marque la déception d’un pays à l’encontre des résultats du pouvoir : les aspirations à plus de liberté se succèdent avec un énième mouvement de révolte (LV 202), en septembre dernier, après le décès de Mahsa Amini qui ne respectait pas le voile sur la tête, révolte encore une fois réprimée dans le sang. Mais les difficultés économiques pèsent aussi (50 % d’inflation).
En désignant l’Assemblée des experts, l’élection prépare aussi la succession du « guide », Ali Khamenei, qui a 88 ans. En verrouillant à ce point la société, le régime montre une certaine fébrilité intérieure alors pourtant que sa diplomatie marque des points, réussissant à renouer avec l’Arabie Séoudite et évitant la confrontation avec Israël tout en incarnant le camp du refus. Les relations avec la Russie et la Chine ont été renforcées.
Ainsi, l’Iran attend les élections américaines (en pariant sur Trump) et la succession du Guide. Le ciel peut attendre. Le peuple iranien aussi.
JOVPN
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DIssuasion européenne (LV 237)
Les récents propos du candidat Trump conditionnant la protection américaine dans l’Otan à l’effort de défense européen ont relancé le débat sur la dissuasion européenne. En cas de défaut stratégique américain à l’égard des alliés européens, la force de frappe française pourrait-elle prendre le relais pour sanctuariser les pays de l’UE ? LV fait un point de situation détailléde cette question sensible à un moment où la pression russe se fait particulièrement agressive.
Souveraineté économique (LV 237)
Le retour en grâce du terme souveraineté ne doit pas cacher les difficultés qu’il sous-entend : est-on souverain dans un domaine lorsqu’on ne maîtrise pas tous ses éléments constitutifs ? L’État a-t-il les moyens de défendre les entreprises qu’il compte conserver souveraines ? La souveraineté peut-elle faire fi du management des entreprises et de leur forme juridique ? Alors que le monde a profondément évolué, une nouvelle acception du terme souveraineté s’avère nécessaire.
Rendez-nous le Lieutenant X ! (JPh Immarigeon)
Au temps de ma jeunesse, les garçons qui lisaient dans la Bibliothèque Verte ce mystérieux Lieutenant X qu’on ne savait pas être l’identité de plume de Vladimir Volkoff, s’identifiaient à Langelot Agent Secret dont ils découpaient la carte en page de garde pour la plastifier.
Ils savaient qu’il y avait des Russes qui nous espionnaient et diffusaient de fausses informations, tentaient de retourner nos savants atomistes, venaient renifler nos bases de fusées et pêcher à la sortie de l’Ile Longue. Ma génération avait également compris que nos exportateurs trouvaient souvent de jeunes et accortes blondes en rentrant dans leur chambre d’hôtel moscovite truffée de micros et de caméras, qu’il y avait dans les hautes sphères de l’Etat des manipulations, des contre-manipulations et des manipulateurs manipulés, et qu’il ne fallait pas compter sur nos alliés américains qui n’étaient pas en reste, comme s’ils cherchaient à nous ôter la peine d’avoir à trouver des adversaires. La France ne s’en sentait pas pour autant en état de péril imminent et Langelot, notre blond héros gaullien, compensait la relative faiblesse de ses moyens par l’intuition, la manœuvre et la prise de contact et de risque, sans avoir à envahir l’URSS ni nucléariser le Kremlin.
En revanche, la présence de l’autre côté du Rideau de fer de dizaines de divisions motorisées soviétiques était autrement problématique. Ceux qui comme moi l’ont franchi à cette époque à un de ses points de passage, savent ce que c’était que de rouler entre deux rangées de T-62 stationnés sur les bas-côtés à moins de quatre heures d’autoroute de Strasbourg. Le vrai danger était là.
Mais aujourd’hui que les mêmes T-62 à peine modernisés progressent péniblement de demi-pâté de maisons en demi-pâté de maisons à 2 500 km du Pont de Kehl, la moindre intrusion dans le cyber devient une invasion, les manipulations d’informations mettent en danger la liberté de la presse et l’authenticité des scrutins, chaque jolie Slave est suspectée d’émarger au FSB et lorsque des avions russes s’aventurent au large de Saint-Pétersbourg où se trouvent nos Rafale, c’est tout juste s’ils n’ont pas été aperçus en bout de piste à Roissy. A croire qu’on n’est plus capable, au Quai d’Orsay ou à Balard, de résoudre un problème d’arithmétique niveau CM2 : à raison de 50 kilomètres en deux ans, combien de siècles faudra-t-il aux chars russes pour atteindre le bac de l’île de Sein ?
De quoi nos dirigeants ont-ils si peur – car c’est une peur panique qui les saisit depuis le début de l’année ? Il n’y a aucune menace directe contre la France, alors pourquoi monter dans les tours ? Subvertis par le wokisme, cette idéologie de pâquerettes recluses dans les campus américains où est poussé à son acmé le rejet des différences, des opinions et surtout des débats contradictoires, ils semblent incapables de discuter avec la Russie et de formuler les intérêts stratégiques de la France qui ne sont ni ceux de l’Ukraine, ni ceux de la Finlande, ni ceux de l’OTAN.
Contrairement à ce que d’aucuns prétendent, cette aphasie n’est pas le fruit d’une obstination idéologique ou la soumission à un suzerain américain qui lui-même est en train de tourner casaque, mais un bornage intellectuel et la peur d’avoir à réviser des hypothèses qui sont devenues des certitudes non falsifiables au sens où l’entendait Karl Popper. Auraient-ils en outre compris Clausewitz à l’envers, lorsqu’il écrit que la guerre est la continuation de la politique mais certainement pas son inéluctable aboutissement ? L’ont-ils même lu, alors que côté russe on ne cesse, depuis bien avant l’invasion de l’Ukraine, de faire encore et toujours de la politique ? Leur soliloque trahit leur immaturité là où les aventures de Langelot donnaient les outils pour comprendre le monde.
« Seul un esprit éduqué peut comprendre une pensée différente de la sienne sans avoir à l’accepter », écrivait Aristote. C’est donc qu’à Sciences Po ou chez Mac Kinsey, on n’a plus ni esprit éduqué ni les bonnes lectures. J’ai commencé à reconstituer ma collection chez les bouquinistes du Quartier Latin et des quais de Seine ; si la guerre froide y était en toile de fond, il n’y eut pas de Langelot en Russie et c’est dommage, certains en auraient vraiment besoin aujourd’hui. Reviens, Vladimir Volkoff, ils sont devenus fous !
Jean-Philippe Immarigeon
En apnée stratégique
L’année 2024 déjà bien encombrée par une multitude de rendez-vous programmés, sociaux, politiques, électoraux, sportifs en France, en Europe et dans le monde, nous plonge dans une incertitude d’une ampleur rarement atteinte depuis la fin de la guerre froide, il y a plus de trente ans. Qui ne le dit, qui ne le voit ? Nul ne sait dans quel désordre elle se terminera.
Pour l’illustrer voici ci-après une plongée profonde dans les méandres confus de quatre sérieux débats du moment : la morosité ukrainienne, la dissuasion européenne, le réarmement stratégique de la France, les jeux de guerre du Levant.
Bilan hebdomadaire n° 83 du 25 février 2024 (guerre d’Ukraine)
La Russie a continué son grignotage tandis que l’Ukraine aurait utilisé des moyens innovants de guerre électronique. Sur le plan politique, l’anniversaire de deux ans de guerre montre un désarroi européen.
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LV 236 : Double italien | Ukraine : deux ans après | Lorgnette : le retour de la guerre
Lettre de La Vigie, en date du 21 février 2024
Double italien
La Vigie poursuit son tour d’horizon des frontières terrestres de la France en s’intéressant cette fois-ci à l’Italie. Le pays a fait le choix du multilatéralisme, mais souffre actuellement d’un manque de vision stratégique à l’heure où tous les repères s’effacent : la France partage ce moment de flottement et il se pourrait bien que nos intérêts convergent.
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Ukraine : deux ans après
La guerre d’Ukraine a débuté il y a deux ans. Après avoir rappelé les grandes phases du conflit jusqu’à présent, La Vigie vous propose de faire le bilan du côté des Russes, des Ukrainiens, des Américains, des Européens et des Français.
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Lorgnette : Le retour de la guerre
Le nombre de guerres et le nombre de victimes ont cru en 2023 à des niveaux inconnus depuis la fin de la Guerre froide. Alors que la deuxième moitié du XXe siècle avait ouvert une période de diminution des guerres et des conflits armés, voici que depuis quelques mois ceux-ci réaugmentent en nombres mais aussi en victimes.
2023 a dénombré ainsi neuf guerres majeures à travers le monde qui ont lieu au Sahel (1418 décès au seul Burkina Faso en 2022), en Somalie, au Soudan (depuis le début de la guerre en avril 2023, on compte 6 millions de déplacés et déjà 9000 morts), en Birmanie, en Ukraine (il est plausible que chaque camp dépasse les 100.000 morts, principalement militaires), à Gaza, enfin au Nigéria, en Syrie et au Yémen, trois guerres qui pourtant continuent de faire de nombreuses victimes.
Or, ces guerres suscitent une attention variée : si le public français s’intéresse à l’Ukraine et dans une moindre mesure à Gaza, personne n’observe la Birmanie, les conflits africains ou le Yémen. Méfions-nous cependant du centrisme occidental, malgré sa force médiatique. Enfin les guerres actuelles sont longues à de rares exceptions. Elles débouchent rarement sur des victoires nettes.
JOVPN
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Crédit photo : Lukas Johnns chez Pixabay ici
Double italien (LV 236)
Ukraine : deux ans après (LV 236)
La guerre d’Ukraine a débuté il y a deux ans. Après avoir rappelé les grandes phases du conflit jusqu’à présent, La Vigie vous propose de faire le bilan du côté des Russes, des Ukrainiens, des Américains, des Européens et des Français.